comme on se retrouve (phoenix)

Encore une soirée. Encore à traîner dans des bars. Encore à boire de l'alcool jusqu'à vomir. Encore à fumer des joints jusqu'à partir dans un monde totalement parallèle. C'était un peu ma vie en ce moment, je ne faisais que cela, tout le temps. Et, bizarrement, je ne me lassais pas du tout. J'adorais ça. C'était ma façon de vivre, ma façon d'être, ma façon de profiter, ma façon d'oublier mes problèmes. Au moins, là, j'arrêtais de penser et je profitais juste de la vie. Car c'était bien ça, le but, profiter de la vie, non ? Alors je continuais de boire, de danser, de rire, de draguer. Parce que les filles, c'était important. Et avec mon charme irrésistible, aucune ne me résistait. C'était tout à fait normal, non ? Mais alors que j'allais au bar pour commander un nouveau verre, une belle blonde rentra dans mon champ de vision et il ne m'avait fallu que quelques secondes pour la reconnaître. Phoenix. Elle était partie, après m'avoir bien cherché si vous voyez ce que je voulais dire et je n'aimais pas ça. Alors je m'approchais d'elle, mon verre en main, un large sourire sur les lèvres. « Alors ma belle, je ne pense pas que ce soit une coïncidence que nos chemins se recroisent. » disais-je en plongeant mon regard dans le sien.

On venait de se disputer avec Chase et j'avais quitté son loft en furie, rapidement, prenant uniquement mon sac à main et un jogging dans ma voiture afin de trouver quelque part où dormir. Peut-être chez Gwen, il faudrait que je l'appelle. J'ai les yeux rougis à force d'avoir pleuré parce que je n'ai fait que ça en conduisant, la vue brouillée, les pensées endommagées par les images qui tournaient sans cesse. J'ai l'impression que ma vie devient un chaos à chaque fois que l'on se dispute et cela n'était pas arrivé depuis bien longtemps. Mais je ne pouvais le dire à personne, nous étions simplement censés être des bons amis, rien de plus. Des amis qui profitent l'un de l'autre en somme. Sauf que non, depuis début décembre, nous sommes officiellement un couple et sans disputes, nous ne serions pas un couple. Il y a toujours des disputes quand on s'aime c'est ce que me disait ma mère quand je les entendais se prendre la tête aussi violemment que moi et Chase tout a l'heure. J'ai vraiment eu peur, je le voyais, là à hurler et moi je tentais d'hurler plus fort. En vain. Même Wally, mon chien qu'il m'avait si gentiment offert à Noël n'avait pas cherché à comprendre et avait fui dans son panier. Je peux comprendre qu'il soit sur les nerfs, fatigué par ce procès, triste d'avoir perdu ses parents, mais je ne suis pour rien dans cette histoire, il faudrait qu'il le comprenne. Rien que d'y penser, mon coeur se serre. Garée devant ce bar, je regarde mon visage dans la glace du pare-soleil et je soupire. J'attrape ma trousse de maquillage, et je me remaquille assez légerement pour ne pas ressembler à une poupée. Je soupire une nouvelle fois et je sors, avant de rentrer dans le bar d'un pas décidé, décidé à oublier. Il veut me faire du mal ? Très bien. Soit. Regardant autour de moi, je n'aperçois personne que je ne connais, mais au bout de quelques minutes, ce garçon vient vers moi et je le reconnais bien, un éternel sourire greffait sur mon visage, j'hausse un sourcil « Ah bon ? Parce que nos chemins se sont déjà croisés ? Tu es sûr ? » Mon air hautain se présente et je le pousse légèrement pour pouvoir m'installer au bar « Un martini s'il vous plaît. » Quelque chose de fort, quelque chose qui me fasse oublier cette dispute, le temps d'une soirée.

