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Hey you ! - Orphée

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Hey you !



✧Cabot House,19/01/2016, 14h. ✧Orphée & Noah


Orphée était à Harvard. Quelle nouvelle plus … dérangeante aurait pu réveiller le jeune Eliot ce matin ? A l’ouïe de son prénom, il avait ressentit comme un spasme dans son ventre, une nostalgie amère se souvenant tout à coup de la relation compliquée qu’ils avaient toujours eu. Cette sorte de dynamique conflictuelle, comme le chat et le chien, épicée par le fait qu’adolescente, la jeune fille s’était refusée à lui. Evidemment, l’orgueil d Noah en avait pris un coup – sale coup qu’il avait toujours eu du mal à accepter et qu’il déguisait derrière une taquinerie et un côté sans-gêne exacerbé chaque fois qu’il se trouvait face à Orphée. Héritière du duché du Luxembourg elle avait, comme lui, passait son enfance dans les cours d’Europe. Et c’est sans grande surprise que le père de Noah, ami des parents d’Orphée, l’avait mis au fait de sa présence dans cette université, le sommant d’aller la saluer, de lui présenter ses meilleurs vœux, et ainsi continuer d’entretenir outre-Atlantique une relation millénaire entre leur deux familles. Après tout, ils étaient tout les deux les héritiers de l’Europe des nobles et des rois !

Après avoir raccroché le téléphone Noah souffla un bon coup, se préparant à des retrouvailles qui s’annonçaient … plutôt mouvementées. Il sautait dans la douche, enfilait un costume, et sorti de l’Eliot à vive allure pour traverser le campus. Une cigarette à la bouche, il observait le paysage fade d’une université en ébullition, du monde, du monde, encore du monde. Et plus il en voyait, plus sa misanthropie grossissait. Enfin, les marches de la Cabot, quelques pas seulement le séparaient de la chambre d’Orphée. La prévenir ? Hors de question. Il avait bien trop envie de voir son regard stupéfait quand le jeune Eliot se présenterait à sa porte. Montant les marches deux à deux, il arriva dans les couloirs principaux et après quelques hésitations finit par demander à une jeune fille, qu’il complimenta sur son physique évidemment, la chambre d’Orphée. Elle la lui indique et Noah la remercie chaleureusement avant de se diriger vers la dite porte. Face à elle, il arrange le nœud de sa cravate, le col de sa chemise, s’efforce de maintenir un sourire trop grand pour être vrai sur les lèvres, et son air insolant. Une fois, deux fois, trois fois. Il frappe attendant que la jeune fille vienne lui ouvrir.





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T’avais sérieusement l’impression de passer ton temps dans cette putain de chambre, à tourner en rond ou à lire à moitié des livres que tu n’aurais jamais la patience de finir à la lumière d’une ampoule trop basse. Pourquoi tu ne sortais pas ? Aucune idée, par manque de motivation sans doute et puis, il ne faisait pas toujours très chaud. Là où les heures de lecture sur un banc du parc en été étaient de véritables plaisirs, elles l’étaient moins en janvier même avec une doudoune. Alors là, bien au chaud dans ton lit entre deux cours, t’étais aux anges. Entendant d’ailleurs toquer, tu relevas les yeux de ton Stendhal en français pour lever un de tes sourcils blonds et finir par te lever. Tu t’étiras, ouvrant la porte avant d’écarquiller les yeux en reconnaissant l’individu qui se trouvait devant toi. Tu eus presque un beug sur le coup, figée de surprise. « O-Oh putain, Noah c’est pas vrai ! » Tu fis avec un petit sourire, partagée entre joie de le voir et questions quant à sa visite. Comment savait-il que t’étais à Havard. « Mais ça fait un sacré bout de temps ! » Tu lâchas en glissant une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. Noah, ça avait un joli bordel.
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✧Cabot House,19/01/2016, 14h. ✧Orphée & Noah


L’insolence à l’état pur. Noah avait ce dont agaçant, franchement agaçant d’ailleurs, d’arborer l’air du petit con par excellence. Il se montrait souvent sans gêne, sarcastique, dénué de toute sensibilité et excessivement hautain. En apparence, il était sans aucun doute la personne la plus détestable qui soit. C’est en creusant qu’on apprenait à l’apprécier – comme tout adolescent normalement constitué, il caché sous une armure de glace un cœur tendre apeuré à l’idée d’aimer, d’être rejeté, de se sentir abandonné. Mais bon, il fallait déjà avoir envie de creuser !

