La vengeance est un plat qui se mange froid (Zoïa)

Elle resta impassible devant mon téléphone alors que j’immortalisais ce moment, lui servant les mêmes menaces que lorsqu’elle avait elle même capturé notre boulette sur le toit, avec Maxym, peu de temps après la rentrée. Elle se contenta de signifier que peut être, une telle photo ferait tiquer mes –nombreuses- blondes. Je rangeai mon "arme" dans ma poche, sans effacer le cliché pour autant. « D’une, je n’ai rien à me reprocher… » Ce n’était rien en soit, quand bien même je serais en couple, ce n’était pas un tord que de la photographier. « De deux, je n’ai de compte à rendre à personne… » Parce que oui, oui, quelqu’un me plaisait mais j’étais encore célibataire officiellement. « Et de trois, elles ne sont pas –nombreuses-. Je suis pas polygame, moi. » Le petit –moi- final était bien là pour souligner notre différence sur ce dernier point. Elle m’avait expliqué déjà, sa vision des choses, son aversion pour la monogamie, pour la vie de couple, l’ennui que cela lui évoquait… Peut être que c’était aussi cette grosse différence de conception qui ferait qu’on ne dépasserait jamais ce stade, le stade du jeu, même si nous avions été à deux doigts de déraper cet été… Elle jouait à nouveau les fières inébranlables, là, accrochée à son lit, en me poussant à quitter la pièce, ne s’abaissant pas à me supplier de la libérer. Surtout pas, cela ne lui aurait pas ressembler de toute façon… Sauf que devant son attitude glaciale, je saisis la poignée sans hésiter et sortis de la chambre. L’hésitation survint juste après, quand je refermai la porte. Je restais un instant immobile, prêt à faire demi tour et à revenir sur mes pas, regardant ma montre, me demandant combien de temps je pouvais la laisser mariner, faible que j’étais, déjà en train d’envisager d’aller la libérer… Sauf qu’une silhouette se dessinait déjà à l’autre bout du couloir. Il y avait du passage, il y aurait très vite un sauveur pour la rouquine… Et je pris le chemin de ma propre chambre, non sans me promettre mentalement de repasser par là pour m’assurer du sort de la jeune femme.

(Invité)