Oh mon dieu, encore elle || Zeke

T'avais toujours l'impression d'être paumée en ce moment. Ce n'était pas que ta vie bougeait bien plus que d’habitude, mais tu tentais toujours d'assimiler les nouvelles que t'avait appris Warren, et qui n'avaient toujours pas l'air de faire sens dans ton esprit. Pourtant, t'étais intelligente, l'une des meilleures élèves de ta classe, mais apprendre du jour au lendemain que ce mec qui fut l'année dernière ton partenaire de biologie était en vrai ton frère et qu'il avait aussi une plus jeune sœur, ça avait du mal à entrer dans ta tête, ça avait du mal à faire sens. T'as finalement renié le premier prénom qu'on t'avait donné – Lydie, qui sonnait bien trop comme Lydia, la sœur morte – t'as tenté de contacter tes parents, furieuse, mais même là, t'avais l'impression d'être le dindon de la farce, d'être la seule au courant de rien. Et il était parti Warren. Une seconde fois en quelques mois. La première fois t'étais furax, cette seconde fois t'étais blessée. Tant pis. T'étais dans les vestiaires du Starbucks Coffee, venant de finir ton service, te changeant dans des habits plus confortables, avant de repasser devant le comptoir et de te commander une boisson grâce à la réduction des employés. C'est là, en attendant qu'on te fasse ton café, que tu reconnus une tête brune que tu voyais assez souvent en ce moment – quoique, déjà lors de ton stage à l’hôpital, tu la voyais tous les jours. Tu souriais en coin, et une fois ta boisson chaude à la main, tu te dirigeais vers sa table. « Salut la suicidaire ! » Tu t'exclamais plein d'enthousiasme, prenant place sur la chaise en face d'elle. « Alors, la forme ? On tiens le coup grâce à nos délicieux cookies ? » Tu demandais, sourire à l'appuie.

Tu ne voyais pas son faux sourire, ni sa manière toujours un peu plus froide de te répondre à chaque fois. Ce n'était pas que tu étais bête ou un peu trop naïve, mais seulement que tu ne comprenais pas dans tous les cas ce qui pouvait être mal interprété dans ce que tu disais, ce qui pouvait être mal pris par l'autre : alors tu ne prenais pas son ton comme un renfermement suite à tes mots, mais comme sa nature un peu compliquée. Après tout, elle avait bien tenté de ce suicider, elle devait avoir pleeeins de problèmes pas net dans son esprit, c'était normal si elle n'était pas joyeuse et sincère à chaque minutes, tu comprenais. « Super bien, enfin fini le boulot, j'attendais que ça. » Tu répondais d'un air soulagé, avant de s'asseoir en face d'elle. Tu lâchais un petit rire à sa réponse lorsqu'elle parlait de peut-être t'étouffer avec le cookie. « Tu veux passer de suicidaire à meurtrière ? T'es as fond dans le sujet de la mort dis-moi, ça ferait presque peur. » Tes réponses étaient légères, comme si le sujet n'était pas grave ni important, tes doigts tapotant contre le verre en carton.

Tu finissais assez tôt aujourd'hui, et ce n'était pas si mal. T'avais jamais vraiment d'énormes journée car les cours te prenaient déjà bien trop de temps, et tu faisais ça en plus vraiment pour être satisfaite d'avoir un virement de ta banque à chaque fin de mois. Pas que tu en avais vraiment besoin, comme tu en demandais souvent à tes parents, mais ça te faisait toujours un peu plus, et ça te payais tout ce que seule tu ne pouvais pas. « Elle est si horrible que ça ? Attend, t'es au starbucks, tu tombes sur moi... Moi, j'pense que ça ressembles vachement au paradis... » Tu lui répondais, un grand sourire sur tes lèvres, pensant totalement ce que tu disais. Quoi, on pouvait pas ne pas apprécier d'être en ta compagnie, tu étais si drôle et pleine de vie... Demandez à Adelaide, tu la faisait toujours mou-rir de rire ! Cette dernière parlait ensuite encre de mort, à croire que c'était son sujet de prédilection. « Tu vois, je viens de te trouver ta voie ! Ou croque-mort tiens... » Tu réfléchissais, l'imaginant au quotidien dans ces différents métiers. Puis tu soupirais, ta tête sur la table . « Rieeeen, le désert, toujours à la recherche d'un mec, je vais déprimer... » Tu grognais, comme si c'était la fin du monde.