J'avais besoin de me mettre la tête à l'envers. Je ressentais ce besoin d'arrêter de penser, d'arrêter de réfléchir. Ma vie était bien trop compliquée en ce moment, entre Leevy, Agathe, Emma, le départ de Shae, j'en perdais la tête. Et comme toujours, mon soucis était les femmes. Sûrement car j'aimais trop les femmes. Cela devait être ma faute au fond, si je me retrouvais toujours dans des situations incroyables. Je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, voilà tout. Alors, je continuais de boire, de fumer, de me faire du mal, pour oublier. C'était pas possible cette vie de merde que j'avais en ce moment, sérieusement. Alors je draguais par-ci par-là, parce que les soucis que j'avais déjà ne me suffisaient pas, évidemment. Mais mon regard et mon attention s'était arrêté sur une belle blonde. Je l'avais déjà rencontré une fois, pendant une soirée. On s'était bien cherché, tout au long de la soirée et elle avait disparut, d'un seul coup. Alors maintenant que je la retrouvais, je ne comptais pas la lâcher. Puis, il fallait avouer que l'alcool me rendait encore plus collant, lourd. « Oh que oui j'en suis sûr, certain même. Et je suis même sûr que tu te souviens aussi de moi, tu fais juste le coup classique de l'amnésie quand on ne veut pas reparler à une connaissance de soirée. » disais-je avec un petit sourire. Après avoir dit cela, je devrais la lâcher du coup, la laisser tranquille mais.. Non. « Comment tu vas depuis la dernière fois ? » demandais-je après qu'elle ait demandé un verre.

Je détestais les disputes, d'ailleurs pourquoi est-ce que nous nous disputons ? Ca devrait être interdit. Quand on y réfléchit, c'est une question assez banale bien que pertinente. Je détestais me disputer avec Chase, mais je détestais aussi qu'il croit que j'allais me taire quand il haussait la voix tu ne comprends rien qu'il m'a dit. Alors si je ne comprend rien, pourquoi ne va t-il simplement pas avec quelqu'un qui comprendra ? Quelqu'un qui sera la pour comprendre et quelqu'un qui se taira quand il pétera des plombs comme ça ? Je détestais ces moments, j'aimerais qu'il comprenne que j'ai fait des concessions pour lui. Que je ne sors plus autant qu'avant, que quand je suis en déplacement pour le boulot, je trouve toujours un moyen de skyper avec lui alors que mes amies mannequins sont en train de prendre du bon temps au spa, ou dans la piscine. J'aimerais qu'il sache que j'ai arrêté pleins de choses pour lui. Mais visiblement, ça ne veut pas rentrer dans sa tête. C'est pour cela que je suis là, dans ce bar, à chercher comment pouvoir oublier cette soirée. Ces mots crus et son regard blessant. Lorsque le brun s'approche de moi, je soupire et je feins l'indifférence mais cela ne semble pas l'arrêter. Tandis que je me dirige au bar, il me suit et je serre les dents pour ne pas l'envoyer balader « Connaissance de soirée  ? Non, tu n'es rien d'autre qu'un homme de cette espèce qu'on appelle je pense avec ce que j'ai à l'entre-jambe. » Et je souris une nouvelle fois, commandant ta consommation, pensant qu'il va me laisser tranquille. Mais non. Je grogne légèrement à la question du ça va, ou la question la plus hypocrite du monde « Je vais bien -mais tu t'en fous- et toi comment vas-tu ? Je te paye un verre ? » Après tout, je ne peux pas être hautaine avec tout le monde, puis ce n'est pas parce que je suis énervée que je dois envoyer balader toutes les personnes qui peuplent ce bar.

Au fond, j'étais bien content de tomber sur un visage familier. A force, je me lassais de tout ces inconnus. Quitte à me mettre la tête à l'envers, je préférais que ce soit avec des personnes que j'apprécie plus ou moins. Même si je devais avouer que je ne connaissais pas réellement cette blondinette, mais de savoir que je lui avais déjà parlé, que j'avais déjà fait légèrement connaissance avec elle, cela me rassurait et me donner envie de lui parler. Même si, sans aucun doute, elle n'avait pas l'air d'avoir envie de me parler. Voir de parler tout court. Mais j'étais ce genre de spécimen gros lourd quand je le voulais et si je ne voulais pas partir et la laisser tranquille, alors je ne partirais pas et je resterais collé à elle jusqu'à ce qu'elle en ait réellement marre. Ou qu'elle craque et qu'on couche ensemble, tout était possible, non ? « Laisse mon entre-jambe tranquille va. Même si je sais que tu rêverais de voir ce qu'il se cache là-dessous. » disais-je avec un large sourire coquin sur les lèvres. J'étais assez fier de moi, et alors, j'avais pas été narcissique sur le coup, je pense que l'on pouvait m'applaudir. Je la suivais alors qu'elle se prenait un verre, me répondant qu'elle va bien. « Je vais super bien aussi. Et allons, c'est moi qui va te payer des verres, c'est le rôle d'un mec de faire ça. » disais-je avec un sourire. Il fallait pas abuser, j'allais pas laisser une fille me payait mes verres non plus.

