(aleska) things went wrong

Things went wrong
— with Alaska

J'étais revenu des Seychelles assez tardivement et du coup, Briony était retournée chez elle et moi, c'était direction la Mather House. Autant dire que j'avais pas tellement hâte. Retrouver son train-train quotidien, non merci. Mais j'avais pas tellement le choix, la vie n'était pas de grandes vacances et il fallait bien se construire un avenir, préparer le futur de nos enfants. Bon, j'avais ma fille qui était avec ma soeur ce soir donc je pourrai m'en occuper que ce soir, ce qui m'ôtait une responsabilité de plus pour la soirée.. mais je devais aller voir Alaska. Je le redoutais un peu mine de rien, vu comment les choses se sont terminées entre nous. C'était si soudain, si rapide.. ouais, je n'étais pas vraiment prêt pour ça. Une fois mes affaires posées à la Mather, dans ma chambre, je me retrouvais confronté à ce dilemme : aller la voir comme convenu.. ou pas. Disons que oui, j'avais un choix à faire et... j'étais faible. Et amoureux. Et ouais, je me suis rendu devant sa porte, planté là pendant quelques instants avant de finalement cédé. J'avais frappé. Deux coups distincts, attendant alors la réponse de la jeune femme.

J'avais la boule au ventre. J'étais stressée à l'idée de voir Alexander. Nous ne nous étions pas revu depuis notre rupture et celle-ci s'était vraiment mal terminée. Depuis, tout c'était enchaînée trop vite. J'avais perdu pied rapidement. J'étais amoureuse et j'avais mal, il m'avait fait mal. Nous ne nous étions pas compris. Il n'avait pas cherché à savoir ce que je pouvais ressentir et surtout, il n'avait pas l'air d'avoir eu de remord à m’éjecter de sa vie. J'admets que cela était égoïste venant de moi, je l'avais quitté après tout, à quoi je pouvais m'attendre ? Mais, j'étais blessée. J'étais tellement amoureuse de lui, tourner la page était difficile. Puis, il y avait eu ma fausse couche. C'était la chose la plus horrible à vivre. La douleur, le sang. La sensation que la situation vous échappe, qu'absolument tout s'écroule sous votre nez. Et, même si je m'étais posée des questions à propos de ma grossesse, je vivais aujourd'hui avec l'envie d'être maman. Une envie impossible à réaliser. Je me levais finalement quand mon ex-petit ami frappa à la porte. Mon cœur se sera quand je croisais son regard. Je refermais derrière lui avant de finalement m'asseoir à nouveau sur le canapé sous la fenêtre pour terminer ma cigarette. J'étais recroquevillée, mes jambes ramenaient contre mon buste. « Tu n'étais pas obligé de venir... » lui confiais-je sans le regarder, me concentrant sur la vue qu'offrait ma fenêtre. Je ne voulais pas le regarder parce que finalement, ça faisait trop mal.

Things went wrong
— with Alaska

Je n'avais aucune idée de comment les choses allaient se passer entre Alaska et moi et je dois dire que ça me stressait un peu. Sûrement qu'elle était encore énervée vis à vis de mes paroles dures envers elle et que je regrettais amèrement. Mais en aucune façon je ne me faisais d'illusion : elle et moi c'était fini. Vraiment. Et quand bien même j'avais mal à cette idée, je ne pouvais pas aller à l'encontre de ses envies. Il allait me falloir du temps pour digérer tout ça et puis surtout digérer le fait qu'elle ait perdu notre bébé. C'était d'ailleurs la raison de ma venue ici, devant sa chambre de la Mather House. Elle avait perdu notre bébé pendant que j'étais de l'autre côté du globe en train de faire le vide dans ma tête en présence de ma meilleure amie. J'aurais du être là.. pour elle. C'était notre bébé et maintenant plus rien ne nous liait. J'avais mal, mais c'était sûrement rien comparé à ce qu'elle, elle vivait. J'avais frappé, elle avait ouvert. Dans la chambre, je restais proche de l'entrée alors qu'elle se réinstallait sur son lit, le regard perdu dans le paysage qu'offrait sa fenêtre. « Je sais je... j'en avais envie » Non, je n'allais pas lui poser la question bateau de comment elle allait. Forcément qu'elle n'allait pas bien. Je m'appuyais dos contre la porte, les mains se glissant dans mes poches. Que dire ? « J'suis désolé.. » Ouais, c'était peut-être la seule chose qu'on peut dire dans ce genre de situation. Mais j'englobais également notre dernière entrevue, qui clairement, s'était mal passée.

