Do you hate me ? + Azmy

Fallait vraiment que ça s'arrête tout ça. J'voulais dire mes changements d'humeur aussi soudain. Parce qu'en plus de rendre dingue les autres, je me rendais dingue moi même. Et non, j'pouvais pas supporter ça. M'énerver au point de tout péter autour de moi et la seconde d'après fonde en larme comme si j'venais de vivre le truc le plus affreux de toute ma vie. Mais il était là maintenant, passant doucement sa main dans mes cheveux pendant que je sanglotais contre son pull. Alors c'était ça avoir l'impression de le perdre ? Pleurer comme une idiote ? Avoir l'impression de perdre quelque chose, de ne plus pouvoir respirer convenablement ? ”J’suis désolé, Az” Ouais, moi aussi je l'étais. D'réagir comme ça. De le rendre mal alors qu'au final, ce n'était rien d'autre qu'une bonne intention. Il prenait ma main m'entraînant jusqu'à la chaise de libre pour que je prenne place dessus. ”Ça va?” J'plongeais mes yeux dans les siens quelques instants posant finalement mes mains gelées sur le café pour les réchauffer. C'est moi.. Excuse moi.. J'allais pas lui sortir un basique : c'est les hormones, puisque ça risquait de le faire fuir encore plus qu'autre chose mais.. Fallait vraiment qu'on ait cette conversation. Maintenant. J'poussais un soupir le regardant de nouveau. J'ai besoin de savoir Tommy, s'il te plait. Fais pas durer l'attente encore plus longtemps, c'est déjà beaucoup trop douloureux.

Ça avait toujours été comme ça entre eux, au final. Des réactions sans explications, des regards qui en disaient long, des mots traduits par leurs corps. Il n’avait jamais vraiment souffert de leur manque de communication, il n’avait pas désiré utiliser des phrases quand le langage ne semblait pas assez adéquat pour transcrire l’effet qu’elle, du haut de son mètre cinquante-sept, avait sur lui. Pourtant maintenant c’était différent. Il la regardait, les yeux chauds et bizarres sur les siens comme mi-vivant, mi-perdu dans l’obscurité, ses mains s’étaient délicatement posés contre la surface rugueuse du gobelet. Il lui souriait. C’est déjà oublié, ne t’en fais pas. T’excuses pas. Il avait du mal à lui dire quand il avait cette capacité de faire passer le même message sans ouvrir la bouche. Il voulait qu’elle lui parle, elle aussi. Elle pensait qu’il savait tout de ce qu’elle ressentait mais ce n’était pas le cas, tout se bousculait dans son esprit; incertitudes, interrogations et al. Il avait du mal à la percer, Azraël. ”C’est compliqué”, il répondait maladroitement, passant une main légèrement tremblante dans ses cheveux. ”J’sais pas trop comment faire. Parler et-“, il avait enchaîné sans même s’en rendre compte. ”Tu te rappelles quand je t’ai envoyé ce message la dernière fois au Sanders Theatre? J’étais égoïste ce soir-là. J’étais énervé et égoïste. Parce que j’voulais pas jouer de la musique. J’voulais te voir. Et j’en avais rien à foutre s’il était tard ou que je t’avais réveillé ou que la porte n’était pas vraiment ouverte quand j’étais arrivé. Et puis on s’est embrassés et j’croyais que ça allait redevenir comme avant mais j’arrêtais pas d’y penser”, il avait tout sorti d’une traite et s’était arrêté pour un petit rire, plus nerveux qu’autre chose. ”Quand tu m’as dis que t’avais quelque chose à me dire je croyais que tu voulais juste en parler. J’ai- j’avais pas l’intention de couper les ponts avec toi, Az. Je voulais t’appeler, j’y pensais constamment, mais je savais pas ce que j’allais dire parce que je savais pas ce que je pensais.” Ses mains étaient retombées le long de son corps et il avait du mal à rester immobile. ”Pourtant j’étais sûr d’une chose. T’as cet effet sur moi que j’comprends pas. T’es- t’es vraiment importante pour moi, Az”, il s’était arrêté, presque essoufflé. Il avait encore plein de choses à dire mais il voulait l’entendre, elle aussi.

