t'es plutôt pas mal quand même (soliman)

Ce soir, j'avais eu envie de sortir. J'avais envie de m'amuser, de boire, de danser, de profiter de la vie quoi ! La mort de mon père m'avait beaucoup fait réfléchir, je l'avais regardé, soutenu, tout ces mois, avec l'espoir qu'il survivrait. Mais non. Alors je savais que la vie était courte, je savais qu'elle pouvait s'arrêter n'importe quand. C'était pour cette raison que j'avais décidé de profiter, encore plus qu'avant. Plus que jamais. Je m'étais préparé et j'étais partie avec quelques amis au Royale. C'était l'endroit branché de Boston après tout. On buvait, on dansait, on chantait, on riait. J'étais bien, je me laissais bercer par la musique, fermant les yeux comme pour me retrouver dans un autre monde. Puis, il fallait avouer que l'alcool, ça aidait beaucoup pour réussir à se retrouver dans un autre monde. Je partais vers le bar pour aller me chercher un nouveau verre, une fois ma commande passée au barman, je regardais les personnes autour de moi. Mon regard s'arrêtait sur un bel homme que je connaissais déjà un peu. Je l'avais rencontré une ou deux fois, pendant des soirées et je le trouvais horriblement craquant. Et même si j'avais appris qu'il avait 26 ans, autant dire que je m'en fichais royalement. J'attrapais mon verre, remerciant le barman, et je me dirigeais vers lui. « Bonsoir mon beau ! J'espère que tu vas bien en cette si belle soirée ? » demandais-je avec un large sourire accrochée aux lèvres. J'étais bien contente de le voir.

En quatre mois l’évolution est flagrante, un inconnu pourrait difficilement se rendre compte en m’observant superficiellement que je sors d’une hospitalisation de trois ans, d’un putain de cancer qui m’aura privé pendant un temps d’une bonne partie de mes capacités. Je ne croyais pas être capable d’un tel effort, je ne me pensais pas capable de revenir l’homme que j’étais avant d’apprendre pour cette horrible maladie. En plus de t’avoir mis à l’amende je m’en sors, je retrouve petit à petit un sens à ma vie, je peux à nouveau courir, faire du sport, j’ai commencé à me remuscler, mes cheveux repoussent, prends ça dans ta gueule petite pute ! J’ai battu mon cancer, la première manche tout du moins, j’ai conscience que la vie est plus que jamais éphémère et que j’aurais à reprendre les armes tôt ou tard. En attendant je veux vivre plus intensément, je n’ai pas peur du défi, je le relève haut la main. La soirée s’annonce bien, je suis peut-être tout seul mais je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un pour aller faire la fête. Il y a du beau monde en boite et de la bonne musique, il fait frais dehors et pas suffisamment chaud à l’intérieur pour que je regrette d’avoir opté pour une chemise blanche et un petit pantalon noir qui me va à la perfection. L’ambiance est bonne, il se pourrait même qu’elle s’améliore encore un peu avec l’arrivée de Marley. Toujours au top de sa forme, canon, souriante bien qu’un peu trop éméchée à mon goût. « On ne peut mieux, et toi ? T’as un petit peu bu, je me trompe ? » Loin de moi l’envie de jouer au grand-frère, je pourrais puisqu’elle est super jeune, mais je ne bois pas énormément d’alcool, encore moins qu’avant, et j’ai tendance à très vite m’inquiéter pour les demoiselles qui en abusent en boite. Vous avez jeté un petit coup d’œil au monde dans lequel on vit ? « T’es toute seule ? »

Cette soirée se déroulait plutôt bien. J'étais avec mes amies, je m'amusais, je buvais. Je buvais peut-être un peu trop d'ailleurs. Même si je faisais gaffe, les ravages de l'alcool à Vegas m'avait calmé. J'étais quand même mariée à mon pire ennemi, il ne fallait pas l'oublier. Enfin, j'étais un peu pompette et j'allais me rechercher un verre, car je voulais rester dans ce petit monde où tout était beau. Dans ma tête, en tout cas. Et c'était là, que la soirée devenait encore plus intéressante. Car je croisais le beau Soliman. Et je ne pouvais m'empêcher d'aller le voir, d'aller lui parler. « Ca va suuuuper bien ! Et tu ne te trompes pas, je suis peut-être légèrement pompette. » disais-je en riant légèrement. Bon, j'étais clairement pompette, joyeuse. Mais j'étais pas complètement saoule au bord du gouffre prête à vomir, c'était le plus important, non ? Il me demandait si j'étais seule et je regardais autour de nous, recherchant mes amies. « Non, je suis avec des amies. Même si là, je ne sais absolument pas où elles sont. » répondais-je en continuant de chercher, avant de reporter mon regard sur lui pour reprendre la parole. « Mais ce n'est pas bien grave, je suis avec toi maintenant. » rajoutais-je avec un petit sourire en coin.