Il fallait dire que je n'avais pas été tendre avec lui, oh non, j'avais fait ma garce, ma bonne garce en lui donnant envie de moi de la pire des manières et j'étais partie, comme ça, sans un mot, sans une excuse. J'avais fui comme une pauvre garce qui n'assumait pas d'éveiller autant de désir chez un garçon. C'était moi avant, pauvre fille déçue du comportement masculin et qui ne souhaitait que se venger pour leur faire comprendre qu'une fille n'est pas un jouet, qu'on ne peut pas jouer avec quelqu'un de la sorte. J'étais devenue une jeune femme avide de vengeance, avide de torture et Chase avait réussi à calmer cela. Mais aujourd'hui, plus particulièrement ce soir, je n'avais pas envie de me prendre la tête sur des chimères. Je n'étais pas là pour ça, et si j'avais voulu me morfondre, je serais rentrée chez moi, je me serais enfiler un pot de glace avec une montagne de chantilly et j'aurais passé ma soirée devant Netflix. Sauf que non, j'avais besoin de voir du monde. Clairement. Même si je faisais semblant de ne rien en avoir à faire de cet homme, je le remerciais intérieurement de me tenir compagnie, je ne le connaissais pas vraiment mais ça m'empêcherait d'avoir à faire à des gros lourds. C'est pour cela que même s'il me gonflait, je m'adoucissais tel un agneau pour qu'il ne me laisse pas en compagnie de Bernard le transpirant complétement bourré qui ne comprend pas quand on lui dit non. « Non non, je n'en rêve pas... Quoi que, ça pourrait rendre ma soirée on ne peut plus intéressante. » J'avais envie de boire mais pas trop pour ne pas perdre le contrôle de mon esprit pour ne pas finir dans ses bras, ou dans ses draps au choix. Je lui proposais de lui payer son verre, mais visiblement, il n'acceptait pas. « Ah bon? Parce que t'es un mec ? T'es sûr d'avoir bien vérifié ? Et tu ne me paye pas mes verres, mais mon verre. J'ai pas envie de finir complètement bourrée désolée. Je risquerais de faire des conneries. » Tu remerciais le serveur qui t'apportait ton martini et tu levais ton verre dans l'optique que vous trinquiez. A cette soirée qui te fera oublier.

Je ne savais pas comment allait se passer cette soirée. Est-ce qu'elle allait encore me chauffer pour se barrer d'un seul coup sans que je m'y attende ? Est-ce que je vais réussir à la mettre dans mon lit ? Est-ce qu'on allait juste passer une bonne soirée ensemble ? Elle avait pas l'air d'aller bien, ou elle était juste de mauvaise humeur, j'en avais aucune idée au final. Je la suivais jusqu'au bar, ayant décider de ne pas la lâcher. « Tu m'étonnes, surtout que si tu savais ce qu'il y a là, tu ne réfléchirais même pas et tu te lancerais. » répondais-je avec un large sourire. Bien, mon narcissisme revenait. Je demandais un verre, évidemment, parce que je venais de finir mon verre et je ne restais jamais avec un verre vide, il fallait pas déconner non plus. « Bel humour, vraiment ! » rétorquais-je avec un léger rire sur sa phrase sur le fait que j'étais un homme. Evidemment, que j'étais un homme, un vrai. Mais ça, elle ne pourrait le voir que si elle acceptait de rentrer chez moi, avec moi. Vous voyez ce que je veux dire, hein, je ne vais pas faire un dessin. « Pas de soucis, je te payerais celui-là. Mais tu sais, c'est bien de faire des conneries parfois, ça permet d'oublier, de se changer les idées, d'arrêter de réfléchir et tout ça. Enfin, je dis ça, je dis rien. » répondais-je avec un petit sourire. Non pas que je l'incitais à faire des conneries, looooin de moi cette idée, voyons.