Le voilà appuyé à la plainte de la porte attendant qu’Orphée vienne lui ouvrir et … bingo. Ne pas l’avoir prévenu de son arrivé avait ses attraits : elle avait un air complètement déconcerté à le faire exploser de rire intérieurement. Le jeune homme, de son air impérieux, afficha un sourire colgate plein d’arrogance avant de lui dire : « Moi aussi je suis content de te voir princesse ». Il s’avança vers elle et lui fit une bise un peu trop … collante. Cherchant de toute manière à se montrer insupportable en jouant les abrutis lourds : « Oui un sacré bout de temps, je vois que tu es toujours aussi perspicace ». Evidemment, c’était une pique pour la taquiner. Et, sans gêne aucune, Noah entra dans la chambre d’Orphée sans attendre d’y être invité avant de se jeter sur son lit et de s’asseoir confortablement : « Mon père m’a dit que tu étais ici. Et toute la famille d’Aremberg te présente ses meilleurs vœux », dit-il en feignant de faire une révérence royale avant d’attraper le livre qu’elle semblait lire juste avant qu’il n’arrive. Le rouge et le noir de Stendhal, Noah eut un rictus en agitant le livre à l’attention d’Orphée : « Julien Sorel … tu t’intéresse aux arrivistes maintenant ? », faisant référence au héro du livre qui n’est autre, grosso modo, qu’un pauvre ayant réussi son ascension social en séduisant les femmes esseulées.






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Fallait dire qu’en ce moment t’avais pleins de fantômes de ton passé qui surgissait les uns après les autres. D’abord Joan, Andrew - que t’avais toi même été retrouvée en tout connaissance de chose puisque votre histoire te paraissait loin - et maintenant Noah. Tu reconnaissais rien que dans le ton de sa voix toute l’arrogance que le jeune homme avait déjà une dizaine d’années plus tôt, semblant naturellement plutôt inconscient d’à quelle point le fait de vous revoir pourrait être déstabilisant. Il semblait d’ailleurs heureux de te voir, et tandis que surprise, toi tu restais muette ou balbutiante en l’admirant de haut en bas - il était clair qu’il s’était affirmé dans son style tout comme dans sa façon d’être et sans doute ne devait-il avoir aucun soucis pour avoir ce qu’il voulait. C’était déjà le cas à l’époque de toute façon… Sauf avec toi sans doute. Mais l’idée de dire non à un arrogant comme lui avait été trop tentante, tu étais très joueuse l’air de rien, même à seize ans. Vous étiez deux à être restés les mêmes. « Et toi toujours aussi sûr de toi. » Tu fis en refermant la porte lorsqu’il fut entré, croisant les bras sur ta poitrine en souriant en coin, reconnaissant le badge sur lui. « Rien d’étonnant pour un Eliot je suppose. » Tu lanças à ton tour en te débloquant, le regardant s’installer sur ton lit comme si tout était normal. En tout cas, ce n’était pas surprenant, vous aviez toujours partagé ce genre de relation taquine - voir presque poussée toujours à bout - entre vous. « Bien alors je suppose que tu as ceux des Luxembourg alors, même si tu te doutes bien que je ne les vois pas souvent… » Tu t’approchas du lit, souriant en coin en entendant sa remarque. « Non non, seulement aux séducteurs. » Tu fis avec un brin de malice pour lancer une pique à ton tour, évidement que tu t’intéressais à l’histoire et non pas aux sauteries de Sorel. Tu vins t’installer en face de lui, sur le bout de ton lit, croisant les jambes. « Est-ce qu’on ouvre une critique littéraire ensemble ou est-ce que tu viens seulement pour mes beaux yeux ? » Tu ris, lui proposant à boire tout de même.  
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✧Cabot House,19/01/2016, 14h. ✧Orphée & Noah


