santwan ≠ le travail, ça mène à rien, ça tue plus vite

J'ignorais comment agir avec Antwan, j'étais perdue quant à l'attitude que je devais avoir et le rôle que je devais jouer surtout. Parce que je pouvais pas être moi même, être honnête c'était prendre le risque de tout perdre. « Ouais. Il avait l’air passionné parce que je lui disais. Il ne comprenait pas pourquoi la fille de mon histoire s’était barrée sans donner de nouvelles. » Je déglutissais avec trop de difficulté. Mes pensées étaient envahies de souvenirs que j'avais pu partager avec le jeune homme et ça me faisat tellement mal au coeur, ça me tuait à petit feu car j'arrivais pas à faire semblant que j'avais rien pu ressentir pour lui. Et l'eliot finit par descendre de la butte dans un mot, tandis que je restais fixe, sans rien dire de plus. Je savais pas quoi faire encore une fois, c'était relou. Antwan ! Je le rattrapais. J'avais pas non plus couru les gars, c'est bon, je suis pas désespérée. T'as jamais compris ? lui demandais-je simplement. J'allais pas lui dire la vérité, juste je voulais savoir si il avait toujours été dans le flou ou si il s'était déjà douté de quelque chose. Ca me paraissait tellement évident.

Elle ne lui a jamais rien dit. Celestine et Antwan faisaient la paire, ils partageaient un mode de vie similaire. Parler de ses sentiments.. pouah.. jamais. Elle avait le profil type de l’eliot qui fait bien attention à son image. Ne surtout pas la dégrader. Pas étonnant que la blonde se fasse connaitre pour ses penchants homophobes. « Antwan ! » Il s’arrête, mais ne se retourne pas. Il aurait dû continuer, filer droit vers sa voiture et s’éloigner au maximum de la jeune femme. « T’as jamais compris ? » Quoi ? Ses messages subliminaux, ses regards, ses sourires ? Il pensait les avoir compris avant qu’elle ne se barre. Tout s’est effondrée à c’moment là. Elle n’était pas la fille qu’il aimait bien, mais une personne qu’il ne connaissait pas. Les qualificatifs négatifs se sont empilés sur son souvenir jusqu’à recouvrir l’adorable Sam qu’il appréciait. C’est sa defense. « Qu’est-ce que je suis censé comprendre ? » Ses sourcils se haussent, son regard se fait hautain, un rire nerveux s’échappe de ses lèvres.

Pourquoi je lui coure après ? C'est terriblement ridicule et quoi qu'il advienne, quoique je lui dise, ça ne changera strictement rien à la situation actuelle. C'est pour dire. Mais pourtant, il est là, il m'entend et s'arrête. Se stoppe dans sa course effrénée pour échapper à notre passé et à ce qu'on aurait pu être. On aurait pu être en couple là, heureux, riches, puissants, au dessus de tout le monde, complices. Mais on était qu'un binôme qui se déchire et se mutile pour comprendre ce que ressent l'autre. Mais c'est bien connu que les sentiments peuvent tout détruire sur leur passage, ça le démontre plutôt bien ici. « Qu’est-ce que je suis censé comprendre ? » Son regard me paraît si hautain, froid et arrogant, comme si il essayait de se protéger et me montrer qu'il en avait pu rien à foutre de moi. Mais il avait déjà détruit toute sa stratégie en me posant des questions, en essayant de comprendre encore des années plus tard. Ca ne le laisse pas indifférent et le wayans si mystérieux devient aussi facile à lire qu'un livre pour enfants. Tu l'aimes ta copine là ? Elizabeth. Je la connais ta girlfriend, et c'est pas le genre de fréquentation à avoir. Et oui je réponds à une question par une autre question. Mais je maîtrise.

Malgré c'que sa conscience lui hurlait, le garçon voulait à tout prix comprendre pourquoi elle s'était enfuit. Il n'acceptait pas qu'elle l'ait manipulé. Il aurait voulu avoir des indices pouvant disculper Celestine. Elle aurait pu avoir des soucis avec les autorités, elle aurait dû s'enfuir pour sauver sa peau.. tout. Absolument tout était envisageable pour le garçon déstabilisé qu'il était. Puis le temps est passé, l'a rendu plus insensible. L’entaille qu'elle avait causé dans son armure s'était refermée.  Tu l'aimes ta copine là ? Ses yeux trahissent sa surprise. Ses sourcils se froncent avant de revenir à leur état initial. Pendant un instant, il s’est demandé si elle était au courant pour lui et Maxym. Chose improbable. Il se résonne rapidement, confronte le regard adverse. Il ne lui donnera rien qui puisse l’aider à le détruire. « T’as perdu le droit de connaitre mes sentiments depuis longtemps. » C’était avant, quand il lui faisait assez confiance pour parler de Maxym, de c’qu’il ressentait à cette époque pour la brune. Et Celestine lui faisait sentir autre chose. Quelque chose de plus agréable que des sentiments pour une fille qui vivait des centaines de kilomètres.

