Où vont ceux qu'on aime quand ils disparaissent tout à coup ♥ PRIALYA

Remuer le passé n'est pas simple. Il y avait eu cette image, près de l'opéra, à Kiev, à l'endroit où des bougies étaient toujours posées après ce qu'il s'était passé il y a bientôt deux ans maintenant. Les gens n'ont pas oublié ses civils tués pour rien, pour une révolte réprimée trop fortement. Ca m'a serré le coeur, ça m'a fait aussi du bien mais voilà tout est remonté sur le chemin pour venir ici comme je l'ai confié à Isaac en lui disant que j'avais peur de ne pas être assez forte moi aussi pour ce genre d'évènement. Clairement, je n'ai perdu personne dans cette bombe, mais la commémoration et tout remue d'autres choses chez moi puisque j'ai connu ce genre d'évènement juste après la fusillade. J'avais laissé un peu Isaac pour aller nous chercher des boissons à un petit stand qui avait été monté là pour l'occasion. Je ne sais pas si c'est le froid ou ma tête complètement ailleurs, mais je n'avais pas senti une larme couler le long de ma joue. En attendant mes deux chocolats chauds, je l'essuyai et me mouchai. Ca faisait presque longtemps qu'une larme n'avait pas coulé sur mon visage, presque, enfin il était clair que ça faisait un moment que le décès de mon frère et de mon mari ne m'avait pas pris aux tripes comme ça me faisant un peu perdre le contrôle sur la gestion de mes sentiments face à ce tragique évènement. Mais ce n'était pas grave, j'essuyai juste les quelques larmes qui s'échappaient de mes yeux sans autorisation. Dans ce contexte, elles passeraient inaperçues.

 C’était dur d’être ici, mais si ça l’était pour moi, je ne pouvais qu’imaginer combien ça devait être encore pire pour Andrea. J’avais insisté pour rester avec la jeune femme durant toute la cérémonie, trouvant important d’être présent à ses côtés. J’étais plus qu’inquiet pour elle en ce moment. Je n’étais pas le seul, Zoya s’inquiétait aussi, bref ça me faisait d’autant plus de raison de la garder à l’œil. Sauf que la dunster au caractère bien trempé avait fini par le faire comprendre qu’elle avait besoin d’un peu d’intimité. J’allais pas l’accompagner jusqu’aux toilettes non plus, c’était certain… J’en profitais donc pour me diriger vers l’un des stands, pensant nous prendre deux cafés, lorsque mon regard se posa sur une silhouette plus que familière. Talya attendait également des boissons, l’air ailleur, la mine songeuse et… C’était une larme qu’elle venait d’essuyer. Mon esprit accaparé par mes inquiétudes pour ma coloc, j’en avais presque oublié que ce genre de commémoration devait également remuer des souvenirs plus que douloureux pour ma petite amie. Je m’approchais d’elle, arrivant dans son dos, mes bras vinrent l’entourer alors que je me penchais pour venir déposer un baiser au creux de son cou. « C’est parce qu’Isaac t’a abandonné que tu pleures ? Ou c’est le fait de m’avoir prêté pour la journée à Andrea ? » Petite note d’humour pour la détendre et la questionner de manière légère sur ses larmes, dont je devinais que trop bien l’origine. Je l’avais déjà vu cette expression sur son visage, quand on était ensemble à Kiev…

Des bras vinrent se serrer autour de moi et un baiser fut déposer dans mon cou, c'était Priape, j'espérai que c'était lui parce que c'était beaucoup trop familier pour que ce soit quelqu'un d'autre. Quand j'entendis sa voix, je fus soulagée mais mes mains allèrent rapidement essuyer les dernières traces d'humidité sur mes joues. Je ne voulais pas qu'il s'inquiète, il n'y avait pas à s'inquiéter. « En fait c'est moi qui ait abandonné Isaac pour venir chercher des boissons chaudes... » Parce qu'il faut croire que je n'arrivais pas à pleurer devant lui pour une cause qui n'était pas la même que celle d'aujourd'hui mais qui pouvait s'en rapprocher. Et puis c'était sa tristesse, son moment à lui où je devais être là, il avait été bien trop longtemps là pour moi sans que moi je ne puisse rien faire. Mes mains vinrent saisir son bras pour le serrer contre moi et ma tête se déposa contre son épaule en fermant les yeux. « C'est bien que tu sois avec Andrea... Elle a besoin de toi... Et Isaac a besoin de moi... » De moi qui ne pleure pas. Voilà pourquoi j'ai trouvé la première tangente pas trop improbable pour m'éloigner quelques minutes. Je finis par me retourner pour faire face à lui, mes joues sont sèches mais mes yeux brillent un peu. « C'est rien, juste que ce genre de cérémonie me fait remonter certaines choses... » Je ne pense pas qu'il était utile que je lui fasse un dessin.

 Talya se dépêcha d’un geste rapide d’essuyer ses joues… Mais trop tard, j’avais déjà remarqué ses larmes. Et son expression trahissait quand même plutôt bien les pensées qui devaient l’occuper, même si elle me répondit avec un air léger, avouant avoir laissé son ami temporairement pour chercher à boire. Ses mains se posèrent ensuite sur mon bras et je resserrai un peu mon étreinte alors qu’elle signifiait que nos amis avaient besoin de nous. « C’est arrangé alors Isaac et toi ? » Parce qu’à la soirée à la DH, c’était loin d’être le cas, surtout vu les piques que le dunster lui avait lancé. Et si le garçon avait besoin d’elle, je n’étais pas dupe Talya aussi avait besoin de lui. Il était son meilleur ami et de savoir qu’ils se retrouvaient peu à peu malgré les égarement de la jeune femme, c’était plutôt rassurant. Mon inquiétude refit quand même surface alors qu’elle se tournait pour me faire face. Je pouvais bien voir que ses yeux restaient humides, brillant d’une certaine lueur triste. « Eh… C’est normal Talya, t’as pas à te justifier, t’as le droit de pas être bien aussi… » Elle essayait de faire la forte pour son ami, mais là il n’était pas là, elle pouvait très bien se laisser aller. Mes doigts allèrent chercher les siens alors que j’ajoutai : « On est juste tous les deux là, tu peux craquer, t’as le droit… »

(Invité)