Le regard et l’air dépité d’Orphée valait le détour. Et Noah s’en amusait encore plus. Il ressentait encore beaucoup de rancœur à l’égard de la fille. Quand ils étaient jeunes, il avait été attiré par elle et s’est vu mettre un vent monumental. Noah était ce genre de garçons trop imbus d’eux-mêmes pour comprendre qu’on puisse se refuser à eux. Et, en fait dans le fond, il s’était senti atrocement vexé et avait dissimulé ce sentiment de gêne derrière une taquinerie incessante dont Orphée faisait l’objet : « Toujours aussi mignon tu veux dire », s’empressa-t-il d’ajouter à la remarque de la jeune fille. Etre sure de soi, c’était un moyen efficace pour tenir les gens loin de ses sentiments réels et se protéger contre toute intrusion dans sa vie. Une manière pour Noah d’exister au-delà de lui-même et de se donner l’excuse de faire ce qu’il voulait, quand il voulait, peu importe les conséquences ou ce que pensent les autres de lui. Noah était entré dans la chambre et détaillait les pièces et ses objets comme un huissier de justice sans gêne. Il s’arrêta un moment et éclata de rire à sa remarque sur la Eliot House : « Pour toi ça sonne comme une insulte, pour moi comme un immense compliment. Je suis fier de porté avec autant … de digité les couleurs de ma maison. Question de fidélité. Une chose qui t’est certainement étrangère », ajouta-t-il sarcastique en lui lançant un clin d’œil provocateur. Assis sur le lit, Noah présenta les vœux de sa famille feignant une révérence exagérée : « C’est bien ce que je disais. La fidélité, notamment à ta famille, est un concept étranger pour toi. Nous avons reçu une carte de tes parents, et si tu t’en inquiète, ton père va bien, il joue toujours au golf avec le mien et ta mère s’est acheté une nouvelle voiture », dit-il en esquissant un immense sourire faisant semblant de cligner des yeux rapidement comme une fille aguicheuse. Noah détestait l’idée qu’on ne soit pas proche de sa famille, pour lui c’était une valeur fondamentale. Surtout dans le milieu de la noblesse : peu importe les disputes, le sang pur passait toujours avant tout. Et sur la question, Orphée était tout l’inverse de lui : « Aux séducteurs ? Pourtant j’ai le souvenir d’une jeune fille qui a peur de les approcher de trop prés », répondit-il à sa remarque en se redressant légèrement vers elle. Une manière de lui lancer une pique sur leur passif non-amoureux : « Evidemment je viens pour tes beaux yeux. Et le verre de whisky que tu n’as pas encore daigner me servir. A trainer avec des crèves la faim, tu en oublie presque tes bonnes manières ». Noah remonta dans le lit de manière à être assis plus confortablement, et enleva même ses chaussures : « Au fait, j’ai vu ton frère à l’Eliot. C’est mon nouveau bizut. Tu as toujours envie de critiquer ma maison ? »





