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Lilho ▲ Le temps passe et les souvenirs restent

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Lilia & Nekho
Lost time is never found again
Vendredi 29 janvier  Une nouvelle semaine d'achevée, maintenant il était temps de laisser place au week-end et aux bons moments qu'il pouvait procurer. Je m'étais énormément avancé sur mes td durant mes heures de pause si bien que je n'avais rien à faire comme travail en dehors de mes révisions habituelles pour entretenir mes connaissances, mais ce début de vendredi après-midi s'annonçait détendu déjà. Je n'avais pas à courir après un taxi pour aller à la préfecture ou alors téléphoner et harceler la messagerie de mon père pour qu'il m'envoie un dossier, tout était presque réglé pour le moment et cela me faisait le plus grand bien. Du côté de Célestine je n'avais pas à me plaindre, chacun s'occupait de remplir ses papiers et de les envoyer à sa famille pour gérer les détails nous dépassant, ce qui nous permettait de souffler un peu pour le côté administratif des fiançailles et de profiter d'une pause bien méritée. Après les cours j'avais décidé de me rendre à le Eliot House, même si j'avais mon propre loft en dehors de la résidence je tenais à passer ici plusieurs fois dans la semaine pour rencontrer les autres membres et discuter, après tout c'était le but d'une confrérie. Aujourd'hui j'en avais profité pour vraiment peaufiner un devoir à rendre pour la semaine prochaine, c'était vraiment histoire de ne pas rentrer directement chez moi et passer du temps avec les autres, car du point de vue de mes proches j'étais trop perfectionniste et je cherchais toujours le détail pouvant être modifié. Je m'étais enfin décidé à partir après une petite heure de travail mêlé à de la discussion, je rassemblais mes affaires et ouvrais la porte pour rejoindre ma voiture alors que je percutais quelqu'un sans l'avoir remarqué, trop dans mon entrain. « Excuse-moi je ne faisais pas attention, je ne t'ai pas vu arriver » Je déposais les yeux sur la personne à qui je m'adressais, une fille blonde, plutôt grande et sûrement Eliot elle aussi. « Li ... Lia ? » Je n'en croyais pas mes yeux, un flash-back de quatre ans déroulait dans ma tête tandis que ce visage me devint familier, manquant de me faire décrocher la mâchoire par une surprise si violente.


 
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Avant le week-end, elle devait repasser par Harvard prendre un stock de bouquins, avant d'aller chercher à la crèche son fils et Millie, la nièce de Leanne. Sa meilleure amie et colocataire était partie à New-York pour quelques jours et elle lui avait naturellement confié sa « fille ». Elle-aussi donnerait beaucoup de choses pour ne partir ne-serait-ce qu'à New-York, comme ça sur un coup de tête. Elle en était capable, elle était comme ça : tout plaquer pour partir à l'improviste à l'autre bout du monde. Sans doute un trait de caractère dû à son père et sa carrière, grâce à qui elle a beaucoup voyagé dans le monde. Cela n'était pas permis à tous les enfants, elle était consciente de sa chance. Une chance qui lui avait fait découvrir le monde, de nouvelles cultures, de nouvelles rencontres ... Des rencontres inoubliables. On peut dire que c'était au moins un des avantages d'avoir un papa super ambassadeur. Il y avait aussi certains inconvénients bien sûr ... D'un pas pressé habituel, c'est dans cette course, sans faire attention, qu'elle percuta sans faire exprès un étudiant. Poli et bien élevé ce jeune homme. Tête baissée, en guise de réponse, elle se permit un poli et courtois « C'est pas grave » à ses excuses. Ce n'est qu'en relevant le regard vers ces yeux bleus qu'elle reconnut aussitôt à qui elle avait à faire. Elle aurait pu reconnaître ce regard parmi tant d'autres. Elle pensait même ne jamais croiser ce regard à nouveau, elle ne s'y attendait tout simplement pas. « Nekho » prononça-t-elle  timidement et surprise surtout. Quatre ans. Quatre années s'étaient écoulées. Et pourtant, tous les souvenirs semblaient si proches maintenant qu'ils se retrouvaient face à face. Comme si c'était hier ...  Elle aurait pu lui sauter dans les bras, non,elle aurait voulu lui sauter dans les bras mais elle resta immobile, tant de questions, de pensées entremêlées d'images se bousculèrent dans sa tête. « Qu'est ce que tu fais là ? Je savais pas que tu étais à Harvard »  Un sourire, qui ne la quittait pas, était parvenu à se frayer un chemin parmi l'étonnement. Comme une ado, presque.
