COKA ≃ LOVERDOSE

Demain, ce serait le grand jour. Pas le jour où Cody va voir Beyonce en concert – même s’il attend la femme de sa vie, celle qui l’invitera à rencontrer l’autre femme de sa vie, pour qui il divorcera de la première femme – ni même le jour où il va se faire opérer pour une réduction du pénis – c’est handicapant parfois d’avoir l’Obélisque de Louxor entre les pattes, que dis-je, le Colosse de Rhodes – mais bien le jour où il s’envolait pour le Canada. Enfin, s’envoler est un bien grand mot, puisqu’il prenait sa voiture pour huit heures de route jusqu’à un petit chalet près d’un lac, dans un village voisin de Toronto. Mais ouais, il quittait Boston demain, après avoir emballé toute sa vie dans des cartons. Sa mère s’y trouvait déjà, hébergée chez son frère pour la nuit.
Donc ce soir, Cody profitait de sa dernière nuit à Boston pour sortir avec ses potes. Mais Bleeker, pour une fois, n’avait pas trop bu parce qu’il tenait à être debout à la première heure le lendemain matin, sans gueule de bois pour pas s’endormir au volant. Le problème, quand tu ne picoles pas, c’est que tu te fais vite chier. Cody se trouvait dans ce club-là, le Royale, dans lequel les gars entraient easily chaque fois qu’ils promenaient leur Nemo de poche. Mais l’étudiant se retrouva vite un peu laissé dans son coin, un verre d’eau à la main, à écouter les blagues pourris d’un de ses potes. Mais putain. Ce mec est super drôle en fait quand on est bourré. Mais là, sobre, c’était une autre affaire.
Mais très vite, l’attention de Cody fut détournée vers un groupe de mecs et de filles sur une banquette. Il ne pigeait pas trop ce qui se passait, mais une blondasse décolorée avec une robe qui lui arrivait au même niveau que sa culotte mi-fesses – je retiens t’as vu – faisait de grands gestes et râlait sur un type à moitié chauve de quarante ans. C’aurait pu être drôle de voir une meuf aussi désespérée dans un état aussi pitoyable, si seulement cette meuf n’était pas son ex-femme qui se donnait un genre. Et qu'est-ce qu'elle foutait en blonde ? Mon dieuuu, le massacreeeee. Il paraît que quand une femme change d'homme, elle change de coupe de cheveux. Et bien, elle n'avait pas perdu de temps. Eeeeeetttt ... Attendeeezzz, en un an de relation, il ne l’a jamais vu toucher une seule goutte d’alcool, et là c’est à peine si elle savait prononcer son prénom … Ah oui, je ne l’ai jamais dit, mais pour savoir si quelqu’un est bourré, suffit de lui demander de répéter ’Diamantika’. S’il n’y parvient pas, il est complètement plein et vaut mieux récupérer les clefs de sa bagnole. Ouaip, le patronyme de Kovache est un alcootest à lui tout seul. « Désolé les gars, faut que j’y aille. J’suis crevé. On s’appelle, hein ? » fit-il en imitant un téléphone avec sa main, mais so useless parce qu’on ne l’écoutait déjà plus. Il se dirigea vers le groupe et se faufila dans le dos de Dia, l’attrapant par les épaules. « Salut toi, c’est Cody Bleeker, ton ex-mari. Tu viens cinq minutes ? » déclara-t-il rapidement et sur un ton monotone, avant de l’éloigner quelque peu du groupe. « Comment tu t’appelles ? » s’écria-t-il pour se faire entendre, en se plaçant devant elle, à moitié courbé pour examiner son visage et surtout ses pupilles. Il espérait voir quelques choses à l’aide des faisceaux de la piste de danse mais ce n’était pas gagnéééé.