J'avais besoin d'une réponse, de comprendre, de savoir. Mais savoir quoi au juste ? Parce que je n'étais pas non plus sûre du dénouement que je voulais vraiment. Et ça me stressais tout ça, à un point inimaginable. Mais fallait l'voir l'effet qu'il avait sur moi aussi. J'me réveillais sans sa présence et j'avais toutes mes émotions qui s'bousculaient au point de me faire passer pour une dingue. C'était ça l'effet Tommy. Et je le regardais, attendant de savoir, attendant d'avoir les réponses et j'avais le droit à ce regard qui voulait tout dire, à ce sourire qui me faisait chavirer. ”C’est compliqué” Merci Tommy, ça je le savais. J'savais que c'était compliqué entre nous, que c'était dur de placer des mots sur tout ça mais fallait bien qu'on le fasse puisqu'on ne pouvait pas rester comme ça. ”J’sais pas trop comment faire. Parler et-“ La phrase restait en suspens et j'attendais. J'savais que si j'prenais le risque d'en placer une, j'aurais peut être pas la suite. Et j'voulais savoir moi. ”Tu te rappelles quand je t’ai envoyé ce message la dernière fois au Sanders Theatre? J’étais égoïste ce soir-là. J’étais énervé et égoïste. Parce que j’voulais pas jouer de la musique. J’voulais te voir. Et j’en avais rien à foutre s’il était tard ou que je t’avais réveillé ou que la porte n’était pas vraiment ouverte quand j’étais arrivé. Et puis on s’est embrassés et j’croyais que ça allait redevenir comme avant mais j’arrêtais pas d’y penser” Malgré moi, j'souriais. Parce que j'aimais savoir ce genre de détail et.. Au fond, j'serais pas venu s'il n'avait pas été question de lui. Y avait que pour Tommy que j'quittais mon lit en plein milieu de la nuit. Y avait que pour lui que j'réfléchissais pas tellement. Que j'embrassais sans penser aux conséquences juste parce que j'en avais éperdument envie à chaque fois que j'étais près de lui. ”Quand tu m’as dis que t’avais quelque chose à me dire je croyais que tu voulais juste en parler. J’ai- j’avais pas l’intention de couper les ponts avec toi, Az. Je voulais t’appeler, j’y pensais constamment, mais je savais pas ce que j’allais dire parce que je savais pas ce que je pensais.” Cette fois, j'baissais les yeux. Simplement. Parce que j'aimais pas me souvenir du moment où je lui avais dis la vérité. Le regard qu'il avait eu, quand il était partit, la peine en moi. J'aimais pas ça. ”Pourtant j’étais sûr d’une chose. T’as cet effet sur moi que j’comprends pas. T’es- t’es vraiment importante pour moi, Az” J'le regardais à nouveau posant le café pour avoir les mains libre. J'avais tellement de chose à dire et j'étais pourtant tellement nulle pour parler. Une vraie calamité. Mais j'avais deux choix. Rien dire et le perdre. Parler et tenter de le garder avec moi. Forcément que pour une fois, il fallait que je choisisse la deuxième solution. T'es important aussi Tommy. Tellement important. Mais c'était pas suffisant, fallait que je dise autre chose. Que je me livre vraiment. Y a ce truc chez toi qui.. Qui me rend dingue. Et chaque fois qu'on s'est embrassés, ça c'est accentués. Alors quand je t'ai vu avec cette fille dans les couloirs, ça m'a rendu dingue. J'pouvais pas imaginer que t'en vois d'autre, c'était pas possible. J'me mordais la lèvre avant de reprendre. Et j'sais que je suis enceinte, que tu dois penser des horreurs sur moi et que t'as pas besoin de ça mais.. C'était un accident. C'était avant que tout.. Que ça devienne comme ça entre nous tu sais.. Ouais, c'était avant mais est ce que ça changeait quelque chose au fond ? Il voulait pas me perdre mais ça ne voulait pas dire qu'il allait rester. Je.. Là, j'ai envie de t'embrasser, de te garder avec moi, d'avoir nos moments et même si c'pas cool de te demander ça.. J'peux pas me résoudre à te laisser partir. Je te veux pour de vrai Tommy. Mais ça je le dirais pas.

