Le cancer de ma mère, la perte de repère dans un pays que je ne connais pas alors que j'ai toujours vécu en Ukraine, les pertes humaines de l'année dernière, celle de cette année d'une autre manière, c'était beaucoup trop pour moi et il était compliqué de rester ici sans rien à se raccrocher. Mes filles ? Oui mais elles ne sont pas un point d'encrage ici, elles me suivront où que j'aille sauf que Mila est liée à Priape et qu'encore une fois il passe avant moi dans ma tête. Donc comme je ne veux pas priver Priape de sa fille, je me condamne à rester vivre ici comme une idiote qui n'arrive pas à tourner la page. « Tu pourrais au moins voir le bon côté des choses : quand je suis au plus bas je ne suis pas de celles qui ont des envies suicidaires je saute juste dans un avion et je me coupe du monde. » Juste oui, si on peut dire ça. Avec la forte envie que l'avion est un souci en pleine mer qu'il s'écrase et que tous mes soucis s'envolent avec lui, peut être que je l'avais eu cette envie, peut être que non. Aujourd'hui j'étais revenue et j'étais à cette fête, je ne sais même pas pourquoi je suis venue, pour me mettre à l'épreuve ? Peut être. Enfin non. Voilà, c'est le bordel dans ma tête, une idée arrive et le contraire débarque, tout s'entrechoque, je déteste ça, ça ne peut pas continuer comme ça. Quand il me demande si je ne suis pas sérieuse, je laisse planer le silence, il parle pour moi. Il ne s'imagine pas à quel point c'est compliqué pour moi actuellement, alors si bien sûr que si je suis sérieuse. Partir loin, tout recommencer, tout oublier, c'est tellement plus facile que de vivre avec tous les souvenirs qui te bouffent un peu plus chaque jour, et c'est sans parler des regrets. « Je vais pas bien Priape... Il n'y a pas de moyens miracles, rien ne fonctionne et ne t'embêtes pas à chercher de solution, la solution tu la connais et elle n'est pas envisageable. » L'avoir près de moi, l'avoir pour moi, non ça il ne veut pas malgré toute l'affection qu'il peut encore avoir pour moi parce que je pense que s'il s'éclate avec sa barbie ses sentiments à mon égard ont disparu. « Je sais ni vivre en t'ignorant, ni vivre à côté de toi en tant qu'amie, je ne sais pas juste être la mère de ta fille, être cette personne avec qui tu as eu un bébé. Tout ce qui me lie à toi me blesse, ne fait que remuer le couteau dans la plaie. » Cette plaie qui ne cicatrise malheureusement pas même avec le temps qui passe, une plaie qui reste à vif, une plaie béante. « Et contre ça tu ne peux rien faire, et trouve aucune solution, il n'y a rien qui fera disparaitre mes sentiments, mes regrets et tout le reste, tu le sais bien on a déjà eu cette discussion un milliard de fois, je ne suis pas comme toi, je ne sais pas passer à autre chose si facilement même avec un mec qui me plait, même avec un mec adorable alors avoir encore cette discussion c'est te faire perdre ton temps une nouvelle fois. » Je repose mon visage dans mes mains, cherchant en vain la clé de tout ça, cherchant à qui il peut donner la clé de mon cœur, mais il n'y a personne, c'est comme ça. Qu'il soit heureux et me laisse dans mon pétrin. « T'ajoutes à tout ça la maladie de ma mère et tu comprends que je n'en verrais jamais le bout, que j'ai juste envie de retourner vivre avec elle là où on a toujours vécu... »