Hello, It's me. J’avais prononcé les mots les plus difficiles à sortir, lentement et avec langueur. J’étais parvenue à le lui dire, je ne lui en voulais pas ou plus, quelle était la différence ? Il n’y en avait pas, dans le fond, c’était idiot de penser que le passé pouvait à ce point jouer sur le présent. Mes yeux s’étaient enfoncés dans les siens. Dieu que c’était douloureux de le voir ainsi, devant moi, sans pouvoir même l’approcher, l’effleurer. Mon cœur se tordit une nouvelle fois, dans un sens puis dans l’autre. C’était une torture pour moi de l’avoir face à moi et de ne pouvoir poser aucune main sur lui. Il était comme une illusion que je ne pouvais sentir avec mes doigts, une illusion qui allait bientôt disparaître et me laisser avec le reste de goût amer qui me brulait le fond de la gorge. Noah et Amanda, cela avait été une évidence fut un moment, à ce jour, ce n’était plus qu’un malheureux souvenir qu’il fallait que je rejette loin dans mon subconscient.
J’avais une sorte de mauvais pressentiment, Noah me regardait avec tout le sérieux qu’il pouvait réunir en lui, comme s’il allait m’annoncer quelque chose de tragique, quelque chose qu’il savait pénible pour moi. J’étais absolument toute ouïe, je voulais absolument boire ses paroles pour pouvoir les intégrer complètement, sans plus me faire d’espoir sur quoi que ce soit. Il commença à parler, les yeux encrés toujours dans les miens, il ressassa le passé, notre première rencontre et mon sang ne fit qu’un tour, les battements de mon cœur s’accéléraient petit à petit, de plus en plus. « J’aurais tout fait pour te garder près de moi, pour toujours. » Première claque. « Et je suis désolé de ne pas trouver la force ni le courage de me battre comme il le faudrait pour toi et pour notre relation. » Seconde claque. « Je serais peut-être un fantôme dans ta vie, mais je serais là. » Troisième claque. Sauf que ces gifles, elles n’étaient pas destinées à mes joues, mais c’était bien à mon cœur qu’elles étaient infligées, c’était pénible à entendre et je finis par ne plus l’écouter, perdue dans mes pensées les plus profondes et les plus noires. Une personne de plus. Une personne de plus était sur le point de m’abandonner. Une personne que j’avais aimée, chérie, et protégée jusqu’au bout. Cette relation, j’avais voulu la préservée plus que n’importe laquelle et j’avais été idiote de penser que j’allais y parvenir.
Mes yeux se baissèrent jusqu’à la main que le jeune homme me tendis, un sentiment étrange s’animait en moi, de la tristesse ? De la colère ? Je n’en savais strictement rien, mais ce qui était certain, c’est qu’à ce moment précis, j’avais envie de pleurer comme une enfant. Bientôt, mes larmes allaient jaillir de mes yeux et prouver encore une fois que j’étais faible.
Je fixais assez longuement les doigts du jeune homme sans jamais pouvoir y raccorder les miens. Mes yeux se brouillèrent et une larme commença à couler sur l’une de mes joues. Mon visage se baissa instantanément, ma manche essuyant l’eau qui s’écoulait de mes paupières. « Désolée, c’est plus fort que moi… » Dis-je le plus péniblement du monde. Ce n’était pas tant ses paroles qui me faisaient du mal, mais plutôt l’illusion qu’elles donnaient de l’avenir qui restait de nous. Rien, rien n’allait rester. Cette impression d’abandon me prenait encore une fois, c’était ce dont j’avais le plus peur dans ma vie et toute mon enfance avait été pareille : Abandonnée par mes vrais parents, abandonnée par mes amis puis mes faux parents, mon premier amour… Toute ma vie avait été rythmée dans ce sens et ce jour, le destin s’acharnait encore sur moi. Noah m’avait abandonnée. C’était la conclusion que je m’étais faite et douloureusement, je pensais que plus rien ne pourrait être comme avant désormais.
Mes larmes ne cessaient désormais mais je restais tout de même silencieuse, je ne voulais pas attirer la peine du jeune Eliot, je ne voulais pas qu’il prenne pitié. Alors, en moi-même, je voulais absolument arrêter ces sanglots mais c’était difficile, trop difficile.
Hello, It's me. Les larmes coulaient et recoulaient sur mes joues ; j’étais absolument incapable de les arrêter tant la pression qui s’acharnait sur mon cœur était intense. Je n’avais de cesse de penser à cette action d’abandon, celle que je subissais toujours à longueur de temps. N’étais-je pas assez bien pour que l’on me garde auprès de soi ? C’était ce qui me tourmentait de plus en plus et je ne parvenais pas à défaire cette idée de mon esprit. J’essuyai machinalement l’eau salée qui s’évacuait de mes paupières, comme une enfant, comme une enfant qui n’avait pas obtenu ce qu’elle désirait et pourtant, la douleur que les mots de Noah provoquait était bien plus importante que n’importe quelle douleur. J’avais l’impression que tout un monde autour de moi s’écroulait et que tous les espoirs que je m’étais fondé s’envolaient en même temps.