Un jour de repos était fait pour se reposer, normal. Mais il y a bien une seule personne qui ne se reposait pas. Toi. Tu étais agacée et marchais plutôt vite. Pour une fois, tu avais troqué tes shorts pour une robe noire extrêmement courte et sexy, dévoilant ainsi toutes tes magnifiques courbes. Autant dire que les gens qui te connaissaient étaient choqués de te voir habiller comme ça. Mais vu la tête que tu tirais, ils préféraient ne rien dire. Ça ne faisait même pas une demie heure que t'étais au Royale que déjà, tout était parti en couille. Grosse engueulade avec un mec âgé qui se croyait tout permit en touchant à tes fesses. T'étais en colère, trop même. Tes poings fermés tremblaient encore sous l'effet de l'adrénaline et surtout, de la poudre blanche que tu avais sniffé plus tôt. Tu tapais des pieds et marmonnais, encore l'esprit à l'embrouille. Te défouler, maintenant, tout de suite. Tu eusses envie de crier un bon coup, à pleins poumons, mais t'avais laissé faire cette idée, te doutant bien que plein de gens se précipiteraient comme des malades autour de vous. Après l'avoir injurié ceci dit, tu posais ton regard sur le verre que tu tenais dans le creux de ta main avec une envie de le jeter de toutes tes forces par-terre, mais tu te calmais. Tu n'étais pas une tarée ni une impulsive. Et ce n'était pas un petit con de son espèce qui allait t'empêcher de t'amuser. Prenant une grande respiration, des mains se posèrent lourdement sur tes épaules alors que la seconde qui suit, tu fusses emporté par une tornade loin de ton groupe. Te retournant en grognant, la surprise se lisait rapidement sur ton visage en découvrant ton ex-mari. Ex-mari qui te posait éventuellement une question en s'approchant assez près de ton visage. « Cody ?. » Ceci ne répondait évidemment pas à sa question, tu ne t'appelais pas Cody, il venait juste de te surprendre à traîner dans ce genre de coin alors que lui, c'était plutôt les bars. « Qu'est-ce que tu fous là ?. » Tu n'avais même pas répondu à sa question que t'enchaînais toi aussi sur une autre. Wait. La drogue et l'alcool commençaient à faire effet. Ce n'est pas beaucoup, mais combinées ensemble les deux substances te font un peu plus d'effet. Tu n'es pas addicte non plus. T'avais juste envie de t'amuser et oublier. Et toutes ces deux substances te donnaient un bon coup de main. Anyway, posant un doigt contre le bout du nez de ton ex, tu repoussais son visage assez loin du tien. « Décoince-toi un peu le cul !. Tien, regarde la meuf là-bas, elle n'attend que ça, invite la à danser et puis avec un peu de chance, ce soir tu ne repartiras pas les mains vides. » Déclarais-tu accompagné d'un clin d’œil. Après tout, il avait bien dit qu'il finirait par te tromper, alors tu l'aidais un peu. Même si bon, vous étiez à présent divorcés et donc ce ne sera plus compté comme une tromperie. Sur ce, tu continuais à boire ton verre d'alcool et tu commençais à danser au rythme de la musique pieds nus parce qu'à peine arrivée ici, que t'avais largué tes talons pour cause de mal.

Qu’est-ce qu’il foutait là ? Cody avait la réponse à sa question. Attendez, si Diamantika Kovalevski n’essayait pas de prononcer son patronyme, préférant de loin détourner la question, c’est juste parce qu’elle en était incapable car complètement pétée. Et oui, y a des signes qui ne trompent pas. Mais ouais, qu’est-ce qu’il foutait là, lui ? Mais elle, on en parle ? Que je sache, Bleeker était un habitué des cuites et des gueules de bois, alors que c’était une chose qui n’intéressait pas Diamantika à l’accoutumée. Donc mêêêême s’il se dandinait assez rarement dans les nightclubs, il aimait la bière et Danse avec les stars DONC il aimait les boîtes de nuit. CQFD. Alors, dans cet aquarium, le magistral orque Bleeker est à sa place, pas la baleine Kovache qui risquait de se prendre un coup de queue dans la tronche pour qu’elle déguerpisse d’ici. Et attention, je parle d’un coup de queue d’orque, pas une bifle. Ça, c’est réservé pour l’intimité hein « TOI, t’as rien à foutre là ! T’es au courant que ta coloc a failli tuer son gosse la nuit dernière ? Non, t’es pas au courant, bien sûr que non. Comment pourrais-tu ? » fit-il en baissant les yeux, la détaillant de haut en bas, une mine de dégoût sur le visage. Il lui en voulait atrocement pour son absence la veille. Mais plus encore, il s’en voulait lui, parce qu’à cause du spectacle de ce soir, il se sentait coupable de ce qui arrivait à Diamantika et donc, par ricochet, à Alaska. Alors que jusqu’à maintenant, il ne se pensait aucunement concerné. Vivement qu’il se casse de cette ville de merde. H-8 Cody Bleeker, H-8. Et maintenant, c’était à lui de se décoincer ? C’est elle qui disait ça ? La fille qui a pas su écarter les cuisses pendant 4 mois à la chaleur de son homme et qui, maintenant, montrait son cul à tous les mecs qui le souhaitaient dans cette boîte ? « Ta gueule Dia ! » s’écria-t-il avant de s’approcher d’elle, mais pas pour danser comme Dia eut l’air de penser, plutôt pour mettre ses mains sur ses fesses et baisser le tissu de sa robe qui ne faisait que remonter. Les fesses à l’air ça fait vulgaire, les fesses à l’air ça exaspère. « En effet, je ne vais pas partir les mains vides parce que tu rentres avec moi. » râla-t-il sèchement avant d’attraper le poignet de Diamantika, de jeter son verre par terre et d’essayer de la tirer avec lui.

