With me : Echo

Qu’allait-il devenir maintenant qu’il l’avait rencontré ? Noah était encore bien jeune mais depuis qu’il avait croisé la route d’Echo c’était comme si sa vie toute entière s’était momentanément figée. Plus rien n’avait d’importance en dehors des yeux de la jeune fille, chaque fois qu’il était éveillé, endormi, conscient, ou inconscient, tout dans son esprit le ramenait inévitablement à elle. Elle lui était inévitable, il était fou amoureux de cette jeune fille au point de vouloir en crever tant l’intensité des émotions qu’il ressentait à son égard était une véritable torture. Il ne savait ni comment, ni pourquoi c’était arrivé. Le fait est qu’elle se trouvait désormais au centre de tout, et que sans le vouloir, sans pouvoir le contrôler, Echo était désormais devenu pour Noah le centre névralgique de son existence. Elle lui avait manqué ces derniers jours, tellement manqué, affreusement, si tant est si bien qu’il se retrouvait là dans ce bar à trainer dans des quartiers qu’il n’avait pas l’habitude de côtoyer uniquement pour sentir sa présence. Présence répulsive et attractive, un mélange atroce d’Eros et de Thanatos, de beauté et de mal qui le mettait complètement à sa merci. Les effluves de l’alcool et l’ivresse grimpante lui permettait de supporter un peu mieux la houle dans son ventre qui battait comme sur un océan un soir de tempête. Il l’écoutait parler, parfois ne l’écoutait plus, complètement absorbé par son visage. Etait-il humainement possible de ressentir de telles choses pour une seule personne ? Jusqu’où ce sentiment pouvait-il aller ? Il avait mal, tellement mal d’être prés d’elle et de ne pas pouvoir la posséder. Elle était comme une partie de lui, rien, strictement rien en réalité n’avait d’importance en dehors d’Echo. Et il aurait voulu le lui hurler, de toutes ses forces, au moins pour se soulager un peu, une fois de plus, pour la sentir le prendre dans ses bras, pour laisser tomber sa tête sur son épaule, pour l’entendre lui dire qu’elle l’aime, que tout ira probablement de mal en pis, mais qu’ils ne se lâcheraient pas, jamais. Et puis les paroles incisives du jeune homme venaient rompre le silence d’un moment délicieux et suffocant. Il ne pouvait pas se laisser aller à la niaiserie, c’était impensable, pas entre eux deux. Redressait, face à elle, continuant la danse, il ne la regardait plus, ne pouvant pourtant pas empêcher ses mains de se crisper sur la taille de la jeune fille qui se mettait à parler à son tour : « Tu as raison. A cause de toi, je suis devenu celui qui ment. Et puis quoi ? Tu n’es pas satisfaite de me voir ce soir complètement perdu et meurtris ? Ça te fait jubiler encore de savoir que tu as le pouvoir de me faire mal à ce point ? ». Regard incisif, il ne souriant plus, les yeux humides et le ton fort et clair, comme s’il amorçait une dispute sincère : « Tu me manque Echo. Tu me manque tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes, tout le temps. Je me déteste de ressentir ce que j’ai ressentis pour toi, et peu importe ce que représentent Amanda ou Solveig. S’il ne faut pas se mentir, alors tu sais autant que moi que je ne serais jamais heureux sans toi. Ni ne serais jamais heureux avec toi ». Il marqua un temps de pause, s’arrêtant de danser, et haussant les épaules dans un élan qui ressemblait vaguement à du dépit, du fatalisme ou du cynisme : « Je n’ai pas besoin de toi pour me détruire, comme tu le vois, je me débrouille très bien tout seul ». En fait, il n’avait pas non plus envie de se battre, trop épuisé. A deux doigts de tourner les talons et de partir, il fut finalement convaincu de rester lorsqu’Echo le tira vers elle. Les deux jeunes gens sortirent du bar, Noah ni apeuré ni même surpris par l’attitude de la jeune fille – elle était comme ça. Sauvage et imprévisible, et c’est comme ça qu’il l’adorait.

