i'm always gonna be there (alaska)

J’étais entrain de vivre un cauchemar. Je n’avais jamais voulu avoir à revivre cela. Est-ce que j’allais perdre toutes les personnes qui m’étaient cher à ces substances? J’avais retrouvé Briony un soir, et on m’a rappelé une autre fois que ça s’était passé à nouveau. Et maintenant, ma soeur. Je n’étais même pas sure que j’arriverai à survivre autre chose comme cela. En recevant l’appel de Wade, j’étais sous le choc. Une overdose. Je voulais que cela ne soit qu’un mauvais cauchemar, pourtant c’était la réalité. J’avais rapidement trouvé une babysitteuse pour les jumeaux. Je ne voulais pas leur refaire vivre la même chose que fin aout, quand j’avais déjè cru perdre ma soeur. Je lui avais pourtant dis que nous allions nous en sortir, que ça finirait par aller. Ces substances n’étaient pas la solution. Je me rendais le plus vite que je pouvais à l’hôpital, je voulais juste être la pour elle. Pourquoi n’avais-je pas vu qu’Alaska allait vraiment mal? Nous avions passé un bon moment à West Shokan pour Thanksgiving. Je pensais que ça lui aurait aidé. Je m’étais visiblement trompée. J’arrivais devant sa chambre, et je toquais, ne sachant pas si elle était réveillée ou pas.

Je ne pouvais pas me sentir plus mal vis-à-vis de ma sœur. La pauvre, j'lui faisais vivre un enfer. J'me sentais vraiment pas dans mon assiette en ce moment, mon sevrage était compliqué et je devais à chaque instant me rappeler pourquoi je faisais cela. C'était un peu comme si au fond, il y avait plus d'éléments pour me faire reprendre. Ouais, au fond, qu'est-ce que j'avais pour me motiver à arrêter ? Rien. Enfin, si. Une vie plus saine, mais j'm'en foutais un peu de moi. Une famille, j'pouvais au moins faire ça pour mon neveu et ma nièce, pour qu'ils aient une tata Alaska clean et sans danger. Mais vraiment, c'était une lutte permanente contre moi-même, j'allais devenir folle si ça continuait encore trop longtemps. Je faisais un nouveau séjour à l'hôpital, j'me demandais si j'allais pas devoir y louer une chambre, c'était quand même la deuxième fois en très peu de temps. Puis, le ras-le-bol de mon père qui venait de jeter l'éponge sur le sujet sensible "ma fille que je n'arrive pas à aimer". Il avait coupé toutes les aides qu'il m'apportait jusqu'ici, autant dire que j'étais dans la merde et que j'allais devoir me trouver un job étudiant très très vite. Je fus tirée de mes pensées quand j'entendis toquer à la porte. « Oui ? » demandais-je à l'inconnu. Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre ?

J’étais perdue. Une nouvelle fois, j’avais l’impression que mon monde s’écroulait. Je pensais que tout allait bien pour tout le monde. Parce que moi, j’essayais d’aller mieux, de passer outre mes problèmes, j’oubliais que je n’étais pas seule au monde, qu’il y en avait d’autre, qui n’était pas si heureux que moi. Je savais que ma soeur n’allait pas bien. Elle me l’avait dis. La seule chose que j’avais trouvé comme une bonne chose c’était de la faire partir. Je me disais que si elle n’était pas à Cambridge, les problèmes ne seront plus là. J’ai toujours pensé comme cela, je fuyais sans cesse mes problèmes. Ils ne se réglaient pas ainsi, le temps loin me faisait tout simplement un peu de bien pour ne pas y penser. Peut-être que j’irais lui parler, cet homme qui est sensé être notre père. Autant que moi, je ne veux rien savoir. Il devrait être là pour Alaska, il devrait l’aider, sinon quel monstre était-il? Pour le moment, je devais garder mes forces pour ma soeur. Etre forte pour elle, c’était mon rôle de grande soeur. Je m’étais trouvée jetée dans cette situation, et je ne savais pas quoi faire. J’ai grandi en tant que fille unique, toute ma vie. Maintenant, j’ai l’impression que j’ai quelqu’un d’autre à ma charge. J’ouvris la porte une fois que j’entendis une voix m’autorisant l’entrée. « Hey ! Coucou toi. » J’entrais en refermant la porte directement derrière moi.

