y a pas que la crémaillère qui est à pendre (camilo)

Pendre sa crémaillère dix jours après sa sortie d'hôpital, c'est clairement pas l'idée du siècle. On est le 15 janvier et je fais la fête avec mes amis alors que je devrais me reposer. Une salpingectomie c'est pas rien quand même ! Mais je me sens bien et le médecin m'a dit d'écouter mon corps pour savoir comment agir. En l'occurrence, mon corps va très bien. Ça fait quelques minutes que je discute avec Sienna et je finis par me diriger vers la cuisine. Je ferme la porte derrière moi et soupire en posant mes mains sur le bord du lavabo. Je reste là quelques longues secondes pour me ressourcer. Ça allait bien, jusqu'à ce que je pense à ma fausse couche et semble mon putain d'utérus se déchaîner. Il m'a laissé tranquille toute la journée et là, il a décidé que c'était fini. J'attrape la boite d'oxycodone dans le placard, un grand verre - que je remplis d'eau - et avale deux cachets. Ça va me soulager, me faire du bien et tout ce qui va avec. Quand je me retourne, la porte s'ouvre sur Camilo et je souris. " Hey " On a bien discuté tous les deux toute la soirée... " Ça va ? " Je pose mon verre d'eau et lui adresse mon plus beau sourire. Il est vraiment canon comme mec...

Je soupirais un coup. J'avais bu presque trois cocktails (plus de quatre pour être honnête) et ca faisait beaucoup trop de sucre pour un futur diabétique comme moi. Trop de goût surtout, j'avais pris de la limonade en quantité industrielle juste avant, je crois que je vais pas tenir longtemps. J'allais prendre un verre d'eau mais cherchais la cuisine et après avoir demandé à quelqu'un qui, bizarrement, connaissait les lieux mieux que moi (ma mémoire me fait défaut sous effet de polyalcools), je marchais doucement vers la cuisine. Alors que je m'apprêtais à rentrer et ouvrir la poignée, on ouvrit la porte à ma place. Ah tiens Andrea, ca fait une bon huit minutes que je t'ai pas vu. Elle me regarde légèrement de travers par contre, son "hey" on aurait dit les "heyyyyy" que les filles en chaleur t'envoies à minuit. Oui ca va, je me détends bien. Toi t'es sure que ca va aller? Je pointais le verre du doigt, et puis son sourire qui trahisait sa pensée. Je lui souris en coin en retour, m'accoudant sur le mur en la fixant.

Priape s'est installé à l'appartement depuis son retour d'Ukraine. Je suis vraiment heureuse de l'avoir avec moi, à mes côtés, que ça plaise ou non. Ce soir, c'est la pendaison de crémaillère et, même si tout va bien pour le moment, je commence sérieusement à fatiguer. Je me demande si ce serait cool d'aller dormir dans mon lit pendant que Priape s'occupe du reste. Il vit ici, temporairement certes, mais tout de même. Je pense qu'il pourrait être un très bon hôte pour mes amis qui sont là. Je m'apprête à retourner dans le salon pour prévenir mon ami Dunster de mes plans quand Camilo entre dans la cuisine. Je lui souris légèrement et secoue - tout aussi légèrement - la tête de haut en bas. " Ca va. Juste un peu fatiguée " S'il me demande pourquoi, je lui dirais que j'ai passé pas mal de temps à l'hôpital. Après tout, c'est vrai et il n'est pas obligé de savoir que c'est en tant que patiente que j'y ai passé du temps et non en tant que médecin. " Tu cherches quelque chose ? " Lui demandais-je tout simplement. Et si c'était moi qu'il cherchait ? La double dose d'oxycontin fait drôlement effet..

Elle avait vraiment pas trop l'air dans son assiette, enfin son sourire était traître légèrement. Elle pouvait autant me sourire pour me rassurer que sourire parce qu'elle était contente et super en forme. Mais c'était assez étrange de la voir nous quitter aussi vite, même si c'était pour éventuellement revenir. Elle l'avait même avouée elle-même, elle était fatiguée, sans surprise en même temps. Ca devait être dur de revenir tout d'un coup et de faire la fête comme si de rien était. Si je la connaissais moins bien, je l'aurais bien traité de Mather (quoi que c'est pas une insulte hein). Hm, okay, t'as lair de tenir le coup. Je souris en coin, un sourire d'encouragements, elle me regardait toujours avec ces yeux pleins de pitié. Pitié ou envie, je savais pas trop, un des deux. Je clignais des yeux, avant de répondre à sa question. C'est toi que je cherchais, t'es la seule personne ici avec laquelle je me sens comfortable et pas trop inconnu en même temps. Je ris légèrement un moment, avant de boire une gorgée d'eau. T'es sûre que t'as pas besoin de repos? Tu veux que je te raccompagne dans ta chambre? Moi et Priape on pouvait assurer et garder la maison au pire, puis elle avait l'air essouflé et toute fatiguée...