Finalement, au bout d’un moment, lorsque le silence devint trop pesant, trop présent, Noah se mit enfin à reparler. Il voulait savoir ce qu’il devait faire… Quelle question absurde, je ne savais pas que le jeune homme pouvait poser ce genre de question, lui qui en général avait l’air de tout savoir et d’être maître de toutes les situations possibles. Lorsqu’il s’agissait de faire mal, il ne savait plus comment agir, il semblait complètement perdu. J’avais certainement trouvé là son point faible ? Le grand Noah d’Aremberg ne supportait pas de voir une fille pleurer… Ses yeux se posèrent enfin sur moi et il se mit à me regarder. Je détestais cela, je détestais que l’on me regarde sangloter. J’étais pudique sur ce point et je ne voulais pas qu’il continue ainsi, alors, je tournai légèrement le visage sur la droite tout en positionnant mes cheveux de sorte à ce qu’il ne puisse plus voir mon visage rougi et bouffi. Il insista encore une fois, il voulait que je lui donne une réponse immédiatement et cela me rendit encore plus angoissée qu’à la seconde précédente. Je ne savais pas moi-même ce que je voulais. J’étais tiraillée entre l’envie qu’il me prenne dans ses bras pour qu’il me réconforte et l’envie qu’il s’en aille pour me laisser tranquille une bonne fois pour toutes. Dans un murmure, sans prendre le temps d’articuler ou de cesser de pleurer réellement, je lâchai : « Je ne sais pas… ».
J’étais fragile, aussi fragile qu’une porcelaine et tous les éclats qui m’ornaient menaçaient de briser mon entièreté. Chaque coup de poignard que j’avais reçu me rapprochait toujours un peu plus du gouffre qui lui-même s’avançait vers moi. Chaque jour était une mauvaise nouvelle. Chaque moment était un pas de plus vers l’univers sombre de l’anxiété, l’angoisse et la dépression.
Le garçon se redressa et j’eus comme un sursaut lorsque je le vis devant moi, faire les cents pas. Il semblait inquiet et aussi prit par l’anxiété que moi. C’était étrange de le voir ainsi et à ce moment-là, mon visage se retourna vers lui et les larmes se stoppèrent quelques secondes. Il se mit à parler, une nouvelle fois, débutant par une phrase aussi pénible que la mort, je n’en croyais pas mes oreilles, mes yeux s’écarquillèrent et mes lèvres s’entrouvrirent tellement le choc fut violent. Il aimait Echo ? Comment était-ce possible ? Pourquoi ? La vérité était encore pire que le silence, au fond, il fallait bien que je me doute qu’une autre fille était là-dessous. Il aurait fallu que j’aie l’habitude, seulement, il me semblait que les garçons avaient appris à avoir la capacité à aimer une seule fille à la fois. Dur mensonge. Mon ventre se tordait dans tous les sens possibles, mon cœur en faisait de même et alternativement, provoquant une nausée désagréable. Mon souffle était complètement coupé alors que les mots de Noah traversèrent mes oreilles. Les larmes se mirent à couler encore une fois, peut-être plus, je ne savais pas exactement, et mes sanglots commencèrent à devenir bruyants. Je n’écoutais pas forcément tout ce qu’il me disait, le plus important avait été prononcé et je me sentis abandonnée deux fois plus. C’était une lame tranchante qu’il m’avait offert, une lame qui me traversait le corps tout entier, qui le paralysait et l’endolorissait de milliers de coups plus tranchant et ardant les uns que les autres.
Lorsqu’il se tut, ce fut une sorte de bien-être qui venait envelopper tout ce malheur, toute cette tristesse. C’était dur, très dur. Je revécu exactement la même chose qu’avec mon premier vrai amour et j’étais, sur le moment, dévastée. Puis les lèvres du jeune homme se rouvrirent pour parler encore une fois, l’angoisse m’avait prise quand il avait recommencé à parler. Il voulait que je le déteste ? Mais Dieu, était-ce au moins possible ? Il ne voulait pas me voir pleurer ? Mon sang ne fit qu’un tour, je levais les yeux péniblement sur lui tout en pleurant. Mes lèvres s’ouvrirent pour laisser s’échapper quelques mots, de manière certainement détestable : « Si tu n’es pas capable de me voir pleurer, alors va-t’en, parce que je risque de continuer encore un certain moment. »
J’essuyai mes yeux alternativement avec l’aide de ma manche, tout ce que je voulais était qu’il me prenne dans ses bras, merde, était-ce trop demandé ? Je ne m’attendais pas à ce qu’il me dise qu’il était encore désolé ou qu’il regrettait, je voulais simplement qu’il m’offre ce que je voulais, au moins pour une dernière fois, le réconfort de la seule personne dont j'étais amoureuse et de la seule personne dont je voulais l'étreinte...
