SOMEBODY SAVE ME - CALEO

Espèce de connard, tu me dégoûtes dis-je en criant sur le jeune homme envoyant une claque sur sa joue couleur porcelaine, quel porc. Je quittais la table en faisant un scandale, envoyant immédiatement un message à Leo lui indiquant le lieu en expliquant rapidement que je voulais qu’il vienne me chercher, ce n’était même pas une question mais un ordre. C’était aussi très stupide mais c’était également mon unique réflexe, j’avais besoin qu’on me protège et j’imaginais que Leo pourrait le faire, bien évidemment je me trompais. Je tremblais et je pleurais mais je faisais surtout n’importe quoi, je ne savais pas quelle idée j’avais eu mais c’était une terrible erreur que de me vendre de la sorte. J’étais riche, jeune et jolie (et mourante mais bon), et j’avais décidé d’accompagner cet homme pour de l’argent. Je sortais du restaurant m’enveloppant dans mon manteau qui cachait ma maigre robe, ou mon débardeur comme dirait Halberstam. On pouvait voir la majorité de ma poitrine et je me sentais ridicule, sale. J’allumais une cigarette en attendant mon prince pas du tout charmant, continuant à trembler pendant que mon maquillage était complètement gâché. J'avais peur de sa réaction, peur de son regard mais je voulais le voir, être avec lui, c'était le seul réconfort que je pouvais imaginer.

Elle n'avait rien à lui demander, vraiment, il boudait déjà à moitié dans sa voiture. Caly envoyait un message et il accourrait, c'était injuste, surtout vu la façon donc elle le jetait ces derniers temps. Tout ça pour que ça finisse encore en bain de sang parce qu'il aurait fait la bise à truc ou à machin, non merci. Pourtant il se rendait au lieu indiqué par la jeune femme parce qu'elle lui avait demandé de venir la chercher et au fond de lui il avait peur que ce soit grave. On sait jamais avec ce qu'elle avait dans la tête, il préférait autant aller la chercher plutôt que de culpabiliser plus tard qui lui soit arrivé quelque chose. Il arriva et reconnut la blonde sur le trottoir. Il fronça les sourcils en voyant la tête horrible qu'elle avait, en pleurs et la tenue douteuse qu'elle portait. Il soupira, ok donc il allait la chercher à un rencard raté. C'était à la limite du respect. Il se gara à sa hauteur, déverrouillant les portières pour qu'elle monte. Halberstam lui jeta un regard tout en démarrant. « Il doit y avoir des mouchoirs dans la boîte à gants. » Il garda le silence ça lui brûlait les lèvres. « Je peux te demander ce qu'il s'est passé ? » Ouais parce que quitte à ce qu'il aille la chercher en pleurs et en tenue un peu courte à son goût, il méritait de savoir.

J'étais en train de tirer sur ma cigarette lorsque je reconnaissais la voiture de Leo qui se dirigeait vers moi. Je passais furtivement une main sous mes yeux afin d'enlever le maquillage qui avait coulé mais ça ne servait pas à grand-chose. Je jetais la cigarette sur le trottoir avant d'ouvrir la portière puis je venais m'asseoir à côté du jeune homme. J'étais mal à l'aise et je n'osais pas le regarder dans les yeux, je le laissais démarrer sans dire un mot. Je n'avais pas besoin de parler, il devait voir ma tête, ma tenue, mes larmes, ce n'était pas beau à voir et je n'avais pas envie de lui donner des explications. J'avais honte, il méritait mieux, il ne méritait pas ce que je lui faisais vivre. Le regard vers l'extérieur, je laissais défiler les rues lorsqu'il me disait qu'il y avait des mouchoirs dans la boîte à gants, néanmoins je n'avais pas l'intention d'en attraper un, c'était plus un démaquillage complet qu'il me fallait. Ça va aller merci dis-je sans me retourner, m'accrochant à mon sac de peur de tomber dans le ravin de la honte. Evidemment il ne tardait pas à me demander ce qu'il s'était passé et je m'appuyais légèrement sur la vitre fraiche, soupirant. Rien, je n'ai pas envie d'en parler, je suis désolée… merci d'être venu me chercher, je ne savais qui appeler et… J'avais besoin de toi Leo, de te voir, mais bon ça je ne pouvais pas vraiment le dire.  

