t'es plutôt pas mal quand même (soliman)

Je ne m'attendais pas à ce qu'il soulève sa chemise. Je ne m'attendais pas à pouvoir voir encore mieux ce corps qui m'intriguait, qui me donnait envie. Et autant dire que là, j'en avais encore plus envie. Mais je restais le plus impassible possible devant lui, parce qu'il fallait pas abuser non plus, je ne voulais pas qu'il voit qu'il me faisait un minimum d'effet. J'arquais un sourcil quand il me disait que je pouvais toucher. Il ne fallait pas me le dire deux fois ça et je posais ma main sur son torse, un petit sourire sur les lèvres. « Cela me confirme que c'est vraiment très bien. » disais-je en riant légèrement. Il remettait sa chemise et on se levait pour aller danser. Déjà, de base, j'adorais danser. Mais j'aimais encore plus cela quand je pouvais le faire en compagnie d'un aussi beau garçon. J'avais totalement oublié que je n'étais pas venu seule et que mes amies étaient sûrement quelque part en train de continuer de se bourrer la gueule. Mais s'il fallait que je reste sobre pour continuer une partie de ma soirée avec Soliman, alors je pouvais très bien arrêter de boire. Je n'étais pas alcoolique après tout. On sortait à l'extérieur prendre l'air, parce que j'avais horriblement chaud et lui aussi apparemment. Je ne pouvais pas m'empêcher de faire ma fille curieuse qui pose des questions. C'était plus fort que moi et je souriais après ses paroles. « Je comprends totalement ça ! » rétorquais-je avec un large sourire. J'étais revenue à Harvard pour profiter et pour essayer d'être enfin heureuse et pourtant, je devais avouer que cela marchait plutôt bien. « Tu sais, il n'y a pas grand-chose à dire sur moi. Ma vie est compliquée et crois-moi, il vaut mieux qu'elle reste un mystère pour toi. » répondais-je en soupirant. « Je peux juste te dire que je suis une fille pleine de vie, toujours joyeuse, toujours avec le sourire et.. célibataire. » rajoutais-je avant de rire légèrement.

Je retrouve petit à petit une personnalité et un comportement qui me ressemble après toutes ces années de privation et d’enfermement sur moi-même. Je peux à nouveau redécouvrir les sensations que provoquent la joie, la bonne humeur, les taquineries… Je n’ai plus à me soucier de la maladie, à donner le change pour que l’on évite de me prendre la tête sur les effets secondaires de la chimiothérapie et surtout… SURTOUT… Plus personne ne me prend en pitié. C’est bien simple, à l’exception de mes amis les plus proches je n’ai confessé à personne les raisons de mon départ précipité trois ans plus tôt. Personne n’est censé se douter que tu te barres en plein milieu d’année parce qu’un cancer très compliqué à traiter a été décelé dans ton cerveau. J’ai survécu et même vaincu la maladie pour un temps alors autant en profiter comme il se doit non ? Malicieux, je propose à Marley de se faire plaisir en touchant, si elle le désire, la marchandise. Elle ne tarde pas à saisir l’opportunité et glisse une main contre mon torse que je contracte histoire que mes abdos se bétonnent, bien durs, ses doigts sont froids et me font frissonner. « Très bien uniquement ? J’ai un nouvel objectif de travail pour les prochaines semaines alors… Tu reviendras toucher ? » Essayons d’atteindre le parfait même si aucun corps ne peut être parfait. Je la cherche gentiment, je ne suis pas assez prudent, je le sais et pourtant je ne peux m’en empêcher. Elle a quelque chose qui retient mon attention, ce n’est pas le cas avec d’autres filles et je ne peux qu’avoir envie de m’attarder sur son cas même si elle est bien plus jeune. Après quelques minutes de danse endiablées une pause s’impose et nous nous retrouvons à l’extérieur de la boite devant laquelle j’en profite pour lui poser quelques questions plus personnelles. Sa réponse me fait froncer les sourcils. « Pourquoi cela ? T’as des cadavres dans ton placard ? » Je suppose que l’on a tous certains secrets, des choses dont nous ne sommes pas fier mais ce n’est pas une raison, les assumer et s’en servir pour avancer c’est ce qui me parait le plus courageux et utile. Mon sourire gagne en épaisseur lorsqu’elle précise qu’elle est célibataire. « Message reçu… » Je remarque en la toisant du regard. « Et partagé ! »

