GWEN ✲ Let's get a little undressed

Je l'avouais haut et fort à tout ceux qui avaient envie de l'entendre, j'étais une putain de faible. Comme tous ces autres là-bas. Je ne pourrais et ne voulais jamais changer qui j'étais au fond. Faire des efforts, ok, avoir ce bac, d'accord, mais cesser de consommer ce qui me faisait enfin sentir bien alors ça jamais. C'était devenu un véritable besoin. Ça rendait tout simplement mes journées plus belles et vivables vous voyez ? Voilà la raison pourquoi je me retrouvais ce soir à la soirée des Mathers : pas parce que je les aimais ou que j'avais envie de faire la fête, mais parce que je pouvais y trouver alcool et drogues à en faire un overdose. Bref je sortie donc à l'extérieur pour fumer, ma flasque d'une main, mon joint de l'autre. Je pris une grande inspiration de fumée, sentant aussitôt mon corps devenir plus calme.

Une grosse soirée à la Mather, l'anniversaire d'Emma en fait. Alcool et drogues à profusion, apprendre à gérer mes tentations face à un bon gros rail de coke, ne pas changer mes habitudes face aux noyades de mon foie. Sauf que j'ai besoin de prendre l'air pour ne pas céder à mes envies les plus profondes, qui me tiraillent du fond de mes entrailles, qui crient qu'une fois, ce n'est rien. Putain d'addiction difficile à gérer. J'attrapais une bouteille présente sur le bar et me dirigeais vers l'extérieur, pour retrouver un peu de sérénité et de paix intérieure. Je sortais mon paquet de clope avant d'être dehors pour en sortir une, et l'allumais une fois à l'air libre. Dehors, je voyais une silhouette familière. J'ouvrais ma bouteille avant de me diriger vers elle, souriante. Besoin de solitude ou de calme ? Je portais la bouteille à ma bouche pour en boire une grosse gorgée, laissant l'alcool pur chauffer mon œsophage.

Ceux qui disent qu'on n'a pas besoin de tout ça pour être heureux, que si on est bien accompagné on peut s'amuser à une fête sans avoir recours à la tentation, c'est qu'ils ne comprennent rien à rien. C'est facile à dire quand tu es la gentille petite fille à maman à qui on donne tout ce qu'elle veut. Par contre elle passerait une journée dans notre peau, nous le reste de la population, et je pari 100$ qu'on la retrouve le lendemain la morgue. Heureusement je ne m'entoure pas trop de ces gens là, je préfère ceux qui me comprennent comme la jolie demoiselle qui venait de s'approcher de moi. Voilà exactement ce dont j'avais besoin, elle avait sans doute lu dans mes pensées. « Je préfère te laisser me dire ce dont j'ai besoin. » Petit clin d'oeil accompagné d'un sourire en coin avant de tendre le petit rouleau blanc qui m'était si précieux en sa direction. Il faut savoir partager les bonnes choses à ce qu'on dit mais pas avec n'importe qui. Bien que j'aimais souvent jouer avec elle, je savais que Gwen n'était pas n'importe qui.

Tout le monde le sait, je déteste les petites filles à papa et maman qui donnent des leçons sur comment gérer mieux nos vies, qui disent que la drogue et l'alcool c'est mauvais pour la santé, que coucher avec "tout le monde" c'est mal. Les gens comme moi le savent, et je le sais moi-même. Mais je n'ai qu'une vie, malgré les fois où j'ai échappé de peu à la mort par le passé. Et c'est justement dans ce cas de figure que j'ai décidé il y a bien longtemps, de profiter de ma jeunesse. Et c'est à ces gens rigides que je lève mon majeur bien haut, en leur montrant que non, je ne suis pas la "créature de Satan" ou je ne sais quelle autre connerie ils pourraient sortir. Je les invite volontiers dans mon monde de débauche, juste pour voir s'ils arriveraient à tenir ne serait-ce qu'une soirée sans finir accro ou à dans une chambre funéraire. Ces gens là me font rire, vraiment. Mais heureusement, je n'en ai pas croisé ce soir. J'avais juste besoin de m'éloigner de toutes ces drogues qui me font envie depuis que j'ai arrêté d'en prendre, parce que je reste malgré moi une junkie, même en rédemption. A l'extérieur, en compagnie d'Agathe, je savais que j'allais passer un bon moment, que j'pouvais m'amuser comme je voulais, sans qu'elle ne se sente froissée par des avances trop explicites puisque c'est la base même de notre relation. Le chat et la souris. Les choses commençaient d'ailleurs comme cela, de sa part. Un sourire en coin venait orner mon visage avant que je n'attrape le joint qu'elle me tendait du bout de mes doigts. Je pense que tu as besoin de passer un bon moment... Je portais alors ce papier fumant à mes lèvres pour aspirer cette fumée qui fait du bien à la tête, avant de le lui rendre. A toi de voir comment tu l'interprètes. Je la regardais avec un sourire au bord des lèvres, pour commencer gentiment ce petit jeu qui nous caractérise.

