(aleska) you're my anchor

Azraël ne portait pas mon enfant. Alaska, par contre, le portait. Et c'était quand même différent d'un cas à l'autre le soulagement que ça me procurait. Forcément, j'appréciais le fait qu'Alaska porte mon enfant parce que j'avais des sentiments pour elle, je tombais amoureux d'elle et ouais.. la savoir épanouie m'épanouissait à un point inimaginable. Si bien que là, on reprenait une espèce de routine qu'on avait réussi à instaurer avant qu'elle ne rompe début novembre. Ouais, on reprenait les mêmes et on recommence. Mais là, j'étais sûr de mon coup, je savais que je ne voulais pas la perdre, à aucun prix. J'avais alors débarqué chez elle, avec son repas préféré entre les mains - contenant rien de ce qu'une grossesse peut interdire - et on avait une bonne soirée en perspective face à nous. Si bien qu'on a tout mangé, et on a même passé une autre étape : le déshabillage. Maintenant que nous étions tous les deux nus et totalement rassasié de toute faim possible, on pouvait se laisser aller sur des conversations plus ou moins légère. Sauf que je sentais ma main trembler alors que je caressais doucement sa peau.. et non, c'était pas bon signe. Je le dissimulais alors du mieux que je pouvais, venant alors embrasser une nouvelle fois la jeune femme.

J'étais enceinte, j'allais devenir maman. J'aime l'idée, c'était certain. Mais, je ne cachais pas que j'avais encore un détail qui me chagrinait. Alexander n'était pas le père de son neveu, il m'avait annoncé la nouvelle par sms, mais il n'avait pas vu le papier. J'voulais pas paraître parano, mais sa famille en tenait une couche. Mais bon, je ne devais pas me fais de soucis apparemment. Alex l'avait dit, désormais c'était lui, moi et notre bébé. Alors j'essayais vraiment de faire le vide, ne pas me poser de questions et me dire que tout allait très bien se passer. Alexander me le prouvait une fois de plus avec sa soirée improvisée chez moi. Il était venu avec le repas, nous avions plutôt bien mangé -comme à notre habitude- et nous avions été dans ma chambre par la suite pour faire l'amour -comme à notre habitude-. Nous avions décidé de rester allongés dans le lit, à discuter tranquillement. Mais, je devais avouer que je restais plutôt silencieuse, me concentrant sur ses caresses et les frissons qu'elles me procuraient. Sa main était moins assurée qu'habituellement, plus... tremblante. Je l'avais remarqué parce que je connaissais cette sensation mieux que personne. Depuis que je n'avais plus mon traitement, mes mains tremblaient de la même manière. Alex s'approcha doucement, m'embrassant avec délicatesse. Je me laissais faire, mais je reculais bien vite mon visage pour le regardant dans les yeux tandis que ma main attrapait la sienne pour l'arrêter nettement. « Je connais ces tremblements... » lui chuchotais-je simplement.

Une petite soirée comme on les aime ouais. Entre repas, sexe et câlins, c'était vraiment ce que je préférais dans cette relation. La simplicité. Et forcément, me retrouver contre elle après l'orgasme, c'était comme être sur un petit nuage. J'avais ma main qui venait caresser sa peau, ses courbes. Mais c'était sans compter le fait que ma main se mit à trembler sans crier gare. Ouais bah pour la peine, je venais l'embrasser pour faire diversion, en espérant que le tremblement s'en aille. Mais Alaska n'était pas dupe. Elle attrapait ma main assez fermement et son regard venaient se plonger dans le mien puisqu'elle était reculé pour me voir. C'était assez perturbant comme situation, je ne savais pas quoi faire pour me dépatouiller. Surtout quand elle me disait connaitre ces tremblements. Et merde.. « Ça va passer, c'est juste... tu sais.. » Le manque. Parce que j'avais tenté d'arrêter depuis qu'on est ensemble. Enfin non, pendant qu'elle s'était éloignée de moi, j'avais replongé tant le manque de drogue, d'elle étaient trop pensants. Mais ouais, là je tentais d'arrêter de nouveau. Pour elle, pour le bébé. Pour moi. Sauf que c'était compliqué et les étapes étaient longues et fastidieuses. Je calais mon visage contre sa peau, déposant mes lèvres dessus, évitant alors le sujet.

