meet me half way (declan)

Huit jours que je suis rentrée. Huit jours que j'ai reposé mes valises à Harvard et j'espère que ce sera pour de bon... Je n'ai plus aucune envie de partir, de fuir... Et je ne sais même pas où je pourrais aller planquer cette fois. En Afrique, en Asie, en Océanie ? En fait, il me reste pas mal de lieux à visiter. Je pousse la porte 21st Amendement et me dirige vers la table la plus au fond du café. Je retrouve Declan aujourd'hui et j'ai envie qu'on soit tranquille pour discuter. Le bar est vide et ça me fait plaisir. Plus qu'au propriétaire qui doit pleurer pour son chiffre d'affaire. Mais ça veut dire qu'on va pouvoir parler ouvertement sans que cette peste de Cambridge Secret et ses disciples balancent une quelconque information à l'université. Je commande un verre de whisky et souris légèrement au barman quand il part le préparer. Je suis très légèrement en avance, chose qui n'arrive jamais en temps normal, je dois bien l'avouer. C'est stressant. Je ne sais pas du tout comment ça va se passer avec Declan maintenant qu'on se voit seul, sans tous ses collègues autour de moi pour me souhaiter bonne chance dans ma vie. S'il n'avait pas été là, j'aurais surement lâché prise avant... Et je ne serais pas là pour le voir, ça c'est sur...

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Parfois les choses ne se passent comme prévues. Parfois, vous vous attachez plus que vous n'auriez du. Quelques mois étaient passés depuis qu'il l'avait rencontré pour la première fois. Au départ, c'était pour le travail. Le travail toujours le travail. Elle était impliquée dans une affaire de trafics de drogue et autres meutres et la police de Boston devait assurer sa protection. Declan ne comptait plus le nombre d'heures passées au bas de son appartement. Et puis finalement, le lien professionnel s'était transformé en lien plus amical. Le Justicier était faible et plus encore face à des yeux malicieux et une allure frêle. Et puis le temps avait passé. Chacun reprit ses habitudes et son existence jusque là délaissée. Il était heureux cependant que Kyla refasse surface à Boston et celle-ci n'avait pas manqué de lui donner rendez-vous au centre ville. Le Solitaire pousse la porte du bar et la distingue rapidement au fond. D'une démarche assurée, il la rejoint sourire aux lèvres, un peu intimidé de la voir dans un autre contexte et avec tout ce qu'ils ont partagé au téléphone depuis. « Je suis content de te revoir ! » dit-il simplement en se penchant vers elle pour la serrer contre elle. Il s’assoit et la regarde quelques instants « Alors, Boston t'a manqué ? » demande-t-il pour lancer la conversation.

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Ça me fait tellement bizarre d'être de retour à Boston. Je ne peux pas le nier mais les voyages en Europe étaient quand même sympa. Tant qu'on ne posait pas un pied dans un pays de l'Est, bien entendu. Je frissonne rien que d'y penser. Personne pour me protéger là haut et la seule fois où j'avais essayé de me rebeller, mon visage avait tapé contre le lavabo de la salle de bain, retrouvant conscience quelques heures après. Oh, je m'en souviens très bien. Je me souviens très bien de la rage dans le visage de Dimitri, des heures à tenter de camoufler tout ça alors que je devais être prête le soir pour jouer sa pute. Et deux jours après, l'Irlande et le bonheur, la joie... J'ai vraiment été idiote. Ou j'ai eu peur de finir cassée en deux. J'échappais à la mort aux États-Unis pour aller me foutre dans un terrible merdier en Europe. Kyla et la jugeote, moins huit mille. Declan arrive et je le sers dans mes bras. Je reste là quelques secondes, un sourire prenant place sur mon visage. " Oui ça m'a manqué. Le calme de Boston m'a manqué " Même si, je dois l'avouer, ce calme me plombe un peu en ce moment. Quatre mois à faire la folle, à sortir, boire et manger dans les plus belles villes du monde... Boston est bien fade à côté. " Ça va ? " Demandais-je en faisant tourner ma boisson dans mon verre avant d'en boire une gorgée. " Je pensais pas que ça serait si difficile de revenir " Soufflais-je en buvant une nouvelle gorgée. Retrouver mes amis, ma famille... Plus de pleurs, de cris et de critiques qu'autre chose. Comme s'ils pouvaient y comprendre quelque chose, cette bande de con.