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Lilia & Nekho
Lost time is never found again
Vendredi 29 janvier En intégrant Harvard j'avais déjà repris contact avec des amis tel que Andrew, Antwan ou encore Zakhar, mais la vérité était que nous avions toujours pris des nouvelles mutuellement, et que nous nous connaissions depuis un certain nombres d'années déjà, suffisamment pour entretenir une amitié sincère et durable je dirai. C'était une grande université, réunissant une élite diversifiée, mais les meilleurs étaient bien présents dans les salles de cours de cette école. Ça ne m'avait donc pas étonné de me retrouver avec des camarades, des personnes déjà rencontrés à des meetings, des galas ou même des entretiens entre sociétés. Mais jamais, même au plus profond de moi, je n'aurai cru faire face à Lilia un jour, c'était pour moi quelque chose d'impossible et d'inimaginable, une sorte de peine perdue. J'étais pétrifié par cette vision, comme si d'un coup je revenais quatre années en arrière quand nous étions encore certain de notre liberté. Pour la première fois je ressentais une sorte d'intimidation, comme si cette rencontre bien que hasardeuse, était interdite, me rappelant bien des recommandations de nos deux pères à l'époque où nous nous étions fréquenter. Deux émotions me partager, la joie immense de la revoir avec l'envie de lui poser milles et une question, de l'enlacer le temps de quelques secondes mais aussi la crainte d'enfreindre les règles et de devoir faire face à une toute autre personne. « Je suis ici depuis le début du second semestre seulement » J'arrivais enfin à articuler, omettant de répondre à la première partie de sa question, encore troublé par cette surprise. Je finissais pas reprendre mes esprits en me reculant de l'entrée, la laissant prendre place dans la Eliot House au lieu d'encombrer le passage. « Je suis venu pour me marier en réalité » C'était une annonce brutale, sans mise en forme, d'autant plus difficile à prononcer lorsque l'on fait face à son premier amour en réalité, j'avais l'impression de la trahir en articulant cette phrase, repensant à la jeune fille que j'avais connu lors de son voyage au Caire. J'aurai pu dire cela autrement, mais j'étais dans le flou, détaillant ce visage familier qui m'avait plu dès le premier jour et qui n'avait pas changer d'un trait à ce que je pouvais constater en faisant face à la même beauté angélique.


 
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C'était tellement ... surprenant. Elle ne s'y attendait pas. Du moins pas aujourd'hui. Oui, ils venaient du même milieu, fréquentaient le même genre de soirées, participaient aux mêmes types d'événements, peut-être avaient-ils même des connaissances en commun. Tant de fois, en quatre ans, leurs vies auraient pu se croiser à nouveau. Pour être honnête, cette pensée, cet espoir, lui avait plusieurs fois effleuré l'esprit. Combien de fois avait-elle imaginé la scène ? Combien de fois avait-elle cru l'apercevoir? Combien de fois s'était-elle demandée comment réagir si la situation arrivait ? Elle en venait même à se dire que peut-être il ne la reconnaitrait pas, peut-être avait-il fini par l'oublier, ne pas se souvenir d'elle. Combien de fois s'était-elle posée de nombreuses questions souvent restées sans réponse ? Mais jamais la situation ne s'était produite ...  jusqu'à aujourd'hui. C'était comme si un souhait inespéré se réalisait enfin après des années d'attente. Des sentiments contradictoires luttaient les uns contre les autres, la déstabilisant. Si l'on écoutait son cœur, une heureuse nostalgie la replongeait dans les souvenirs heureux de leur passé commun, les souvenirs de ces sentiments purs et vrais;  tout semblait si présent et proche à cet instant. Mais, si l'on écoutait sa raison, il y avait cette petite voix dans sa tête présente pour lui rappeler les règles et la ramener à la dure réalité de quelque chose d'interdit, de défendu, quelque chose à fuir. Leurs pères désapprouveraient cette rencontre. Au final, même si quatre années s'étaient écoulées, la situation n'avait pas tant changé, les paramètres