Sortir en boite s’avère toujours sympathique, on peut toujours trouver de la bonne musique sur laquelle se défouler et quelques personnes avec qui discuter pour dire de passer le temps lorsque l’ambiance retombe. On ne peut malgré tout pas dire que ce soit le meilleur moyen de passer une soirée, la solitude est toujours pesante et d’autant plus en soirée. Je ne risque donc pas de renvoyer Marley d’où elle vient, je suis même content de la voir, je l’apprécie cette petite. Elle a une bonne bouille, un caractère que j’apprécie et un répondant qui me convient plutôt bien, moi qui aime jouer. Il se pourrait que j’apprécie un petit peu trop de jouer d’ailleurs, quitte à me brûler les ailes, n’oublions pas qu’elle n’a pas encore atteint la majorité. Elle me confirme sans avoir besoin de prendre la parole qu’elle est pompette. « Je vois, tu devrais peut-être te commander un jus de fruit alors ? » Rabat joie ? Je préfère passer la soirée à m’amuser avec une fille qui sait ce qu’elle fait plutôt que d’avoir à gérer un comportement modifié par une consommation d’alcool trop intensive. J’espère au moins qu’elle est venue avec quelqu’un, ce qui semble être le cas, elle est venue avec des amis qu’elle n’est pas intéressée de rejoindre pour le moment puisque je suis là. Mes lèvres s’étirent en un fin sourire satisfait et mes yeux la parcourent discrètement, elle est ravissante… Comme toujours. « Je vois, laisse-moi t’offrir ce fameux verre alors ! » Je fais signe au barman et lui commande un soda, histoire de bien faire chier mon monde et entend cette musique que j’adore, elle est à la mode en ce moment, le genre de musique sur laquelle tu te déchaines. « Tu danses ? »

J'étais bien contente de croiser Soliman. Non pas que je ne m'amusais pas avec mes amies, mais je me disais que je pouvais encore plus m'amuser avec lui. On s'amusait toujours avec les beaux mecs, non ? Je fronçais les sourcils quand il me disait de prendre un jus de fruit. Je fixais mon verre de tequila dans la main et je le finissais cul sec, sans réfléchir. S'il voulait plus me voir avec un verre d'alcool dans la main, je profitais au moins de mon tout dernier. « Les jus de fruit, c'est pour les faibles. » disais-je en haussant les épaules. C'était complétement con comme phrase, je le savais. Mais bon, j'étais pas totalement sobre, normal que je sorte des conneries. Quoique.. Même sobre, j'étais une machine à conneries, c'était bien ça le problème. Je cherchais mes amies du regard, ne les trouvant pas. « Avoue le, tu me payes juste un soda car c'est moins cher qu'un verre d'alcool ? » demandais-je en plissant les yeux, le fixant. Comme si j'étais.. saoule. Ouais, juste saoule en fait. Une musique retentissait et il me demandait si je dansais. « Oh que oui je daaaanse ! » m'exclamais-je en attrapant sa main pour l'entraîner sur la piste de danse. Je commençais alors à danser, me laissant entraîner par le rythme de la musique. Là, j'étais vraiment bien.