C’était bizarre cet instant. Une partie en Tommy était soulagée de s’être dévoilée, l’autre était complètement apeurée par la vulnérabilité. Il y était enfin, au moment des révélations et des discussions. Ça lui faisait une sensation étrange à l’estomac, un fouillis chaotique de pensées dans le crâne, une poussée d’adrénaline qui rendait ses muscles engourdis. Il s’était rarement senti aussi vivant. Sa voix avait sonné comme des notes de musique dans sa tête. T’es important aussi Tommy. Ça l’avait fait frissonner, chaque mots venant le bercer comme une étreinte, un chuchotement qui lui promettait que c’était ça le plus important, que maintenant qu’elle l’avait dit elle aussi, plus rien n’avait d’importance. Et puis c’était retour à la réalité et il fronçait les sourcils. Elle n’avait pas compris. ”Az, j’pense pas des horreurs de toi. Ça n’a rien à voir avec toi”, il l’avait presque interrompu. Et puis après un court silence, il avait hésité à continuer. ”Il y a cette fille qui-“, non, parle pas d’Elizabeth. T’as peut-être réglé les choses avec elle depuis mais elle t’as assez gâché la vie comme ça. Ce moment c’est juste toi et Azraël. ”J’ai eu cette histoire qui a mal fini et depuis j’arrive pas à- j’ai du mal à m’attacher. J’savais pas si j’étais prêt- et puis avec un enfant en plus je- j’sais pas, j’veux pas que ça s’finisse mal”, il avait vite repris, un peu maladroitement, butant sur les mots en passant la main dans les cheveux. Il ne voulait pas la perdre. Jamais. Alors, il la regardait sans broncher quand elle lui disait qu’elle voulait l’embrasser. Et puis il pris son souffle et posa une main hésitante sur le comptoir. ”Je-“ veux pas qu’on souffre. Quelqu’un va finir par souffrir dans cette histoire. C’est une mauvaise idée. J’suis pas prêt, j’veux pas m’engager pour te laisser après. Mais j’veux pas te perdre pour autant. J’suis désolé. C’était sa décision. Il n'allait pas aller plus loin avec elle. Pourquoi c’était si dur à dire? Et puis ça l’a frappé; comme un coup de poing dans la mâchoire ou une vague de mélancolie l’ayant submergé. Il ne s’était jamais senti aussi vide. Il n’était plus vivant; on lui avait tiré en plein coeur et le sang ruisselait de sa poitrine vers le sol alors qu’elle le contemplait silencieusement. C’était donc ça le sentiment de la perdre? C’était pour ça qu’elle avait réagi de la sorte quand il était sorti plus tôt ce matin? Dans ce cas, il se détestait. Il se détestait de lui avoir fait ça et de s’être fait faire ça. Il avait été con, tellement con parce que maintenant tout ce qui lui venait à l’esprit c’était fuck it. J’en ai plus rien à foutre de prendre les bonnes décisions. J’suis Tommy, elle c’est Azraël, les rayons de soleils à travers les rideaux scintillent sur son visage et on dirait qu’elle est tombée du ciel et tout ce que j’ai envie de faire c’est de l’embrasser. Et c’est ce qu’il fit, ses lèvres intenses sur les siennes, ses deux mains sur son cou avant de s’arrêter lentement, souriant. ”J’ai jamais eu envie de partir”, il lui chuchotait. Et il n’allait pas le faire.