n'étaient pas si différents qu'à l'époque. Ce qui était valable il y a quatre ans l'était toujours aujourd'hui. Comme si cette rencontre n'était déjà pas suffisamment simple à encaisser, je vous laisse imaginer l'onde de choc qui la traversa lorsqu'il lui annonça qu'il était venu à Harvard pour se marier ! Ce n'était pas la réponse à laquelle elle s'attendait. Quand certains viennent à Harvard pour étudier, d'autres viennent pour se marier. Sans ménagement mais au moins, c'était honnête. « Te marier ? » répéta-t-elle spontanément, ne masquant pas sa surprise suite à cette révélation qui la glaça un temps. Elle ne s'était pas préparée à cela, elle avait du mal à mettre les mots sur ce qu'elle ressentait. Encore une fois, cette annonce la ramenait à cette même réalité. Après tout, en quatre ans, cela paraissait normal que chacun ait fait sa vie, que chacun ait avancé ...  sans l'autre. Ce n'était pas elle qui pouvait dire quelque chose là-dessus : elle était devenue mère. « Félicitations » reprit-elle un peu hésitante, un sourire timide s'esquissant malgré tout sur son visage, n'oubliant pas sa bonne éducation ;  un moyen de sauver les apparences, comme on lui avait toujours appris. Loin de se douter qu'il s'agissait d'un mariage « arrangé ». « Elle doit être quelqu'un de bien » dit-elle de sa voix douce, qui laissait sous-entendre toutes les questions qu'elle pouvait se poser et dont la première serait sans doute : que font ses parents ?  
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Lilia & Nekho
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Vendredi 29 janvier Faire face à Lilia de manière totalement imprévu avait aussi provoquer un manque total de tact quand à l'annonce de ma venue, je regrettais déjà d'avoir lâcher cela comme une bombe. J'aurai dû prendre ce soir et l'inviter à s'assoir à la table dans la pièce d'à côté, prendre une boisson chaude en résumant les quatre dernières années où nous étions comme disparus l'un pour l'autre. Mais ce mariage était aussi invraisemblable à mes yeux pour le moment comme l'était cette retrouvaille avec la personne ayant compté le plus à moment donné de ma vie. C'était étrange à dire, mais avec Lilia j'avais connu pour la première fois un réel attachement au delà de l'amitié, je m'étais accroché à elle comme j'avais pu, mais il y avait certaines limites à ne pas dépasser si l'on tient à ne pas provoquer de problèmes. Je ne sais pas si le destin existe, mais revoir Lilia maintenant que j'étais presque marié, me semblait être une bonne excuse pour pouvoir lui reparler, après tout je n'étais plus une "menace" pour elle comme j'allais bientôt en épouser une autre. « Oui, c'est dingue n'est-ce pas ... » Je souriais légèrement, prenant une voix plus douce, presque comme pour confesser une bêtise et vouloir éviter d'en subir les conséquences. Je n'imagine même pas si la situation avait été inversée, qu'elle m'aurait annoncé son mariage, mais peut-être l'était-elle aussi en réalité, il s'en passe des choses en quatre ans lorsque l'on perd des gens de vu. « Je te remercie » Je sentais bien que dans ses félicitations il y avait un peu d'hésitation, ne sachant sûrement pas quoi dire ou penser, le temps de digérer la nouvelle mais surtout de se rendre compte que nous étions bel et bien en face l'un de l'autre dans la Eliot House après une longue période de séparation. Je ne savais pas véritablement où me mettre, proposer que l'on aille s'assoir, que l'on sorte se promener pour discuter dans les jardins d'Harvard, j'attendais juste que tout se passe, étant comme spectateur de la scène. Milles et une questions se bousculaient dans ma tête, mais l'usage ne me permettait pas de les poser, gardant toujours un certain flegme. « Pour le moment elle m'en a tout l'air, je ne la connais que depuis quelques semaines » Une vingtaine de jours tout au plus et deux rencontres, mais il était vrai qu'à l'heure actuelle Célestine était une personne correspondant aux critères de mon père, comme aurait pu l'être Lilia si jamais il n'y avait pas eu ces tensions diplomatiques que j'avais longtemps trouver puériles.