Alcoolisée ou non, la soirée risque de devenir bien plus intéressante maintenant que Marley est là. Le fait qu’elle ne soit pas totalement consciente de ce qu’elle dit est d’autant plus amusant qu’elle ne semble pas vraiment comprendre qu’elle est définitivement bien plus que pompette à ce stade de la soirée. Je suis certain de ne pas avoir à me poser de questions trop difficiles concernant son âge et ce que cela ferait de la côtoyer différemment, les filles ivres ne me font pas vraiment envie si vous voyez ce que je veux dire. Elle me fait rire avec son histoire de jus de fruits pour les faibles, au moins tout cela. « Donc je suis faible, c’est ce que tu veux dire par là ? » Mes dents se fraient un chemin entre mes lèvres pour illuminer mon sourire davantage encore, je ne bois quasiment plus d’alcool et je me contente de jus de fruits, si je me base sur sa définition je suis donc faible. « Tu as tout compris ! » Je surenchéri lorsqu’elle m’accuse de lui payer un soda parce que c’est moins cher que de l’alcool. Mon compte en banque devrait me permettre d’acheter la boite de nuit sans avoir à m’inquiéter pour mes finances, autant vous dire que je ne suis pas à un soda près. Je profite d’une bonne musique pour rebondir et l’inviter à danser, l’alcool aidant je la vois se déchainer dès le début et j’ai parfois du mal à suivre… N'oublions pas que je ne suis pas encore totalement remis sur pied et qu’il me faut parfois me ménager. Pas ce soir… Pas maintenant, j’ai envie de vivre comme n’importe quelle personne et pas comme un petit mec qui a tout juste réchappé à un destin tragique et qui doit se laisser du temps pour retrouver l’ensemble de ses capacités. « Pas trop le tournis, ça va ? » Je lui demande, soucieux de ne pas me faire vomir dessus à tout instant sans avoir eu le temps de le voir venir.

Je me sentais bien là, avec Soliman. Je me disais que c'était une bonne surprise et qu'au final, c'était plus intéressant de passer la soirée avec lui, plutôt qu'avec mes amis. Même si j'aimais mes amis, il était bien plus intéressant à mes yeux. Je ne le voyais pas tout les jours lui, alors autant en profiter. Je relevais les yeux vers lui après ses paroles, faisant une petite moue qui montrait que je réfléchissais et je regardais ses bras, qui étaient plutôt musclé, on allait pas se mentir. « Je t'aurais bien dit que oui, mais vu que tu as l'air plutôt bien fait, je préfère dire que non. » répondais-je en hochant positivement la tête comme si je me confirmais à moi toute seule que ce que je venais de dire était cohérent. Mais non, je n'étais pas saoule hein, loin de là voyons. Je lui tirais la langue après ses paroles, alors qu'un soda arrivait devant moi. Bon, j'aurais préféré un verre d'alcool, mais j'allais me contenter de cela. Est-ce que j'avais le choix de toute façon ? Pas vraiment. Alors je l'attrapais et j'en buvais quelques gorgées parce que j'avais soif et qu'il faisait horriblement chaud dans cet endroit. Puis, Soliman me proposait de danser et j'acceptais avec plaisir, un grand sourire aux lèvres. Une fois sur la piste, je me laissais aller au rythme de la musique. Je ne pensais plus à rien, je profitais juste et je laissais mon corps faire pour moi. Jusqu'à ce que la voix du beau Soliman me sorte de mes pensées. « Je te promets de ne pas te vomir dessus, je ne suis pas aussi bourrée que ça. » rétorquais-je en riant. La musique se terminait et je relevais les yeux vers lui. « Tu voudrais pas qu'on sorte prendre l'air un peu ? Il fait chaud et on pourrait parler sans avoir besoin de crier. » demandais-je en souriant.

Spoiler:

Parfois vous vous demandez pourquoi certaines idées vous prennent soudainement, juste le temps de vous rendre compte qu’il pourrait en réalité s’agir d’un signe de votre inconscient qui veut vous emmener à un endroit spécifique… Ou en direction d’une personne particulière. J’ignore si je peux vraiment adapter cette remarque à notre situation actuelle mais je ne peux nier être très heureux de retrouver la jeune femme. Peut-être qu’avec un peu moins d’alcool dans son sang j’aurais pu doublement apprécier notre rencontre hasardeuse. Contentons-nous de ce que l’on a, je m’estime déjà chanceux… Je crois. Ses yeux dérivent sur mon corps, je n’ai aucun mal à les suivre et la tentation est trop forte de répondre à ses propos par un simple soulèvement de chemise pour jeter un petit coup d’œil à mes abdominaux. « Fut un temps où j’étais bien plus solide encore ! » Une fois que j’aurais retrouvé la totalité de mes fonctions mon corps sera mon premier gros objectif, reconquérir la silhouette que j’arborais trois ans en arrière, avant le cancer et toutes les merdes que cela a créer en moi. La musique m’interpelle, j’adore cette chanson et je saisie donc cette occasion pour nous entrainer sur la piste, Marley m’assure ne pas être suffisamment alcoolisée pour vomir tant mieux. Il ne tarde pas à faire chaud par ici, difficile de ne pas le ressentir, je déteste cette sensation d’humidité sur ma peau. « Avec plaisir, allons prendre l’air ! » La paume de l’une de mes mains se fraie un chemin le long de sa colonne vertébrale, histoire qu’on ne se perde pas en route, nous traversons la piste et empruntons le sas pour rejoindre l’extérieur, plus frais et agréable. « Oh putain je revis ! » Je ne peux m’empêcher de m’extasier après avoir poussé un long soupire d’aise.  