Au final, c'était plus facile de me concentrer sur le paysage. Je l'avais compris lorsqu'il m'avait emmené dans la forêt. Il y avait quelque chose d’apaisant à se perdre dans la contemplation de la ville éclairée. Cela permettait de garder les idées au clair parce que croiser son regard sombre serait comme perdre la bataille. Il s'était montré difficile lors de notre rupture. Les mots sont sortis d'une manière violente et cela raisonnait encore dans ma tête. Il m'avait mis dehors avec une telle force que j'avais du mal à comprendre pourquoi il avait mis les pieds dans ma petite chambre de la Mather House. J'avais mille questions qui me traversaient l'esprit. Littéralement. Mais, la chose la plus choquante qui restera à jamais gravée dans ma mémoire sera de perdre mon bébé. C'était affreux, tout ce sang et la façon dont on comprend que tout est en train de s'effondrer et que vous devez assister à votre autodestruction de manière impuissante. Heureusement qu'Emma avait été là. Je ne sais pas comment j'aurais pu faire autrement. Je finissais ma cigarette, assise sur le lit, écoutant ses quelques mots. J'avais du mal à croire qu'il ait eu envie de venir me voir, dans ma tête, je me disais simplement qu'il était déjà passé à autre chose. Je ne savais pas quoi lui dire. Je lâchais simplement un soupire, me levant pour écraser ma cigarette dans le cendrier posé sur le rebord de fenêtre avant de fermer totalement cette dernière. Je me risquais finalement à me tourner vers lui, le regard fuyant, ma main venant ramasser mes cheveux en arrière. « Moi aussi, je le suis ». Je suis désolée d'être trop faible. De ne pas avoir réussi à me remettre de cette rupture parce que je suis amoureuse. Je crois même que j'étais désolée d'être tombée amoureuse. Désolée de ne pas avoir assuré après la rupture, d'avoir perdu le bébé. Je m'en mordais les doigts désormais. « Je crois que j'ai atteins un nouveau palier dans le rayon "horreur" sur l'échelle de la vie » me confiais-je calmement en le regardant finalement dans les yeux.

Things went wrong
— with Alaska

J'avais du mal à croire que c'était la réalité. Qu'Alaska m'avait quitté une nouvelle fois. Qu'elle ait perdu le bébé qu'on attendait. Qu'elle traverse une nouvelle fois l'enfer. Ouais, c'était un cauchemar et le pire dans tout ça, c'est que je pouvais même pas l'aider à aller mieux, puisqu'elle préférait m'éjecter de sa vie. Mais du coup, je me devais d'aller la voir, tout de même. C'était nécessaire vu comment les choses s'étaient terminées entre nous. Une fois arrivé de l'aéroport, Briony est rentrée chez elle et moi, j'étais retourné à la Mather House. Il était pas si tard que ça, un peu tout de même, mais je savais qu'elle m'attendait. Alors j'avais déposé mes affaires dans ma chambre et j'étais allé devant la sienne. J'avais frappé, elle avait ouvert. J'étais entré. Et puis elle était là, n'osant pas me regarder, comme si j'étais celui qui lui faisait le plus de mal. Après tout c'était vrai.. elle ne cessait de me le rappeler au final. Elle avait souffert à cause de moi à maintes reprises et elle voulait juste stopper tout ça. Compréhensible. Mais je ne l'acceptais pas pour autant. « T'as pas à l'être » Non, vraiment pas pour le coup. Ou alors, j'étais aveugle de certains points et elle ne tarderait pas à éclairer ma lanterne. Son regard venait croiser le mien et mon coeur s'est arrêté le temps de quelques instants avant de reprendre. Je ne savais pas quoi dire, quoi faire alors je restais planté contre cette porte fermée, les mains dans les poches, paralysé. « C'est pas de ta faute... j'ai lu que ça arrivait plus souvent qu'on pouvait le croire et... » Je déglutissais, cherchant les mots que je pourrais lui transmettre pour être un tant soit peu rassurant. Mais le regard fuyant ce coup ci. Quand c'est pas elle, c'est moi. « Vraiment... c'est pas ta faute. Tu pouvais pas prévoir »