Pourquoi tout était toujours aussi compliqué entre nous ? Pour une fois, je voulais vraiment quelqu'un. Y avait ce truc chez Tommy qui m'avait totalement marqué et.. Je le voulais. Plus que quiconque. Mais j'étais incapable de prononcer les bons mots. De lui expliquer par a + b à quel point il était essentiel. Et j'sentais que j'étais en train de le perdre. Que s'il tournait en rond, s'il ne prenait pas de décision c'était tout simplement parce que ce n'était pas à mon avantage. J'avais l'impression qu'on était en train de m'arracher le coeur de la poitrine. Et j'saignais intérieurement. J'brûlais. J'avais la sensation de suffoquer et d'être totalement impuissante face à cette déferlante de sentiment. Alors c'était ça aimer un peu trop quelqu'un ? C'était traître, j'voulais pas souffrir autant. Mais c'était trop tard. Il était dans ma tête, mon coeur, ma peau. Il avait fait sa place comme un fourbe et j'pouvais plus le faire sortir. J'le voulais plus que quiconque, de manière irrationnelle. ”Az, j’pense pas des horreurs de toi. Ça n’a rien à voir avec toi” Mais si c'est pas moi, c'est quoi ? Dis le Tommy. Arrête de me torturer comme ça. Tu vois pas à quel point ça m'défonce tout ça ? ”Il y a cette fille qui-“ La douche froide. Alors c'était ça ? Y avait une autre fille en jeu et il arrivait pas à faire son choix ? Non. En fait il avait fait son choix, c'était juste pas moi et il avait un peu trop de mal à le dire. ”J’ai eu cette histoire qui a mal fini et depuis j’arrive pas à- j’ai du mal à m’attacher. J’savais pas si j’étais prêt- et puis avec un enfant en plus je- j’sais pas, j’veux pas que ça s’finisse mal” Et il bafouillait mais je m'étais plantée. Il parlait d'ancienne relation, pas de quelque chose d'actuelle. Sauf que ça changeait pas la donne. J'étais enceinte, il le disait encore une fois et.. Dans ta tronche Az. J'avais compris. C'était trop compliqué, trop dur à gérer, on allait souffrir, blabla. Et j'avais cette envie de pleurer qui revenait à la charge. Qui me lacérait de toute part comme si j'étais soumise à la pire des tortures. Bon dieu Tommy, dis le. Dis que tu ne me veux pas, laisse moi sombrer dans un coin mais dis le. J'avais besoin de l'entendre. Comme une claque finale. ”Je-“ Y avait les secondes qui défilaient toutes plus lentes les unes que les autres et ce blanc, pas de réponse. Je le regardais, j'attentais moi. J'voulais qu'il le dise, j'en avais besoin et.. Contre toute attente il pressait ses lèvres sur les miennes. J'comprenais pas, j'avais du mal là et pourtant, ça chassait le feu à l'intérieur de moi, ça arrêtait l'envie irrépressible de pleurer. Y avait plus que lui et moi. ”J’ai jamais eu envie de partir” J'ouvrais les yeux, sourire timide sur le visage, le contemplant quelques instants. Est ce que j'étais en train de rêver ? Est ce que c'était la réalité ? J'passais doucement ma main sur sa joue laissant mes doigts redessiner les courbes de son visage avec douceur. Est ce qu'il était à moi maintenant ? C'était ce que je voulais. Le garder auprès de moi. Doucement, je revenais chercher ses lèvres comme si je n'en avais pas eu assez, comme si j'avais besoin de plus, le temps de comprendre qu'il m'avait bel et bien choisi. J'ai tellement besoin de toi que je murmurais alors. Et c'était vrai, suffisait de voir l'état dans lequel ça me plongeait quand il était pas là. Quand j'avais l'impression de le perdre. Entrelaçant mes doigts avec les siens je portais mon regard à nouveau sur lui. J'te promet de ne toujours voir que toi.