D'un côté, il était énervé contre elle, qu'elle se permette de réclamer de lui qu'il soit présent comme ça lui chantait alors qu'ils s'étaient plusieurs fois expliqués sur le fait qu'ils n'étaient plus ensemble et qu'ils n'avaient plus de compte à se rendre. Mais elle semblait perdue, il n'eut même pas la force de faire une remarque sur sa robe tant son visage montré qu'elle était … perdue, il ne trouvait rien d'autre. Il se concentrait sur la route même s'il aurait bien voulu chercher une réponse dans son regard étant donné qu'elle se refusait de lui dire pourquoi elle était dans cet état. Elle était têtue, ça il en avait l'habitude, mais ça ne ressemblait en rien à l'entêtement habituel de la Thomspers qu'il connaissait. « C'est pas grave, personne ne t'a fait de mal ? » Intérieurement, il avait du mal à rester calme, il voulait savoir, c'était Caly, pas n'importe qui, elle ne pouvait pas être comme ça sans raison. Leo accéléra, le trajet se poursuivant en silence et finalement après quelques minutes qui lui semblèrent bien longues il s'arrêta devant chez la jeune femme. Le jeune homme coupa le moteur, détachant sa ceinture. « Caly … ça va aller ? » Il ne savait même pas quoi faire, comment agir, il ne savait pas si la prendre dans ses bras paraîtrait déplacer, et au fond il s'en moquait, elle avait juste le visage dévastée par son maquillage et ses larmes et il était complètement impuissant face à la situation. « Tu veux que je reste un moment ou … ? » Leo la regarda un instant, même si pour lui le choix était déjà fait, il ne voulait pas s'imposer non plus malgré le fait qu'il se sente incapable de la laisser seule dans cet état. 

Je n'avais pas envie de lui expliquer et je n'avais surtout pas envie de me confronter à son regard. Je me demandais ce qu'il allait imaginer, se dire sur moi et je savais bien que son estime à mon égard allait baisser. Mais il devait comprendre que j'étais une jeune femme perdue et mourante et je voulais tout simplement expérimenter des nouvelles choses, je saisissais toutes les occasions pour me divertir, me découvrir mais surtout je ne voulais rien regretter. Pour le coup je regrettais quand même, c'était une bêtise et je me sentais stupide. Néanmoins, est-ce que je pouvais me le reprocher ? J'en mourrais d'envie mais je n'avais pas la vie devant moi pour me remettre en question ni me réprimander tous les jours. Je venais de faire une erreur, je pleurais encore et j'avais envie d'oublier tout ça malheureusement mon cerveau n'était pas en mode off cette fois-ci et j'étais bel et bien consciente. Il me demandait si personne ne m'avait fait de mal, j'avais retrouvé ma lucidité avant que cela n'arrive heureusement. Non c'est pas ça… je fais n'importe quoi dis-je simplement lorsqu'on arrivait devant ma maison. Évidemment que j'avais envie qu'il reste, je rêvais de me blottir dans ses bras et de ne plus bouger durant des heures et des heures mais je me sentais déjà assez mal à l'aise pour dix ans. Je détournais enfin mon regard de la vitre afin de confronter celui du jeune homme. Je baissais les yeux immédiatement. Je ne veux pas te déranger… c'était déjà très gentil à toi de venir me chercher, tu n'es pas obligé, tu dois avoir mieux à faire. Je lui cherchais des excuses, je ne voulais pas qu'il se force.  

Bien entendu qu'il se faisait des films pas possible. C'était peut-être un rencard qui avait mal tourné, ou plus grave peut-être, il ne savait pas trop le genre de fréquentations qu'elle avait dans les casinos. C'était sa Caly quoiqu'on en dise, la voir dans cet état le rendait dingue, peu importe la raison. Alors ouais, il avait râlé en se voyant son message, il râlait toujours intérieurement qu'elle arrive à le faire sortir de chez lui avoir qu'il passait une soirée tranquille pour aller la chercher, mais c'était sa Caly, il n'avait pas d'autres informations à fournir à ceux qui lui demanderaient pourquoi il ne la sortait pas une bonne fois pour toute de sa vie. C'était pas possible, point. Il s'était arrêté et après avoir réfuté le fait qu'on ait pu lui faire du mal, elle tourna enfin la tête vers lui. Leo attrapa délicatement son menton pour lui faire lever le visage et croiser son regard. Il passa doucement ses mains sur ses joues pour essuyer ses larmes. Il n'avait définitivement rien de mieux à faire que de ramasser son ex à la petite cuillère, il ne devait rendre de comptes à personne de toute façon. Halberstam sortit finalement de la voiture, faisant le tour de celle-ci pour aller ouvrir la portière côté passager et il passa un bras réconfortant dans le dos de Thomspers tandis qu'ils rejoignaient la porte d'entrée. Une fois dedans, il la débarrassa de sa veste, découvrant sa robe particulièrement découverte. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire dans cette tenue, c'était le genre de chose qu'elle lui réservait à lui ça, pas pour aller dîner avec des copines en tout cas. « Va te changer, je vais te chercher un truc à boire, je te rejoins. » Sa voix était posée et son regard suivait les gestes de Caly, il alla lui chercher de l'eau avant de la rejoindre dans sa chambre où elle devait se changer, il sourit alors. « Tiens, c'est pas du sirop aromatisé au whisky mais ça te fera du bien. »