Faut dire que même divorcés, ton ex mettait du cœur à toujours retourner la faute sur toi. Maintenant, c'était de ta faute si Alaska avait failli tuer son bébé. Inspire Dia, inspire. Tu serrais un peu le verre d'alcool dans ta main sans intention de la briser, quoi que là, si ! T'avais bien envie de la briser. Mais attendez ! Bleeker portait d'un coup, un intérêt pour les femmes enceintes ? Fin, ça se voyait qu'il t'en voulait à mort pour ne pas avoir été là pour ta coloc. Fallait vraiment que tu sois presque défoncée pour voir ça ? Non parce que tu voulais à tout prix te souvenir de cette nuit, lui qui n'a même pas su être là pour toi lorsque tu portais son bébé, il osait te le reprocher ce soir ?. Gad. Ceci dit, t'espérais aussi te souvenir de cette reproche histoire que tu ailles sermonner la mather demain. « Ouai, comment pourrais-je l'aider dans mon état ?. Vaut mieux pas que je m'approche d'elle pour le moment. De toute façon, t'es là toi, tu prendras bien soin d'elle je n'en doute pas !. » Tant que ça ne te concernait pas, Bleeker savait s'y prendre. Quant à toi, tant que tu ne seras pas en mesure de l'aider, tu ne pourras pas t'approcher d'elle, car cela ne fera qu'empirer son état. T'étais néfaste pour elle actuellement et donc tu ne voulais en aucun cas, être la cause de son replongement dans la drogue. Emmerdes à la gossip girl avec ton ex-mari pendant une soirée où tout le monde est bourré et défoncé. Pas facile. Tu soutenais son regard alors que tu venais gentiment de l'inviter à aller voir ailleurs si tu étais, mais ce dernier refusa ton offre et s'approcha de toi. Tu eusses un pas de recul lorsqu'il posa soudainement ses mains sur tes fesses pour tirer sur ta robe. De quel droit te touchait-il comme ça ?. Vous étiez divorcés et cela voulait dire qu'il n'avait plus ce droit. Si t'avais été clean, tu l'aurais probablement repoussé, mais dans ton état actuel, tu le laissais faire en posant même une main sur les siennes, les bloquant donc au niveau de tes fesses. « J'ai mis une belle robe ce soir et c'est rare, alors si tu me laissais profiter ? T'peux pas aller jouer ailleurs Bleeker ? Sérieux, je n'ai pas besoin d'un baby-sitter làààààààà. » Et hop, tu retirais ses mains alors qu'il empoigna rapidement ton poignet pour t'attirer avec lui vers la sortie. « Non, je ne rentrerais pas avec toi !. » D'un geste brusque, tu repoussais sa main libérant ton poignet et à la place, tu prenais le sien en otage afin de l'attirer carrément contre toi. « Je ne rentrerais pas. » Disais-tu en plongeant tes prunelles dans les siennes, un sourire aux lèvres. « Vas-t'en ou danse et amuse-toi !. » Criais-tu au fur et à mesure que tu reculais pour te glisser à travers la foule histoire de lui échapper, mais bon, c'était difficile pour toi de passer inaperçue avec ta robe. Même qu'au passage, tu piquais une bouteille de bière à un inconnu, grimpant sur une table basse dans un coin pour danser au son de la musique, sautillant tantôt sur tes pieds.