Les histoires de coeur, ça n’avait jamais été compliqué pour Tommy. Il suivait son instinct, ne se posait pas trop de questions et ne prenait pas grand chose au sérieux même s’il n’avait jamais trompé personne. Et puis Elizabeth était partie et il ne voulait plus s’attacher. Azraël, elle le perturbait parce que ce qu’elle lui faisait ressentir était différent, nouveau. Depuis Lizzie il n’avait pas vu une même fille plus de trois fois, il n’avait dormi avec personne, n’avait parlé de ce qu’il ressentait à personne surtout parce qu’il ne ressentait rien. Mais elle, elle n’était pas n’importe qui. Parfois il trouvait ça ridicule, à quel point c’était compliqué, comme un mauvais épisode d’une série pour adolescents. Au début, elle ne l’avait pas embrassé en retour et pendant une seconde il se demandait si elle n’avait pas changé d’avis mais il avait fini par se rendre compte qu’elle était juste surprise. Il avait changé d’avis tellement rapidement que même lui ne s’était pas rendu compte de ce qui venait de se passer. Ses doigts sur sa peau étaient électriques. ”Moi aussi”, sa voix était presque inaudible dans un souffle alors qu’il se détachait de ses lèvres. Il ne le montrait peut-être pas beaucoup, voir pas du tout, mais c’était vrai. J'te promet de ne toujours voir que toi. Il ne savait pas trop ce qu’il en pensait alors il lui offrait un petit sourire. La vérité était qu’il ne la voyait pas comme sa possession, elle ne lui appartenait pas en un sens et il avait toujours vu ses relations comme ça. Il n'était pas vraiment jaloux comme gars, Tommy. Et même lorsqu’il l’était il ne le montrait pas vraiment. C’était pour ça qu’Ilse l’avait quitté pendant sa première année au lycée. T’es pas croyable, Tommy. Le monde pourrait s’arrêter et tu serais encore entrain d’hausser les épaules et de garder la même expression sur le visage. Tu t’en fous de tout, au fait, elle lui avait lancé à la figure. Il avait tourné le dos avant d’hausser les épaules. Il n’avait jamais vraiment apprécié Ilse de toute façon. Il laissait ses doigts quitter doucement les siens avant de reculer. ”Tu sais c’est qui l’père?”, il avait demandé brusquement en gardant le sourire, quoi qu'un peu triste cette fois. C’était du Tommy tout craché, vous sortir un truc tout d’un coup sans être pour autant agressif, bien au contraire. Il avait vite continué en voyant l’expression sur son visage. ”J’suis désolé, j’peux pas prétendre de pas y penser. J’déteste te poser la question mais ça tourne en rond dans ma tête”, il se détestait un peu d’avoir gâcher leur petit moment mais il ne voulait pas que ce soit trop tard après et ça le tuait de ne pas savoir.

Et peut être bien que c'était idiot de sortir un truc pareil à ce moment là. Que ça faisait un peu trop cliché mais.. J'le voulais réellement Tommy et j'savais à quel point il était à cheval sur la fidélité. J'voulais juste.. Lui faire comprendre que je ferais tout pour que ça marche. J'voulais que ça marche, j'en avais besoin. Parce que y avait ce truc avec lui, ce truc qui me permettrait d'être enfin heureuse. J'voulais pas tout détruire encore et toujours. Pour la première fois, j'avais envie de me permettre cette possibilité de bonheur. Et puis sans trop savoir pourquoi, il finissait par rompre le contact reculant légèrement. Il est en train de revenir sur sa décision Az. En fait, il veut pas de toi, dans ta gueule. Ouais, j'étais en train de flipper mais comment est ce que je pouvais faire autrement ? Hein ? ”Tu sais c’est qui l’père?” Celle là, je m'y étais pas attendu. Absolument pas. J'venais de prendre sa question dans la tronche et.. J'étais pas sûre que ça soit le meilleur sujet sur lequel s'lancer. Sauf que d'un autre côté, j'savais aussi qu'il avait le droit à des réponses. Si j'voulais que ça marche, j'devais être honnête. ”J’suis désolé, j’peux pas prétendre de pas y penser. J’déteste te poser la question mais ça tourne en rond dans ma tête” J'baissais le regard inspirant un coup comme pour me donner du courage. Mentir ou dire la vérité ? Si je mentais et que ça venait à se savoir, tout ce que j'allais gagner était un nouvel échec de ma part. J'voulais pas produire ça avec Tommy. Oui, je sais.. C'est Alex. Et pitié, me parle pas d'inceste ni rien de tout ça. On est pas frères et soeurs, même pas au yeux de la lois. Alors non, pas de remarque désobligeante sur ce sujet. Je.. J'sais que c'est pas facile mais.. C'était un accident. Sois pas fâché s'il te plait. Le soit pas.