 
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Dingue. C'était bien le mot pour décrire toute cette situation. Ces retrouvailles inattendues dont elle ne pensait pas encore à l'heure actuelle aux conséquences, ce mariage surprenant qu'elle essayait de comprendre et de réaliser sans y parvenir ... Dans le fond, dingue, leur histoire l'était tout autant : si c'est pas dingue d'interdire à deux jeunes d'être ensemble pour une soi-disant raison d'État, pour des raisons qui les dépassaient totalement. Comme si ils pouvaient représenter une menace, c'était ridicule. Autant dire qu'il n'y avait rien de banal là-dedans. Et que dire de cette rencontre au moment où il allait se marier ?  Un signe ironique du destin, si c'est pas dingue. Si à l'époque elle avait pu entendre les arguments et si elle avait obéit à son père, la décision de leurs pères avait toujours gardé un certain goût amer. Une amertume qui refaisait surface en pensant à ces quatre années pendant lesquelles ils avaient chacun fait leurs vies de leurs côtés. Quatre années à rattraper maintenant. Ce n'était pas qu'un simple vieil ami qu'on croise au coin de la rue. Il n'était pas n'importe qui à ses yeux. Ce qu'ils avaient vécu avait une certaine valeur dans sa vie, même si ils étaient jeunes à l'époque. Il y avait tant de choses à dire. A commencer par ce mariage. Un mariage qui suscitait en elle des émotions diverses, des regrets aussi et des interrogations surtout. Et si cela avait été elle à la place de Célestine ? Ça aurait pu être elle, ça aurait peut-être dû être elle. Bien sûr que cette pensée effleura son esprit à cet instant précis. Elle ne pouvait s'empêcher de le détailler, de l'observer, de scruter ses moindres faits et gestes, cherchant à les interpréter. Comme elle aurait pu le faire à une certaine époque. Elle fronça légèrement les sourcils mais peu à peu, cela devenait plus clair quand il lui répondit qu'il connaissait sa future épouse que depuis quelques semaines. Elle ne savait pas si cela devait la rassurer ou bien la « révolter ». Un peu des deux sûrement. « Tout s'explique. C'est une idée de ton père ce mariage ? Si c'est lui qui l'a choisi, elle ne peut être que parfaite pour toi.» Pourquoi cela ne l'étonnerait pas ? Ce n'était évidemment pas une question, elle connaissait déjà la réponse, du moins elle s'en doutait. « Pourquoi ? Pourquoi tu acceptes ? »  osa-t-elle demander, plantant son regard dans le sien, sans perdre de sa douceur, loin de tout reproche, juste le besoin de comprendre.
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Lilia & Nekho
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Vendredi 29 janvier En annonçant cela à Lilia j'avais comme un sentiment de culpabilité, c'était idiot mais on ne s'était jamais vraiment quitté, on nous avait plus éloigné l'un de l'autre en utilisant des grands arguments imparables quand on a tout juste vingt ans et qu'on ne veut pas contredire son père. Mais en y repensant il n'y avait même pas eu la chance que l'on se parle une dernière fois, encore tout avait été très vite, précipité pour éviter que l'on ne s'attache davantage l'un à l'autre. J'avais ce sentiment étrange me remémorant cela, une impression de gâchis en réalité, on nous avait volé une belle histoire alors que nous ne faisions rien de mal. Je sais que l’Égypte n'est pas le meilleur pays pour créer des alliances, qu'il est le berceau d'un réseau peu fréquentable alors forcément, tout le monde veut s'en éloigner. Mais entre Lilia et moi, ça avait été au dessus de ces clichés, on était encore plus jeune, presque dans l'adolescence et on avait dû faire face à la dure réalité dans laquelle on baignerait plus tard. Pour le moment il y avait encore beaucoup de non-dit entre nous, mais je ne voulais pas plus gâcher ces retrouvailles, c'était comme une deuxième chance de pouvoir découvrir Lilia, notre histoire n'avait duré que quelques temps, mais assez pour que je m'attache à elle au point d'en garder un souvenir mémorable, ma plus belle histoire jusque là. « Tu te doutes bien qu'il ne peut qu'y avoir un grand homme derrière cette idée » Répondis-je plutôt ironiquement, bien que mon père était quelqu'un d'important et que je respectais, ce mariage n'était pas de mon point de vu l'évènement du siècle. Je m'efforçais de garder le sourire, car malgré cette situation gênante il fallait bien le reconnaitre, le visage doux de Lilia me réconfortait. « Je ne sais pas si elle l'est, mais du point de vu financier c'est vrai que c'est un joli coup de poker » Nos deux empires étaient complémentaires et grâce à ce mariage cela allait permettre de grandes expansions sur le marché, ce qui était l'affaire à ne pas louper pour nos deux familles. J'étais un peu pris au dépourvu par sa seconde question, ne sachant quoi trop répondre et baissant légèrement les yeux avant de comprendre qu'elle était juste curieuse. « Je n'ai pas le choix, tu as bien compris que quand mon père a pris une décision, il est impossible d'aller à l'encontre » C'était valable pour mon mariage à venir avec Célestine tout comme pour notre histoire inachevée avec Lilia.