Encore sa crise du ’quand c’est pour les autres tu es là, mais pour moi nada’ ? Sérieusement ? Cody s’était saigné pour Diamantika, genre, vraiment quoi. La vérité, c’est que quoique fasse le jeune homme, ce n’était jamais à la hauteur des attentes de mademoiselle Kovalevski. Elle trouvait toujours quelque chose à redire, éternellement insatisfaite par ce que lui offrait son homme. Pardon, son ex homme. Parce que oui, tous leurs problèmes, tant du côté mâle que du côté femelle, les avaient conduits dans cette impasse ou plus personne ne comprenait les exactes raisons de la rupture. En somme, c’était la merde. « J’vais pas pouvoir longtemps m’occuper d’elle … » Parce que je quitte Boston. Mais ces mots ne sortirent pas. T’façon, il n’y avait personne pour les écouter. Regardez Dia qui se trémoussait comme une dinde sous LSD. Elle était comme un chat qui se promenait et qui, à la moindre caresse, montrait son trou de balle à qui voulait. Si Diamantika était un Pokemon, elle serait Metamorph, le seul Pokemon capable de passer de la fille bien sous tous rapports, la perfection incarnée comme elle s’appelait elle-même, à cette espèce de bimbo indésirable pour n’importe quel mec normalement constitué. Ou peut-être juste lui. Ça ne lui brisait même pas le cœur qu’elle se fasse tripoter par des inconnus, parce que ce n’était pas elle qu’il aimait. Il en aimait une autre, quelque part terrée sous ces litres de bière. Après lui avoir clairement signifié qu’elle ne rentrerait pas avec lui, elle l’envoya bouler, genre va-t-en ou amuse-toi. Il devrait dégager en fait. Il prenait sa voiture dans la matinée, il avait neuf heures de route, il allait être crevé, en plus il avait un covoit' demain et il fallait qu'il tienne une bonne discussion pour passer en Expert sur Blablacarrrrrrrr … Ouais, il devrait rentrer au lieu de s’occuper de son ex femme.  « Je choisis la deuxième proposition. » glissa-t-il dans son oreille, seul moyen de se faire entendre sous les boum-boum incessants des enceintes. Finalement, en un rien de temps, il avait retroussé les manches de sa chemise et avait retrouvé Diamantika. Il quitterait la boîte bientôt. Yep, mais avec Kovache. Ce soir, elle voulait jouer, il savait tricher. « Mais je ne sais pas danser ça ! Apprends-moi ! » Et comme pour prouver de sa bonne foi, il se mit à faire la danse du robot-pharaon avec ses bras, le genre de truc que seul Dia trouverait sexy quoi. « S'il te plaît ! » s'écria-t-il une dernière fois avant d'attraper les mains de Dia – qu'il débarrassa subtilement de la bière, fin stratège qu'il était – et les poser sur ses hanches à lui. Les divorcés étaient tous les deux debout sur la petite table basse au milieu de mecs qui les fixaient tous les deux. Et, aussi bizarre que cela puisse paraître, ce n’était même pas Dia qu’il regardait. Non, plutôt le gros plein de soupe qui s’était approché sans crainte de la tornade et qui espérait la dompter. Mais ce n’était pas de l’espoir, il y arriverait. Il se donnait dix minutes avant de la convaincre de clore la soirée.

Pour une fois que t'avais rien dit ein. Mais néanmoins, tu persisteras à penser ça, comme il persistera à penser que tu ne lui faisais que des reproches. Il t'avoua cependant qu'il n'allait pas pouvoir s'occuper d'Alaska bien longtemps et tu comprenais par là, qu'il devait aussi s'occuper de sa mère, mais pourquoi pas les deux ?. Fin de toute façon, t'avais pas la tête à faire des devinettes ce soir alors. Non t'avais plutôt envie de t'amuser et tu fusses surprise que Bleeker choisisse la deuxième option. Même qu'il te rejoignit sur la table basse pour te piquer ta bière et poser tes mains sur ses hanches. Mais là, à voir son petit numéro, t'avais pas pu t'empêcher de sourire. « Pour commencer, débarrasse cette bouteille !. » Bouteille de bière que tu lui arrachas des mains pour donner à une demoiselle juste admirative du spectacle qui allait suivre. « Ensuite, tu poses tes mains-là. » Pour l'aider, tu glissais tes mains sur ses poignets et les posèrent juste au-dessus de tes fesses. « Et pour finir, il faut que tu épouses mon corps. » Pour lui faciliter la tache, c'est toi qui épousa son corps. Tu bougeais sensuellement au rythme de la musique, l'obligeant à faire de même. Une danse des plus énigmatique se jouait sur cette scène ou plutôt sur cette table basse. Ton ex se laissait aller à tes bras, connaissant bien tes petits jeux et ne t'opposait aucune résistance. Tes longues mains