« Ça va passer, c'est juste... tu sais.. » Je sais ? Je fronçais les sourcils tandis qu'il venait cacher son visage, posant ses lèvres contre ma peau. Je souriais calant ma tête contre la sienne avant de finalement attraper son visage de mes deux mains pour lui faire des bisous partout. « J'vais devoir te torturer si tu ne dis rien... » À coup de bisous, ça peut faire mal. J'attrapais finalement le drap, m'allongeant sur Alexander, nous recouvrants entièrement du drap. On était tous les deux, seuls dans le petit cocon que je venais de nous créer. On est invincible là, il peut tout me dire. J'attrapais ses deux mains, entrelaçant nos doigts. « Quand tu me dis tu sais, je me rattache à ce pour quoi mes mains tremblent... » commençais-je doucement. « ... C'est-à-dire au manque que je ressens avec la drogue. Ça me donnait envie de fumer un joint ou de me faire un rail d'héroïne. » Mais, je crois que je n'en ai plus envie désormais, et ça, c'est grâce au petit haricot qui se trouve dans mon ventre. Je ne pouvais pas m'en prendre à Alexander pour la drogue, j'étais trop mal placé pour ça. Puis, malgré la rupture, il avait fait de son mieux pour me montrer son soutien, moi aussi j'étais là pour lui.

Le manque, les tremblements. Voilà ce qui était en train de se passer. Voilà ce que je cherchais à cacher à la jeune femme en venant l'embrasser. Mais elle avait compris ce qui se passait. Elle avait vu ces tremblements m'arriver et faisait en sorte de me faire parler. Pour l'instant, j'étais un peu réticent et je finissais par coller mes lèvres contre sa peau, au niveau de sa clavicule. Bien posé comme ça, je risquais de m'endormir et échapper à la conversation. Sauf qu'elle attrapait mon visage et déposait des baisers dessus, un peu partout. Une torture.. pas vraiment non. C'était bien agréable pour le coup. Et finalement, elle se positionnait au dessus de moi, nous recouvrant du drap et mes mains étaient prises en otage par les siennes, entrelaçant même ses doigts avec les miens. Plongeant mon regard dans le sien, je l'écoutais parler et.. je pinçais mes lèvres, sachant pertinemment qu'elle avait raison. Je soupirais, rompant le contact visuel tant la honte me prenait. J'avais pas envie qu'elle me voit si.. vulnérable. « Cocaïne... » Je la regardais de nouveau, en me mordant la lèvre inférieure. « J'ai replongé dans la coke » Je n'allais pas lui dire quand, parce qu'elle allait peut-être culpabiliser et j'avais pas envie qu'elle se sente mal. C'était mon problème, pas le sien.

Je commence à connaitre certaines choses par cœur. Je serai capable de reconnaître Alexander parmi d'autres hommes. Juste au toucher, à son odeur enivrante, à sa façon de se déplacer. Je ne sais pas comment l'expliquer... Je connais mon homme, voilà tout. Alors, ses caresses, je sais faire la différence quand ça va ou ça ne va pas. En occurrence, ça n'allait pas aujourd'hui. Il tremblait et je connaissais cela aussi. J'étais une ancienne droguée, mon sevrage chaotique du début m'avait fait vivre un enfer. Désormais, j'allais beaucoup mieux parce que j'avais un traitement pour arrêter la drogue. Traitement que j'ai dû arrêter le temps de ma grossesse. Mes tremblements ont reprit eux aussi, je n'y prête plus attention à partir du moment où je me sens bien, comme ce soir. So, j'avais l'esprit à décortiquer les faits et gestes de mon amoureux. Il tremblait et je savais. Il positionnait son visage contre ma peau, prêt à s'endormir apparemment, sauf, que j'en avais pas terminé avec lui. Je savais que les tremblements étaient liés à la drogue. Je voulais l'entendre de vive voix. Pour le mettre en confiance, je venais lui faire des baisers sur son visage, le menaçant doucement avant de m'allonger sur lui, nous recouvrant du drap, attrapant ses mains par la suite. « Cocaïne... » affirme-t-il en me regardant enfin dans les yeux. J'affichais un air contrit. « J'ai replongé dans la coke » Il ne pouvait pas se résoudre à ça... Il ne pouvait pas se résoudre à foutre sa vie en l'air. C'est quoi ce goût pour l'autodestruction ? « Tu vas arrêter ? » C'est une question, mais même en chuchotant, j'y mets assez de caractère pour que cela soit pris pour une affirmation. Je pince mes lèvres en le regardant, avant de reprendre avec plus de douceur. « Alex, tu fais fausse route.. N'oublies pas que tu as des responsabilités qui font que tu dois te montrer plus fort que tes addictions.. Pense à Robyn et au petit haricot. Tu as passé l'âge de faire des conneries ! » Il a vingt-cinq ans, plus proche des vingt-six. Il est papa et va le redevenir. Il a un travail et des études de rêve qu'il va bientôt boucler. Il n'y a pas de place pour la poudre blanche.