« Cesse de prendre tes grands airs Echo », dit-il d’un ton blasé avant d’allumer une cigarette et d’en tendre une à la jeune fille. Il n’avait pas envie de lui laisser le dessus, ni envie de la laisser tout court. Alors, sans grande conviction ni enthousiasme, comme si de toute façon rien ne pouvait être pire que ce qu’il vivait à présent, il lui répondit : « Et de me menacer. Mes draps en soie n’ont pas besoin d’être réchauffés, mais merci de t’en inquiéter ». Il souffla sa fumée dans l’air, ses yeux se reposant sur la jeune fille. Il la dévisageait une fois de plus, complètement perdue, abasourdie, esclave de sa beauté. Elle était … dieu, comment était-ce possible d’être aussi belle ? Il ne pu retenir la crampe dans son ventre, ni ses jambes qui se mirent à marcher droit sur la jeune fille qu’il attrapa d’un cou sec, la tirant à lui, et qu’il se mit à embrasser. Un baiser plein de fougue, complètement hors de propos, sorti de nulle part, complètement irrépressible. Son instinct, hors de tout contrôle, s’exprimait à sa place et Noah n’avait pas réussit à se retenir. Il finit par reculer de quelques centimètres, son visage toujours proche de celui de la jeune fille, le souffle haletant : « Qu’est ce que tu propose ? ».

L’ambiance du bar devenait tout à coup glauque et étouffante. Noah se sentait mal à l’aise, non seulement du fait des révélations qu’il avait osé prononcer quand au manque qu’il ressentait vis-à-vis de son amour, mais surtout lorsqu’il fut forcé d’admettre qu’effectivement, il se détruit en partie, grosse partie à cause d’Echo. Il n’eut pas envie de répondre à sa réflexion pour ne pas être obligé de mentir. A quoi bon mentir ? Pire encore, pourquoi se mentir à soi-même ? Il étai vrai et indéniable que tout dans sa vie présentement, y compris ses émotions tortueuses et sa soif étanche d’autodestruction étaient le fait de cette rencontre impromptue avec son âme sœur, son tout et sa moitié. « Tu as même détruis ton couple à cause de moi ». Il avait envie, féroce envie de lui répondre : « Non, j’ai détruis mon couple pour Amanda, pour la protéger elle, de toi, pour la sauver elle, pas pour tes beaux yeux à toi », mais il n’en fit rien. Pas envie d’envenimer la situation, pas envie de se battre, trop épuisé par ces derniers jours de léthargie profonde, trop exalté à l’idée d’avoir enfin pu retrouver Echo.