Malgré que j'avais une envie évidante de quelque chose de plus fort, comme une seringue par exemple, je me trouvais étrangement plutôt sage à l'extérieur de toutes les tentations. Je n'avais pas tellement le choix en même temps. Personne ne m'empêchait de rien, j'étais une grande fille qui faisait ce qui voulait et qui gérait sa vie comme bon lui semblait. Mais si je sombrais ici ce soir, c'était encore trop tôt, j'allais pas pouvoir me contrôler et demain c'est la solitude de la prison qui viendrait à bout de moi. Non je n'allais pas laisser ces gens avoir une telle emprise sur moi. Je faisais donc ami ami avec le diable sans lui vendre mon âme et je m'accompagnais de gens comme Gwen, qui rendaient ma soirée plus intéressante. Je me mordillais la lèvre inférieure quand elle prit mon joint dans sa bouche, ne ratant alors aucun détail des traits de son visage si délicat et meurtri à la fois. « Tu sais exactement comment je l'interprètes. Moi, bah je sais que ça te plait. » Je caressai doucement sa joue du revers de ma main sans pour autant aller plus loin, du moins pour l'instant. Quel était l'intérêt de notre petit jeu si ce soir nous nous laissions si vite aller à nos moindre désir ? Ce n'était un secret pour personne que je trouvais Gwen terriblement bonne, que je ne pouvais me passer de son corps chaud contre le miens à chaque fois que l'on se retrouvait dans la même pièce. Mais cette flamme il fallait bien l'entretenir vous voyez, si l'on ne veut pas qu'elle perdre de sa vivacité. Pour l'heure donc ma bouche ne s'en tenait qu'autour du petit objet de désir entre mes lèvres dont chaque inspiration m'entrainait un peu plus vers un monde moins déprimant que celui dans lequel nous étions vraiment.

J'ai mis deux ans à me rendre compte que la coke et l'ecstasy avaient été les raisons de ce long séjour dans une cellule, dans ce pénitencier où il fallait que tu t'allies aux bonnes personnes pour sauver ta peau le plus longtemps possible. Certaines trouvaient que l'option "avoir une femme de prison" allait les aider le plus possible à s'en sortir en restant les pires salopes du monde carcéral, et celles qui comme moi, restaient loin de tout ce merdier en comptant les jours qui mènent à la sortie de ce trou à rats. Et disons que le cap des vingt-cinq ans m'a vraiment collé un coup de pied au cul, en comprenant que je ne voulais plus de cette vie là, que je ne voulais plus retomber dans cette cage de béton, de violence et de trahison à la moindre occasion. C'est la seule raison qui me pousse à ne plus céder à la tentation d'une poutre de blanche, sniffée dans un billet de dix dollars, histoire de partager avec cette bonne vieille gueule en perruque qui trône sur le recto. Cependant, un peu d'herbe, j'ai le droit, du moins, je me l'octroie. C'est pour cela que je portais le cône à ma bouche, sous le regard de la belle blonde qui se trouvait à mes côtés. Je sais aussi que ça te plait, ce genre de proposition, j'me trompe ? Je recrachais alors délicatement la fumée qui emplissait mes poumons alors qu'elle passait le revers de sa main sur ma joue, ce qui m'arrachait un sourire. Je venais alors planter mon regard dans sa direction avant de déposer mes lèvres sur sa joue, délicatement. Et restant toujours proche de son visage, je cherchais son regard avec un air semi amusé, semi charmeur, avant de récupérer une nouvelle fois le joint entre ses doigts. Personne ne fixe les règles du petit jeu qu'on s'impose, alors autant trouver un moyen de le rendre plus joueur qu'à l'accoutumée. Merci pour ce précieux. dis-je avant de le porter une nouvelle fois à ma bouche, sans pour autant lâcher son regard.

Parfois ça m'amusait de me demander quel genre de femme j'aurais été en prison. J'avais un physique de petite fille délicate, fragile, mignonne mais j'avais un caractère bien trempée. Assez pour m'en sortir là-bas ? J'en sais trop rien mais ça me rassure de me dire que oui. En vérité je préfère que tout cela ne reste que dans mon imagination, je ne veux pas l'expérimenter pour de vrai, je préfère encore et de loin jouer sur la limite de l'interdit en compagnie de ma femme. C'était un petit nom que j'avais trouvé à Gwen. « Absolument pas. » J'allais pas lui mentir, elle était putain de chaude comme ça ce soir. Non sérieux, je ne pouvais pas m'empêcher de la détailler du regard, d'admirer ses tatouages comme si je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir ce magnifique corps à nu. Ça y est je commence déjà à être défoncer, sans doute que j'avais passer trop de temps sans consommer et ça me rattrapait. Son corps près de moi me donnait une envie terrible de la plaquer contre ce mur et l'embrasser comme jamais encore on ne l'ait embrasser. Ce que je ne fis pas, pas tout de suite en tout cas. J'étais pas très à l'aise de me donner en spectacle alors qu'une fête avait lieu à l'extérieur. Je me contentais donc de sourire bêtement, entrelaçant mes doigts aux siens, profitant de cette chimie évidente entre nous. « Tout le plaisir est pour moi ma belle ! » Ramenant ma main un peu plus haut, je vins la poser juste au dessus de sa poitrine, là où son chandail laissait entrevoir un peu de sa peau. « T'as un nouveau tatouage ? »