Je ne voulais pas qu'il se force à rester, pas pour moi, je ne méritais pas tout ça. Cela faisait longtemps que je n'étais plus à la hauteur, il n'était peut-être pas parfait mais je tombais bien plus bas à présent, me réduisant à quelque chose de terrible et de salissant à mon égard. Confronter son regard c'était bien trop dur, parce que je voulais le retrouver mais en même qu'il parte loin, qu'il décide d'oublier cette nuit et ce passage. Finalement, il ne me laissait pas le choix et je le voyais faire le tour de la voiture afin de venir me chercher pour m'aider à rentrer dans la maison, rien que de le sentir près de moi je me sentais mieux, rassurée. Je n'étais pas si forte que ça en fait, j'étais un petit sucre et je venais de perdre une partie de moi-même ce soir. Je n'avais pas toujours eu la belle vie, je j'étais allée en prison, j'avais perdu mes parents et j'avais eu l'occasion de faire des trucs pas très honorables mais ce soir c'était encore pire. Je ne pouvais pas me regarder dans un miroir sans me sentir honteuse, je me sentais sale. Tel un robot je suivais ses ordres, me dirigeant vers la chambre afin d'enfiler un jogging et un tee-shirt mais je n'avais pas la force de le faire, je me débarrassais seulement de ma robe avant de m'allonger sur le lit en sous-vêtements. Je me recroquevillais sur moi-même lorsque Leo revenait et j'en oubliais presque ma petite tenue. Ce n'était pas la première fois de toute manière. Je me relevais légèrement et je souriais doucement. Merci, tu n'es pas obligé de faire ça tu sais dis-je en attrapant le verre d'eau et j'en buvais une gorgée. Puis je sentais bien qu'il me regardait d'une manière étrange et je réalisais que j'étais à moitié à poil, j'avais oublié ce petit détail. Pardon, je vais enfiler quelque chose. J'attrapais ce qui traînait puis je m'approchais de Leo, doucement. Mes lèvres se déposaient avec délicatesse sur les siennes, pas de passion ni d'envie de bave, juste un besoin. Mon front s'appuyait sur le sien et je soufflais. Excuse-moi Leo, excuse-moi… Une larme dévalait mon visage. 

Un instant, le jeune homme avait mis de côté ses propres états d'âme. Les questions qui lui tournaient l'esprit restaient en suspens, il concentrait toute son attention sur Caly. Il lui semblait ne l'avoir jamais vu dans cet état, pas même le jour où elle était venue lui annoncer sa maladie, elle semblait vide de tout. Leo rentra dans sa chambre, observant Thomspers sur son lit, en sous-vêtement avec un petit pincement au cœur. Peut-être bien qu'il n'était pas obligé de le faire, c'était même sur en fait, surtout que tout lui indiquait que la raison pour laquelle la jeune femme était dans cet état n'allait vraiment pas lui plaire. « Je vais aller te chercher quelque chose pour te démaquiller. » Elle n'allait pas avoir droit à une séance d'institut mais c'était surtout pour lui enlever le maquillage qui avait coulé de ses yeux. Le temps qu'elle attrape des affaires il était revenu, posant le tout sur le bord du lit tandis qu'elle s'approchait de lui pour l'embrasser doucement. Elle s'excusait et immédiatement Halberstam pensait que cela confirmait ses doutes sur le fait qu'elle ait pu faire un écart. Ça lui faisait mal au cœur évidemment, l'imaginer avec un autre ne lui faisait pas plaisir, mais il gardait ça pour lui. Parce que pour l'instant elle était avec lui. « Te mets pas dans cet état, je suis le premier à faire des erreurs, quoiqu'il se soit passé, je peux pas t'en vouloir, c'est ma faute si on en est là. Viens là. » Il la prit dans ses bras pour de bon, caressant ses cheveux, déposant ses lèvres contre son front. Il ne sautait pas de joie à l'idée qu'elle puisse passer à autre chose mais elle semblait suffisamment regretter pour qu'il mette un peu son égo de côté. Il attrapa de quoi lui essuyer le visage, la débarrassant de son mascara et compagnie. « Tu vois quelqu'un d'autre ? » Il attendait fébrilement sa réponse, fuyant son regard tant il redoutait une réponse positive.