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Il profite de la retrouver, de cette furtive étreinte. C'est étrange cette sensation de connaître quelqu'un sans pour autant que ce ne soit vraiment le cas. Le serveur arrive pour prendre commande alors qu'elle lui fait part de son plaisir à retrouver le calme de Boston, pourtant, elle n'a pas l'air si à l'aise que ça. « Un scotch, s'il vous plaît. Et pour toi ? » demande-t-il en la regardant avec bienveillance. Ces quelques mois en Europe l'avaient endurci mais elle paraissait toujours aussi fragile, peut-être même plus. C'était contradictoire ce qui se dégageait d'elle à présent. « Je vais très bien. Tu sais une petite vie tranquille comparée à la tienne. » rétorque-t-il en haussant les épaules. Le travail, le sport, la famille, les amis. Bref, la routine quoi. « On t'a posé beaucoup de questions j'imagine. » Parce qu'elle avouait que c'était pour elle pas si facile de retrouver sa vie d'avant. Normal alors que sa vie n'avait plus rien à voir avec les promesses qu'elle avait laissé sur le sol bostonien. « Il te manque ? » demande-t-il en haussant un sourcil. C'était paradoxal quand on parlait du plus sombre des connards que la terre ait porté mais on ne se défaisait pas aussi facilement de l'emprise de quelqu'un.

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" La même chose " demandais-je en finissant mon verre et le tendant au barman. Je bois plus que je ne mange et même que je respire. oui, c'est possible. Et c'est triste. Je suis triste, vraiment. J'ai beau jouer la joyeuse toute la journée, quand je me retrouve avec des gens dont l'avis compte réellement, je redeviens la petite tristesse que j'ai toujours été. Je ne pensais pas que revenir à Cambridge et devoir me réadapter à ce rythme me ferait un tel effet. Bien entendu, le décalage horaire m'a foutu un sacré coup, comprendre que ma soeur était amoureuse de Royce un autre coup... Mais je vais me relever, je vais m'adapter et surtout, trouver ma place ici. C'est le plus difficile quand même. Je l'écoute et esquisse un léger sourire. " On change quand tu veux " Une vie pas compliquée et tranquille, ce serait vraiment le pied. Ne plus boire pour oublier. Ne plus faire milles et unes conneries pour se sentir vivre. tester ses limites... Tout ça c'est sympa mais pour combien de temps ? Je fais une petite mine et bouge la main en guise de 'coussi coussa'. " La question qui revient le plus souvent c'est "pourquoi tu ne m'as rien dit? / Pourquoi t'es partie ?" comme si j'avais eu le choix " J'aurais préféré rester ici, avec tout le monde, mais ça n'avait vraiment pas été possible. Je remercie le barman quand il nous ramène nos verres et bois une gorgée avant de le dévisager quand il me demande si Dimitri me manque. Je tousse légèrement et cligne plusieurs fois des yeux avant de le regarder sérieusement. " Absolument pas ! Comment tu peux me demander ça Declan ? " Alors qu'il sait très bien ce qu'il s'est passé pendant tout ce temps... Il ne me manquera jamais, c'est tout bonnement impossible. À moins d'aimer souffrir. Je suis un peu sado mais clairement pas à ce point.

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C'était comme si il n'avait pas pensé un jour la revoir ici pour de vrai, après toutes ces minutes entrecoupées passées au téléphone, Declan s'était finalement fait à l'idée qu'elle ne reviendrait pas. « Non merci. » rétorque-t-il avec une grimace. Sa vie, il ne l'enviait pas certes, et la sienne lui convenait très bien de toute façon. Forcément l'entourage de Kyla avait posé des questions et c'était normal bien que la Brune s'en agace. « Ils se sont inquiétés pour toi. » tente-t-il de faire valoir, mais ses paroles semblaient mal interprétés puisque la jeune femme s'énerve à sa dernière interrogation. Elle n'avait pas eu le choix certes, mais elle l'avait aimé quoi qu'elle en dise, ce type avait compté avant de devenir son pire cauchemar. «Je suis désolé. » dit-il en levant les yeux vers elle. « Je ne voulais pas te blesser. » Non c'était loin d'être son but, il avait plutôt eu envie de lui faire comprendre qu'elle pouvait tout lui dire. « Tu vas faire quoi maintenant ? » demande-t-il pour changer de conversation. Maintenant que la normalité avait repris ses droits. Devait-il s'attendre à la voir souvent par ici ? Ou l'appel du lointain se ferait-il ressentir de nouveau ? A moins qu'elle ne se destine à une vie plus sage.