« Hey ! Coucou toi. » Mon visage s'illumina en voyant celui de ma sœur. Demi-sœur, même en peu de temps elle était devenue bien plus que cela. Je m'en voulais clairement de la voir arriver une nouvelle fois dans une chambre d'hôpital. Surtout avec cette tête de femme angoissée. Je venais de passer quelques jours avec elle, un sourire ne m'avait pas quitté de tout ce temps. Thanksgiving avait été parfait, et j'étais heureuse que Feldt m'ait fait partager ce genre de moment de bonheur total, mais le retour à Cambridge... Un violent retour à la réalité qui m'avait fait perdre pied. Elle n'avait rien à se reprocher, c'était entièrement ma faute si j'étais complètement détraquée. « Salut ! » m'exclamais-je avec un sourire. Et avant même qu'elle ne m'en dise plus ou qu'elle ne s'approche pour aller sur le fauteuil auprès du lit, je reprends la parole : « Je suis désolée ! Je ne voulais pas t'inquiéter ou quoi que ce soit ! Je ne sais pas... Je ne sais pas ce qu'il m'a pris ! J'voulais juste me sentir bien... » m'exclamais-je en paniquant un peu plus après chaque mot. J'voulais juste qu'elle comprenne qu'elle n'y était pour rien.

Voir le visage de ma soeur s’illuminer en voyant me donnait un peu de force. Je ne savais vraiment pas à quoi je devais m’attendre en arrivant à l’hôpital. Je m’étais faite un tas d’illusion sur sa condition. Peut-être que je la retrouverai dans un coma, ou dans une condition végétative. On ne pouvait jamais savoir dans quel état quelqu’un se retrouvera après une overdose. Alaska semblait aller bien physiquement. C’était sa condition mentale qui m’inquiétait. Que me disait-elle pas? Je voulais qu’elle s’ouvre à moi, qu’elle me dise ce qui lui pesait sur le coeur. Je voulais connaître ma soeur, ses peines, ses douleurs, ce qui la rendait heureuse. J’avais l’impression d’avoir failli à être une soeur, à la protéger, à prendre soin d’elle. J’essayais de me convaincre que ce n’était pas de ma faute. C’était difficile. Avant même que je ne puisse m’approcher, Alaska commençait avec une tirade. Je me dépêchais de venir la rejoindre sur le bord de son lit pour la prendre dans mes bras. « Panique pas. C’est rien. Tu es en vie, c’est tout ce qui compte. » J’étais pas sure que j’aurais réussi à remonter la pente.

« Panique pas. C’est rien. Tu es en vie, c’est tout ce qui compte. » Ouais, je sais bien que c'est tout ce qui compte... Mais soyons réaliste un instant, il y a un moment où plus rien n'iront et où j'allais devoir me reprendre en main, une bonne fois pour toutes. Cela faisait la troisième fois que je me retrouvais dans un état critique et il y avait un moment où j'allais perdre totalement pied -même si c'était déjà plus ou moins le cas- ou pire, il y avait un moment où j'allais devenir un vrai légume dans un lit d’hôpital, juste en train de mourir. « Mais je ne veux pas que tu te sentes obligée d'être là pour moi, je veux encore moins que tu te sentes coupable pour quoi que ce soit ! » Je voulais simplement que les choses soient claires à ce sujet. « Ce n'est pas de ta faute si tu as une sœur détraquée qui t'est tombée dessus ! » m'exclamais-je dans un haussement d'épaules. Il est vrai que physiquement, je me sentais bien quoique ma tête tournait encore un peu. Les effets de la drogue s'étaient dissipés avec les heures de toute façon. Mais psychologiquement, c'était autre chose. Je ne me sentais pas bien, genre vraiment pas, mais en même temps, je ne voulais pas en parler de tout ça.

Bien sure que cette histoire et cette situation prenaient des mesures importantes. Inquiéter Alaska n’était pas la solution non plus. Elle avait besoin de repos en premier lieu et pas qu’elle se soucie de choses inutiles comme mon bien être. J’allais bien, vraiment bien depuis un an, et je ne sais pas ce qui en était la cause. Retrouver ma soeur dans un lit d’hôpital pour overdose ne faisait pas partie de mes plans pour ce mois de décembre. C’était sensée être un mois de joies, de familles, de bonheurs. Ma soeur ne l’était pas. Je le voyais en elle. Je finis par la prendre dans mes bras. « Je me sens en aucun cas obligée de faire quoi que ce soit. Je suis ici parce que j’en ai envie. T’es ma soeur, et j’abandonne pas ma famille. » J’étais peut-être rancunière, parfois égoïste, mais jamais je n’abandonnerai quelqu’un dans le besoin, pas si il s’agit de ma famille. Alors oui je vais venir la voir, et je vais me sentir mal et coupable. C’est la personne que je suis. Je ne vais pas changer comme cela. Ma famille c’est mon tout, et je ferai vraiment n’importe quoi pour celle-ci. Je finis par relâcher mon emprise sur elle, pour la regarder dans les yeux. « On a tous nos démons. Ce qui est important, c’est de les combattre. Je suis pas parfaite non plus. »