Entrainé à l’extérieur par la jeune fille, l’air frais de la nuit lui fit reprendre tout à coup ses esprits. Moins morose, il se laissait gagner par une espièglerie taquine et une furieuse envie de vivre, de vivre vraiment, avec elle : « Je veux dire que si tu avais été de bonne famille ou de bonne condition, tu saurais que les draps de soie n’ont pas besoin d’être réchauffés puisqu’ils s’adaptent à la température de ton corps ». Ne voulant pas répondre directement à sa pique, et surtout, cherchant à la blesser en la rabaissant une fois de plus sur son rang social. Même si ces questions là, celle d’argent et de classe, n’avait aucune importance pour les deux jeunes gens tant ils étaient humainement sur un plan d’égalité parfaite, parfois Noah aimait à se saisir de ce prétexte pour remballer Echo. C’était bien la seule chose dont lui seul disposait et dont elle ne pouvait pas le narguer à son tour : « Je n’aime pas quand c’est aussi facile. Tu me mâche le travail et c’est très ennuyeux pour moi de savoir que je n’ai qu’à claquer des doigts pour te faire rebondir sur mon bassin », clin d’œil clairement moqueur. Une nouvelle pique incisive, manière de la rabaisser encore. Bien sure que c’était faux, Noah était en réalité bien trop tétanisé par l’idée de fusionner avec Echo. Soit qu’il aurait pu la tuer y compris pendant l’acte, soit qu’il se sentait bien trop vulnérable pour se laisser complètement gagner par ses sentiments et les assumer physiquement. Pour autant, il ne pu se contenir quand l’irrépressible envie d’embrasser les lèvres bleutés de la jeune fille lui sauta au cou. Un baiser fougueux, passionné, étourdissant. A la fois ralentis quand il prenait conscience de ce qui était entrain de se passer dans son cœur et dans son ventre, et approfondis quand il ne pouvait se retenir de la dévorer, de se l’accaparer toute entière, de la sentir complètement contre lui. Il recula de quelques centimètres tentant aussi rapidement que possible de regagner son sérieux et son calme, et ses yeux flirtant avec le visage de la jeune fille en tombèrent encore plus amoureux. Ça n’allait donc jamais s’arrêter ? Chaque fois qu’il l’observerait il serait gagné par ce sentiment qui n’avait de cesse de devenir de plus en plus fort, de plus en plus intense ? Il sourit, et rit même légèrement à sa remarque sur la spontanéité de ses baisers. Echo se montrait de plus en plus défiante, de plus en plus joueuse. Noah ne l’écoutait qu’à moitié, trop concentré à suivre des yeux le visage de la jeune fille et contrôler son envie de l’embrasser de nouveau lorsque ses lèvres flirtaient avec les siennes. D’une voix basse et taciturne, il finit par lui répondre : « Drogué ? Ce n’est pas dans mes habitudes ». Il avança son visage un peu plus vers elle de manière à venir lui dire aux bords des lèvres, les effleurant à peine : « Mais, comme rien ne peut être pire que ce que tu me fais toi, j’accepte le défis ». Il marqua un temps de pause, faisant mine d’embrasser la jeune fille en l’effleurant à peine avant de se laisser embarquer par elle dans une ruelle sombre.

Plaqué contre le mur, le jeune homme se laissait complètement faire, une excitation étrange, presque dérangeante, l’assaillant de toute part. Il fixait Echo droit dans les yeux tandis que ses mains vinrent se poser de part et d’autre des cuisses de la jeune fille en remontant lentement, très lentement jusqu’à ses hanches, passant presque sous son tee-shirt. Un frisson électrique lui picotait les paumes de la main et un sourire presque narquois se dessinait instantanément au coin de ses lèvres : « Je te l’ai déjà dis, il n’y a aucun défis que je n’accepterais pas de relever. Et je n’ai pas peur que tu m’empoisonne : j’ai finis par comprendre que tu avais besoin de moi. C’est pour toi que ce serait le plus douloureux de me voir mourir ». Il esquisse un sourire encore plus fort, bien condescendant, avant de passer ses mains complètement sous le tee-shirt de la jeune fille et de continuer à remonter, arrivant presque aux aisselles. En se concentrant sur ce qu’il disait à Echo, il réussissait au moins un peu à oublier le sentiment complètement paralysant de sentir la peau nue de la jeune fille contre ses mains : « Je suis venu te retrouver ». Une phrase balancer presque naturellement soulignait d’un sourire qui trahissait une certaine folie, avant que les mains du jeune homme finissent par encercler Echo, passer sur son dos, et redescendre jusqu’à ses fesses qu’il poussait vers lui de manière à ce qu’elle soit complètement et définitivement collée au jeune homme. Dans le même temps, il se mit à l’embrasser de nouveau, sans la prévenir une fois de plus, conscient de la situation dangereuse dans laquelle il était entrain de se mettre, mais ne pouvant s’en empêcher.

