Fuck, fuck. FUCK. • Mira

L'envie de dormir, de fermer les yeux l'espace de quelques secondes étaient bien trop forts pour moi à plusieurs reprises, ma tête glisse de ma main, en un sursaut je rouvre les yeux pour regarder d'un air vague, la prof racontée je sais pas quoi par rapport à l'histoire du cachemire. Je vois pas vraiment l'intérêt d'apprendre tout ça, l'histoire ça n'a jamais été mon truc : déjà au lycée apprendre la vie du président Kennedy où Washington je n'en avais un peu rien à foutre ; alors même si le cachemire est une matière que j'adore, je m'en fiche carrément de savoir qu'elle est apparu au XIX è siècle. Je me demande encore pourquoi je me suis levé ce matin, mon lit était tellement confortable... Les seuls mots que j'arrive à comprendre restent les derniers ' vous pouvez y aller' . Je ramasse rapidement mon sac, même pas ouvert et sort de la classe. Il me semble que j'ai une légère pause là, avant de devoir retourner en cours de l'autre côté de la fac. Je sors rapidement dans les couloirs, pour ensuite pousser une porte de sortie au hasard, me retrouvant dans l'air frais de l'hiver. Ma main choppe rapidement dans ma poche mon paquet de clopes, ainsi que mon briquet tout en avançant en direction de mon prochain bâtiment. Sentir la cigarette brûler ma tranchée, me procure une sensation de plaisir, et a tendance à me réveiller légèrement, du moins suffisamment pour que je réussis à tenir sur mes jambes, mais pas suffisamment pour garder mes yeux ouverts et éviter la personne qui arrivait devant moi. Je grimace en me frottant le bras, là où le choc avait eu lieu. Je regarde le sol, là où sont éparpillés les différents livres du jeune homme. Instinctivement j'en ramasse un, et lui tend, avant de relever les yeux et de reconnaître cet homme. « C'est …rien...  » je lui tends son bouquin, sans un sourire. La soirée d'ouverture d'l'Ivy League était encore dans ma mémoire, son visage également, même si on ne se connaissait pas, qu'on ne s'était jamais adressé la parole, je peux pas supporter d'être en la présence d'une personne violente, qui réagit de façon impulsive. Alors dès qu'il a récupéré son bouquin, je me détourne de lui et continuer mon chemin, alors que d'ordinaire j'aurai été la première à l'aider à ramasser ses bouquin

La peur est un des sentiments les plus durs à surmonter. Je n'ai jamais réussi à surmonter les miennes, qui sont nombreuses. Tout d'abord ma phobie des aiguilles, concernant toutes les aiguilles susceptibles de me piquer, même si c'est un doubleur minime, je ne supporte pas, c'est comme si, dès que je voyais une seringue, mon sang se figer, alors que mon rythme cardiaque ne voulait plus s'arrêter une seule mini-seconde. Tout comme c'est le cas à la simple vue d'une goutte de sang. Ce sont des phobies qui ne m'ont jamais quitté, et avec elles s'est ajouté le fait que je ne supporte vraiment plus la violence. Certainement le fait d'en avoir subi durant tant d'années qui a créé un blocage en moi. Lorsque le courage est plus fort que la peur, j'ai tendance à vouloir m’immiscer entre deux personnes qui se battent, ce qui régulièrement le cas au bar où je bosse lorsqu'une bagarre éclate, mais la peur est souvent beaucoup trop forte, j'ai tendance à vouloir fuir, ne supportant pas la vue d'une scène comme celle-là, comme si c'était moi qui la vivais, qui prenait les coups. J'ai besoin de m'isoler, de me calmer pour éviter la crise d'angoisse.
Et lorsque je croise une personne que je sais violence, c'est la même sensation qui se fait ressentir en moi. Besoin de m'éloigner de cette personne, comme si, d'une seconde à l'autre, elle allait décider de s'en prendre à moi, sans raison apparente... Comme autrefois. Je suis tellement obnubilé par cette envie de partir que j'en oublie ma clope, se consumant lentement entre mes doigts. Je soupire avant de sursauter en entendant de nouveau sa voix, je tourne mon regard vers lui, légèrement paniqué en secouant la tête. « non...je dois aller en cours... » je me vois pas lui dire que j'suis une amie d'Andrew, que je l'ai vu le frapper, que je cautionne pas ça, quelle que soit la raison, et qu'il me fait grave flipper

Je n'aime pas sa compagnie, ce 'est pas de sa faute, tout comme ce n'est pas de la mienne. Peut-être que le coup qu'il a donné au Winthrop, ne reflète pas réellement sa personnalité, peut-être qu'il s'agissait d'un coup qu'il n'avait Jam:ais donné auparavant. J'ai aucune envie de lui faire du mal, de le vexer ou quoi que ce soit en ne voulant pas lui parler ou autres, mais c'est quand même au-dessus de mes forces. Le sang-froid qu'il a utilisé pour donner ce coup de poing, m'a fait froid dans le dos, il a fait renaître en moi, d'anciennes blessures, d'anciens souvenirs que je tente d'oublier depuis plusieurs années. Il m'a fait penser à une personne, une personne qui donnait lui aussi des coups avec ce regard froid, dans lequel on pouvait y décerner une petite pointe de haine . Dès que je croisais ce regard, la panique s'emparait immédiatement de moi, me paralysant les membres, m’asséchant la gorge. Cette même panique qui a refait surface lorsqu'il m'a rejoint, me demandant le mal qui avait bien pu faire . Non il ne m'avait pas fait souffrir physiquement, juste psychologiquement, me rappelant la sensation que je ressentais dès que je rentrais chez moi dans le passé . Je m'arrête quelques secondes dans ma course à la fuite, me retournant vers lui qui n'a plus bougé, me mordant légèrement la lèvre . « C'pas le fait que tu m'es bousculé qui m'est fait peur... » Je veux pas non plus qu'il croie qu'il fait peur à voir ou quoi , non j'suis pas un monstre non plus, au contraire, ça me fait de la peine de le voir comme ça, sans comprendre . « C'parce que j'étais à la soirée d'Ivy League... » C'est peut-être plus simple à dire, que de dire que je suis proche d'Andrew, car si vraiment il y a une haine contre Andrew, je préfère pas devenir son ennemi après avoir vu de quoi il est capable.

