Léchage de botte, game on (Orphée)

  Passé un début de conversation cérémonieux, la détente sembla enfin nous gagner et déjà je pressentais qu’Orphée était bien plus intéressante que la poupée princesse clichée qu’on pouvait imaginer qu’elle était. Je sirotai mon verre en l’écoutant me parler de ses études, histoire et musique. « Tu pourrais aussi te lancer dans une comédie musicale historique, ça a un certain succès en ce moment. » commentai-je avec un petit sourire avant de répondre à la question qu’elle me retournait : « Economie et relations internationales. » Cliché oui, pour un héritier d’entreprise familiale. « Je t’aurais bien répondu que je faisais des claquettes, mais après tu aurais voulu une démo et ce n’est pas ce scotch qui suffirait à me faire découvrir des talents dans ce domaine… Alors, oui  j’avoue, je suis un garçon sans surprise. » J’allais donc lui épargner une conversation sur mes études barbantes. De toute façon, la discussion avec ma nouvelle amie fut interrompue rapidement par l’arrivée d’une autre demoiselle, réclamant la princesse à ses côtés. La blondinette me salua d’une bise et je lui servis un sourire charmé : « Bonne soirée à toi aussi Orphée… » Et je la regardais s’éloigner suivant sa silhouette des yeux jusqu’à la perdre dans la foule. Mon regard se reporta alors vers mon verre, le saisis et en bus une bonne gorgée en me repassant l’échange mentalement, plutôt fier de mon coup, de cette première entrée en matière et du joli nom que j’allais pouvoir ajouter à mon répertoire. Parce que j’étais sûr de moi, j’avais du faire bonne impression… Mes prunelles cherchèrent alors une autre cible pour le reste de la soirée, et je visais tout autrement pour le coup. Ce n’était plus mon carnet d’adresse que je voulais flatter, mais ma libido que je voulais soulager. Il me fallait pour cela quelque chose de facile, pas que ça m’embête de jouer du vouvoiement et des -mademoiselle- pompeux, mais j’aimais aller droit au but. Je voulais du facile et mon regard accrocha donc celui d’une jeune femme en robe outrageusement moulante et décolletée. Jackpot ! Mon sourire s’élargit et j’avançai vers elle…

Et c’est plusieurs heures plus tard, dans les sanitaires des lieux, que je terminais ma petite affaire. Soulagé et plus léger, j’allais quitter ma partenaire de la soirée, l’embrassant à pleine bouche lorsque la porte s’ouvrit à la volée. Je m’écartais sur le champ de la demoiselle qui ajusta sa robe en tirant sur cette dernière, sans réaliser qu’en le faisant, elle accentuait encore plus l’effet décolleté de sa tenue. Et moi je ne bougeais pas, figé, me décomposant sur place reconnaissant Orphée. Tous mes efforts allaient être ruinés pour une partie de jambes en l’air dans des chiottes… « Orphée ? C’est pas ce que tu crois je… » bredouillai-je. La jeune femme qui m’accompagnait fila d’ailleurs vite fait et discrètement, prenant probablement la blondinette pour ma petite amie au vue de ma réaction et redoutant surement la sienne. Je venais de perdre toute ma crédibilité là non ? Avec la braguette encore ouverte et ma chemise mal reboutonnée… La grande classe Cole, la grande classe.

(Invité)