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" Ouai fin, il a fallu que je meurs pour qu'ils s'inquiètent pour moi. Il est un peu tard " Lâchais-je, amère comme jamais. Oui, je leur en voulais tous, absolument tous. Sauf Declan. C'était le seul qui ne m'avait pas réellement déçu. Loin de là même. C'est le seul qui a été ému, qui ne m'a pas posé douze milles questions sur la façon dont j'ai agis et tout ce qui va avec. La plus décevante a, bien entendu, été celle de ma soeur. Mais qu'est-ce que j'y peux. C'est comme ça, c'est la vie. J'ai pourtant appris à arrêter de croire que les gens changent, que l'égoïsme de ma frangine a fini par foutre le camp. Non, non. Grosse déception. Et j'entame mon deuxième verre de whisky comme si je buvais de l'eau. Et la question de Declan me fait l'effet d'une bombe. Ça me donne envie de me noyer sous la boisson. Je soupire et me rend compte que j'ai été un peu excessive. " C'est moi qui suis désolée.. Le Dimitri que j'ai rencontré en Espagne, avec qui j'ai visité la France, l'Angleterre, l'Irlande, le Danemark, le Norvège, la Suède, l'Italie me manque. Bien sûr... Mais ce que j'ai vécu en Europe de l'Est je... " Je frissonne et me recroqueville sur moi même, incapable de finir ma phrase. " Je sais pas. J'me suis réinscrite à l'univ. Critiquer les confréries avec le doyen m'a fait entrer dans ses petits papiers mais voilà.... Cette vie me plait pas, elle me plait plus " Soupirais-je. J'avais trop l'habitude de faire ma vie, de vaquer à mes occupations alors me faire chier avec des cours... " Je suis heureuse de te voir dans un cadre moins... stricte " Soufflais-je au policier. " Je pensais pas que ce serait si difficile " Lâchais-je, faible comme jamais, prête à craquer.

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Il était certain qu'elle voyait les choses différemment en tant que revenante. Lorsque les autres vous pensent mort, c'est une bonne façon de voir l'attachement qu'ils éprouvent pour vous de façon réelle. Les surprises sont parfois bonnes mais aussi malheureusement mauvaises et cela semblait être le cas pour Kyla. Il comprenait qu'elle leur en veuille, elle ne pouvait faire autrement et c'était tout à fait logique. Elle se radoucit néanmoins après s'être énervée, elle comprenait là où il avait voulu en venir et il en était soulagé, même si ses mots avaient été maladroits. « Oui je comprends, c'est une ordure. Mais c'est ce que je voulais dire, il l'a pas toujours été à tes yeux. » Parce qu'aux miens c'est autre chose, mais ce n'est certainement pas le moment d'en parler. « Il paiera. » dit-il doucement. Si ce n'était pas déjà le cas, il ne paierait jamais assez de toute façon. Kyla se confie finalement sur ses projets et ceux-là semblent flous pour le moment. Il a entendu parler de ce doyen et de son manque d'amour pour les confréries. Lui-même ne voit pas ça d'un très bon œil car la Dunster lui a vraiment permis de tenir le coup pendant ses études, il y a trouvé une seconde famille mais il s'abstient d'en informer la jeune femme face à lui. « ça te laisse le temps de voir ce que tu veux vraiment. » dit-il doucement alors qu'elle semble s'effondrer tout doucement. Sa main passe sur la sienne et l'entoure doucement. « ça ne peut pas être si difficile je suis à tes côtés. » ajoute-t-il doucement avec un sourire en coin. C'était surtout pour apporter un peu de légèreté dans l'atmosphère. Il se racle la gorge avant de reprendre. « Je suis désolé, je suis pas très doué. » Pour parler, pour trouver les mots, non moi j'aime plutôt agir avec mes mains. Sa main passe d'ailleurs près du visage de la Brune pour attraper une mèche tombée en avant de son visage et il la repositionne doucement avant de la reposer. « Je me suis toujours demandé pourquoi c'est moi que tu appelais. » Il hausse les sourcils, pensif. Parce qu'il était flatté qu'il est l'importance de ses confidences mais il n'était pas doué, voilà tout.