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Pour ne pas avoir changé, il n’avait pas changé. Le même, complètement, une copie conforme simplement un peu vieillie mais pas plus mature, ça non. Tu le découvrais rien que dans toutes les piques qu’il se préparait à te sortir. Mais tu ne bronchais pas, car le faire serait un signe de faiblesse. Et puis, heureusement pour toi, tu n’étais pas aussi susceptible qu’il semblait le croire. Tu croisas élégamment tes jambes immenses en roulant les yeux en l’entendant. « Hmm, non ce n’est pas ce que je veux dire. » Tu fis avec un petit sourire en te levant, allant vers la table en ouvrant un peu la fenêtre, sentant que t’allais avoir besoin d’un peu d’air, parce qu’il risquait de te le pomper. Tu en profitas d’ailleurs pour lui faire une remarque sur la Eliot House, lâchant un petit rire en l’entendant déblatérer sur les bleus qui tantôt pouvaient t’amuser, tantôt ne t’inspirait qu’un certain snobisme égal au leur. Evidement, Leo et Tim étaient des exceptions. « Oh, ne t’inquiète pas pour moi mon chou, je crains que nous n’ayons vraiment pas les mêmes valeurs.  » Tu fis sur sa remarque sur la fidélité, roulant un peu les yeux en baissant un peu le simple gilet que t’avais enfilé par dessus ta robe courte. Tu savais qu’il ne manquerait pas de faire la moindre remarque, tu poussas un léger soupir. Tu éclatas de rire en pivotant vers lui lors de sa troisième pique, il faisait référence à ton refus face à lui. Tu t’appuyas sur la table, levant un sourcil. « Oh tu veux vraiment aller sur son terrain là ? » Tu fis en haussant les épaules,ayant bien compris que ton refus jadis l’avait vexé au point de le rendre si piquant à chacune de vos rencontres. « Tu n’es peut-être pas si bon séducteur que ça si tu as échoué là où d’autres ont bien mieux réussi, sans même réclamer leur verre. » Tu fis en t’approchant et en lui posant le dit wisky qu’il réclamait dans les mains, lui adressant un grand sourire avant de retourner t’asseoir, passant une main dans tes longs cheveux blonds. Tu grognes un peu cependant lorsqu’il fait référence à ton frère. « Voilà qui serait bien faible de ta part que de mélanger tes histoires de séduction ratées à ton devoir de bizuteur… Mais tu fais comme tu veux, après tout. » Tu tend ton verre pour que vous trinquiez cependant, le regardant de haut en bas. L’air de rien ce jeu te plait, mais tu sais qu’il n’a pas de fin. 
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✧Cabot House,19/01/2016, 14h. ✧Orphée & Noah


Même si ne l’avouerait pas, Noah était content de revoir Orphée. Elle avait l’air plutôt en forme. Son père l’avait sommet d’aller présenter ses meilleurs vœux à la jeune fille, et en fait c’était un bon prétexte pour rétablir le contact. Ça lui donnait une raison superficielle d’aller la voir sans avoir à lui dire qu’il avait vraiment envie de la revoir. Une partie de lui était d’autant plus ravie d’avoir son frère à l’Eliot : la noblesse européenne était comme une grande famille alors le garçon adorait l’idée qu’ils se retrouvent tous aujourd’hui dans la même université. Lorsqu’elle lui dit que ce n’était pas ce qu’elle voulait dire, Noah fit un faux air vexé en portant sa main gauche à son cœur : « Mon dieu Orphée, tu me brise le cœur », avant de rire la taquinant du regard. En revanche, une chose que Noah n’aimait vraiment pas, c’était qu’on parle mal de sa maison où des gens qui s’y trouvent. Il détestait l’image qu’avait la Eliot House sur le campus et faisait tout pour la défendre. Loyal comme un loup pour sa meute, il s’empressa, sitôt qu’elle l’eut critiqué, de la valoriser : « Je serais curieux de savoir quelles sont tes valeurs à toi ? S’éloigner de sa famille, de ses responsabilités, de son histoire … je ne vois pas comment ça peut être quelque chose de bien. Et avant que tu te défendes avec des arguments stupides pour justifier le fait que tu t’éloigne de ton héritage, je préfère te dire : on ne sera jamais d’accord. » Noah continuait de balayer la pièce des yeux avant de finalement les poser sur Orphée qui baissait son filet. Hm, elle était encore mieux que dans ses souvenirs, comme le vin, elle se bonifie avec l’âge. Un sourire vint se loger au coin de ses lèvres à cette pensée légèrement perverse, avant de reprendre : « Là où d’autres ont bien mieux réussi ? Je dois me sentir … offusqué ? Jaloux peut-être ? Dis-moi Orphée, tu veux que j’en pleure ? ». Il haussa les épaules en se redressant sur le lit avant d’attraper le verre qu’Orphée lui tendait. Il en but quelques gorgées, et posa le verre sur la table de chevet pour se retourner vers la jeune fille : « Visiblement, après toutes ces années, tu ne me connais toujours pas. J’apprécie ton frère, plus que tu ne le crois, et je suis content, au contraire, d’être son bizuteur. Je vais pas m’amuser à lui mettre des batons dans les roues alors qu’il vaut mieux que les trois quarts des gens qui étudient ici ! ». Noah était franchement vexé pour le coup et haussait un peu le ton. Comment pouvait-elle penser qu’il allait faire payer à Timéo sa séduction ratée ? C’était certes un petit con, mais il était loin d’être stupide. Il rattrape son verre, boit quelques autres gorgées avant de voir Orphée tenter de trinquer avec lui. Il manque de s’étouffer, lui tend le verre et Santé : « Alors, tu m’explique pourquoi tu as choisit la Cabot House ? ».





