alejandro ☆ what the fuck did you do ?

En temps normal, je n’aime pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Spécialement lorsque ça concerne les relations amoureuses. Non, en fait, je n’aime pas me mêler des affaires des autres à moins d’ennui. Enfin, jusqu’à aujourd’hui, car maintenant ça concerne deux personnes de mon entourage. Ma meilleure amie et un ami d’enfance. Au début, je ne voulais pas m’en mêler et garder une certaine neutralité avec ce qui se passait entre eux. Ça, c’était avant de savoir la raison. Je ne suis pas fan des relations sérieuses par la monotonie qui en découle, mais tromper ? Dans mon livre à moi, ça ne se fait pas. Qu’on me dise vieux jeu, je veux des explications de la part d’Alejandro. Alors, je m’invite chez lui pour le confronter. Pour ce coup, je ne suis plus la Suisse, je prends un camp et ce n’est pas celui d’Alejandro. Dès qu’il m’ouvre la porte, je me précipite à l’intérieur et je lui fais face - « Pourquoi ? » La seule question qui m’importe pour le moment.

N'entre pas qui veut chez Alejandro Ortega. Si vous n'avez pas une carte pour franchir le poste de sécurité dans le grand hall au rez-de-chaussée, il faut l'autorisation du gardien en poste à ce moment et ce dernier contacte tout simplement le locataire, nomme la personne et demande l'autorisation pour la faire monter. Oui, rien de moins que tout ce contrôle dans cette belle grande tour à appartement dans les anciens chantiers de Boston.

Habillé assez simplement d'un t-shirt rayé blanc et noir et d'une paire de jeans, il faisait chauffer son appartement à plein, ne supportant pas le froid de l'hiver, il voulait être bien au chaud une fois rentré. Tranquille, le beau brun jouait au piano lorsque le téléphone sonna. C'était le gardien en bas qui accueillait une certaine Nayem... Alejandro eut un sourire Nesayem! Le pauvre gardien s'était trompé. Il avait un petit doute quant à pourquoi elle était là... Disons que le monde est petit et qu'Alejandro s'est retrouvé à sortir avec la meilleure amie de son amie d'enfance. Or, depuis qu'ils se sont laissés, Nesayem n'était pas intervenue, mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne le fasse. L'Espagnol donna son accord pour qu'elle monte, finit son morceau au piano, puis, on sonnait à la porte, alors il se dirigea pour aller ouvrir. L'Eliot ne perdit pas de temps, ce qui le fit doucement sourire.

-Pourquoi oublier les bonnes manières, si, bonne question. Buenas tardes Nesayem, je t'en pris, entres. Je ne t'attendais pas.

Enfin, le jeune homme fermait la porte, toujours avec son petit sourire. Elle était chez lui, elle allait jouer selon ses règles après tout et le jeune homme répondrait à sa question quand il lui sierra.

-Je te sers quelque chose à boire?

Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que je fais faire la morale par Alejandro ? Ah oui parce que c’est le cas. Mes bonnes manières se sont échappées quand j’ai appris que t’avais trompé ma meilleure amie, Alejandro. Voilà, ce sont les mots que je devrai lui dire sauf que je me tais. Malgré mon attitude de princesse, j’avais été élevée avec les bonnes manières et mes parents étaient très à cheval sur ces principes. Ça et s’asseoir droitement sur une chaise ou en tout temps. Du coup, je le regarde, bras croisés et moue sur le visage. « Non, merci. » Parce que mon but n’était pas de restée toute la soirée, mais seulement pour avoir des explications. J’adore Alejandro, vraiment, je le considère comme un très bon ami et le perdre à cause de son histoire avec Aryana ne me tente pas. Sauf qu’entre filles, il faut se soutenir. Je ne l’ai pas fait avant ce soir. « Tu vas éviter longtemps ma question, Alejandro ? » C’est vrai, quoi, il n’a qu’à me répondre et je m’en vais. Comme ça, il peut retourner à peu importe ce qu’il faisait avant que je l’interrompre.

Sa rupture avec Aryana faisait bien des vagues et Alejandro en était conscient. Après tout, les deux formaient le genre de couple idyllique auquel tout le monde aspire ou presque. Jeunes, riches, beaux, il filait le parfait amour, jusqu'à qu'un des deux gâche tout. Nesayem devait demander des comptes, restait à voir si elle était l'envoyée d'Aryana qui voudrait en savoir plus, si elle était ici par simple curiosité mal placée ou bien s'il n'y avait pas d'autre raison sous le tapis. Le hic, c'est qu'Alejandro aime bien rester secret quant à ses histoires de couple. Ce qui se passe entre Aryana et lui, ce qui s'est passé plutôt, ne regarde qu'eux.

La jolie Eliot déclina avec sa politesse caractéristique son offre bienveillante. La jeune femme adoptait une posture défensive, les bras croisés et tout. Le jeune homme ne la quittait pas des yeux, après avoir acquiescé poliment face à son non. La réplique de Nesayem ne se fit pas attendre.