Bien sûr que si que je devais l'être. Désolée. Je l'étais sincèrement. Ce n'est pas possible... J'veux dire... J'avais du mal à comprendre comment on pouvait passer du jour à la nuit en un claquement de doigts, je ne devais pas avoir fait les choses correctement, c'était certain. J'étais forcement fautive, moi aussi. Il ne pouvait pas être le seul. S'il avait été voir ailleurs, si facilement après notre avant dernière rupture, c'était peut-être que je n'étais pas à la hauteur. Je n'étais peut-être pas assez bien ? À force d'y réfléchir, mes idées s'écartaient de plus en plus de la réalité et, je ne savais plus quoi y penser. J'étais simplement debout face à lui. Mes mains étaient tremblantes et mon pouls me rappelait que l'homme que j'avais en face de moi comptait bien plus que je ne veuille l'admettre. Il y avait quelque chose de stressant à le regarder bloquer la porte de ma petite chambre. J'aimais m'enfuir et je ne le pouvais plus. Il me restait seulement ma salle de bain, seul endroit où je pouvais me réfugier en cas de problème. « Tu dis ça comme si ce n'était pas grave » l'accusais-je sans le vouloir. Non, parce que moi, je l'avais vécu cette fausse couche, cette étape traumatisante que je ne recommande à personne. « J'ai perdu l'homme dont je suis amoureuse et j'ai perdu ce qui aurait dû être mon bébé » J'allais terriblement mal et je n'avais surtout pas envie d'entendre que statistiquement parlant une fausse couche arrivait probablement tous les deux jours dans le monde. « Je n'ai rien voulus de ce qui est arrivé » me plaignais-je dans un chuchotement. Je n'avais pas choisi de vivre avec l'envie impossible d'être maman. S'il n'y avait que moi, nous serions dans notre appartement, avec Robyn. Parce que non, la rupture, ce n'était pas non plus ce que j'avais voulu, mais ça, il n'allait pas le comprendre puisqu'il ne voulait pas le comprendre.

Things went wrong
— with Alaska

J'allais pas bien, et ce, depuis plusieurs jours maintenant. Elle avait rompu, coupant court à notre relation et.. ouais, déjà ça, je l'avais mal vécu. Pire encore, j'étais à des milliers de kilomètres quand elle m'a annoncé avoir perdu notre bébé. Autant dire, ça avait été dur. Très dur et Briony avait du m'aider à me relever parce que.. c'était mon bébé bordel. Je pense que ça veut dire déjà beaucoup. Mais c'était rien comparé à ce qu'elle, Alaska, a pu vivre de son côté. Je n'ose pas imaginer ce que ça fait que de perdre l'être qu'on portait, qu'on s'était promis de porter et de protéger jusqu'à terme et même au delà. Ouais non, je n'osais pas imaginer. « J'ai pas dit ça.. j'veux juste que tu cesses de t'en prendre à toi-même » Parce qu'elle se blâmait, n'est-ce pas ? Elle s'en voulait parce qu'elle n'avait pas su garder ce bébé. Mais elle n'avait pas à s'en vouloir. Ça peut arriver et malheureusement... ça lui est arrivé. Je soupirais, ne bougeant cependant pas d'un pouce. « Je sais.. » Ouais je savais. J'avais du mal à comprendre beaucoup de choses, notamment comment on en était arrivé là, mais je savais que c'était pas ce qu'elle voulait. Mais on y était et on pouvait pas faire machine arrière. « Moi non plus je voulais pas ça, toute cette situation » Je le précisais, sait-on jamais. Après tout, on était pas à l'abri d'une mauvaise compréhension.

C'était vraiment compliqué pour du coup. J'avais rompu, mais n'allez pas croire que c'était la décision la plus plaisante pour moi. J'étais amoureuse d'Alexander et si cela n'avait tenu qu'à moi, nous serions tous les deux, juste lui et moi. Mais rien n'est jamais comment nous voudrions que ça le soit. Je devais mettre tout ça de côté puisque j'avais rompu et que j'avais clairement des bonnes raisons de l'avoir fait. Finalement, je crois que j'arriverais à lui expliquer comment nous en sommes arrivée là. Par contre, je ne pourrais pas mentir, mes sentiments pour lui étaient toujours présents, ils n'allaient pas partir dans un claquement de doigts. J'étais debout à côté de mon lit, tournée dans sa direction, mais mon regard était fuyant. Le regarder, ça faisait mal au cœur. Arrêter de m'en prendre à moi-même. Comment je pourrais ? Je venais de perdre mon bébé et on sait tous les deux que ma grossesse a mal commencé et s'est terminée de la même manière. « Ce n'est pas possible... » lui confiais-je doucement. Je m'en veux terriblement. Surtout que désormais, j'avais cette envie omniprésente de devenir maman. C'était comme si être enceinte me manquait. Je voulais donner la vie, me donner ce but, me prendre en main pour y arriver. Mais désormais, c'était foutu. Il ne le voulait pas. Je me détournais finalement. Alors, c'était quoi le deal ? On a des sentiments l'un pour l'autre. On est amoureux, mais l'on garde ça pour nous parce que notre couple n'est plus possible ? Je me dirigeais vers le bureau de ma petite chambre étudiante afin d'attraper un carton avec ses affaires. Bb-8 sephro, bagues, t-shirt, lettre de demande pour être sa petite amie. Je ne voulais rien garder de tout cela parce que finalement, ça faisait trop mal de les regarder. « Ce sont tes affaires. » Puis, je lui tendais simplement le carton.