Noah se perdait complètement, incapable de contrôler ses mouvements ni ses pensées, il n’avait d’yeux que pour Echo, il avait envie d’elle, véritablement envie d’elle, plus que n’importe qui, n’importe quoi. Leurs baisers se multipliaient et lui savait très bien dans la partie consciente de son cerveau, que ce n’était pas une excellente idée, qu’ils étaient entrain une fois de plus de jouer avec le feu, qu’ils allaient se bruler. Mais incapable de lutter contre son désir aussi vif que brutal, il se laissa plaquer contre le mur et multipliait les caresses sur la peau brulante d’Echo. C’était une sensation … absolument déconcertante. Les picotements électriques dans la paume de ses mains se faisaient de plus en plus vif, de plus en plus douloureux. Mais à la fois, plus il la touchait, plus il se sentait envahir par une émotion étourdissante qui ressemblait étrangement à un vertige contrôlé. Il se sentait complet, comme si ses mains étaient faites pour le corps d’Echo tout entier, comme si ensemble ils ne formaient plus qu’un. Echo lui rendit ses baisers, et ses caresses. Il frissonna, physiquement, lorsqu’il sentit la main de la jeune fille sur sa joue, puis sur son torse et son ventre, son excitation grimpant à toute allure. Il n’avait pas envie de la blesser, pas envie de lui faire mal. Alors qu’il s’était mis à l’embrasser de manière complètement spontanée, le voilà qui réalisait au fur et à mesure des secondes qu’il était entrain de faire là ce dont il avait toujours rêvé. Et, aussi étrange que cela puisse paraitre, il se sentit bien, vraiment bien lorsque les lèvres d’Echo se balader sur sa mâchoire, à la commissure des siennes, sur sa bouche. Cette fois, il avait perdu le contrôle, complètement perdu le contrôle. Il était vulnérable et la jeune fille pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert : « J’ai envie de toi, tellement envie de toi mon amour », criaient chacun de ses gestes. Mais voilà que tout à coup, une pensée réussit à se frayer un chemin jusqu’à sa conscience : ils étaient là, dans une ruelle, et Noah n’avait pas du tout envie de faire ça comme ça. Envie d’elle, c’était indéniable, mais pas dans ses circonstances. Même s’il ne se l’avouait pas totalement, il considérait dans son fort intérieur qu’Echo et lui, leur Nous de la folie, méritait bien mieux. Il ne s’agissait pas seulement de l’endroit, une ruelle sombre c’était surfait tout de même, mais de tout le reste. Ils méritaient et valaient bien plus qu’une partie de jambe en l’air bâclée dans cette ruelle. Perdu à ce moment, Noah en oubliait totalement les sous-entendus d’Echo : le fait qu’elle eut dormi dans des draps de soie pendant trois ans, le fait qu’il n’allait pas se droguer mais faire quelque chose de plus stupide sans doute, … Et en réalité, il s’en fichait pas mal. Peu importe les réprimandes, les conséquences de leurs actes, il était avec elle et c’était tout ce qui comptait. Et bon sang, ce que c’était agréable de la retrouver.

Leurs gestes et baisers s’intensifiaient et Noah fut prit d’une peur panique. Il aurait été incapable de la stopper, pas cette fois, pas une fois encore. Même la patience et l’orgueil d’Echo a ses limites. Mais c’est finalement elle qui se recula. Et à ce moment là, Noah fut plus amoureux que jamais. Même dans ça, ils se comprenaient et arrivaient aux mêmes conclusions. Le souffle coupé, le pantalon légèrement gonflé par l’excitation, la bouche sèche, les pupilles dilatées, il regardait l’objet de son amour tentant avec véhémence de regagner son calme, de redescendre sur terre. Comment était-il possible de ressentir autant de choses pour une seule personne ? Cet amour là virait littéralement à l’obsession, et Noah repensa à la phrase d’Echo, sur le fait que lui non plus ne supporterait pas sa mort ou sa disparition. Elle avait raison, complètement raison. Il lui était impossible d’imaginer ou de concevoir une vie sans Echo, c’était … plus fort que lui, plus fort que tout. Elle était son enfer et son paradis.