Hello, It's me. Il m’avait semblé logique de lui demander de partir s’il ne pouvait pas assumer le fait que les larmes coulaient sur mes joues. C’était une image qu’il n’aimait pas. Eh bien je lui en faisais congé et mes mots furent stricts, directs, sans aucun tournants et sans aucune douceur. Je savais qu’il devait se libérer de ce poids qui devait certainement devenir trop lourd pour lui, mais il n’avait pas idée de l’impact que cela avait sur moi, sur ma vie, mon état d’esprit… Il ne savait pas à quel point c’était douloureux pour moi d’entendre qu’il pouvait en aimer une autre sachant que j’étais prête à tout pour lui.
J’essayai tant bien que mal de reprendre mon souffle coupé par tant d’émotions et d’arrêter ces larmes qui ne cessaient de s’écraser contre mes joues. Petit à petit, j’y parvins, doucement et lentement, ma respiration se faisait moins haletante et mes yeux ne semblaient plus désirer s’humidifier. D’ailleurs, ces derniers se relevèrent vers ceux du jeune homme, mon esprit essayant habilement d’y déceler ses moindres émotions. Il resta figé quelques instants, sans mot dire et il semblait extrêmement déconcerté. Le ton que je lui avais donné provoquant certainement cet effet. L’atmosphère s’alourdit d’un coup, encore un peu plus et si l’action avait pu se faire, un vent glacial serait venu fouetter nos corps immobiles. Puis il se releva, se dirigeant vers la porte. Je ne savais pas réellement pourquoi mais je n’étais pas du tout étonnée. Je savais pertinemment qu’il ne s’approcherait plus de moi et qu’une étreinte était bien trop demandée. Petit à petit, la fissure qu’il avait causé au niveau de mon cœur s’élargit un peu plus au fur et à mesure qu’il s’éloignait. Puis, il se stoppa, attendit un petit moment avant de se retourner et lorsque cela fut fait, il me regarda dans les yeux, à nouveau et dans un élan de tristesse mêlé à une intense peine que je pus immédiatement ressentir, il m’avoua qu’il n’avait pas envie de me perdre, insistant sur ses mots et répétant cette phrase comme s’il voulait que je l’intègre complètement…
Mes yeux étaient plongés dans les siens. Sur le coup, je ne savais pas quoi répondre, j’étais complètement bouche-bée à tel point que mes lèvres furent entre-ouvertes quelques secondes. Je réfléchis pendant un assez long moment. Il me remercia de nouveau pour le cadeau que je lui avais offert sans que je ne réponde rien, toujours. Il se tourna vers la porte et l’ouvrit. Il fallait que je lui dise quelque chose, je ne pouvais pas le laisser partir ainsi, sans qu’il n’ait eu vent de ce que j’avais à l’esprit, sans qu’il ne sache que moi non plus je n’avais pas eu envie de le perdre et pourtant, c’est exactement ce qu’il était en train de me faire subir. Son absence allait être pour moi la pire des choses et c’est ce qu’il m’attendait… J’eus un moment d’hésitation, un petit moment de stress également, je fus complètement assommée durant quelques secondes, des tas de choses se tournaient et retournaient dans mon esprit. « Moi non plus je n’avais pas envie de te perdre… » Lui lançai-je avant qu’il ne passe le pas de la porte. Le passé avait été de mise puisque j’avais perdu Noah au moment de la soirée Cabot… Un moment de faiblesse, quelques tremblements provoqués par la pression de mes artères et les larmes se remirent à couler instantanément. Les sanglots suivirent, les suffocations également. La peine m’avait reprise et je ne regardais plus Noah. Il pouvait s’en aller, il n’était, de toute évidence, plus là pour moi et je ne m’attendais plus à rien venant de sa part. Une fois de plus, la déception qu’il m’avait donné me laissait entrevoir la véritable personne qu’il était et il fallait que j’admette que plus rien ne pouvait redevenir comme avant. Plus rien n’allait fonctionner entre nous et même si j’y concédais toute ma foi et toute ma volonté, Noah n’avait plus l’air de s’en soucier. Je ne pouvais décemment pas me donner corps et âme à une relation qui ne nous mènerait à rien et qui, de toute façon, n’allait pas être réciproque. Mes manches se retrempèrent, une nouvelle fois, essuyant alternativement mes deux yeux rougis de mélancolie...