C'était pas faute d'avoir essayé, mais fallait croire que je replongeais à chaque fois, à chaque coup dur. Faible que je suis. Enfin, presque à chaque coup dur puisque je me souviens qu'à la mort d'Hendrix, j'avais résisté. Mais là, depuis la rupture avec Alaska, j'allais mal et.. ouais, j'avais replongé, me résignant à une vie ne rimant à rien. C'était bien pour ça que j'avais fait bien des conneries, en commençant par coucher à plusieurs reprises avec Azraël. Bon, bien heureusement, c'était pas de moi qu'elle était enceinte. Maintenant, j'avouais la tare de ma vie à la femme qui partage ma vie, celle qui veut être avec moi malgré tout le reste. « J'essaye je.. » Ouais, c'est pas faute d'essayer pour le coup. J'avais rien pris après le 24, après qu'on se soit remis ensemble. Et puis Az avait parlé de la grossesse, Alaska s'était éloignée de moi et... j'ai de nouveau cédé, bien trop con pour résister. « Je sais, je sais.. j'pense à tout ça, c'est juste.. » Je lâchais une de ses mains pour venir la poser sur mon front, désemparé. « J'ai mal vécu la rupture, j'ai mal vécu l'éloignement et.. c'est le seul moyen que je trouve à chaque fois pour aller mieux. J'avais décroché mais là, la tentation était trop forte » Je venais remettre ma main dans la sienne, plongeant ensuite mon regard dans le sien. « Mais j'arrête.. c'est bien pour ça que je tremble, j'ai... rien touché, depuis que ça va mieux » La preuve que j'étais faible. J'étais un homme faible.

Il avait replongé dans la drogue. C'était délicat dans le sens où j'étais enceinte, que je galérais à mort pour résister à l'appel de la poudre blanche, alors si nous étions deux, ça risquait d'être vraiment difficile. J'essayais alors d'en savoir plus. Est-ce qu'il comptait arrêter ? Se reprendre en main ? « J'essaye je.. » Je lui adressais un faible sourire. Bon, c'est positif s'il essaie d'arrêter à nouveau. « Je sais, je sais.. j'pense à tout ça, c'est juste.. » Je flippais quand même en entendant la suite. Il y a un mais ? Il doit, mais il ne veut pas ? L'une de ses mains quitte la mienne pour venir la passer sur son visage. Pour ma part, je le regardais, attendant la suite avec une petite pointe de stress. « J'ai mal vécu la rupture, j'ai mal vécu l'éloignement et.. c'est le seul moyen que je trouve à chaque fois pour aller mieux. J'avais décroché mais là, la tentation était trop forte » Oh. C'est de ma faute donc ? Si je n'avais pas rompu, il n'aurait pas replongé. Bon... Il y a un truc que je ne comprends pas... Comment fait-il pour être autant attaché et avoir au final si peu de sentiments ? Non, parce qu'il commençait tout juste à tomber amoureux de moi alors que pour ma part, il me faisait fondre. L.A., Noël, nos moments à deux. Peut-être que c'est moi qui devrais lui faire vivre des trucs géniaux au fond, peut- être que c'est à moi de le faire vibrer ? Il attrapait de nouveau ma main, plongeant son regard dans le mien. « Mais j'arrête.. c'est bien pour ça que je tremble, j'ai... rien touché, depuis que ça va mieux » Je souriais alors en le regardant. « Alors tout va bien... Peut-être qu'on pourrait prendre rendez-vous chez le médecin ? Le traitement a beaucoup aidé mon corps, ça peut certainement marcher pour toi aussi ! J'peux aussi te filer mon traitement qu'il me reste et que je ne peux plus prendre... » Autant qu'il l'utilise s'il en avait envie. On regardera les inscriptions au dos des boîtes pour s'assurer qu'il le puisse bien entendu.