" T'inquiète pas, je suis juste une mamie " Je ris légèrement. À côté de lui je suis une vieille taupe oui. J'ai 25 ans alors qu'il n'en a que 19 ! Il est plein de vie et il a surement plus l'habitude que moi de faire la fête. Faut dire que c'est pas franchement difficile de faire mieux que moi sur ce point. Je ne suis pas une fêtarde, loin de là. Je préfère les soirées posées et cosy à la maison. Surtout que mes dernières expériences en soirée se sont très mal soldées. Merci mais les vomissements et tout ce qui va avec, j'aimerais bien éviter. Je souris légèrement quand il me dit que c'est moi qu'il cherchait. Ça me touche. Je pose ma main sur son pectoraux droit. " Je peux te présenter si tu veux " Ça m'étonne qu'il ne connaisse pas grand monde. Après tout, quand on connait Talya on connait tout le monde. Je m'appuie quelques secondes sur le bord de la table et réfléchis sérieusement à sa proposition. Priape pourrait très bien s'en sortir. Et puis si Camilo l'aide, ça devrait le faire. Je lui fais confiance, pas de soucis là dessus. " Je vais peut être aller me poser cinq minutes. Tu viens me chercher si je suis pas sortie dans cinq minutes ? Histoire de pas m'endormir quand même " Je fais semblant d'être fatiguée mais c'est juste que je suis tracassée. J'attends sagement que le médicament fasse effet. Trente minutes. Plus qu'une vingtaine de minutes à attendre... " T'es sûre que ça te gêne pas ? " Demandais-je. Après tout, c'est mon invité, par mon portier...

J'avais porté volontaire pour gérer la soirée de mon amie dans une maison qui m'était plus ou moins étrangère, bien que j'étais venu ici un bon nombre de fois quand même on allait pas se mentir. "Mais non qu'est-ce que tu dis, regarde tu pues la jeunesse." Je souris amicalement et la voit un peu incertaine, surtout fatiguée mais assez préoccupée en même temps. J'étais sûrement un bon ami à elle mais j'allais pas lui demander de m'en parler, après tout elle était sûrement pas dans un état où parler de conneries qui lui sont par-dessus la tête serait la meilleure chose à faire. Je ris un moment, bien que perturbé par sa main sur mon pectoraux droit. Si elle était pas mignonne comme ca je lui aurait demandé ce qu'elle faisait. Puis je gloussais. Ca va pour l'introduction aux inconnus, je crois que je vais rester avec les gens avec lesquels j'suis plus comfortable. Je lui souris et la dévisageait un moment avec son air interrogateur. Elle me demandait si ca me dérangeait, si je pouvais aller la rechercher dans 5 minutes en attendant. Comment ca, dormir 5 minutes ca paraissait étrange quand même, et puis même si c'était pour se reposer. Mais okay, pourquoi pas. Je passais mon bras sur sa nuque et laissais mon autre main indiquer le chemin, comme si qu'elle ne le connaissait pas. T'en fais pas c'est mon plaisir. Allez viens, t'as sérieusement besoin de te changer les idées non mais regarde-toi... On montais les escaliers doucement, avec peine et effort, et pourtant aucun de nous deux etaient reellement fatigués.

C'est étrange. J'ai mal partout et nul part en même temps. J'ai bu un verre mais c'est clairement un verre de trop parce que je me sens toute étrange. J'espère que Priape n'a pas vu que j'ai bu d'ailleurs parce qu'il risque de m'étrangler. Cachets et alcools, merci le cocktail explosif quoi ! Surtout avec tout ce qui c'est passé il y a quelques mois... Mais étrangement, c'est ma prothèse qui me fait le plus mal alors que j'ai l'habitude maintenant... " T'as raison, faut pas se forcer à aller vers les gens quand on a pas envie " Je souris légèrement. Ne jamais se forcer à pardonner, à reprendre contact avec autrui et tout ce qui va avec. JAMAIS. Je souris légèrement et je crois que les cachets recommencent à faire effet. Enfin, j'ai un coup de barre alors que je devrais être surexcitée mais je n'ai plus mal au bas ventre. Une sacré balafre me traverse le bas de l'abdomen. Une cicatrice de plus. Je pense que, dans une autre vie, on m'appelle Scar et pas Andrea. Je cligne plusieurs fois des yeux alors qu'on monte les quelques marches qui nous guident à la porte de ma chambre. Je pousse cette porte et soupire. " T'inquiète ça va aller. J'ai juste un petit coup de cafard mais ça va passer " Je lui adresse un clin d'oeil avant de me poser sur le lit quelques secondes. J'ai pas envie de lui raconter ma vie mais les mots sont au bout de mes lèvres... " Te fait jamais trahir par un ami. Ou si tu le fais, casse lui les deux genoux " Je souris largement avant de me laisser tomber sur le dos. Je tapote le drap à côté de moi pour l'inviter à se mettre assis/allongé à côté de moi. " Parlons peu parlons bien " Soufflais-je en me glissant sur le côté. Le bras sous la tête, je le regarde et lui souris. " Je sens la motivation m'envahir, attention ! " Lançais-je avant de rire généreusement. Et quelle motivation ! Ca y est, les médocs font de l'effet. Aaaah, ça va mieux...