restaient tendrement accrochées à son dos caressant son vêtement et devinant sa colonne vertébrale. Profitant d’un instant, tu te détachais de lui, attrapais sa main et revenais en tournant, dos collé contre son torse tandis qu'une de tes mains enserrait celle de ton ex-mari et l’autre venait toucher sa nuque. Tu dansais contre lui, non pas de manière vulgaire, mais sensuelle, puis te retournais brusquement pour lui faire face, ton visage proche du sien. Un petit sourire s'installait sur tes lèvres alors que tu passais de nouveau ta main contre sa nuque, agrippant le bas de son dos pour ne plus t’en décrocher. Qui de lui ou de toi partira les mains vides ?. On verra... Tu approchais doucement tes lèvres de celles de Bleeker, les effleurant à peine avant de murmurer dans son oreille. « Et maintenant ferme les yeux. J'ai un petit cadeau pour toi. Ne triche pas !. » Fis-tu en glissant une main sur ses yeux pour les garder fermer. De ton autre main libre, tu redemandais la bouteille de bière que la demoiselle te donnait rapidement. Puis, tu la positionnais au-dessus de la tête de ton cher mari fin ex mari pour verser le contenu petit à petit sur lui, bloquant légèrement l'entrée avec ton pouce histoire de perdurer ce moment. « Il parait que boire de la bière sur un homme, c'est encore plus bon. » Tu gardais cependant les yeux de Cody fermés, s'il n'avait plus envie de coller, dehors il s'était mis à pleuvoir, alors il pourrait prendre un bain de pluie non ?. Ou alors non, ce sera plutôt toi. T'invitais la demoiselle à monter sur la table et lui murmurais quelque chose à l'oreille. Tu ôtais rapidement ta main du visage de Cody tandis qu'elle, remplaça rapidement par sa main. Ainsi, tu pouvais t'en aller en laissant la demoiselle lui lécher le cou, non parce qu'elle prenait vraiment plaisir là. Quant à toi, t'attrapais ta veste que tu enfilais et hop ! Tu déguerpissais. Ironie quand même n'est-ce pas ? Quand tu ne courrais pas après Bleeker, c'est lui qui te courrait après. Peut-être que tu ne devrais plus lui courir après, avec un peu de chance, il ne fera que te courir après. Anyway, une fois de dehors, tu regardais la pluie avec un large sourire, même pas peur. Même que tu tendis les mains vers celle-ci en quittant les abris pour te retrouver trempée juqu'aux os. Marchant pieds nus, tu te retrouvais sur le trottoir près de la petite lagune. Tournoyant sur toi-même et sautillant comme une petite gamine, tu finis par avoir un petit vertige tombant et roulant dans l'herbe humide. Alalalalalalaa ce que ça faisait un bien fou. Allongée sur le dos et les mains tendues de chaque côté, t'éclatais de rire.

Sans faux raccords, ses mains épousèrent son corps. Cody, sous l’enseignement personnalisé de Diamantika, dansait contre elle, son torse contre le sien, leurs bassins ondulaient au même rythme. Il en oubliait les gens qui criaient et chantaient à côté. Il en oubliait la musique. Il en oubliait ses baskets qui collaient sur le table, sûrement à cause d’un mélange de bière et de sirop renversé dessus. Il en oubliait tout, même la raison pour laquelle il se trouvait à jouer cette comédie. Il mouvait au rythme de Diamantika. Son cœur battait comme un diapason auquel toutes les capacités psychomotrices de Cody étaient pendues. Ses ongles inexistants s’enfonçaient dans la chair au creux de ses reins, alors qu’il commençait à s’appesantir sur cette inattendue sérénité. Il était bien. Pour la première fois depuis des semaines, le voilà bien avec Diamantika. Et il ferma les yeux, ouvert à tout ce que pouvait lui offrir cette pâle copie de son ex femme. Parce que oui, il ne considérait pas Dia comme Dia, pas dans cet état. Il profitait de ces derniers instants ensemble puisque pour la première fois, l’alarme était bien réglée. A la fin de la soirée, ils se sépareraient vraiment, pour de bon. Pantin, il laissa Dia le désarticuler, quitte à se faire verser de la bière sur la gueule. Il ne savait pas trop ce qui se passait, mais un frisson lui parcourut quand des lèvres se posèrent dans son cou. Ses épaules se dressèrent, sauvages. Pourtant, il sut direct que ce n’était pas Dia. Il connaissait ses lèvres par cœur, chacun de ses baisers était référencé dans une bible précieuse au fond de son être. Ce n’était pas Dia, mais il serra cette femme contre lui, trouvant impunément le chemin de ses lèvres. Pas de culpabilité. La Dia qui lui offrait une autre femme sur un plateau d’argent, ce n’était pas la sienne.