-La question du pourquoi? Je me demande seulement pourquoi je te répondrais. Comprends moi, je t'aime bien Nesayem, mais je me demande un peu au nom de quoi tu es ici? Aryana doit déjà t'avoir tout dit de toute façon.

Je vous assure que je n’ai pas entièrement pris le camp d’Aryana, mais je suis sur le chemin de l’être. Promis, j’ai vraiment essayé de rester neutre, de ne pas me mêler de leur histoire de couple sauf qu’avec le temps, ma curiosité avait été piquée. Le fait que ce soit deux personnes de mon entourage n’aidait pas. Mais alors pas du tout. Donc, après une soirée avec Aryana a lui changer les idées et à l’entendre dire à quel point Alejandro était un connard, j’ai pris la décision de m’en mêler. Pas pour longtemps, juste le temps de connaître la version du Dunster. « Aryana est ma meilleure amie et je te considère comme un de mes très peu bons amis, Alejandro. » Répliquai-je en laissant tomber mes bras dans la vide et soupirant. Je n’ai pas l’habitude de patienter pour des réponses, je l’ai obtiens toujours très vite habituellement. Alejandro fait son borné, je peux comprendre, mais c’est agaçant. « Elle m’en a parlé, mais y a toujours deux versions aux histoires. J’ai entendu la sienne, j’aimerais entendre la tienne. » Puis, éventuellement, connaître la raison pour laquelle il a fait ça. J’étais certaine qu’ils filaient le parfait amour, ils étaient mignons ensemble. Horripilants, mais mignons. « Si j’étais sortie avec ton meilleur pote et l’avait trompé, tu ne t’aurais pas demander pourquoi ? »

Alejandro eut un sourire amusé, se demandant s'il avait bien compris Nesayem ou encore si elle s'était trompée dans ce qu'elle avait voulu dire.

-Un de tes "très peu bons amis"?

Genre un bon ami qui n'en est pas vraiment un? C'était gentil de lui dire cela! Ou bien peut-être voulait-elle dire qu'elle avait peu de bons amis? En tout cas, tout cela l'amusait plus qu'autre chose, il n'en tenait pas rigueur à son amie. Le jeune homme s'écarta ensuite de la belle brune pour se dirigeait dans le salon et s'asseoir sur un fauteuil.

-Il n'y a pas grand chose à dire honnêtement. J'ai dit à Aryana que j'allais passer une fin de semaine à New-York pour affaire, en fait, j'allais retrouver une fille dans un hôtel de Boston... Je ne sais pas comment Aryana a su, si je suis tombé dans un piège ou quoi, mais quand je suis rentré, elle avait quitté l'appartement et on avait rompu quoi.

Ce qui est bien normal, quand votre petit ami vous trompe, la plupart des filles quittent leur copain et n'attendent pas nécessairement d'explication et d'ailleurs, Alejandro n'a jamais prétendu ne pas l'avoir trompé, ni n'a cherché à convaincre Aryana de revenir vers lui.

-Bien sûr, mais laisses moi te dire, Nesayem, que j'aurais attendu que tu veuilles te confier, je ne suis pas certain que je me serais présenté chez toi et que je t'aurais posé la question de but en blanc. Ceci dit, nous n'avons pas la même personnalité et le monde s'en porte bien. Il n'y a pas une raison à tout ce que les gens font et ça ne regarde pas la planète entière non plus. Tu me connais, comme disent les Américains: I keep myself to myself.

Autant que possible en tout cas.

Pendant un moment, je ne suis pas certaine de comprendre la question d’Alejandro. Dans ma tête, elle fait du sens, mais peut-être pas dans celle du Dunster. « Oui, je ne considère pas tout le monde comme mes amis. Toi, tu fais parti de mes très bons amis. » En même temps, je le connais depuis des lustres. J’ai même l’expression d’avoir grandit avec lui sans réellement avoir grandit avec lui. Fin, on s’en fout, y a un sujet plus important sur la table. Je suis chiante, mais j’ai réellement besoin de connaître la version d’Alejandro. Je sais que je devrais faire confiance à Aryana, par solidarité féminine, mais Alejandro mérite que je lui laisse une chance. Alors, je le suis du regard et je vais m’asseoir à mon tour sans lui demander la permission. Je fais comme chez moi, qu’il fasse avec. « Tu me connais, Alejandro, je n’aurais pas été capable de rester assise en me tournant les pouces que tu viennes m’en parler. » Surtout que j’ai plus l’impression qu’il me raconte le contexte du pourquoi. « Je peux comprendre que tu veuilles garder ta vie privée pour toi seul, mais pourquoi il a fallu que tu lui brises le cœur ? Tu n’aurais pas pu rompre avec elle à la place de lui mentir ? » Malgré mon indépendance, j’ai énormément de mal avec l’infidélité et je ne sais même pas pourquoi.

Alejandro n'aime pas qu'on le bouscule, cela a toujours été. Il a un petit côté qui aime être en contrôle de son entourage, même si chacun sait que personne ne peut contrôler Nesayem, ahah! Hochement de tête à son amie qui tint un petit discours agréable à son endroit. Cela faisait du bien à entendre plutôt que de se faire traiter de salaud parce qu'il a trompé sa petite amie... de manière explicite ou implicite.