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Vous étiez parti, sans même donner de top départ. Vos répliques fusaient, tantôt plus vraies, tantôt plus piquantes. C’était un jeu auquel vous jouiez depuis toujours, sans doute même avant que votre relation bascule dans la drague piquante. Mais l’air de rien, tu appréciais Noah. Malgré ses airs parfois réellement insupportables, tu savais qu’il était loin d’être aussi mauvais qu’il semblait l’être. Ce n’était sans doute pas quelqu’un que tu pourrais appeler tous les jours sans arrière pensée, mais une partie de toi aimait vos jeux sans fin. Appuyée contre le mur, tu le regardas feindre d’être blessé et tu ris doucement. « Tu as trop d’estime de toi pour me croire ! » Tu fis en riant à nouveau, puisque cette fois la pique était plus tendre qu’elle en avait l’air. Noah était un bel homme et tes refus de t’offrir à lui venaient plutôt du plaisir de jouer que d’un dégoût ou véritable refus potentiel. De toute façon, rien de tout ça n’était vraiment sérieux. « Le bleu te va bien. » tu conciliais tout de même, haussant les épaules avec un petit sourire, en allant finalement vers la mini cuisine.
Cependant la conversation dériva sur le sujet des maisons et pire, de ta famille et un long soupir t’échappas en entendant sa réplique qui cette fois ne t’amusas guère. Ne le regardant pas à ce moment là, tu sortais les boissons. « C’est ça Noah, en ce qui concerne la famille nous n’avons jamais été d’accord. » Tu finis par lâcher après un léger silence, pivotant finalement vers lui. « Timéo et Léo sont ma famille, mes parents sont des étrangers qui croient me connaitre. » Tu lâchas en haussant les épaules, ne ressentant pas l’envie de t’expliquer d’avantage. Tu savais que Noah accordait beaucoup de place à sa famille aristocratique, mais qu’elle n’était pas comparable à la tienne. Tes parents t’avaient aimé pour une facette qui n’était pas la tienne et ne songeait aujourd’hui plus qu’à te fiancer : te trouver un mari qui saura te contrôler, comme une brave petite femme que tu n’étais pas. Pour le moment ils te fichaient la paix, mais tu craignais qu’ils puissent trouver avec qui te fiancer. « Je ne critique pas tes valeurs, elles ne sont juste pas applicables chez moi. » Tu conclus finalement en lui donnant son verre, serrant le tien entre tes doigts fins. Tu remarquas son regard sur toi et tu souris légèrement en coin, riant en entendant ce qu’il disait. « Oh oui, j’adorerai te voir jaloux tiens ! » Tu croisas tes bras sur ta poitrine, riant de bon cœur. « Ne t’inquiète pas, si tu pleure, maman Orphée te préparera des bons biberons au wisky. » tu lui fis un clin d’œil en hochant vivement la tête. T’en serais bien capable. Quelle bonne maman tu ferais !
Puis vint le sujet de ton frère et tu l’écoutais parler en penchant légèrement la tête sur le coté. « Alors tant mieux Noah, n’est-ce pas ? C’est toi qui a commencé à parler de lui, je t’ai simplement donné mon avis. » Ton frère c’était sacré. Tu observas longuement le visage de Noah en essayant de le cerner sur ce coup là, finissant par conclure qu’il devait être sincère. « Oui, pour ça nous sommes d’accord, Timmy est extra. » Tu ris en trinquant l’air de rien et avalant la moitié de ton verre sans aucun mal, profitant de la sensation  chaude au fond de ta gorge dont te faisais profiter ce délicieux wisky. Celui là ce devait être Sachka qui te l’avait amené. Tu clignas légèrement des yeux en entendant sa question, souriant néanmoins. « Dis moi d’abord, ça te surprend ou pas du tout ? » Tu demandas, curieuse, penchant la tête sur le coté avant d’inspirer légèrement. « J’ai trouvé chez les roses une sorte de fraternité dont j’avais besoin je suppose… Elles ont été là... Quand j'en ai eu besoin. » Ton bad trip était un terrible souvenir, et tu ne préférais même pas y penser.  
 