 
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Cela ne l'étonnait pas d'apprendre que ce mariage était une idée de son père. Elle s'y attendait un peu, elle l'espérait même en secret. On va dire que c'était un peu plus facile à encaisser comme cela. Ce n'est pas comme si il l'avait totalement remplacé pour une autre. Enfin, il y avait ou il y avait eu peut-être une autre femme dans sa vie mais elle ne le savait pas encore et ne voulait peut-être pas le savoir d'ailleurs si c'était le cas. En même temps, ce serait tout à fait normal, elle n'aurait rien à dire, ils n'étaient plus ensemble depuis longtemps, ils ne s'étaient jamais promis de s'attendre non plus. Mais, comme une histoire inachevée, à l'intérieur d'elle, une part d'elle, un petit quelque chose ne le prendrait pas très bien, elle se connaissait. Pour autant, elle n'était toutefois pas tout à fait à l'aise avec cette idée de mariage non plus. Des émotions bizarres s'emparaient d'elle. Était-ce ce bond dans le passé qui rendait toutes ces émotions si présentes, si vives ? Elle ne sautait pas de joie non plus à l'annonce de ce mariage arrangé. Un mariage pour de l'argent, c'était classique dans leurs milieux. Elle ne pouvait pas le blâmer, ni lui faire aucun reproche. Il n'avait pas le choix, ça, elle n'en doutait pas une seconde. En l'entendant dire qu'il était impossible d'aller à l'encontre d'une décision de son père, cela la fît ironiquement sourire, voire même rire. Surtout en repensant à leur histoire. « J'ai le même modèle de père, j'ai pas oublié. Rien n'a vraiment changé en fait.» Lilia savait très bien que son père pourrait très bien avoir aussi cette idée de génie un jour, ce n'est pas comme si il ne se mêlait pas encore de sa vie sentimentale. Nekho en avait fait les frais. Pour le père de Lilia, tout était prétexte pour évincer les  prétendants de sa fille, ils n'étaient jamais assez parfait. Il n'avait même pas laissé une chance à Nekho, ils ne leur avaient même pas laissé une chance. Ces retrouvailles étaient comme une seconde chance, une chance de prendre leurs destins en main, de rattraper le temps gâché, loin de leurs pères.
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Lilia & Nekho
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Vendredi 29 janvier C'est justement peut-être parce que nous avions le même genre de pères, que notre relation avait été impossible. Chacun de leur côté savait ce qu'une amourette entre la fille d'un grand homme politique américain et la garçon du premier africain au pétrole risquait de créer. C'était quelque chose de risqué effectivement, au niveau économique tout comme humain, après tout nous étions tous les deux dans les hautes sphères de la société mais dans deux mondes tout de même à part. C'est un peu comme si le chef d'un pays venait à s'allier avec celui qui lui met le couteau sous la gorge, lui imposant ses règles pour faire survivre son pays. Donc non, une relation entre nous était tout, sauf une bonne idée. Mais seulement nous n'avions jamais été dans cette optique là avec Lilia, nous avions nos regards innocents de jeunes découvrant la vie et souhaitant profiter, seulement il y a toujours quelqu'un pour nous rappeler à l'ordre. Du moins pas aujourd'hui, quatre ans après la "punition" n'était toujours pas levée, mais je pense pouvoir dire qu'à présent il n'y a plus aucun risque, n'est-ce pas ? « Tu as sûrement raison, mais on a accidentellement enfreint la règle en se revoyant, tu penses que cela comptes ? » Je lui demandais d'un léger air moqueur, un peu comme si nous nous retrouvions à nouveau à cette époque là où rien ne comptait, et que malgré tout l'envie de ne pas respecter les consignes avait été forte. De toute manière il n'y avait rien à craindre, j'allais me marier et rattraper quatre année d'une relation imaginaire ne servait à rien, à par faire ressurgir le passé. L'envie de quitter la Eliot House pour rentrer chez moi m'était totalement passer au dessus, en fin de compte l'arrivée de Lilia me poussait à vouloir passer un peu plus de temps ici, juste pas curiosité et envie d'en savoir toujours plus. « Cela te dirais que l'on s'assoit pour discuter ? » Je désignais les canapés autour de la table basse du salon de notre confrérie, allant m'y installé en attendant qu'elle me rejoigne, au moins cela faisait plus convivial, moins ... Inatendu. Je me rendais compte qu'il n'y avait que Lilia qui posait des questions, alors que de mon côté aussi j'étais impatient de savoir son parcours pendant tout ce temps. « Cela fais longtemps que tu es à Harvard ? Je ne me rappelle plus si tu y étais déjà quand on s'est connus » Ce n'était pas le genre de détail auquel j'avais prêté attention à cette époque là, l'Amérique ne me tentant pas réellement.