Puis, il la trouva belle. Belle quand elle essayait de reprendre ses airs provocateurs en lui disant de stopper son tripotage, alors que ça se voyait sur son visage qu’elle pensait tout le contraire, qu’elle était au moins aussi étourdie que lui. Noah se contenta d’esquisser un léger rire, presque amusé, reprenant ses esprits. Enfin, pas tout à fait : il était gagné par une euphorie étrange, comme après un orgasme, alors même qu’il ne s’était rien passé de plus que quelques baisers et quelques caresses. Enfin, ses sourcils se froncèrent quant à la proposition de la jeune fille. Voler dans un magasin ? Pour quoi faire ? Si elle veut de l’alcool, ils vont en chercher ailleurs. Et puis, en bon aristo, Noah ne supporte pas la défiance aux règles sociales, les voleurs sont pour lui aussi détestables que les meurtriers. D’un ton assez sec et intrigué, il lui répondit : « Moi ? Voler dans les magasins ? Tu sais que j’ai une carte qui peut payer à peu prés tout ce que tu veux dans cette ville ? Une cave, un bar, une boite de nuit. Je ne vois pas l’intérêt de voler ». Il était presque mignon avec son air caché d’enfant innocent incapable d’outrepasser les règles sociales – son éducation était bien ancrée en lui. Il savait bien que ce n’était pas tant pour l’alcool, mais plus pour l’adrénaline qu’Echo voulait l’entrainer dans cette affaire. Naïvement, il espérait pouvoir lui faire changer d’avis, ne voulant pas avouer qu’en réalité … il avait peur. Peur de se faire prendre, peur que son père l’apprenne, peur de se sentir humilié et honteux.

Spoiler:

Leurs baisers et caresses s’étaient achevés, laissant à Noah un sentiment paradoxal de soulagement et de frustration total. Il se sentait presque endormi, comme dans un rêve : la fatigue, l’alcool, tout accumulé des derniers jours ressortaient à ce moment de vulnérabilité. Son corps était frêle, il avait même du mal à soutenir sa tête, et il aurait donné n’importe quoi, à dire vrai, pour être dans un lit avec Echo maintenant et tout de suite. Les sentiments qu’elle lui inspirait était assez indescriptible et tout ce qu’il savait, c’est que sa vie ne serait plus jamais la même : il y avait l’avant, et l’après Echo. En somme, son premier amour, et probablement le dernier tant il lui était impossible d’imaginer qu’il pût un jour aimer une personne plus qu’il n’aime Echo. Il la regardait se moquer de lui, juste avec ses yeux, et se mit à rire doucement – un rire de complicité qui jurait avec leurs élans naturels de rage.

Echo lui proposa d’aller voler de l’alcool dans les magasins – mais quelle attitude de roturier ! Noah était perdu, et ça se voyait dans son regard puisque de toute manière il peinait encore à regagner sa carapace impassible. Petit garçon de bonne famille, il lui était impensable de faire quelque chose qui aille à l’encontre de la morale et de son éducation. Mais voilà, il n’était pas avec n’importe qui, il était là avec Echo, la personne la plus sauvage qu’il n’eut jamais rencontré, et il faut bien admettre que sa proposition ne le surprit pas. Elle était capable de tout, il en était convaincu. Et se sentit bête tout à coup parce qu’il était absolument hors de question de lui montrer qu’il avait peur, qu’il n’était pas capable de relever le défis, et qu’Echo avait plus de couilles que lui. C’était très machiste et puérile comme façon de réagir, complètement irrationnel même, mais c’était un fait, hors de question de la laisser avoir le dessus sur quoi que ce soit. Intérieurement alors, il commençait à se conditionner : accepter de plonger pieds et poings liés dans le monde tortueux de sa belle sauvage : « Je vais me contenter de t’acheter du scotch pour que tu le mette sur la bouche et la ferme un peu. T’es obligé de ramener tout à ta sexualité à chaque fois ? Je n’ai pas envie de savoir ! », Répondit-il à sa première remarque d’un air franchement agacé qui masquait tant bien que mal sa jalousie. Il détestait l’imaginer dans d’autres bras, c’était plus fort que lui.  La voyant baisser les bras sur son défis Noah eut un rire mesquin – c’était si facile que ça de la convaincre et de la faire changer d’avis ? Soit. Il acquiesçât simplement, sourire narquois au coin des lèvres, et se laissa embarquer dans la nuit brumeuse. Ils étaient mignons là tout les deux, à vagabonder comme des âmes perdus, se tenant la main comme des enfants que rien ne pouvait arrêter ni séparer. De temps en temps Noah regardait leurs mains jointes, puis le visage d’Echo concentré à ouvrir la marche, et se répétait à lui-même à quel point il était agréable de la retrouver. A quel point il avait détestait les derniers jours qu’il avait passé. A quel point elle lui avait manqué, elle lui manque, tous les jours, tout le temps : « Pourquoi veux-tu que je vole ? Il me suffisait de laisser un mot à ma mère le matin avec ce que je voulais, et le soir quand je rentrais, l’objet convoité se trouvait sur mon lit. L’avantage d’être un bien né », dit-il arrogant et moqueur, pour rire de lui-même un petit peu : « Je ne te pose pas la question, j’ai deviné la réponse je crois », avec un air réprobateur.