Bien sûr que j'aimerais être chez moi, au fond du lit ou sur le canapé avec un bon chocolat chaud. Mais le petit Jésus en a décidé autrement, puisque je suis dans le froid, enfin au Starbucks en compagnie de Zeke. Si ça c'est le paradis, je me demande bien à quoi peut ressembler l'enfer, je répond tout en buvant ma boisson. Zeke a comment dire...un humour particulier, un humour noir...enfin, elle rit facilement de ce qu'il met arriver. Croque-mort, non mais je rêve, cette fille n'en rate jamais une ! Du genre, elle n'a pas de bouton stop, ni de pile à arrêter. Merde. Tu ne voudrais pas être chieuse professionnelle par hasard ?, bah quoi, je demande on ne sait jamais hein. Bref, vite un autre sujet, parlons d'elle un peu. Mince, elle n'a pas grand chose à me dire mais ce n'est pas grave, on va utiliser le sujet "homme". Avec ton franc parlé, tu n'as toujours pas d'homme ? Tiens c'est bizarre. Faudrait qu'elle décoince un peu mon frère...Ouais, ouais, j'ai décidé de jouer les cupidons avec Caleb.

Tu lâchais un rire alors que la cabot osait se demander à quoi ressemblait l'enfer si ce n'était pas ta compagnie – elle exagérait, t'étais pas si horrible, non ? « Elle fait des blaaaagues ! Bon faut encore travailler su ton humour, mais c'est le premier pas de la guérison. » Tu disais en faisant semblant de l'encourager, tapotant son épaule avant de boire une gorgée de ton café. « Si quelqu'un est prêt à me payer pour ça, je prend la place sur le champ. » Ne serait-ce pas là le métier parfait ? Plus besoin d'apprendre la médecine, au feu les livres de biologie, tu n'aurais besoin que d'être toi pour exercer ce job de rêve, et tu serais – tu espérais – payée une fortune pour faire quelque chose qui te plaisait. Tu arquais ensuite délicatement ton sourcil, soupirant de désespoir comme si l'apocalypse venait d'être annoncée sans aucune chance de survit. « Évidement que c'est bizarre ! A croire que les mecs préfèrent les nanas sages et soumises. » Tu grognais, avant de lever d'un coup ta tête vers elle, fixant Adealide. « C'est ça qu'ils aiment hein ? Des poupées gonflables. Ils veulent des poupées gonflables. J'suis pas une poupée gonflable. » Tu finissais, entre scandalisée et résignée. Tu ne comptais pas changer pour des mecs pas assez intelligents pour avoir des standard en matière de filles un peu plus haut – c'est pour ça que t'avais toujours préféré les hommes plus matures. Mais après la manière dont ton cœur avait été brisé avec l'ancien, tu ne comptais pas repartir à la recherche d'un sexy professeur.

Tant que je n'ai pas ton prof de l'humour ça me va, je répond à mon tour, tout en lui faisant un immense sourire. Bah quoi , son humour est tout de même horrible, enfin du moins, quand elle est avec moi. Je rigole quand elle me dit être d'accord pour être chieuse professionnelle, du moment qu'on la paye. Ben voyons, parce qu'en plus, il faudrait qu'on lui donne de l'argent pour qu'elle exerce son sublime talent. Là, on touche un sujet sensible quand on parle des mecs. Bah ouais, la plupart des mecs aiment les poupées gonflables, celles qui te disent directement oui si tu leur demande "on baise ?". Et bien la plupart oui, ils aiment ça mais il y en a qui aiment les filles simples, enfin ceux-là, il faut bien les trouver tout de même. J'en ai connu, des mecs qui aiment les bimbos mais ils ne m'ont jamais plus. La plus part du temps, les hommes se tapent des poupées, mais épousent des femmes simples. Tu as un fort caractère, peut-être que tu leur fait peur, je lui dis en haussant les épaules. Bah c'est vrai, Zeke est une belle femme mais avec un caractère monstre.

Tu levais tes yeux au ciel quand elle dénigrait ton humour, pourtant si fin, si délicat, comme une bouffée d'air frais parmi les lourdeurs habituelles de l'humanité. Tu lui lançais un petit regard, plus perçant, calculateur, avant de boire une nouvelle gorgée de ton café brûlant. « Tu ferais un ravage si t'avais mon humour ma p'tite. » Tu lui assurais, puis peut-être qu'avec ta manière de voir les choses, peut-être avec tes visions si uniques, peut-être qu'avec ta force naturelle, elle ne serait jamais allée jusqu'à tenter de se suicider si elle avait ton bon sens et ton humour. Puis vous parliez mecs, et t'avais l'impression de découvrir comme une vérité universelle qui ne t'était jamais vraiment venu à l'esprit. Pourtant, t'attendais pas le grand amour toi, t'attendais pas d'histoires qui rentreraient dans les anales, ni d'être le genre de couple élu le plus mignon au bal de fin d'année. T'étais pas si compliquées, et pourtant, en ce moment c'était plutôt le désert que tu apprivoisais. « Simples ? Ça veut dire quoi simples ? On est jamais simples nous. » Tu demandais à Adelaide, soupirant un peu. Vous étiez des filles, même sans être trop compliquées ou faciles à vivre, vous n'étiez jamais juste simples au fond de vous. Tu fronçais les sourcils lorsqu'elle annonçait l'hypothèse que tu puisses leurs faire peur. « J'sais pas si j'dois bien le prendre. » Tu avouais.