Cette fois, il était un peu plus d'humeur pour se confier, puisqu'il était un si bon ami pour Nesayem et qu'elle semblait être prête à entendre sa version. Pourtant, sa version est probablement la même que celle d'Aryana, Alejandro n'est pas homme à se cacher derrière des mensonges. Assis sur le canapé, il ne cherchait pas à argumenter outre mesure, mais ne put s'empêcher de dire:

-Je sais bien, mais de mon côté, je crois toujours que le rôle d'un ami est d'abord d'écouter.

Et non de jouer à la police, m'enfin, maintenant qu'elle est là, aussi bien répondre à ses questions. Non, le sujet ne l'enchante pas et plus Nesayem cherche à en savoir plus, précise ses questions, plus il semble mal à l'aise.

-Qu'est-ce que tu veux au juste? Me faire sentir coupable, me faire réaliser à quel point j'ai brisé le cœur de ta meilleure amie? Je t'assure qu'à ce niveau, je suis bien servi. Je sais que c'est difficile à comprendre, mais ce que j'ai fait, je ne l'ai pas fait spécifiquement contre elle. Je l'ai fait pour moi, c'est tout. Une erreur que je n'ai pas eu le temps d'effacer.

Au moins, il reconnaissait que c'était une erreur. Puis, il toisa du regard Nesayem, un regard un brin hostile. Elle est là, à jouer les moralistes sous son toit, mais il se pense en droit de demander:

-Et toi Nesayem? Tu n'as jamais fait ce genre d'erreur dis-moi? Dis-moi, quand tu seras mariée de force à cet homme, joueras-tu les femme fidèle au nom de ton honneur?

Moi, je ne fais jamais les choses comme les autres. J’ai ma manière de faire les choses et même si elle ne plaît pas à Alejandro ou Monsieur tout-le-monde, le plus important est qu’elle me plaise. Puis, ça va, je ne l’ai pas attaqué comme il m’aurait été possible si cela n’avait pas été Alejandro. Parce que nous étions deux bons amis, je m’y étais prise doucement. Franche, mais doucement. De toute manière, pourquoi tourner autour du pot quand tu as la chance de te débarrasser de ma présence en moins de dix minutes ? Bref, de mon point de vue, je ne l’ai pas attaqué. Par contre, lui, il m’attaque. Je le perçois de cette manière et je déteste qu’on m’attaque avec des mots. « Primo, tu peux descendre de tes chevaux Alejandro, je n’ai pas besoin de ton hostilité. Même si j’étais carrément chez lui. Du coup, j’étais l’envahisseuse de son espace personnel. Oups, my bad. Deuxio, non, ce n’était pas mon but. J’essaie juste de comprendre ce qui t’a poussé à tromper Aryana alors que tout aurait été plus simple de rompre avec elle. » Mais après, c’est son problème. Un peu du mieux parce que là, je me retrouve au milieu des deux. Mon corps entier se raidit en l’entendant me parler de mes fiançailles. C’est un sujet épineux et j’essaie de ne pas y penser. « Je ne vais pas me marier à cet homme. » Répliquai-je, mâchoire serrée. S’il faut je vais vendre mon âme au Diable pour empêcher ce mariage forcé ou même m’enfuir à l’autre bout de la Planète et changer mon nom. En tout cas, je sais que je ne vais pas marier Timéo. « J’ai fait des erreurs, mais pas celle d’aller voir ailleurs en étant en relation. Surtout parce que je n’ai jamais été dans une relation sérieuse. »

La conversation était de plus en plus tendue, ce qui est normal, puisqu'ils abordaient maintenant le cœur du sujet. D'ailleurs, Nesayem lui faisait savoir et honorait sa franchise habituelle. Alejandro inspira un bon coup, se gratta la tête, se passa une main dans les cheveux et écoutait Nesayem encore, son primo, son deuxio, une façon de s'exprimer qui le faisait sourire. Elle aurait pu le dire en espagnol!

-Une noble cause. Quelle bonne amie tu fais.

D'ailleurs, sa réplique ne tarda pas à suivre et cette fois, c'est Nesayem qui se retrouvait sur la défensive, un juste retour des choses si on lui demande son avis. D'ailleurs, il fit un petit sourire et hocha de nouveau la tête. Bien sûr, elle ne le mariera pas...

-C'est vrai, j'avais presque oublié que je suis un des rares à pouvoir te supporter plus d'une heure.

Cette remarque le fit légèrement rire. Puis, il étendait ses bras sur le dessus du canapé, l'air bien à l'aise.

-Tu sais Nesayem, j'aimerais bien te dire pourquoi j'ai trompé Aryana. C'est vrai, le hic, c'est que je ne le sais pas moi-même. Faut-il une raison à tout? Avoir su, je l'aurais laissé en bonne et due forme. Je l'aurais laissé à mon retour de toute façon. Nous deux, ça n'allait plus de toute façon. Notre relation était arrivée au bout de son parcours. Tu verras... quand tu connaîtras une relation sérieuse.