J'avais pas envie de la faire culpabiliser pour le coup, c'était pas du tout le but de la manoeuvre. J'avais juste envie de lui expliquer comment les choses se sont déroulées pour moi, voilà tout. C'était une succession de choses qui n'allaient pas.. et souvent, c'était quand elle m'abandonnait. Peut-être que ça traduisait ce que je me mentais à moi-même ? Peut-être que je l'aimais bien plus que je voulais l'admettre ? Peut-être. Mais je n'avais pas vraiment la clé pour décoder mes sentiments. Tout ce que je sais, c'est que j'étais capable de tout pour elle, y compris déplacer des montagnes. Juste pour un sourire. Glissant de nouveau ma main dans la sienne, je plongeais dans son regard, celui qui m'apaisait par bien des façons, dont elle ignorait le pouvoir. « On pourrait ouais.. dans la semaine ? » demandais-je simplement avant de lâcher ses deux mains pour enrouler mes bras autour d'elle, laissant mes doigts longer la peau de son dos à plusieurs fois. « Enfin, j'ai aussi commencé à chercher un appart.. et on pourrait commencer les visites cette semaine... si ça te botte » disons qu'on allait fonder une famille, elle et moi et l'idéal restait d'avoir notre chez nous, notre nid douillet et c'était l'occasion parfaite. Si jamais elle en avait envie. « T'imagines le rêve.. toi et moi, et ce qu'on appellerait "notre lit" » disais-je en riant légèrement avant de déposer mes lèvres sur les siennes. Changement de sujet subtile ? Ouais, carrément.

« On pourrait ouais.. dans la semaine ? » me demande-t-il en lâchant mes mains pour venir enrouler ses bras autour de mon corps, caressant mon dos du bout de ses doigts. Je souriais en le regardant, cette semaine, c'était une bonne idée. « Oui, on fera ça dans la semaine » Et le deal, ça serait que la prochaine fois que nous devrions aller chez le medecin ou à l’hôpital, que ce soit pour notre bébé. On allait devoir apprendre à gérer nos problèmes de drogue comme des grands, il ne fallait pas que cela soit trop envahissant dans notre couple, surtout si l'on voulait s'en sortir. « Enfin, j'ai aussi commencé à chercher un appart.. et on pourrait commencer les visites cette semaine... si ça te botte » Mes yeux s’agrandissent par la surprise. Pardon ? Chercher un appartement ? J'ai loupé un épisode. La dernière fois, dans la forêt, il a laissé échapper cette information, mais j'étais vraiment loin d'imaginer que ça se ferait si vite. Enfin, on parle d'Alexander... Ouais, j'étais un peu surprise. J'ai même pas prévenu Diamantika que je pourrais quitter la colocation. « Un appart... » répétais-je doucement en fronçant les sourcils. « On va habiter ensemble ? » demandais-je finalement avec un large sourire. L'idée me plaisait. D'un côté, j'me disais qu'on faisait clairement ça parce que j'étais enceinte. D'un autre, j'me disais que quand on était à la MH tous les deux et que nous étions en couple, c'était un peu comme si on habitait un peu ensemble. « T'imagines le rêve.. toi et moi, et ce qu'on appellerait "notre lit" » C'est vrai que ça avait son charme. Mais ça serait avant tout notre chez nous. On se réveillera dans le même lit chaque matin, on partagera beaucoup plus de chose, on pourra s'envoyer des sms inutile du genre je rentre à la maison. Je le laissais m'embrasser doucement, avant de finalement plonger mon regard de nouveau dans le sien, fronçant légèrement les sourcils. « Alex.. est-ce que tu es heureux ? » Non, parce qu'il s'engageait beaucoup en ce moment et j'étais certaine que ce n'était pas chose facile pour lui. Je ne voulais pas lui tomber dessus avec ma grossesse.