Le fait de ne pas savoir comment ma soirée allait se dérouler était une bonne chose, j'en avais assez de prévoir mes trucs six mois à l'avance ou l'après-midi pour le soir. Je voulais un peu de surprises. Je ne dis pas qu'avec Chase je n'en ai pas mais voilà. Je voulais un peu de surprise dans cette vie que je trouvais monotone et revoir cet homme qui avait été presque un amant, on pourrait même mettre presque avec une majuscule tellement nous en étions loin, me faisait réellement plaisir. Je lui avouais à demi-mot que cela ne me dérangerait pas de finir dans son lit et sa réponse me fit clairement lever les yeux au ciel « Arrête déjà le narcissisme et on verra après. » Je riais après ma phrase et mon rire se transformait en un petit sourire quand il me disait que j'avais un bel humour. Je secouais doucement la tête « Merci je sais on me le dit souvent et je suis plutôt d'accord. » Narcisse dans toute sa splendeur. Je passais une main dans mes cheveux en mode bitch please avant de siroter mon verre, l'écoutant d'une oreille assez attentive. Il était vrai que cela faisait longtemps que je n'avais pas laissé ma vie aux mains du destin et de la connerie. Je devrais peut-être le faire. « Alors, je te laisse la permission de m'empêcher de réfléchir juste le temps de cette soirée. Tu me fais faire ce qu'il faut pour que je perde le contrôle de ma vie. Mais je veux juste me souvenir de ce qu'il s'est passé. Ce serait dommage que ce soit le contraire non ? »

Je ne pouvais pas m'empêcher d'être un mec narcissique. C'était clairement plus fort que moi en fait, je ne pouvais pas m'en empêcher. Ce qui énervait les gens, parfois. Je riais alors après ses paroles, haussant les épaules. « Cela risque d'être dur, je suis narcissique, je ne peux pas arrêter de l'être d'une minute à l'autre. » disais-je avec un petit rire. C'était l'un de mes défauts, car oui, même si j'étais parfait, j'avais des défauts. Mais des défauts qui ne rendaient ma perfection que plus belle, cela va de soit. Mais voilà que j'avais une concurrente sur le plan narcissique. Je fronçais les sourcils, tournant la tête vers elle pour plonger mon regard dans le sien. « On ne demande pas à quelqu'un d'arrêter d'être narcissique quand on l'est sois-même voyons ! » m'exclamais-je d'un air faussement outré. Elle était plutôt pas mal, mais elle n'égalait pas ma perfection, sorry i'm not sorry. Je récupérais mon verre, en buvant une gorgée avant de lui dire de profiter, qu'il fallait faire des conneries. Après tout, si on ne faisait pas des conneries maintenant, alors qu'on était jeune, qu'on passait notre temps à faire la fête, alors on le ferait jamais ! Même si, quand j'y pensais, je me disais que je continuerais sûrement de faire des conneries même quand je serais vieux, mais c'est une autre histoire. « Ce serait effectivement dommage que tu oublies la soirée inoubliable que tu vas passer en compagnie du plus beau mec de Boston, cela va de soit. Mais pourquoi vouloir perdre le contrôle de ta vie ? Personnellement, je n'ai pas besoin d'alcool pour ça, ma vie est déjà assez perdue et pourrie. » répondais-je en riant.

Peut-être que je devrais le renommer Narcisse. Parce que de ce que je voyais, il était vraiment à un sommet de narcissisme affolant, mais cela ne me dérangeait pas vraiment. D'ailleurs cela ne me dérangeait pas de le lui dire. Et sa réponse me tirait un sourire « Tu pourrais faire un effort pour moi. » Et je lui faisais un visage angélique avant de me mettre à rire. Mais je ne pouvais rien lui dire parce que je faisais la même chose, sauf que c'était juste pour me moquer de lui. Et sa réaction me fit mourir de rire, je me contentais de lui répondre « Je ne suis pas narcissique moi, je me moque juste de toi. » Je continuais de siroter mon Martini en le regardant en coin, un sourire en coin sur les bords de mon verre quand je l'entendais me dire qu'il faut faire des conneries dans l'unique but d'oublier et c'est ce que je voulais faire. Oublier. Oublier la dispute que j'avais eu avec Chase. Oublier tout, tout court. Même quand je lui demande, gentiment, de me faire oublier il redevient narcissique, et ça m'insupporte au plus haut point mais je ne dirais, je me contente de sourire simplement. Mais j'avais hâte de voir ce qu'il avait dans la tête pour me faire oublier. « Ce que je dois faire de ma vie ne doit pas t'intéresser. Ne pose juste pas de questions. C'est tout. Tout simplement. Ma vie est assez pourrie pour que je te le demande. Alors ne pose pas de questions et agis. Simplement. » Je le fixais dans les yeux, faisant tourner mon verre de martini dans ma main, reportant mon regard sur son contenu.