Visite : Abby

Noah vaquait à ses occupations lorsqu’il reçu un message d’Abby qui lui demandait de le rejoindre à l’hôtel, chambre 502. Le jeune homme était assez hésitant, depuis qu’il avait appris la grossesse de sa cousine il s’était montré distant avec elle, notamment parce qu’il n’était pas du tout d’accord avec le tournant qu’elle faisait prendre à sa vie. D’abord lâcher ses études pour élever des animaux, ensuite avoir un enfant sans être mariée et à un âge si jeune ? C’était hors de question pour le jeune homme encore trop enclin à respecter les traditions, au moins pour la forme.

Mais voilà, il ne pouvait pas la laisser tomber, et si elle osait lui écrire c’est qu’il devait y avoir une bonne raison, quelque chose d’important. Il finit par arriver à l’hôtel et devant la chambre indiqué par le texto avant de frapper : toc, toc, toc.  

Noah n’était pas franchement emballé à l’idée de voir Abby. Surtout qu’elle le mettait dans une position très inconfortable : qu’importe les rapports que la jeune fille entretenait avec sa famille, Noah lui ne pouvait pas cacher une aussi grande nouvelle à sa mère et son père. Il n’en allait pas seulement de la vie d’une jeune fille un peu paumée, mais surtout du nom de famille, de la maison d’Orange et d’Aremberg, de l’héritage historique d’une des plus anciennes lignées d’Europe. Et que va-t-il se passer quand les gens apprendront que la princesse héritière a mis un bâtard au monde hors mariage ? Abby ne semblait pas comprendre que toute cette histoire ne la concernait pas elle seulement, que même si elle ne parlait plus à ses parents, il y avait des impératifs bien plus important qui dépassait largement leur petite vie d’étudiants d’Harvard.

Abby ouvrit la porte et sauta dans les bras de Noah. Evidemment il ne la repoussa pas, la serrant un moment fort, avant de se reculer et de dire : « Laisse moi le temps de rentrer ». Il referma la porte derrière lui.

Vieille école, ce n’était pas peu dire. Trop attaché aux traditions, Noah savait que même dans la pire des situations, même face à la pire des ordures, il fallait savoir garder une image intact. On ne joue pas avec l’histoire. Et l’histoire, millénaire pour leur famille, suivait la même ligne depuis le dixième siècle. Impossible de la rompre aujourd’hui. Impossible que la princesse héritière, quelque soit les rapports qu’elle entretient avec sa famille, mette au monde un batard et détruise ce que ses ancêtres ont mis des siècles à construire. Noah était perdu, partagé entre ses émotions, et son envie d’aider sa cousine qu’il savait mal et triste, et ses responsabilités de duc, son obligation de référer de toute cette histoire aux hautes instances parentales et d’expliquer à Abby qu’on ne joue pas avec le trône d’Hollande. Il finit par entrer, et une seconde fois Abby se jeta sur lui. Cette fois comme il avait fermé la porte, et qu’il ressentit sa peine, il la serra un peu plus fort avant de se reculer de nouveau : « Raison sur quoi ? » lui demanda-t-il inquiet.

Elle a donc avorté. Noah ne sait pas ce qu’il ressent à ce moment précis. Une part de tristesse : ce n’est jamais agréable de savoir qu’on détruit une vie avant même qu’elle se construise. Triste pour Abby aussi, ça ne doit pas être facile pour une mère de prendre ce genre de décision. Mais une part, grosse part de soulagement. Non seulement, la situation entre Abby et sa famille n’allait pas s’envenimer mais surtout … elle n’allait pas foutre sa vie en l’air. Dans le sens où elle était jeune, elle a le temps pour les enfants, d’abord elle doit finir ses études, régler ses problèmes, et ensuite le reste. Il fut cependant interpellé par l’autre partie de sa révélation : « Comment ça il est parti ? Eden ? Le mec avec qui tu comptais te marier est parti et te laisse seule dans cette épreuve ?! Quel enfoiré !», Noah a un rire nerveux et commence à s’énerver plus sérieusement.

Noah savait pertinemment qu’il n’était pas agréable pour Abby de le voir en colère. Mais il avait vraiment trop de mal à se contenir. Depuis qu’il l’avait retrouvé, il avait gardé sa présence à Harvard secrète, ainsi que toutes les choses qu’elle lui avait racontées sur son oncle. Mais c’était trop, bien trop. Le jeune homme détestait le fait d’être dans une tel situation et en voulait presque à Abby de l’avoir embarqué malgré lui dans toutes ces histoires. Pourtant, elle savait pertinemment que le jeune homme prenait tout beaucoup trop à cœur, surtout quand il s’agissait de sa famille. Il la regardait aller s’asseoir sur le lit et lui se contenta de faire quelques pas pour venir face à elle : « Non mais …. ». Noah hocha la tête et leva les bras comme complètement déconcerté : « J’en reviens pas. Qui est au courant ? »