Peut-être qu’il avait fait une erreur mais il s’en foutait pas mal. Ça, c’est ce qu’il voulait. Le sourire sur ses lèvres, les étincelles dans ses yeux, la façon dont elle le regardait. Il n'avait jamais voulu la perdre et maintenant il était sûr que ça n’allait pas arriver. Pourtant, il y avait toujours cette question qu’il lui avait posé. Il attendait la réponse, nerveux de découvrir la vérité, si elle décidait de la partager. Elle baissait les yeux et ça lui faisait mal. Il ne voulait pas qu’elle se sente humiliée ou coupable parce que finalement elle n’avait rien fait de mal. C’était arrivé avant que leur histoire commence vraiment mais ça ne l’empêchait pas d’avoir cette sensation bizarre dans le ventre. Peut-être que c’était de la jalousie. Il n'avait jamais vraiment ressenti ça avant, alors il ne savait pas trop quoi en penser. ”Oh. D’accord”, il avait répondu en se grattant le crâne. Alex. Alex son pote à lui, Alex son frère adoptif à elle. Alex, qui n’était pas juste un gars qu’elle avait rencontré en boîte ou dans un bar. Alex qui ne pouvait pas juste être un coup d’un soir, pas juste un accident. Ça l’énervait un peu. Ils ne partageaient pas la même famille biologique mais il ne pouvait pas arrêter cette voix qui lui disait que c’était étrange, tout de même. Mais il ne voulait pas trop y penser. Peut-être qu’il était stupide de ne pas poser de questions, qu’il était naïf en choisissant de la croire mais maintenant qu’elle lui avait dit, il ne désirait plus en parler. Il ne voulait plus penser à lui ou à ce qu’ils pouvaient faire ensemble. Il se pencha vers elle, avant de délicatement poser à son tour ses paumes sur ses joues. ”Hey, j’te crois, Az’. Arrête d’avoir peur”. Il pouvait sentir dans sa voix qu’elle n’allait pas bien et il ne voulait pas que ça continue.

J'voulais tellement pas qu'il le soit. J'voulais pas d'un conflit, pas avec lui. Pas maintenant. Il avait finit par me choisir. Il avait finit par vouloir être avec moi. Et j'voulais pas qu'on foute tout en l'air juste quelques minutes après. Je.. J'voulais juste être heureuse. Et j'voulais que ça soit lui. ”Oh. D’accord” Alors c'était tout ? J'avais juste le droit à un "d'accord". J'tirais sur une de mes boucles brunes fuyant son regard. Ouais, j'avais peur. Je flippais de ce qui arriverait par la suite. Il allait fuir, pas vrai ? Forcément. Bien sûr. Il allait attendre de pouvoir partir et mettrait ses distances par la suite. J'voulais pas de ça. Et du coup, est ce qu'on voyait que j'étais en train de paniquer ? Parce que c'était le cas. Je paniquais. J'avais peur de le perdre si rapidement. Il s'penchait d'un coup vers moi posant ses mains de par et d'autre de mon visage et j'finissais par relever le regard vers lui, l'air triste. Pourquoi j'étais si souvent triste ces derniers temps ? ”Hey, j’te crois, Az’. Arrête d’avoir peur”. Mais est ce qu'il comprenait au moins pourquoi j'avais aussi peur ? Est ce qu'il savait l'impact qu'il avait sur moi ? Parce que ça pouvait être dingue en fait. J'avais la sensation de lui vouer une espèce de dépendance et pire, j'étais terrifiée à l'idée de le perdre. Mon dieu Tommy, regarde l'effet que tu as sur moi. C'était pas rien, bien au contraire. J'me hissais sur la pointe des pieds pour que mes lèvres l'atteignent à nouveau savourant une nouvelle fois le contact. Et fallait croire qu'il ne comptait plus en parler. Pour la journée du moins. Puis ça faisait du bien de passer une journée comme ça avec lui. Pouvoir l'embrasser sans que ça ne devienne étrange. Respirer son odeur à plein poumon sans s'poser de question. On était ensemble maintenant. Réellement.