Bon, très clairement, là, j'étais quand même en train de toucher son torse. Comment dire que je me sentais absolument très bien et que j'étais très heureuse de l'avoir croisé. Pas seulement pour toucher son torse évidemment, aussi pour lui parler, mais disons que c'était un bonus dont je ne risquais pas de me plaindre. « Ecoute, proposé aussi gentiment, je ne peux pas refuser. » répondais-je en riant. Il faudrait même être carrément folle pour refuser. Cela donnait bien trop envie, je ne pouvais pas m'en empêcher. On allait danser, alors que je me laissais totalement aller. Mais la chaleur se faisait beaucoup trop présente et j'avais l'impression d'étouffer, alors on sortait à l'extérieur prendre l'air. Ce qui faisait un bien fou, clairement. Malheureusement, le monsieur avait décidé de me poser des questions sur ma vie personnelle. Et non pas que je n'aimais pas voir que l'on s'intéressait un minimum à moi, mais ma vie était légèrement.. complexe. « On peut dire ça oui. En fait, j'ai peur que tu arrêtes de me parler si je te parle d'un chapitre de ma vie. » répondais-je franchement. J'avais beau assumer ce chapitre de ma vie sur la prostitution, j'avais toujours peur du regard des gens, toujours peur de perdre des personnes à cause de cela. « Mmh, c'est intéressant. » rétorquais-je avec un léger rire. S'il était célibataire, moi, ça m'allait tooootalement. Je n'y pouvais rien si ce mec était carrément canon. On ne pouvait pas m'en vouloir de vouloir essayer de le draguer, c'était tout simplement plus fort que moi.

Marley est de ces personnes qui vous interpellent dès la première rencontre, elle ne vous laisse pas insensible, je pense qu’avec elle on ne peut que tout ressentir en quitte ou double, soit on l’apprécie soit on la déteste, pas de juste milieu. Je ne peux pas parler pour tous les autres mais j’ai conscience qu’elle m’attire, il y a quelque chose d’assez inexplicable est d’embêtant là-dedans puisque je me suis toujours intéressé aux femmes légèrement plus âgées. Je ne fonds pas pour les cougars de cinquante piges, mais j’aime pouvoir me frotter à quelqu’un de plus expérimenté. C’est comme ça, j’ai toujours été très compliqué comme garçon et être attiré de la sorte par une petite jeune me fait bizarre, je n’ai pas l’habitude. Je ne sais pas pourquoi ou comment je me retrouve à lui proposer de suivre l’avancée de mes séances de sport en palpant mon torse régulièrement mais toujours est-il que nous en sommes là ce soir et qu’elle semble prête à participer à cette aventure. « Parfait, tu seras la première au courant de l’avancée des opérations ! » Après un passage du côté de la piste de danse un peu de repos et de relâche à l’extérieur ça ne fait clairement pas de mal. Marley attise la curiosité quasi maladive que j’entretiens à l’encontre de beaucoup de choses, de quoi parle-t-elle ? Je fronce les sourcils. « Qu’est-ce qui te fait croire cela ? Je ne suis pas ce genre de personnes ! » A moins qu’elle soit terroriste ou que sais-je, mais j’en doute fort. Je dévoile par la même occasion être célibataire, ce qui semble clairement l’intéresser, plot twist pas vraiment inattendu. « Quel est ton type de garçon ? Tu recherches quoi chez un mec ? »