 
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Elle ne pût retenir un petit rire sarcastique et moqueur lorsque Nekho lui demanda si ils avaient enfreint la règle en se revoyant aujourd'hui. Clairement oui. Si on faisait un bond dans le passé, si ils redevenaient ces deux jeunes de vingt ans, si ils retrouvaient le même état d'esprit qu'il y a quatre ans. Elle avait, oui, cette impression de désobéir à son père mais ce n'était pas pour lui déplaire. Un peu comme une petite revanche. Ils étaient des adultes maintenant, et non plus ces enfants que leurs pères pouvaient punir comme ça. Ce n'est pas comme si ils avaient encore besoin de se cacher. Ils n'allaient quand même pas faire comme si ils ne s'étaient pas reconnus. Juste pour faire plaisir à leurs pères qui étaient tous deux à des milliers de kilomètres de leurs enfants. D'ailleurs, que diraient et que feraient leurs pères si ils savaient qu'ils étaient aujourd'hui dans la même université et surtout qu'ils s'étaient revus ? « Tu te rends pas compte, on représente une menace pour la paix dans le monde. Si ils savaient, ils feraient tout pour nous changer d'université, juste pour nous séparer »  répondit-elle sur le même ton légèrement cynique et ironique. Elle connaissait son père : à ses yeux, Nekho restait et resterait le fils d'un de ses « rivaux politiques ». A l'époque, le père de Lilia, expert de la région du Moyen-Orient, était ambassadeur des États-Unis en Égypte. Alors la relation qu'il entretenait avec les magnats du pétrole égyptiens tenait plus du rapport de force que de rapports amicaux. Si oui il n'était plus actuellement en poste en Égypte, c'était sans compter sur son grand-père maternel qui dirigeait et dirige toujours les services secrets israéliens : les relations entre les deux pays voisins sont plutôt tendues. Ne pouvant changer de famille forte de traditions et d'héritages, elle s'était donc faite une raison que toute relation avec Nekho était impossible. Non sans regret, à contre-cœur et à son plus grand malheur oui bien sûr. Il y a des choses contre lesquelles on ne peut pas lutter. Tout les opposait. La nouvelle de ce mariage la confortait dans cette résignation. Alors qu'il lui proposa de s'installer pour discuter, elle jeta un coup d'œil à son portable pour regarder l'heure qu'il était, tout en acquiesçant d'un hochement de tête. C'est pas qu'elle était pressée, elle avait un peu de temps devant elle mais elle devait aller chercher les enfants à la crèche Leanne étant absente. Tant pis, au pire, elle serait en retard. En même temps, ils avaient l'habitude de la voir débarquer parmi les dernières quand c'était son tour d'aller les chercher. Mais, voilà, elle ne pouvait pas dire non, ni ne voulait écourter ce moment avec son ex amour. Il y avait beaucoup à dire. « Non, j'étais à Yale, je quittais Yale pour Harvard en fait. Ça va donc faire quatre, presque cinq ans.» répondit-elle tout en prenant place, esquissant un léger sourire, un sourire teinté d'une légère nostalgie en pensant que cela faisait quatre ans qu'ils ne s'étaient pas revus et en se souvenant des vacances qu'ils avaient passées cet été là ensemble. Ils s'étaient donc rencontrés pendant son été de transition entre Yale et Harvard, pendant ses vacances au Caire. Un très bel été. Parmi ses plus belles vacances. «T'es resté au Caire toutes ces années ? »
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