 
« Tu penses qu’on se reverra ? » gloussa-t-elle en se laissant tomber en avant, soûle, se rattrapant en posant ses deux mains sur le ventre de Cody. Après dix minutes collés-serrés dans la boîte, ils étaient enfin sortis, proies à la pluie qui s’abattait sur eux. « Je … Ouais … Nan, je quitte Boston demain, je ne serais plus que de passage ici … » murmura-t-il en posant ses mains sur celle de la jeune femme, simulant un subtil ’je te caresse les doigts pour que t’arrête de me prendre pour ton accoudoir meuf, OK’. Elle tua la distance entre leurs deux visages, autorisant sa langue à flirter sur la pulpe des lèvres de Bleeker. « T’auras besoin d’un endroit où dormir quand tu viendras … Attends, je te passe mon numéro … » Elle se redressa, droite sur ses jambes – ouais, d’un coup elle n’avait plus besoin de Cody pour tenir, bizarre bizaaaaarrreeeeeee – avant de dégainer un stylo et d’écrire son numéro … Sur ses boobs. « C’est malin, tu me le donnes comment maintenant ? » pouffa Cody, plus amusé par le numéro de charme de la brunette que séduit, en fait. « Attennnnnnnds Mister Freeze saveur Bière, je n’ai pas fini … » Elle se mordilla la lèvre, mutine, avant de poser ses deux mains sur les cuisses de Cody, les remontant allègrement … Vers l’intérieur. « Oh-oh. » fit l’étudiant en sursautant. Ça, c’est Codynosaure ohohohoh, ça fait un moment qu’il n’a pas reçu de visite, alors faut pas l’approcher comme ça. Sauf que la jeune femme ne fit qu’effleurer la surface, terminant sa course dans la poche de Cody où elle récupéra son téléphone. Mystérieuse, énigmatique, elle enchaîna en ouvrant sa veste et dirigeant l’objectif de l’iPhone dans son soutien-gorge. Et clic. C’est dans la boîte. Elle avait mis le flash et tout, Cody se retrouvait donc avec la photo des seins d’une inconnue et un numéro de téléphone avec lui. Sympathique. C’est drôle, il pécho mieux quand c’est son ex qui lui arrange le coup et quand il est sobre. Ceci dit, Bleeker n’avait jamais caché que Dia le rendait beau par son aura naturelle, juste par sa façon de le regarder. Tout ce que regardait Diamantika devenait beau, en fait. Elle était la Méduse des temps modernes, celle qui blesse par son enchantement. L’inconnue embrassa une dernière fois Cody avant de s’en aller, titubant sur ses dix centimètres de talons. Le jeune homme, lui, partit dans l’autre direction, engouffrant ses mains dans ses poches. Mais il fit deux pas avant de croiser un cadavre dans l’herbe. « Tes super potes de ce soir ne t'ont pas expliqué c’est quoi ce carré d’herbe ? Tu vois, les mecs quand ils sortent de la boîte, ils sont en général complètement torchés et c’est ici qu’ils font leur pause pipi. Juste pile là où tu es allongée. » fit-il à Diamantika, en dessinant avec ses doigts un rectangle au-dessus d’elle. « Ceci dit, tu as de la chance, il pleut, ça nettoie un peu. Sauf s’ils font aussi la grosse commission dans ce coin, je n’ai pas poussé mes services de renseignements aussi loin. Mais je te conseille de partir au plus vite. 'fin tu vois, pour eux, t'es qu'une belle plante. Les plantes, on les arrose. » Amusé, il continua sa route. Elle n’avait pas l’air d’avoir besoin de lui, apparemment. Et puis elle était sortie de la boîte et prête à rentrer, c’est tout ce qu’il souhaitait.

Non sérieusement, les hommes ne sont jamais reconnaissants. Tu venais de lui offrir une femme sur un plateau d'argent, même d'or, qui saura le satisfaire ce soir et même pas il te remerciait. Encore là, t'essayais de lui faire du bien, lui qui se plaignait que tu n'avais pas su écarter tes cuisses durant ces quelques semaines et le voilà qui ne trouvait même pas de mot à dire pour ton geste généreux. Un merci aurait suffi et volontiers que tu lui aurais souris. Après tout, vous étiez divorcés et tu n'avais plus aucun droit sur lui. Ah ouai aussi, il ne fallait pas oublier que le cœur de Dia, blessé, s'était assombrit depuis cette nouvelle rupture. Maintenant, elle ne lui faisait plus confiance, maintenant, elle se renfermait et s'empêchait de ressentir quoi que ce soit pour cet individu qu'elle avait tant aimé, plus que sa propre personne. Il n'y avait plus rien au fond d'elle, juste un géant trou noir. La Dia qu'il connaissait s'était recroquevillée sur elle-même au fin fond de son être, versant toutes les larmes de son corps et ne demandant plus à être sauvée. Elle voulait rester là où elle ne souffrira plus, là où elle ne ressentira plus rien, là où il faisait noir et que son cœur avait froid. La Dia de ce soir, voulait tout oublier, sombrer encore et encore, quitte à se rendre malade et finir en dépression totale. Elle voulait foutre sa vie en l'air. Cette Dia là, était la version négative de la Dia que nous connaissons tous. Tous ces sourires sont faux, le semblant de joie était faux, tout était faux. Il ne restait plus rien d'elle, si ce n'est ses peines et un