Je pensais passer ma soirée avec mes amies à danser et boire jusqu'à la fin de la nuit, en me faisant draguer par des gros lourds. Mais non, je me retrouvais à toucher les abdos d'un mec très beau et loin, mais alors très loin d'être lourd. C'était ce que l'on pouvait appeler une bonne soirée, non ? Je riais à la suite de ses paroles, hochant juste positivement la tête comme réponse. Il me tardait que son travail avance, histoire que j'ai la chance de pouvoir toucher une nouvelle fois ses abdos. Il fallait avouer que ce n'était pas trop dérangeant, hein. On va pas se mentir quand même. On dansait avant de sortir dehors pour prendre l'air frais, ce qui faisait un bien fou. Le soucis était qu'il posait des questions sur ma vie et je n'aimais pas spécialement parler de moi, de ma vie. Je préférais écouter celle des autres. Je réfléchissais après ses paroles. Il n'était pas ce genre de personnes ? Bon, allez, on verrait bien. « Si je te dis que j'ai dû me prostituer pour payer mes études car je n'avais pas les moyens ? » disais-je en le regardant droit dans les yeux. On pouvait dire que c'était plutôt clair, mais j'avais toujours été franche au fond. J'appréhendais très clairement sa réaction, je n'aimais pas ça du tout. Je restais un peu idiote face à sa question. Je ne savais absolument pas quoi répondre sur le coup. « J'ai pas vraiment un type spécifique, j'suis plus le genre de filles à fonctionner au feeling. Après, j'aime les mecs avec de l'humour, souriant, avec la joie de vivre. Qu'il arrive à me supporter aussi, c'est déjà bien. » répondais-je en riant légèrement avant de reprendre. « Et fidèle. » rajoutais-je rapidement, même si ça paraissait évidemment, si je ne m'attachais plus aux mecs, c'était bien car mon ex m'avait trompé.

J’ai bien fait de combattre la flemme et de me bouger les fesses pour me rendre présentable et partir en boite de nuit. Je n’avais à aucun moment le désir de faire de nouvelles rencontres ou de me rapprocher d’une fille mais il faut parfois se rendre à l’évidence, avec Marley les choses se font tellement naturellement que j’ai l’impression d’être plus témoin qu’acteur de ce qui se passe entre nous. Elle est d’un naturel désarmant et très rafraichissant, je ne suis pas habitué à ce genre de personnalité et j’adore, aussi simple que cela. La soirée ne peut qu’être un succès à partir de ce constat, il y a peu de chances pour qu’elle dégringole soudainement de mon estime et ne m’inspire plus le respect qu’elle mérite. Ma curiosité prend peut-être dangereusement le dessus et j’insiste alors qu’elle tente de dissimuler une part d’elle qui, si j’interprète plus vulgairement ses propos, me donnerait envie de prendre mes jambes à mon cou et de disparaitre immédiatement. Pas de quoi me faire hésiter, pas peur de la trouille le mec. Le pire dans tout cela c’est qu’elle se lance dans des révélations avec un naturel qui ferait passer n’importe laquelle des révélations sans la moindre difficulté. Il me faut quelques secondes pour remettre les pièces du puzzle en ordre, pour comprendre qu’elle est sérieuse et réagir en conséquence. « Si tu m’dis ça je te dirais que j’suis prêt à te signer un chèque là, maintenant, tout de suite si ça peut t’éviter d’avoir à faire cela une fois de plus dans ta vie ! » Je ne juge pas, la fin justifie parfois les moyens mais si je peux la sortir de cette spirale infernale alors je n’hésiterais pas une seconde. Mon argent me survivra alors autant l’utiliser pendant que je suis en vie, non ? D’autant plus que cette vie risque d’être courte si le cancer pointe à nouveau le bout de son nez. Je rebondis sur mes questions et me renseigne sur son type d’hommes, un beau petit monsieur tout le monde quoi. « La fidélité c’est important ! » J’acquiesce, pas du genre à me livrer aux tromperies qui collent à la peau des mecs plus qu’à celle des filles.