Elle agissait forcément de facon étrange, mais je n'aurais jamais cru me trouver dans une positon de gérer sa maison, surtout pour le fait qu'Andrea était assez bonne pour gérer ce genre de fêtes. Mais bon, elle avait un coup de fatigue, que pouvais-je dire? Et elle supporta mon idée, on peut pas se forcer à faire quelque chose qu'on veut pas... Bref, je la reconduit vers le haut, un sourire aux lèvres, un peu content de moi. C'était ironique, je veux dire c'est sa maison et c'est moi qui l'aide à monter. Ne t'en fais pas ca fait plaisir, détends-toi j'ai tout en main... Je souris d'un air rassurant, passant ma main pour supporter son dos et montais les escaliers à ses côtés, sous les yeux perplexes des fêteurs. Nous montons alors en haut avant que miss Cermolacce ne s'installe sur son lit avec comfort (en même temps c'est son lit hein) puis me souris largement. Elle balbutia un paquet de mots qui faisaient presque aucun sens avant de m'inviter à m'asseoir à côté d'elle. Je croyais que tu voulais dormir, mademoiselle Andrea? Je souris un moment, avant de venir m'installer sur le lit, assis à côté d'elle tandis qu'elle était couchée, se foutant complètement que Priape était seul en bas. Motivation? Quelle genre de motivation? Je la regardais interrogateur. Elle était vraiment fatiguée ouais.

Putain d'opérations. J'avais quand même mal. Sauf quand je prenais des médicaments et qu'ils faisaient effets. Ce n'était pas toujours le cas. Après tout, je prenais des médocs de toute sorte pour mon opération cardio-pulmonaire et ma prothèse... Et là, les médecins avaient encore augmentaient mes doses. Que j'avais moi même augmenter une nouvelle fois en passant d'une prise à deux prises de médicaments. L'auto médication, le grand problème de tous les médecins. Surtout quand on a une terrible facilité à tomber dans les vices comme c'est malheureusement mon cas. " Non j'ai plus envie de dormir " Soufflais-je en regardant Camilo. J'ai pas envie de dormir, jamais. C'est pas bien de dormir. Encore moins quand tous nos pires cauchemars nous gachent nos nuits. On est sensé se reposer le soir mais non, merci les rêves tordus et tout ce qui va avec. " Je sais pas, je serais motivée à faire un footing " Même si ça serait un peu compliqué dans mon état. " Je serais motivée à parler toute la nuit et tout ce qui va avec " Je souris, enlève mes chaussures et me rallonge pour regarder le plafond. " Pas toi ? T'es fatigué ? En fait c'est toi qui est fatigué oui ! " Je sors ça d'une manière tout ce qu'il a de plus théâtrale. C'est ça, c'est lui qui est complètement mort ! " Tu veux que je te laisse dormir mister Camilo ? " Discours complètement décousu. Je commence réellement à être défoncée et qu'est-ce que ça fait du bien... " Tu sais ce dont j'ai envie ? " Demandais-je à Camilo, attendant une réponse. Et s'il lisait dans mes pensées ?

Ca me donnait mal à tête, je veux dire le bruit et tout, mais j'arrivais à me débrouiller et j'étais honnêtement pas si fragile que ca, j'avais l'habitude. Bref, Andrea repris ses discours qui me remplissaient de confusion à nouveau. Elle avait pas envie de dormir hein? Donc tu m'as ramené ici pour trois fois rien? Ou bien juste parler? Je souris, elle avait peut-être une idée derrière la tête ou je me faisais des imaginations mais elle était clairement fatiguée, elle refusait juste de l'admettre. Moi aussi j'étais comme elle mais je ne le laissais pas paraitre assez. Du moins je le croyais. Ah non, si tu veux on peut descendre tout de suite, courir pendant une bonne demie-heure et discuter pendant tout ce temps là de tout et de rien. Je suis partant tu sais. Je souris et tournais mon regard, tentant d'examiner la chambre. C'était la première que j'étais ici, c'était étrange d'être sur son lit aussi. Elle jeta ses chaussures à travers la pièce, finalement elle allait dormir... ou pas? Non, non, c'est ton lit je vais pas te le voler, tu vas dormir où toi après? Et puis on est venus pour toi miss Cermolacce, c'est toi qui doit aller au lit. Je me relevais avec un sourire, la regardant intrigué. Qu'avait-elle derrière la tête?