Je ne souhaite l'enfer carcéral à personne, pas même à mes ennemis, sauf si vraiment ils me font le pire des coups de pute possible, et encore, je préfère les enterrer vivants pour voir la détresse dans leurs petits yeux mesquins, un peu comme la pauvre fille qu'on voit dans le clip Bury me alive de We Are the Fallen. Et je préfère d'autant plus que mes proches ne connaissent pas ce que j'ai pu vivre là-bas. Bien entendu, j'avais réussi à me faire quelques connaissances, puisque je n'irai pas dire que ce sont des relations amicales que j'ai su lier, ça serait bizarre. Rien ne vaut les relations que l'on se fait en dehors de cet endroit où on a l'impression que les murs se referment sur nous au fur et à mesure du temps qui passe. Agathe ne réfutait aucunement la question que je lui posais, ce qui me faisait sourire. Alors que mon regard venait alors détailler son visage et son corps, me laissant un instant pensive. Quand ses doigts venaient se coupler aux miens, des idées quelque peu osées venaient prendre possession de mon esprit. Et cela n'allait pas en s'arrangeant, alors que je portais à nouveau ce joint à mes lèvres et que ses doigts venaient effleurer ma peau. Il y en a d'autres que tu n'as pas vus et que ne sont pas possibles à dévoiler en public... Je plantais mon regard dans le sien, recrachant lentement la fumée que j'avais avalée juste avant. Ca te tente pas d'aller un peu plus loin, genre là-bas ? Je faisais un signe de la tête vers un coin un peu plus reculé de la Mather House, un large sourire aux lèvres.

Quand on y pensait, mes chances de survies étaient biens meilleures ici. Je faisais encore des cauchemars de ces gens que j'avais vu se faire tué devant moi alors vivre à travers des prisonniers non merci. Et puis même si je ne le disais pas j'étais heureuse d'être de retour à Harvard, retrouvé quelques connaissances, des vieilles habitudes et surtout un peu de bon temps comme ce soir. Ouais c'était beaucoup mieux pour ma propre survie. Détaillant chacun des tattoos de mon interlocutrice, je commençais à me dire que j'aimerais bien m'en faire faire un aussi un de ces jours, ça avait un petit côté sexy que j'aimais tout particulièrement. Je n'avais donc pas besoin de vous dire que lorsqu'elle me mentionna qu'il y en avait d'autres qu'il n'était pas possible de montrer en public, un sourire encore plus grand s'afficha sur mon visage. « Je te suivrai jusqu'au bout du monde. » N'est-ce pas adorable ? Je n'avais plus besoin de solitude pour le coup j'avais trouvé un bien meilleur remède à mes démons en cette soirée.

En prison, souvent, les pires enflures ne sont pas forcément les détenues, mais bien les gardiens. Certains n'hésitent pas à dire qu'ils ramèneront des cigarettes contre des faveurs sexuelles, alors que d'autres préfèrent l'intimidation pour combler la soumission dont ils font preuve en dehors, puis il y a les nouveaux gardiens, un peu maladroits qu'elles n'hésitent pas à manipuler pour avoir certaines choses de l'extérieur. Là-bas, j'ai toujours réussi à garder la tête froide, à ne pas marchander avec ces fils de putes qui essaient de se montrer dominants sous prétexte qu'ils se trouvent du bon côté de la barrière. Ils le rappellent bien, en se confortant qu'à la fin de la journée, ils retrouvent femmes et enfants, qu'ils pourront boire un bon verre devant un match des Lakers ou des Eagles, laissant sous entendre qu'ils baiseront leurs femmes avec violence, après le verre de trop, alors que nous, notre soirée se résumera à l'extinction des feux à vingt-deux heures, qu'on dort sur un matelas aussi épais que le string de Nicki Minaj et qu'on restera enfermées au trou si on bronche. Que de mauvais souvenirs. Agathe me sortait de ces mémoires en me disant qu'elle me suivrait jusqu'au bout du monde, ce qui m'arrachait un sourire, à nouveau. Je l'entrainais alors vers l'endroit que je lui proposais juste avant, avant de la plaquer contre le mur, un grand sourire aux lèvres. Jusqu'au bout du monde ? Je rapprochais alors mon visage du sien, effleurant à peine ses lèvres, sans les toucher, pour lui montrer qui dominait le jeu ce soir.