[FF] You came back when I wanted to give up ♦ PV

Finalement, aller chercher du bois lui avait un peu de bien car voir Gaïa et en même temps la sentir si lointaine, si inaccessible avait le don de le mettre en rogne. Il éprouvait l’envie de la secouer comme un prunier jusqu’à ce qu’elle accepte de l’écouter ou même de lui parler. Il ne souhaitait pas de conversations futiles et vaines. Lui, il avait besoin de parler de sa déclaration, de mettre des mots sur ce qu’il ressentait même s’il n’était sûr de rien. Pouvait-on réellement jouer une amitié sur une supposition, sur une intuition ? Bonaventure avait toujours été un homme dans la réflexion, qui se posait toujours un milliard de question mais aujourd’hui, il voulait être dans l’action. Son cerveau refusait de fonctionner, tellement court-circuité. Alors que pouvait-il faire d’autre mise à part agir par instinct ? « C’est toujours mieux que rien »lui répondit-il avec un pauvre sourire, se frottant les mains l’une contre l’autre. Puis, le feu s’alluma, d’abord timidement. Le métisse se pencha vers ce dernier, soufflant sur les braises pour l’attiser. Au bout de plusieurs minutes d’effort, il eut sa récompense. « La pièce va rapidement se réchauffer en espérant qu’il n’y ait pas trop de courant d’air » reprit-il alors qu’elle revenait bredouille d’une recherche de couverture. « On va se tenir chaud ! » décida-t-il en s’adossant contre une poutre non loin du feu de cheminée. « Viens, tu es complétement gelée et ne ment pas, je vois bien que tu as froid toi aussi » reprit-il avec un sourire avenant, tout en l’invitant à venir s’adosser à lui entre ses jambes. Il n’allait tout de même pas la laisser mourir de froid alors que sa voiture était à l’origine de tout. « S’il te plait, je mange pas ! » ajouta-t-il pour la décider.

La situation était précaire. Il faisait nuit et la température avait clairement chuté, les laissant transie de froid. Bien sûr, le feu allait les réchauffer mais ils auraient le temps de mourir de froid entre temps. Aussi, naturellement, Bonaventure proposa de partager leur chaleur humaine et devant les réticences de Gaïa, il dut insister jusqu’à ce qu’elle rende les armes. « Ma parole, t’es toujours aussi têtue »râla-t-il pour la forme en entourant son corps de ses bras, prenant ses mains dans les siennes pour se réchauffer. Ainsi, il se sentait bien, complet ; Un peu comme s’il avait cherché ce contact depuis qu’il l’avait à nouveau fait sortir de garde à vue. Avec cette femme dans ses bras, il se sentait à sa place, comme si tout rentrait dans l’ordre. Le métisse eut un petit rire à sa question, resserrant son étreinte un peu plus. « Il y a encore plein de choses que tu ignores à mon sujet notamment ma passion pour la survie. Je suis passionné d’aventure et je ne rate jamais une émission de Bear Grylls. C’est un aventurier qui livre des conseils pour survivre en milieu hostile et figure toi que faire du feu est la première chose qu’il apprend »lui expliqua-t-il en posant son front contre son épaule. « Tu vas mieux ? Est-ce que tu as moins froid ? »lui demanda-t-il d’une voix rendue rauque par une émotion qui peu à peu prenait ses droits sur sa raison. Depuis deux ans, jamais Bonaventure ne s’était laissé aller à voir Gaïa comme une femme et là, sentir ses courbes féminines contre lui… Cela réveillait des sensations, des émotions. Il libéra une de ses mains pour la poser sur la joue de la jeune femme, la forçant à tourner son regard vers le sien. « Gaïa… Je… J’ai besoin de toi dans ma vie. Pas seulement de l’amie… mais de la femme aussi. Je sais qu’il m’aura fallu du temps pour réagir mais quand tu t’es éloignée de moi, quand tu t’es renfermée m’interdisant ainsi de t’approcher… Cela m’a brisé le cœur. J’ai besoin de toi et j’ignorai encore jusqu’à ce soir à quel point j’avais besoin de toi dans ma vie et dans mon cœur. Je ne peux pas prédire l’avenir mais je sais que présentement, je ne peux pas me passer de toi. Je me suis buté à rester dans les sentiers de l’amitié mais je sais que c’était simplement une façon de me protéger. Tu as eu le courage de me révéler tes sentiments et moi, j’ai été lâche au point de te blesser. Pardonne moi Gaïa… je t’en prie pardonne moi » murmura-t-il avec émotion, son regard ancré dans le sien, sa main caressant sa joue. « Il y a deux ans, tu as sauvé mon cœur en l’empêchant de sombrer dans le chaos qu’était devenu ma vie mais j’ignorais que tu me l’avais volé jusqu’à ce soir. Jusqu’à ce que je te perde… Je ne veux plus te perdre. Jamais. Accorde-moi une seconde chance s’il te plait. »

Bonaventure n’avait aucune idée de comment Gaïa allait prendre son monologue mais il était tenté de dire que peu importe, au moins, il lui aurait parlé avec son cœur. Il ne voulait plus faire l’autruche ni même se cacher sous des faux semblants. Il y a quinze jours, elle lui avait ouvert son cœur et il estimait qu’elle avait le droit à ce qu’il en fasse de même. Bien sûr, cela ne l’empêchait pas de sentir battre son cœur à la chamade sous le stress d’une fin de non-recevoir. Le jeune homme savait qu’il aurait beaucoup de mal à revenir vers elle si jamais elle lui annonçait clairement qu’il avait raté le coche. Ses regrets et sa tristesse seraient bien trop puissants pour qu’il puisse les dissimuler sous une amitié feinte. Non, il n’y avait plus de retour en arrière possible. Les deux jeunes gens s’étaient mises à nu, feindre des sentiments amicaux serait faire offense à leur amour naissant. Du moins était-ce sa pensée alors qu’il attendait fébrilement une réponse.

Un petit oui s’infiltra à son oreille et il cessa de respirer pour la contempler dans un mélange d’incrédulité et de joie. Elle lui avait bien dit oui ?! Il ne rêvait pas ?! Gaïa lui semblait si fragile au moment où elle lui demanda de l’embrasser. Aussitôt un sourire charmeur étira les lèvres du jeune homme. « Tout ce que tu voudras ma déesse »murmura-t-il en comblant la distance entre leurs lèvres. Le baiser fut tout d’abord hésitant, aussi léger qu’une plume mais très vite, il n’y tint plus, l’embrassant avec la force de cet amour qui s’immisçait en lui, pansant les blessures passées.