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Je soupire légèrement. Il n'a pas tord de me le rappeler... Avec Dimitri, ça n'a pas toujours été chaotique, catastrophique, blessant, déchirant, brisant... Oh, j'avais des tas de synonymes et d'adjectifs pour caractériser ma relation avec le jeune russe. Mais j'avais autant de caractéristiques négatifs que positifs. " Oui... Je l'ai vraiment aimé. Je croyais vraiment que c'était pas grave, tout ce qui se passait en Europe de l'Est, je pensais vraiment pouvoir le faire changer " Et oui, naïve jusqu'au bout la petite brunette. J'avais tout essayé, je m'étais débattue pour ne plus mettre les pieds en Europe de l'Est... Avant d'abandonner. Dans tous les cas, j'étais trop faible pour partir, pour le laisser en plan. Jusqu'à l'appel libérateur. " Laisse tomber Declan, il en vaut pas la peine " Et une partie de moi ne cesse de penser que tout ça, c'est juste parce qu'il fallait qu'il montre à papa qui a les gros bras. Mais bon, être une monnaie d'échange et de récompense... Ce n'est pas ce qu'il y a de plus glorifiant, on ne va pas se voiler la face. Je soupire légèrement et me confie sur ce qui se passe ici, dans ma vie bien insipide... Les études, ça ne me plait pas vraiment. Mais je fais avec parce que je n'ai aucun diplôme qui pourrait me permettre d'avoir un job sympa. Je lève le visage quand je sens sa main sur la mienne et souris. " C'est bien parce que c'est toi " On avait toujours eu une connexion plutôt... étrange. Mais cette proximité me fait du bien. Je me sens protégée et ça, c'est vraiment pas du luxe... " Parce que j'avais pas besoin qu'on pleure pour moi, qu'on me dise de me barrer, de le planter comme ça alors que... Lorsque t'es là dedans, tu peux pas te barrer comme ça " Oui, j'étais de celles qui avaient jugé maintes et maintes fois les femmes qui ne partent pas alors qu'elles sont battues. " Puis... T'es un homme. J'avais besoin qu'on me prouve que tous les hommes ne sont pas des connards " Soufflais-je en lui adressant un léger sourire. Oui, parce que les hommes que j'ai fréquenté pendant ces quelques mois... Merci au revoir.

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Bien entendu que sa première pensée avait été de penser qu'elle pourrait fuir, qu'elle pourrait se détacher de ce mec. Mais l'emprise dans laquelle vous mettait le sentiment amoureux était difficile à expliquer souvent et même si Declan n'avait jamais vraiment vécu directement ça, il l'avait suffisamment vu dans son entourage pour tenter de comprendre. « Les choses auraient été bien plus faciles si tu n'avais pas été attachée à lui et je me doute que ça ne doit pas être facile de reprendre une vie normale maintenant. Mais tu sais moi et les mots. » Il lève les épaules, fatalistes. « On aurait du se retrouver autour d'un punching ball, là j'aurais été plus à même de t'aider. » ajoute-t-il avec un petit rire. Simple et efficace et on exorcisait plein de choses de cette façon. Il sent toutefois une douce chaleur se loger dans sa poitrine lorsqu'il la voit enfin sourire. C'est bête mais c'est comme ça et le simple fait de savoir que quelque part il lui fait un peu de bien lui suffit. Elle ne mérite pas de souffrir comme elle a souffert et comme elle souffre encore quelque part. Elle mérite d'être protégée, choyée, aimée. Mais non, la vie en a voulu autrement. Peut-être jusqu'à un futur plus clément. « Oui. » approuve-t-il en relevant ses prunelles claires sur les siennes davantage foncées. Elle avait besoin d'une oreille qui ne la juge pas. « Bien que l'envie de sauter dans le premier avion pour égorger ton russe m'ait souvent traversé l'esprit. » ajoute-t-il doucement en repositionnant ses mains autour de son verre dont il boit une nouvelle gorgée. « Merci. » Il repose son verre sur la table avec un sourire plus léger. Il est parfois crétin mais il n'est pas un connard non. D'autres, diraient même qu'il est un mec bien. « Mais alors pourquoi les filles sont plus attirées par les connards, tu peux m'expliquer ? » demande-t-il pensif en tournant de nouveau son regard vers Kyla avant d'ajouter . « Tu trouveras bientôt quelqu'un de bien, j'en suis persuadé. » dit-il doucement en la regardant. « Quand il sera temps. » Quand le temps aura délavé les plaies, quand le présent sera la seule préoccupation du moment.

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