Tout deux atterrissaient dans un quartier étrange. Noah se sentit mal à l’aise, ce n’est pas du tout le genre d’endroit qu’il côtoie habituellement. Ça ressemblait plus à ces quartiers infréquentables dont on voit des reportages à la télé de temps en temps, « trafique de drogue, pauvreté, banditisme ». Il lâcha la main d’Echo pour retirer sa montre, ça se voyait qu’elle coutait chère, et la mettre dans la poche intérieur de sa veste. La suivant, intérieurement inquiet, mais physiquement exagérément assuré, il entra dans le shop derrière elle. C’était glauque, affligeant, cette lumière blanche affreuse et ces gens laids. Noah balaya la pièce du regard et se rendit compte qu’Echo n’était plus devant lui mais déjà devant le rayon des alcools. Il la rejoint d’un pas pressé : « Cet endroit ressemble à un cimetière. Et si madame, depuis que je vis à Boston, je suis bien obligé de faire mes courses seul ». Il observe attentivement le rayon et fais les gros en voyant les bouteilles d’alcool alignées. C’est quoi cette camelote ! Sans déconner, ils auraient mis de la pisse avec du sucre que ça aurait eu un meilleur effet sur le jeune homme : « Non mais c’est une blague ? Tu ne vas pas me faire boire ces désinfectants ? ». Echo s’arrêta face à lui et Noah reprit : « Hors de question ». Il tourna la tête vers la gauche, puis vers la droite, pour observer que personne ne les regardait puis reposa les yeux sur Echo : « Mais je ne suis pas du genre à supplanter aux défis, tu me sous-estime ». Il attrape une bouteille de vodka qu’il met dans les mains d’Echo, et une bouteille de Jack Daniels qu’il prend lui-même. Et sans qu’elle n’eut le temps de venir, le ton pressé par l’adrénaline qui montait, première fois de sa vie qu’il allait faire quelque chose d’aussi stupide, il lui dit avec une espièglerie d’enfant taquin dans le regard : « T’es prête à courir ? ». Voyant qu’elle ne comprenait pas tout à fait où il voulait en, Noah se penche vers elle en riant avant de déposer un simple baiser sur ses lèvres. Il se recule, regarde une nouvelle fois autour de lui, puis tout s’enclenche très vite : Il passe son bras d’un geste brusque sur le rayon de manière à ce que toutes les bouteilles alignées tombent sur le sol, un brouaha immense retentit, les employés et les clients sont complètement abasourdie, et de là, Noah attrapa la main d’Echo et la tire en courant aussi vite que possible vers la sortie. Une course effrénée, il se sent complètement euphorique, complètement emporté, Echo suivant ses pas un peu plus difficilement. Des employés leur cours après, et Noah accélère – voyant qu’Echo galère à le suivre, il la tire d’un coup sec et la fait grimper sur son dos avant de repartir plus vite encore. Il tourne dans une ruelle, descend quelques marches et se retrouve dans un tunnel mal éclairé. Noah ne fait plus un seul bruit, attendant de voir les employés passer – et ils passent, continuant tout droit dans l’avenue. Noah fait descendre Echo de son dos et éclate de rire, complètement allumé : « Je crois que pour un premier vol, on peut m’applaudir. Défis relevé Hamilton », dit-il en écartant les bras comme s’il allait saluer la foule, complètement à bout de souffle, et ne pouvant s’empêcher de rire.