Things went wrong
— with Alaska

Je ne sais pas trop pourquoi j'étais venu, sûrement parce que j'étais en manque d'elle et de sa présence et que peut-être elle allait revenir sur ses mots, me vouloir à nouveau. Mais non, j'étais idiot. La situation n'avait pas changé d'un poil et.. non, elle ne me voulait plus, c'était fini. Et on avait même plus de bébé pour être liés elle et moi. Alors avec le temps, on allait être des étrangers. On se verra de temps en temps, se faisant des signes de la main et on s'éloignera pour pas que ça devienne bizarre. Ouais, plus jamais nous n'aurons la même relation elle et moi. Et ça m'attristait. Tout ça parce que je voulais coucher avec elle parce que j'étais pas bien depuis ma rupture avec Billie. Briony pensait même que j'étais encore amoureux d'elle, malgré l'année écoulée. Non, j'étais amoureux d'Alaska. Je.. ouais, j'avais des sentiments pour elle et j'allais mal depuis notre rupture. Mais j'aurais beau lui dire ce que je veux, elle ne changera pas d'avis. Je suis celui qui l'a le plus blessée et il n'y a pas de retour en arrière pour ça. J'aurais aimé être là pour l'aider à traverser tout ça, mais je me sentais pas être proche d'elle, proche de son corps et ne rien pouvoir faire. C'était.. c'était une torture cette situation. Et puis elle s'était approchée du bureau, attrapant un carton où je pouvais discerner un BB-8... et là, je savais ce qu'elle faisait. « Alaska.. » Je soupirais, je n'avais pas envie qu'elle me rende tout ce que je lui avais offert. Il en était hors de question. Mais je n'étais pas en position de lui obliger ça. Elle s'était approchée de moi, me tendant le carton. Oui, il y avait cette distance qu'elle instaurait et qui ne bougeait pas. « Okay » Je l'attrapais, lui laissant l'opportunité de retourner vers son lit, s'éloigner de moi, aussi déchirant pouvant être cet acte.

J'avais l'impression d'être tiraillée au plus profond de moi. Il était ma faiblesse. Je ne pouvais le cacher à personne. Même si nous avions commencé par une simple histoire de coucherie, Strudwick avait pris une place énorme dans mon cœur au fil du temps. Et, après notre rupture, malgré les histoires... ses histoires dont il me faisait subir, il me manquait jour après jour. Parce qu'il n'était pas simplement dans mon cœur, mais aussi dans ma tête. Mes pensées divergeaient sans cesse vers lui et parfois, mon corps aimerait se diriger vers le sien, mais derrière tout ça, il y a la raison. Je suis amoureuse de cet homme, mais ses actes font que je ne peux pas retourner vers lui. Il m'a fait du mal. Il est allé vers une autre. Il l'a mise enceinte. Je ne dois pas retourner vers Strudwick. Declan me l'a fait comprendre, ce n'est pas ça l'amour. Mais bon sang, c'était une lutte perpétuelle. S'il n'y avait eu que nous. Nous serions ensemble et heureux, et même si j'avais perdu mon bébé, je lui aurais certainement demandé de m'en refaire un. Mais, nous avait volé en éclats entre-temps. Son silence était peut-être finalement pas plus mal. Cela m'évitait de me fendre le cœur et aussi, je me laissais imaginer que ce n'était pas si grave pour lui, il allait s'en remettre. Je me dirigeais finalement vers mon bureau pour y attraper un carton. Ses affaires. Du moins, les miennes, celles qu'il m'avait offertes. Mon prénom sonne comme un supplice, mais il finit par attraper le carton comme s'il capitulait. Et voilà. Qu'est-ce que nous faisions désormais ? Il partait ? J'tripotais nerveusement mes doigts avant de finalement relever la tête et croiser son regard. C'est ce moment que choisit mon cerveau pour se déconnecter et que mon corps décide de faire ce qu'il veut. Mes pieds foncent sur Alexander et mon corps se blottit contre le sien, ma tête contre son torse, mon oreille sur les battements de son cœur. Inutile de préciser que j'avais envie de pleurer, il me connaissait assez pour ne pas être surpris pour trouver mon regard clair noyé de larmes. Finalement, c'est certainement pas plus mal de rester silencieux, parce qu'il arrive un moment où les mots ne sont plus au rendez-vous, où ils ne sont plus assez fort pour traduire ma détresse.