Je détestais devoir ramper de cette manière face à Antwan et pourtant ce n'était encore du vrai rampage, si vous voyez la nuance. Nan vous la voyez pas j'en suis sûre. J'étais en train de faire un pas vers lui mais j'étais encore suffisante distante pour que ça ne fasse pas tout à fait désespérée ahahaha. C'est tellement triste mon dieu. Mais ça me faisait vraiment mal au coeur de le voir dans cet état. Il semblait touché par la situation et.. après tout ce temps, la blessure n'avait pas été encore soignée. De mon côté non plus même si j'essayais de m'en convaincre. « T’as perdu le droit de connaitre mes sentiments depuis longtemps. » Mais je l'avais vu sa surprise dans ses yeux, ses mimiques faciales avaient changés, sa fierté avait été déboussolée le temps d'un instant si infime que peu de personnes auraient pu le voir. Mais faut croire qu'il était resté le même et que je pouvais toujours le comprendre. J'y ai jamais eu accès. finis-je par lui répondre, ce qui était vrai. Je n'ai jamais su ce qu'il ressentait pour moi par exemple. Dis moi au moins si tu es heureux avec elle. C'est tout ce que je voulais savoir. Comprendre que j'avais pas tout gâché.

Elle aurait pu y avoir accès. Ils étaient assez proches pour qu'il partage tout avec elle. Il lui faisait assez confiance pour lui raconter ses histoires, ses ressentis. Elle a vu ses faiblesses, ses peurs, ses craintes. Elle a vu en lui le garçon qu'il était et celui qu'il voulait être. « T'aurais pas dû partir. » Qu'elle lui donne au moins une explication claire pour qu'il puisse passer à autre chose. Dis moi au moins si tu es heureux avec elle. En ce moment non. Il n'arrive plus à être heureux en parlant à sa copine. C'est trop compliqué d'oublier ce qu'il a fait. S'il ouvre sa bouche, l'eliot sait que la vérité sortira et que le bonheur n'existera plus. Alors non, il n'est pas heureux. Mais ca n'a rien à voir avec Celestine. Il a bel et bien reussi à l'eloigner de sa vie. A la fin de ce projet, il ne lui adressera plus jamais la parole. « Je le suis. »  

Ca me frustrait d'entrevoir l'avenir qu'on aurait pu avoir tous les deux ensemble à travers cette discussion entravée par nos sentiments refoulées, ces émotions qui n'ont jamais eu l'occasion de se manifester dans notre parcours. J'étais fatiguée de devoir tout garder pour moi.. et j'avais l'impression que le jeune homme en face de moi également. Toute personne qui écouterait notre conversation pourrait percevoir la tension qui émanait de nos corps, telles deux bêtes prêtes à entrer en combat. Perdu d'avance d'ailleurs. « T'aurais pas dû partir. » Oui mais ma vie avait toujours fonctionné de cette manière, je ne pouvais pas faire ce que je souhaitais quand je voulais à l'époque. J'étais pas un de ces personnes des séries pour ados, qui faisaient des clichés des héritiers. Non, on est pas libres, jamais même. Notre vie est commandée depuis le début par nos engagements. Mon séjour à Londres prenait fin. Même si je ne te l'ai pas dit. Mais ça avait été le cas. « Je le suis. » Ca fait mal d'entendre ce genre de choses, ça blesse l'organe le plus important du corps humain, celui qui fait tout marcher ensemble: le coeur. Je le sens faiblir avant de reprendre une certaine activité pour se rebooster et faire face à ce vilain coup de mou. Alors dans ce cas, la vérité n'a pas à éclore. Parce que sinon, ça va tout gâcher. Entre toi et elle, car le passé reviendra te hanter d'une certaine manière. On finit ce projet le plus vite possible comme ça on retrouve notre ancienne vie. 

Mon séjour à Londres prenait fin. Dans ce cas là, mieux vaut prévenir que s'enfuir. Il n'a toujours pas obtenu de réponses claires. Dis lui c'qu'elle ressentait à Londres. Dis lui pourquoi elle s'est barrée comme une voleuse après l'avoir embrassé puis poussé à frapper un homme. A croire que leur relation est définitivement bloquée à cause des non dits de la demoiselle. Antwan sourit nerveusement, devie son regard vers les cieux pour ne pas s'enerver d'avantage en croisant les prunelles adverses. Alors dans ce cas, la vérité n'a pas à éclore. Parce qu'elle fait mal c'est ça ? Mais vas-y Celestine, c'est le bon moment. Avec c'qu'il encaisse en c'moment, une revelation en plus ou en moins ne va rien changer. Il finira par être anesthésié. Les palpitations de son coeur arrêteront de lui faire mal. On finit ce projet le plus vite possible comme ça on retrouve notre ancienne vie. Restons silencieux, ne parlons pas trop, ne nous regardons pas. Il ne faudra pas relater le passé, pas une fois on aura la chance de se souvenir de Londres ensemble. Triste fin, mais prévisible. « C'est exactement mon point de vue. » Et maintenant ? Il se barre. Antwan n’a plus rien à faire avec elle. Les photos sont prises, le mec est parti. C’est fini. « Tu m’enverras les photos s’il te plait. »

C'est dur de communiquer, de trouver les mots et surtout de réussir à ne pas trop en dire tout en mettant l'autre sur la bonne piste. Ou bien la mauvaise. Mais l'emmener au moins quelque part. Je savais pu quoi faire. Honnêtement. Antwan me laissait pantoise et j'essayais de garder la face. Sauf que quand les émotions te reviennent en plein dans la face, c'est plus ardu que prévu. « C'est exactement mon point de vue. » Et il commence à s'en aller, répliquant la même scène qu'à Londres indirectement, quand je l'avais laissé seul, sans aucune explication. Leur relation est bien trop compliquée encore une fois, les années passent mais les émotions ne changent pas, ils restent les mêmes. Si introvertis, si bornés et si fiers qu'aucun des deux ne fera le premier pas. « Tu m’enverras les photos s’il te plait. » Poli. J'acquiesçais, ne répondant rien du tout. C'était fini pour aujourd'hui, rien de plus à ajouter.