Être dans les bras de ma sœur était l'une de mes sources de réconfort préféré. Elle m'était si importante, je me sentais bien en sa présence. Feldt avait beau être une femme brisée, à mes yeux, elle était la femme la plus forte que je connaisse. En aucun cas je voulais être la source de son malheur, je ne demandais qu'à la voir heureuse. Je le voulais vraiment. « Je me sens en aucun cas obligée de faire quoi que ce soit. Je suis ici parce que j’en ai envie. T’es ma soeur, et j’abandonne pas ma famille. » Je lui adresse un sourire, la serrant encore un peu contre moi avant qu'elle décide de relâcher son emprise. « On a tous nos démons. Ce qui est important, c’est de les combattre. Je suis pas parfaite non plus. » Elle avait raison, sur le fait que le plus important était de combattre nos démons. J'essayais de le faire du mieux que je pouvais, vraiment. Mais, j'avais un mal fou à m'en débarrasser complètement. Après, à mes yeux, elle était la meilleure sœur que je puisse rêver, alors elle était très bien comme elle était. « Je ne voulais pas replonger... J'ai vraiment envie d'arrêter... Mais des fois, j'me demande si ça vaut le coup de me donner autant de mal... » m'exclamais-je tristement en la regardant dans les yeux.

Je dois avouer que je n’ai pas toujours le meilleur des tacts, que dire ce qu’il faut dire, c’est pas toujours mon point fort. Je fais de mon mieux pour réconforter ma soeur. Le contact était un bon début, lui montrer qu’elle n’était pas seule en cette période difficile. Il y avait un tas de gens qui tenaient à elle, qui croyaient en elle. Certes, la vie ne nous souriait pas toujours. Je mettais derrière moi des longues années passé à faire le deuil de mes parents, des séquelles de ma vie. Je vivais avec les conséquences de mes choix. Toutes fois, je ne pouvais pas abandonner, et ce n’était même pas une question de décevoir mes proches, mais car il y a des gens sur cette planète qui ont besoin de moi, qui comptent sur moi, qui tiennent à moi, et c’est pour cela, que je dois tout faire pour aller de l’avant, de me donner du mal. On ne peut pas faire autrement. Abandonner n’est pas la bonne solution, et c’est la voie facile. « Bien sûre que cela en vaut le coup. C’est pas facile. Il faut que tu essaies, de continuer à te battre pour pas retomber. Il y a un tas de gens qui tiennent à toi. Pense à eux, pense à ce que ça leur fera si tu n’es plus là. Moi je serais triste, et je sais qu’Alex serait triste aussi. Il tient à toi, même si ce n’est pas de la manière dont tu aurais aimé. Et Wade aussi, il tient à toi. On tient tous à toi. On a pas envie de te voir partir, et je suis sûre qu’on sera tous là pour t’aider à faire le chemin, à te supporter quand cela n’ira pas. La vie est difficile, mais n’abandonne pas. » Je venais lui caresser la joue, la rassurant ainsi.

Je n'avais réellement pas voulu tout ça. Enfin... C'était compliqué. Je voulais m'en sortir, au plus profond de moi, je rêvais que tout cela soit derrière moi. Je n'avais plus aucune envie d'être cette femme faible aux yeux de tout le monde. Ce que je voulais, c'était avoir une vie normale et saine. Mais, tout me paraissait tellement loin, tellement impossible que j'avais du mal à comprendre quel était mon but dans tout ça. « Bien sûre que cela en vaut le coup. C’est pas facile. Il faut que tu essaies, de continuer à te battre pour pas retomber. Il y a un tas de gens qui tiennent à toi. Pense à eux, pense à ce que ça leur fera si tu n’es plus là. Moi je serais triste, et je sais qu’Alex serait triste aussi. Il tient à toi, même si ce n’est pas de la manière dont tu aurais aimé. Et Wade aussi, il tient à toi. On tient tous à toi. On a pas envie de te voir partir, et je suis sûre qu’on sera tous là pour t’aider à faire le chemin, à te supporter quand cela n’ira pas. La vie est difficile, mais n’abandonne pas. » s'exclame ma sœur en me caressant la joue. J'avais envie de pleurer, mais il fallait que je résiste. « Je me déteste tellement... Tu n'imagines pas à quel point je peux me haïr des fois... » lui confiais-je alors. Ses propos, j'avais du mal à les intégrer. J'avais du mal parce que je ne comprenais pas comme on pouvait s'attacher à moi alors que moi-même, je me détestais.