Etant donné que je n'avais jamais été discrète et que je ne me cachais de rien de toute façon, je ne me gênais pour le mater. Le dévisager en fait plus exactement, étant donné que je le regardais de haut en bas. Mais je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il soulève sa chemise pour que je puisse voir encore mieux ses abdos. Mais autant avouer que cela ne me dérangeait absolument pas et j'en profitais pour encore mieux regarder. Je me mordillais la lèvre, relevant les yeux vers lui. « Oh, moi, je trouve ça déjà très.. bien. Et beau. Et ça donne envie de toucher. » rétorquais-je avec un petit sourire aux lèvres. Je n'avais pas pu m'en empêcher mais j'étais franche et je disais ce que je pense, que voulez-vous que je vous dise. Puis quelque part, c'était un compliment. On allait ensuite danser et je me laissais totalement aller sur le rythme de la musique, je lâchais tout en quelques sortes. Et sa question me faisait rire. Je ne comptais pas lui vomir dessus, ça briserait un peu tout et il aurait tellement une mauvaise image de moi. De toute façon, je n'avais jamais bu jusqu'à vomir, ça ne m'était encore jamais arrivé et je ne voulais pas que ça m'arrive. Je lui proposais de sortir car j'avais trop chaud, j'avais besoin de prendre l'air. On va jusqu'à l'extérieur et une fois dehors, je ris après ses paroles. « Je comprends totalement. » disais-je en m'asseyant sur un espèce de petit banc. Je soufflais un bon coup, respirant de nouveau. Je relevais les yeux vers lui. « Dis-moi, qu'est-ce que tu faisais ici, tout seul ? » demandais-je en lui souriant, curieuse.

Mon corps n’illustre plus que les vestiges d’une silhouette que j’ai été forcé de sacrifier pour m’en sortir. Je n’ai pas fait le moindre sport depuis trois ans, bien trop occupé par la chimiothérapie et les opérations improvisées d’un jour sur l’autre afin de sauver ce qui pouvait l’être au fur et à mesure. Depuis que j’ai officiellement vaincu la maladie, du moins pour le moment, je regagne peu à peu confiance en moi. Il m’aura fallu plusieurs semaines, des mois pour recouvrir la majorité de mes capacités et aujourd’hui je suis à quelques mètres seulement de la sortie de ce long et étroit tunnel qui m’emprisonnait jusqu’à maintenant. J’ai repris une activité physique régulière, les résultats sont déjà flagrants et j’espère vraiment avoir la force et le courage de reconstruire mon corps à l’image de ce qu’il était auparavant. Marley semble déjà pleinement apprécier ce qu’elle a sous les yeux, elle va même plus loin et me décroche un petit rire. « Tu veux toucher ? » Qu’elle se fasse plaisir cette petite, surtout pendant que je suis d’humeur si généreuse. Quelques pas de danse, beaucoup de chaleur et une proximité un peu trop intense entre nous et l’intégralité des autres fêtards qui ont fait le déplacement… Autant de raisons pour lesquelles j’accepte volontiers d’aller faire un tour à l’extérieur, l’air m’apporte la fraicheur dont j’ai cruellement besoin, parfait. « Je ne sais pas… Ce n’était pas prévu à la base et puis je me suis dit que la vie était beaucoup trop courte pour se priver de faire la fête ! » Une aubaine que je sois venu tout seul, ainsi elle m’a pour elle toute seule ! « Et si tu me parlais un peu de toi ? Je ne sais pas grand-chose à ton sujet. » A part que tu es diablement trop jeune pour que je puisse me permettre d’écouter des pensées très primaires et impures qui me mèneraient sur un chemin plaisant et dangereux à la fois.