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« Cap ou pas cap ? »
« Fais ch**, j’te dis que j’veux pas y aller ! » grognai-je pour la centième fois à l’un de mes meilleurs amis qui tentait tant bien que mal de me convaincre de l’accompagner à une soirée étudiante prévue ce soir. « Alllez, à ce qui parait les filles qui y vont sont toutes canons et toutes majeures ! » s’exclama t-il comme si ce détail à lui seul valait tous les arguments que j’aurais pu avoir. « Non. » Un soupir désespéré résonne dans le salon. Je tourne les talons, il me barre la route et s’écroule dans mes bras, le visage tordu en une expression théâtrale de tristesse face à mon air blasé. « S’il te plaiiiittt ! J’ai envie de m’amuser ce soir et de rencontrer du monde, allez ! » Mais vas-y tout seul à ta soirée, je t’empêche pas, ais-je failli lui répondre en roulant des yeux dans leurs orbites. « S’il n’y a pas au moins une rouquine à ta p** de soirée, quelqu’un va d’voir payer au retour ! » concluai-je dans un sifflement exaspéré. « Ouiiiii !! merci merci merci, j’te revaudrai ça ! » entendis-je dans mon dos tandis que je filais à la salle de bain. C’est ça, c’est ça. « Au fait, t'as deux minutes, la soirée a déjà commencé. » Fais ch** !
Deux minutes plus tard, il dut attendre encore vingt minutes avant que je ne ressorte de la chambre, attifé comme l’adolescent que j’étais, d’une chemise en coton vert forêt à manches retroussées l’avant-bras qui mettait en valeur mon regard, d’un chino tirant sur le marron brut, auquel s’ajoutaient une ceinture et des chaussures noires, assorties à mon tour de poignet en cuir sur lequel résidait une montre en argent massif. J’avais laissé la chemise entrouverte jusqu’à mi-torse pour ne pas avoir l’air d’un idiot endimanché, dévoilant quelques-uns de mes nombreux tatouages. Sur mes avant-bras, d’autres parcouraient ma peau, me donnant l’allure, avec les bagues qui ornaient mes doigts, d’un pirate des hautes mers. Ce soir, et pour une fois, j’avais noué mes cheveux d’un élastique pour ne pas succomber à la chaleur de ce genre de soirée bondée. Seules quelques mèches indomptables, dûes à ma coupe dégradée, encadraient encore mon visage et me donnaient un petit côté artiste. Une légère fragrance boisée, de celle qu’on ne parvenait à humer qu’une seule fois avant de la rechercher à nouveau, me rendait plus énigmatique encore, si c’était possible. « Ouahouu, tu vois quand tu fais des efforts ! » entendis-je à deux mètres de moi alors que mon ami se levait du canapé sur lequel il patientait depuis tout à l’heure, les yeux écarquillés. « La ferme. »
Quinze minutes plus tard. Tandis qu’il s’était rapidement fondu dans la masse en me faisant promettre de m’amuser autant que lui, je rejoignais quant à moi l’une des chambres vides de l’immense résidence qui servait ce soir de lieu de débauche, pour être tranquille. Avec un peu de chance, je pourrais même me faire une fille – rousse de préférence, ma grande obsession – avant de tomber de sommeil jusqu’au lendemain. Les soirées, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Typiquement américain.
acidbrain
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