cœur brisé. Allongée donc dans l'herbe, la voix de ton ex se fit de nouveau entendre, mais cette fois-ci, il venait te narguer en pensant que cela t'obligera à prendre tes jambes à ton cou et rentrer. Riant de plus belle, tu te redressais en ramassant deux poignets de sables et d'herbes tout en regardant monsieur Bleeker reprendre sa route. Tu courrais jusqu'à lui en essayant de pas perdre l'équilibre et une fois son chemin barré, tu souriais. Puis, plaquais tes deux mains remplis de sables et d'herbes humides contre son torse, éparpillant partout, même que tu tirais sur sa chemise afin de faire sauter les boutons histoire que tu puisses bien éparpiller sur sa peau en terminant ta course sur ses épaules dont tu t'appuyais pour atteindre de nouveau son oreille. « Mes super potes te passent aussi le bonjour... » Murmurais-tu d'une voix sensuelle. « T'as du pipi partouuuuuuut et même lààààà. » De ton index encore sableux, tu redessinais le contour de ses lèvres avant de le retirer et de plonger de nouveau tes prunelles dans les siennes clignant parfois des yeux à cause de la pluie. Tu gardais néanmoins cette proximité de ton corps contre le sien. « Je ne rentrerais pas. » Lui rappelais-tu de nouveau. Il aura beau tout essayer, tu ne rentreras pas. Si la Diamantika d'avant était déjà bien têtue, celle-là l'est doublement plus.

À présent, l’humiliation n’était qu’un parfum âcre au beau milieu d’une vie de merde. Est-ce qu’on se soucie de l’odeur d’une crotte ? Est-ce qu’on se demande si le sus-pet est plutôt carnivore ou végétarien ? Si cette once de noisette est due à une surconsommation de Nutella ou si le mec se fait juste matin-midi-soir des écureuils au barbecue ? Non, une merde ça pue, et on n’essaye pas de décortiquer l’odeur. Il en était de même pour la vie de merde de Cody Bleeker. Voyez, il n’était plus à une poignée de terre sur la gueule près. Il s’en foutait que Diamantika l’humilie ici, dans cette rue, sous cette pluie. L’humiliation, il l’a eue au moment où le divorce a officiellement été prononcé. L’échec de leur histoire est une humiliation. C’est comme si le chef Cyril Lignac rate sa sauce béchamel pendant qu’il fait la leçon à un candidat à Top Chef. C’est comme si Lewis Hamilton, champion du monde de Formule 1, est responsable d’un accident de voiture dans une ligne droite au volant d’une 205. Comme si Obama, président des United States confronté à des incidents diplomatiques tous plus critiques les uns que les autres, était incapable de gérer ses deux adolescentes qui se battent pour un mascara. Comme si un Pikachu niveau 100 n’est pas capable de battre un Magicarpe niveau 5 alors que ses attaques sont Eclair, Fatal-Foudre, Tonnerre et Cage-Eclair. Cody Bleeker et Diamantika Kovalevski avaient tous les ingrédients en main pour réussir leur mariage. Personne à Cambridge ne s’aime aussi profondément, aussi intensément, aussi violemment que Cody et Diamantika. Mari et femme pour la vie, ils s’étaient promis. Mais ils avaient lamentablement échoué. Ça, c’est une humiliation. Pas ce que lui faisait subir présentement la jeune femme. Alors qu’elle stipulait une dernière fois qu’elle ne rentrerait pas, Cody passa sa manche sur sa bouche pour la nettoyer. Le reste, les traces de sable sur son torse, ne s’effaçait rien qu’au contact de l’eau de pluie. « Ta pneumonie. » fit-il, toujours en se débarbouillant la lèvre. Elle qui râlait toujours parce qu'elle craignait la pneumonie chaque fois qu'elle ouvrait son congélateur, la voilà dans un triste état. « Très bien, tu ne rentres pas. » Il haussait les épaules, n’opposant aucune objection aux paroles de Dia. N’empêche, que c’est elle qui venait de rattraper Cody, elle qui l’empêchait de continuer son chemin, mais elle qui ne voulait pas rentrer. Il posa ses mains de part et d’autres de son visage, éclairé par le faisceau du lampadaire. Il scruta les pupilles de la belle, complètement dilatées. Elle n’avait pas fait que boire ce soir, c’est clair. Il recula d’un pas et ouvrit grand les bras. « Je veux rentrer, moi. » Il recula de deux pas. « Qu’est-ce que tu veux Dia ? » Trois pas. « Il faut que je me roule par terre pour que tu arrêtes ton petit jeu ? Ou que je te laisse m’insulter pour alimenter le Kova’show ? Il faut que je me foute à poil pour assouvir ta dose de sadisme ? » Sa veste et sa chemise glissèrent le long de ses bras, s’écroulant dans une flaque d’eau. Il n’en avait plus rien à foutre de tout ça. « Tu veux quoi Dia ? Que je m’en aille ? Que j’aille à l’autre bout du monde ou n’importe où pourvu que tu ne vois plus ma gueule ? » Il tourna sur lui-même, faisant dos à Diamantika. Il entremêla ses doigts dans ses cheveux courts en avançant de quelques pas. Il ne pouvait pas être plus longtemps spectateur de cette mauvaise émission qu’était Diamantika en train de se foutre en l’air. C’était bien au-dessus de ses forces.