Il n’était pas du tout dans les habitudes du jeune homme de faire des choses aussi absurdes que saccager un magasin et voler des bouteilles d’alcool. Il était plutôt du genre bien éduqué, bien dans son costume trois pièces, plein de jugement et de poignons : deux choses qui lui garantissaient une immunité parfaite à l’égard des vicissitudes de la vie. Mais voilà qu’il avait rencontré Echo et que tout son monde se transformer : il passait d’un chaos superficiellement ordonné à un capharnaüm insaisissable si tant est si bien qu’il ne se reconnaissait plus, qu’il avait l’impression d’être mort, puis revenu à la vie à l’instant où il est tombé amoureux de ses yeux. Elle le défiait sans arrêt, et Noah sentait dans ses phrases et allégations qu’elle n’avait guère de considération pour lui, qu’elle le voyait comme un bon à rien, un fils à papa sans grand intérêt. Et au fond de lui, ça le blessait, profondément, parce qu’il aurait voulu être parfait pour cette fille qu’il trouvait parfaite. Alors, voilà que chacun des défis que la jeune fille lui lançait se transformait en challenge personnel : Noah ne voulait surtout pas perdre la face, surtout pas lui donner raison et lui montrer qu’il ne valait rien. Il voulait vivre, à fond, à pleine vitesse et à plein poumon, comme si strictement rien ne pouvait les arrêter.

Et c’est la raison pour laquelle, poussé par une pression irrépressible d’adrénaline, Noah se laissa aller à un chaos infernal : les bouteilles brisées sur le sol, et sa course effrénée avec Echo sur le dos, le flou complet autour, le noir saisissant de la nuit, et leurs rires en éclat sous ce tunnel mal éclairé, qu’il avait bien du mal à retenir. Récupérant difficilement son souffle, ses mains appuyées sur ses genoux, légèrement penché, il redressa la tête vers Echo avant de lui dire en souriant : « JE suis tarée ? C’était ton idée ». L’air taquin, satisfait et … complètement ébahie et vivant, il finit par se redresser et s’approche d’Echo à qui, sans préavis aucun, il vole un baiser avant de la regarder dans les yeux avec plus d’intensité. Cet instant était fort délectable, complètement inédit. Noah était euphorique et ne pouvait s’empêcher de rire comme un âne tant il ne s’était jamais senti aussi … vivant et heureux. Echo se rapprochait de lui à son tour, posant sa main sur la joue du jeune homme et le complimentant. Noah se sentit presque rougir et gagnée par un étrange sentiment de séduction. Il la regardait, plus profondément encore, sans ne rien cacher de toute l’envie et le désir qu’il éprouvait à son égard avant de lui répondre d’une voix basse, presque sensuelle : « T’es belle quand tu me regarde comme ça, quand tu pose ta main sur moi. Et, il semblerait que tu m’as jugé trop vite, tu as encore bien des choses à apprendre sur moi. Mon amour. », Appuyant ces derniers mots, comme il les ressentait vraiment, pas de masque entre eux, avant de regarder la fille s’éloigner à peine et lever la bouteille de Vodka. Noah se sentait gagné par un sentiment étrange, complètement heureux, complètement animal, complètement vivant. Il regardait Echo proposer de trinquer et lui n’avait plus qu’une seule envie, à cet instant précis, et aux prises d’une adrénaline débordante. Ni une ni deux, il s’approcha de nouveau d’elle, l’attrapa par les hanches avant de la porter jusqu’au mur derrière et de la coller assez violemment au mur, les jambes de la jeune fille de part et d’autre des hanches du jeune homme. Sans réfléchir, sans penser, complètement perdu à cet instant, Noah se mit à l’embrasser avec passion et envie, comme si sa propre vie en dépendait. Embrasser sa bouche, ses joues, son menton, son cou. Il voulait la dévorer, toute entière. Qu’importe si quelques minutes avant il avait décrété que la rue n’était pas un endroit pour eux. En fait, aucun endroit n’était fait pour eux, tout ce qui comptait c’était qu’ils étaient ensemble, comme ça, naturellement : lui complètement fou et à sa merci, elle complètement allumée et infernale.