omg, désolée pour le pavé je me suis un peu emportée. Hey you ! - Orphée 1881463262 T'es pas obligé d'en faire trop si ça te barbe. Hey you ! - Orphée 1881463262
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✧Cabot House,19/01/2016, 14h. ✧Orphée & Noah


Noah qui aimait les forts caractères et le répondant, était content de voir qu’Orphée n’avait pas perdu de sa vergogne. Elle avait toujours su le remettre à sa place et renchérir les piques taquines pour le pousser à toujours plus de provocations. C’était un jeu amusant, celui du chien et du chat, tantôt alliés, tantôt adversaire. Il se dit en lui-même qu’il ne regrettait absolument pas d’être venu la voir et que ce court interstice laissait présager de longues querelles amusantes à venir : « Je finirais par te croire quand tu me regarderas dans les yeux pour me dire que je ne suis pas le plus mignon des petits hollandais que tu as pu rencontrer », dit-il en soulignant ses propos d’un clin d’œil largement tinté de malice. Evidemment qu’il avait une haute estime de lui-même. Du moins, c’est ce qu’on pouvait penser. Il n’avait jamais vraiment su si cette assurance forcée était le fait d’un manque de confiance en soi véritable ou bien si c’était inné. La conversation s’enchaina sur l’Eliot House et Noah sourit en hochant la tête d’amusement à la réponse d’Orphée. Elle avait de la répartie il n’y avait pas de doute la dessus, et sa réponse le faisait sourire de satisfaction.

La discussion se corsa légèrement, toujours avec cette ambivalence : était-ce seulement des piques ou bien de véritables reproches ? Noah sentit qu’il avait touché Orphée en parlant de la famille. Un sujet sur lequel ils n’étaient absolument pas d’accord, et ne pouvaient jamais l’être d’ailleurs. Même si Noah haïssait plus que tout au monde son père, il avait cet ancrage noble de la loyauté familiale. Il ne pouvait se détacher d’un héritage historique qu’il considérait bien plus grand que ses velléités personnelles. Et qu’Orphée s’éloigne à ce point de ses parents était pour lui quelque chose d’impensable, de complètement mauvais, presque hérétique : « Ces étrangers, comme tu dis, t’on conçu, mis au monde et fait grandir. Ton patrimoine génétique et historique vaut mieux que celui des trois quart des personnes sur cette terre. Alors tu peux hausser le ton autant que tu veux, je te le répète encore : on ne sera jamais d’accord. Tu sais bien que dans notre monde, les intérêts passent avant l’affect, et en tant qu’héritière tu devrais te plier à leurs exigences. C’est comme ça. Rends-toi à l’évidence, nous ne sommes que les pions de nos parents. Mais au moins, nous roulons en voiture de luxe, portons des chemises à trois chiffres, et ne mourrons jamais de faim ». Difficile de dire si Noah croyait vraiment en ce qu’il disait. Le fait est qu’il se sentait prisonnier de son monde et de sa famille. Il avait développé à leur égard une sorte de syndrome de Stockholm qui le poussait à la résignation et à l’acceptation de son sort. Peut-être que dans le fond il enviait les personnes comme Orphée qui osait se rebeller contre leur système désuet ? Peut-être que sa colère à son égard venait de ce seul fait que lui n’osait pas, contrairement à elle, imposer ses propres valeurs et se montrer courageux.