Ta pneumonie ? Ummm ça serait bien qu'elle te foute à l'hôpital et que tu finisses tes jours là-bas. « Je m'en fiche ! » Pour dire à quel point tu étais tourmenté. Pour dire à quel point t'avais plus envie de t'accrocher à quoi que ce soit. Et lorsqu'il reculait un peu plus de deux pas, tu arquais un sourcil. C'était à son tour de vous offrir son Cody's Show là. Tu ne comprenais encore moins pourquoi il avait essayé de voir à travers tes yeux. Qu'est-ce qu'il cherchait à voir ? Si tu n'avais pas fait que boire de l'alcool ? Et bien non, t'avais aussi pris de la drogue pour la toute première fois et il faut dire que là, tu te sentais bien. Puis, il enchaînait sur des questions laissant même sa veste et son chemisier retrouver le sol. Serrant les poings, tu t'étais jurée de ne plus te laisser atteindre par ses mots. Lorsqu'il termina et te donna son dos, tu dégageais quelques mèches de ton visage. Mèches qui avaient d'ailleurs repris ses couleurs brunes à cause de la pluie. Ton colorant coulait le long de tes cheveux et tâchait tes vêtements. Mais, heureusement qu'ils étaient noirs. Soupirant, tu t'approchais de sa veste et de son chemisier que tu ramassais pour déposer sur ses épaules, puis, tu lui faisais face en tenant sa veste de tes deux mains que tu serrais entre tes doigts. « Je ne t'ai rien demandé ce soir. » Tu arrangeais de nouveau sa veste, mais la gardait toutefois entre tes doigts avant de coller ton front contre le sien. « C'est toi qui es venu perturber ma soirée... Toi qui veux que j'rentre. Et si je rentre, tu seras rassuré et puis ?. Qu'est-ce qui m'empêchera de revenir demain dans cet état ? Et les jours suivants... Tu crois que t'en aller changera quelque chose ? Cody, Dia Bleeker est dorénavant enfermée ici... » L'une de tes mains vint se poser sur ton cœur afin de lui montrer la place où résidait sa femme, fin son ex femme. « Et à l'avenir, je l'empêcherais de ressentir quoi que ce soit... Mais ce soir. » Tu laissais tes pulsions avoir raison de toi et tu prenais son visage dans tes mains en attrapant sa bouche avec la tienne scellant ainsi vos deux lèvres. Tant ce baiser était fiévreux, tant tu l'obligeais à reculer et à se heurter contre le lampadaire. Frissonnant instantanément, tu gémis dans sa bouche commençant à t'enivrer, ton cerveau était comme embrumé. Alors que tu commençais à perdre ton souffle, tu revins rapidement à toi quittant soudainement ses lèvres et fronçant les sourcils. « Je...Au-revoir Bleeker. » Lâchais-tu dans un moment de panique. C'était comme lui donner un dernier baiser, celui qu'on donne afin de pouvoir tourner la page. Te mordillant les lèvres, tu reprenais rapidement ton chemin vers l’hôtel la plus proche du Royale et dont tu avais réservé une chambre. Elle n'était pas cinq étoiles, mais tu t'étais dit que de toute façon, tu ne pouvais pas rentrer à l'appartement et tu ne pourras certainement pas rentrer au chalet sur la plage, parce que tu seras surement trop amochée pour faire ce long trajet. Une fois dans la chambre, tu retirais tes vêtements et enfilais ton peignoir en te laissant tomber sur le lit et en fixant le plafond. T'aurais dû prendre un peu plus de drogue et beaucoup plus d'alcool, parce que t'avais l'impression de ne pas être assez défoncé. Et si t'en reprenais là ? Maintenant et toute suite ?.