Cornélia ❖ I need you right now

Tu avais participé à la fameuse journée de commémorations et au final tu te demandais si tu avais bien fait parce que maintenant ton état était proche de la dépression, cela t’avait permis de repenser à des choses que tu aurais préféré oublier tellement cela t’avait fait du mal. Tu savais que c’était mieux ainsi, de faire une journée de commémorations parce que ça faisait trois années que ce terrible attentat avait touché la meilleure université du monde. Trois années que tu n’avais plus ton épouse à tes côtés… Elle qui partageait ta vie, elle qui t’avait donné un enfant formidable et tant de bonheurs même si au départ, votre amour n’était né que plus tard dans votre relation. Sauf que votre bonheur avait été subitement arraché pour te laisser dans cette situation semi-dépressive et c’était encore pire en vue de cette stèle où tu avais pu lire son nom… Tu avais laissé ton fils avec sa nounou et tu t’étais dirigé vers le lieu auquel tu ne t’attendais pas vraiment à aller… Chez Cornélia ! Elle allait peut-être te rembarrer à ton arrivée mais tu avais besoin de parler à quelqu’un et elle était la seule personne vers laquelle tu avais envie de te tourner. Tu n’allais certainement pas parler de ton ex-épouse, sachant que tout cela avait brisé votre amitié, votre relation naissante… Cette attirance indéniable ! Tu descendais de voiture avant de te diriger d’un pas décidé jusqu’à la porte.

Pourquoi avais-tu décidé de venir chez Cornélia ? Alors qu’entre vous, ce n’était pas tellement la joie et l’amour fou depuis des années ? La raison pour laquelle tu venais la voir, c’était parce que tu avais besoin d’elle. Tu n’allais pas lui demander d’être comme avant, votre relation passée était certainement à des années-lumières mais tu voulais la récupérer en tant qu’amie et en ces temps sombres, tu aimerais pouvoir te confier à l’une des rares personnes en qui tu pouvais placer ta confiance qui était difficilement acquise. Qu’importe, tu te trouvais finalement devant la porte de son loft et tu sonnas avant de te décaler un peu le temps qu’elle vienne t’ouvrir. Tu avais remercié son frère en lui promettant de faire une super sortie entre potes un de ces quatre, en guise de remerciements pour ce service qu’il te rendait. Tu déglutis en voyant finalement la porte s’ouvrir et tu vis la jeune femme qui semblait complètement surprise de te voir là, normal non vu que tu n’avais pas prévenu ni rien. Tu avais simplement suivi ton idée… « J’avais besoin de te parler… Je sais que je ne devrais pas mais tu es la seule personne avec laquelle je voulais parler ce soir. » dis-tu d’un ton assez tremblotant mais tu gardais ton regard bleuté bien fixé sur elle.

Tu te demandais de plus en plus si tu avais pris une bonne décision en venant chez Cornélia ce soir mais tu n’arrivais pas à faire marche arrière, de toute façon, tu n’avais pas le droit de le faire. Tu avais besoin de lui parler, de tout et n’importe quoi mais voilà tu avais besoin d’elle et ça te tuait de te l’avouer au final. Pourquoi tu ne l’avais pas prévenue au téléphone de ton arrivée, voilà ce qu’elle te demandait mais tu te le demandais aussi d’ailleurs… « Je suis désolé mais j’avais sérieusement besoin de te voir, sauf que je ne voulais pas que tu refuses si j’avais téléphoné… Si je dérange, je peux repartir si tu veux ». C’était la seule fille qui te rendait aussi vulnérable et cela ne te plaisait pas vraiment, il fallait se l’avouer mais tu n’avais pas le choix. Tu ne pouvais pas faire marche arrière. Après quelques secondes de réflexions, elle t’autorisait finalement à entrer dans son appartement et une fois qu’elle eut refermé la porte derrière elle, elle te demanda ce que tu voulais boire. « Un verre d’eau s’il te plait ».

Elle n’essayait même pas de te détromper sur le fait qu’elle n’aurait jamais décroché si tu l’avais appelée. Cela te faisait plus mal que jamais, tu l’aimais profondément avant mais si une union n’avait pas été possible entre vous c’était bien parce que tu avais fait passer tes responsabilités avant toute chose… La raison sur le cœur ! Aujourd’hui tu payais les lourds tributs de ce que tu avais fait mais tu allais tout faire pour la récupérer dans ta vie, quitte à venir à l’improviste chez elle… Tu étais sincèrement désolé d’arriver ainsi à l’improviste mais tu avais vraiment besoin de la voir, de lui parler de tout et de rien mais en somme tu avais l’impression que seule sa présence pourrait t’aider à aller mieux. Néanmoins tu venais d’entrer dans l’appartement et la jeune femme arrivait avec la bouteille d’eau que tu avais demandé. Elle entra directement dans le vif du sujet en te demandant ce que tu voulais lui dire avant d’ajouter qu’elle ne serait pas d’une très grande aide pour lui. « Je ressens une sorte d’impression comme quoi je perds petit à petit goût à la vie. Depuis que j’ai assisté à la cérémonie de commémorations des attentats de janvier 2013… Je me demande même parfois si je suis un bon père pour Russell. ». Tu t’étais mis à parler d’une voix assez étrange comme si tu ne voulais pas paraître dépressif mais malheureusement c’était ton état actuel..

Tu avais du mal à soutenir son regard empli de reproches et de haine à ton encontre mais tu ne devais pas détourner le regard alors tu prenais sur toi pour pouvoir le faire. Elle te disait que tu n’avais pas à rester debout, alors rapidement je me mettais en position assise avant de me mettre à parler. « Je ne sais pas trop si ça va me passer tu sais… » dis-tu d’une voix cassée avant de lui expliquer que tu avais assisté à la journée de commémoration pour les victimes de l’Attentat de janvier 2O13. Elle te demandait la raison pour laquelle tu y étais avant d’ajouter qu’il fallait que tu avances, que tu tournes la page. Sauf que ce n’était pas chose facile à faire, puisque la personne que tu voulais à tout prix ne cessait de te repousser. Tu savais que tu lui avais fait énormément de mal mais tu n’avais pas prévu de tomber sous le charme de ta défunte femme, et encore moins que tu allais avoir un fils à la fin de ton secondaire… « J’y étais parce qu’il n’y avait pas qu’elle que j’ai perdu là-bas. Je me suis dit que c’était bien de leur rendre un dernier hommage… » dis-tu avant de déglutir légèrement pour ajouter des derniers soupçons, selon lesquels tu n’étais pas un bon père et tout.« Je te crois alors. Je suis désolé… Je ne voulais pas te faire subir ma déprime passagère. Je voulais te voir parce que tu me manquais, parce que j’ai envie de repasser du temps avec toi… Ma vie est vide sans toi… ». Tu souhaiterais lui dire que ça faisait six années que c’était vide mais tu n’avais pas la force de le faire, tu venais déjà d’avouer une partie de tes sentiments. C’était dur pour toi de faire ce genre de choses.