A l'extérieur de la boite, seule à parler avec Soliman, je me sentais bien. Il me donnait automatiquement envie de lui faire confiance, d'en savoir plus sur lui, sans réellement faire quelque chose. Le problème, c'était que j'étais tellement en confiance, que je lui balançais d'une façon très cash mon ancien boulot. Je n'avais absolument pas cherché à être subtile, à emmener ça de façon à ce que ça ne paraisse pas aussi énorme que ça l'était en réalité. Non, je l'avais dit sans réfléchir, naturellement. Parce que ce n'était pas la première fois que j'avouais cela à quelqu'un. Mais c'était différent, car je lui avouais à lui, là. Et c'était clairement le genre de choses qui pouvait faire fuir quelqu'un, ce qui n'était pas le but de la manœuvre. « Tu peux garder ton argent, je ne fais plus ça maintenant et.. J'ai à peu près réglé le soucis. Mais c'est gentil de ta part ! » disais-je en riant légèrement. Du moins, pour l'instant, j'ai l'impression de l'avoir réglé. Je n'ai plus eu d'appels de mon mac, il ne m'a plus menacé, étant donné que j'avais disparue de Boston pendant un an. J'espérais juste qu'il n'allait pas me retrouver. On partait sur un sujet différent, étant donné qu'on parlait de mon style de mecs. Sauf que je n'avais pas réellement de style, mes exs étaient tous différents les uns des autres, que ce soit physiquement ou mentalement. « Oh, pas pour tout le monde. » rétorquais-je en riant nerveusement. Je relevais les yeux vers lui, ne pouvant m'empêcher de lui retourner la question. « Et toi alors, c'est quoi ton style de filles ? » demandais-je en lui souriant, très très curieuse de savoir cela.

Marley est franche, elle est cash et ne s’intéresse pas trop au fait de ménager les autres et elle ne fait que le prouver à nouveau lorsqu’elle me balance sans sourciller qu’elle a un passé dans la prostitution. Elle me fait penser à moi là-dessus… Non, pas dans le domaine de la prostitution, je parle de son caractère bien entendu, je n’ai jamais eu besoin de vendre mon corps pour survivre et Dieu merci. La franchise n’a pas de prix et j’apprécie son honnêteté. Est-elle toujours inquiète à l’idée d’en parler parce qu’elle a peur du jugement ? Connaissant le monde qui nous entoure je ne peux pas vraiment être surpris par cela, les gens ont cette stupidité assez formidable qui les rend incapable d’éprouver une empathie vraiment sincère, dénuée d’une quelconque forme de jugement. Ma réaction est toute aussi stupide, cela dit, puisque je propose de lui offrir sa liberté en signant un chèque qui la mettra à l’abri du besoin. L’idée est bonne, gentille, pas du tout intéressée mais sachant qu’elle a passé une bonne partie de sa vie à tarifer pour s’en sortir… Ouais, j’aurais mieux fait de fermer ma gueule quoi. « D’accord, mais saches que si un jour tu as besoin tu n’as pas à hésiter avec moi okay ? » Elle pourra compter sur moi, je préfère cent mille fois lui signer un bon gros chèque plutôt que de la savoir dans les rues avec des hommes pouvant potentiellement être dangereux. Nous nous éloignons de ce sujet assez casse gueule pour parler de mes goûts, de ce que j’attends chez les autres. Très bonne question à laquelle je prends sérieusement le temps de réfléchir. « Je n’ai pas un style bien défini mais j’aime lorsqu’on me tient en haleine, la force de conviction, un bon caractère bien trempé et de la personnalité. » Une grosse personnalité pour bien m’empêcher de me reposer sur mes lauriers.