Je ne comprenais pas pourquoi il était comme ça avec moi, attentionné et compréhensif alors que je ne méritais que de la haine. J'étais contente de sa réaction, de voir qu'il grandissait et qu'il ne restait pas éternellement le Leo immature que j'avais connu une année auparavant. Il avait changé, c'était certain, moins blagueur, plus sérieux mais surtout beaucoup moins égocentrique, quoiqu'il avait encore du travail à faire là-dessus. J'avais envie de sourire bêtement, dans mon malheur il était une si belle chose. Lorsqu'il revenait avec de quoi me démaquiller je ne pouvais m'empêcher de déposer un baiser sur ses lèvres en m'excusant, parce que c'était la seule chose que je pouvais faire. L'homme que j'aimais était devant mes yeux et pourtant ce soir j'avais accepté de me vendre pour rien. Je n'étais pas allée jusqu'au bout de l'affaire, dieu merci mais le mal était fait et je ne pouvais pas revenir en arrière. Néanmoins, je n'étais pas prête à assumer, pas encore. Ses paroles me réconfortaient mais ce n'était pas entièrement de sa faute même si j'aimais penser que si et que j'aimais lui reprocher la misère du monde entier. Non ce n'est pas ta faute mais la notre, mais cette fois-ci j'ai vraiment déconné, alors oui je m'excuse, mais pas que pour ça, pour tout ce que tu es obligé de vivre à cause de moi… Puis la question arrivait, elle coulait de source pourtant elle me faisait rire intérieurement, si seulement ce n'était que ça. Non dis-je simplement. Ce n'est pas ça… et tu ne veux pas savoir je t'assure, depuis que je sais que… j'ai pas la vie devant moi, j'ai tendance à faire des bêtises avouai-je en évitant le mot « mort », ce n'était pas la peine d'en rajouter une couche.
 

Admettre sa culpabilité avait été un long chemin fastidieux, c'était plus simple de se dire qu'elle avait fait des histoires pour rien, que c'était elle qui l'avait larguée et qu'à aucun moment elle lui avait donné une seconde chance. Que Caly dise qu'ils avaient chacun leur part de responsabilité le libérer d'un côté mais de l'autre, il savait très bien à quoi elle pouvait faire allusion. À ses propres erreurs de parcours. Alors oui, c'est bien beau de se dire qu'on a plus de comptes à se rendre, qu'ils n'étaient plus ensemble, mais il ne le sentait toujours pas de cette manière. Une part de lui méchamment égoïste était heureuse qu'elle l'ait appelé lui et pas un autre, mais ça voulait dire aussi faire face à la réalité des choses. Elle vivait sa vie, il ne savait pas comment, pourquoi, et ce soir elle le mettait devant le fait, sans qu'il puisse agir. Elle avait vraiment déconné paraissait-il, pourtant Leo ne broncha pas. Plus aucune fierté. Il la serra un peu plus contre lui, chassant tous les scénarios possibles qui lui venait à l'esprit. Il n'avait aucune réponse concrète et au fond, il commençait à paniquer un peu. « Ne t'excuse pas, je sais même pas pourquoi tu le fais. Ça a pas de sens ce que tu me dis. Tu as déconné ? Tu t'es droguée ? T'as tué quelqu'un ? T'as couché avec un autre ? Est-ce que je peux t'en vouloir ? À aucun moment je t'en ai empêché, j'ai cherché ce qu'il m'arrive si c'est ça qui t'inquiète. » Il n'imaginait en rien ce que pouvait être la réalité de son état actuel. Parce que c'était Thomspers et l'idée qu'elle puisse s'être vendue ne lui traversait à aucun moment l'esprit. Il la relâcha pour l'attirer vers le lit. « Tu veux vraiment pas me le dire ? » demanda-t-il une ultime fois en soutenant son regard. C'était se faire du mal tout seul, l'explication ne lui plairait certainement pas, mais il voulait savoir, la curiosité l'emportait sur le petit confort qu'il aurait pu s'accorder de passer la nuit avec elle.