Fort heureusement, la discussion baissait d’un ton et prenait un autre virage. Les tensions s’apaisaient et Noah fit les gros yeux à Orphée en la voyant rire de lui : « Des biberons de whisky ? L’idée est alléchante. Mais tu devrais t'empresser de finir la bouteille, je préfèrerais être nourris au sein directement » dit-il en soulignant sa phrase d’un haussement de sourcil salace. Les deux jeunes gens avalèrent quelques gorgées de whisky avant de poursuivre leur conversation avec plus de bonhomie : « Evidemment que ça me surprend. La Cabot est réputée pour recruter les plus jolies filles, elles ont du abaisser leur niveau d’exigence », dit-il en la narguant ouvertement avec sarcasme : « Sororité », corrigea-t-il en l’écoutant parler. « On dit « sororité » pour une maison exclusivement composée de filles », évitant ainsi d’entrer dans des propos trop graves comme elle semblait dire qu’elle n’avait pas été bien à un moment donné dans sa vie ici : « Tu sais que les Eliot et les Cabot sont alliés ? Tu vas devoir me supporter encore longtemps ma chère Orphée ».



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Tu savais bien qu’il n’en croyait pas un mot. Noah avait cette assurance et ce certain narcissisme à son égard, un défaut qui avait sans doute ses charmes. Chacun les siens, toi tu pouvais être d’un caprice insupportable que tu tâchais de maitriser ces derniers temps. Sans parler de ta nymphomanie, que tu tâchais de masquer l’air de rien, mais qui se faisait sentir dans des moments de creux particuliers. Tu éclatas de rire en l’entendant te défier de lui dire ça dans les yeux, te prenant au jeu comme une enfant qu’on défie de marquer un panier. Tu viens alors attraper sa cravate entre tes doigts fins pour l’attirer près de toi, plongeant tes yeux dans les siens. « Je n’ai pas rencontré beaucoup de petits hollandais. » Tu lui lance dans un petit sourire, avant de le lâcher, ayant prit soin de ne pas froisser sa belle cravate bleu ciel. Puis tu vas t’asseoir près de lui sur le lit et vous plongez dans cette conversation plus pointue qui mérite que tu prennes des gants – même si ce n’est pas ton genre. Vous êtes très différents toi et lui, et tu sais bien que sur ce point vous ne serez jamais d’accords. Mais tu n’as pas honte de tes choix ou de ta vision des choses, au fond, aucun d’entre vous n’a tord. Et tu inspires en l’entendant. « Eh bien moi je refuse ça. Je ne veux pas être un pion, même si je suis consciente de la chance que j’ai. J’ai également celle de pouvoir refuser le trône. De toute façon ça rassure d’avantage mes parents comme cela, je parle trop pour être une bonne duchesse royale. » Tu fais en souriant en coin à cette pensée. Là n’est pas ta place, ton rang n’a jamais été qu’une histoire de titre, pas de personnalité. Mais tu ne remets pas en cause ton éducation car tu ne manques de rien.

Alors tu lèves un sourcil en entendant son allusion sexuelle qui ne t’étonne même pas. Tu éclates de rire en secouant la tête, croisant les bras sur ta poitrine en prenant un air faussement sévère. « Oh Noah, je découvre ainsi des fantasmes inavoués. » Tu fais pour le taquiner en continuant de rire, avalant quelques nouvelles gorgées de ta boisson, non pas gênée par ce qu’il venait de dire mais plutôt amusée. Il en fallait plus pour te choquer. Une nouvelle pique de sa part se place dans la conversation et tu roules les yeux en souriant en coin. « J’ai bien fait d’enfiler un gilet alors, je n’aurai pas voulu t’imposer la vision horrible de ma robe courte. » Tu lui tires la langue en continuant de rire, plus à l’aise désormais. Tu hoches la tête lorsqu’il te reprend. « Sororité oui, merci. » L’anglais t’échappe parfois encore un peu, l’air de rien, mais de toutes tes amies luxembourgeoises, c’est toi qui maîtrise le mieux la langue, alors tu n’as pas à te plaindre. Vivre à Havard aide beaucoup, entre toutes les nationalités qui évoluent ici. « Mince alors, je savais que j’aurai dû tenter les Dunsters ! » Tu fais en prenant une fausse mine embêtée, même s’il sait très bien que tu plaisantes, tu ne te serais pas plu chez les travailleurs.
 
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