Je finis par abandonner ma cigarette, la laissant tomber pitoyablement au sol, avant de finir par l'écraser avec le bout de ma semelle. De toute façon, il ne restait que le filtre. Une cigarette bousillé pour quoi ? Un oubli, une mauvaise rencontre qui me fait paniquer, au point d'en oublier ce à quoi je suis accro depuis bientôt trop longtemps. 5 , 6 ans, je ne sais plus . Il paraît que ça bousille la santé, mais il y a des choses bien pire , capable de bousiller la santé, mais toute une vie également : une enfance, une romance, une famille.. La violence sous toute ses formes est bien pire capable également de créer la maladie, les angoisses comme la panique chez moi. Ce n'est de la faute que d'une seule personne si je n'arrive pas à supporter la vue d'une personne se faisant frapper, et encore moins accepter l'idée que l'on puisse arriver à la conclusion que : faire mal à l'autre réglera nos problèmes. Alors oui, Nate en faisait un peu les frais, peut-être malgré lui, peut-être que son geste n'était pas habituel mais il payait un peu pour toutes ses autres personnes . Au fond, je trouvais ça également injuste, ce pourquoi je me ravisa, me décidant finalement à me retourner vers lui, quitte à arriver quelques minutes en retard à mon prochain cours, de toute façon la ponctualité n'a jamais été mon fort. Je prend le temps de l'écouter, d'analyser ce qu'il me dit, et c'est vrai qu'il n'a pas totalement tord. «  Andrew a sa fierté, il a voulu se venger... » Je dis pas que ça l'excuse non . Mais ça fait un sacré moment que je le connais, et je sais qu'il ne réagit pas que par ses poings. «  Toi , t'as fait ça pour quoi hein'. ? Pour une connerie ? T'avais juste envie de le faire souffrir et c'est ça que j'accepte pas ! » Mon prochain cours n'est plus vraiment ma principale pensée, je vois bien que ça le fou mal , je me sens cruelle de lui dire toute ses choses, parce que vraiment il a pas l'air méchant... Mais ça me rappelle toujours cette même personne, que tout le monde adorait , estimé, trouvait charmant, alors qu'au fond ce n'était qu'un monstre qui aimait me faire souffrir. «  j'ai pas dit que t'avais pas le droit à une seconde change mais....comprend ma réticence... » Pas vraiment sûr qu'il la comprenne , sans connaître mon histoire, mais j'ai tendance à accorder ma confiance à beaucoup de monde, alors qu'au fond, il ne le mérite peut-être pas tous.

Ok maintenant je me sens super mal à l'aise , et je regrette de pas avoir continuer mon chemin. A la place je pourrai être au chaud, déjà assise dans la salle , certainement le pc déjà ouvert en train de regarder si la dernière collection Automne-Hiver serait dans mes moyens pour refaire un peu ma garde robe. Mais non j'ai voulu m'expliquer avec lui, pour pas qu'il y est de malentendu, et voilà que maintenant il pleurait. Tout le monde se met à pleurer devant moi en ce moment, c'pas possible ça ! Je suis nulle pour consoler les gens, faut que je le dise en quelle langue pour qu'on le comprenne ? «  J'ai jamais dit que je cautionner ce qu'il avait fait non plus ! » Je vais pas dire que je suis contre la vengeance, parce que, lorsqu'on me fait un sale coup , c'est sûr que je ne vais pas rester les bras croisé et pardonner sans rien en retour. Mais comme pour tous le reste, il y a d'autres moyens que la violence, qu'elle soit physique ou morale. « Mais c'pas une raison pour en venir à tabasser quelqu'un je suis désolé. » là dessus, je céderai pas, je dirai pas qu'il a eu raison de faire ça. J'ai vécu la même situation, sauf que c'était moi le putching-ball J'ai privé mon père, de la femme qu'il aimait, parti d'après lui, à cause de moi, de mes pleurs, de la dur vie d'être parents.. et lui en retour il m'a privé de mon enfance, d'une grosse partie de ma vie que je pourrai pas récupérer, et c'pas pour autant que je frappe sur tous les enfants que je croise, au contraire ! Je n'ai aucune envie de lui ressembler et je fais tout pour éviter d'avoir affaire à une personne qui utilise se recours pour résoudre ses problèmes. " Après ce qui est fait et fait... essaie de penser avec ta tête plutôt qu'avec tes poings la prochaine fois." Je suis pas un monstre, le voir pleurer me fait de la peine, surtout si c'est à cause de moi qu'il verse des larmes, mais je pense pas non plus que le fait qu'une inconnue ne le porte pas dans son cœur , le mette dans cet état là. « J'suis désolée de t'avoir mis dans cet état.... » Je lui adresse un léger sourire gêné, vraiment mal à l'aise