••• Caitlyn... ainsi m'a-t-on nommé. Un prénom c'est quand même spécial. Un prénom c'est une suite de lettres, qui devient unique au contact des lèvres de la personne qui la prononce. Un mot qui vous colle à la peau, qui fait partie de vous pour le reste de votre vie. Une identité, votre identité, ce qui vous distingue des autres. Parfois on dit même que le prénom défini le caractère; paraît-il que les Katlyn sont censés être des reines de beauté? Des femmes fortes, sociale, rusée, intellectuelles, séductrices, calculées, artificielles, déterminées... Peut-être que la singularité fait que je manque à cette règle? J'ai toujours eu peu de volonté, mais beaucoup de caractère, honnête mais parfois menteuse, sociale mais à la fois timide, suis-je étrange? La seule chose dont je suis sûre, c'est que je n'ai jamais su choisir mes fréquentations.
••• Connor? Ou l'un des plus grand soucis de ma vie! J'ai toujours été le genre de fille un peu douteuse de chacun des agissements de garçons, mais ceux de Connor me paraissait des plus sincères. Peut-être que je suis trop ingénue pour voir la vérité en face, et que je me méfies toujours trop de ce qui est bon pour moi, tout en me jetant dans la gueule du loup? Il était ce loup. Connor était un garçon assez spécial, à part des autres, vous savez, ce petit artiste un peu péteur qui se la joue loup solitaire pour attirer toutes les nanas du collège. À 14 ans, on cherche à être différente, à être la fille qui ne tompe pas dans les filets, celle qui peut donner des conseils à son groupe de copine, celle qui peut se permettre de critiquer et de donner son opinion sur les problèmes des autres parce qu'elle même n'en à pas; le soucis c'est que ce genre de personne, ce ne sont pas les choses les plus simples qui les attirent, non, ils sont excités par les défis. Alors du fait que son jeu de séducteur ne fonctionnait pas avec moi, il a adopté une technique très différente, devenir mon ami pour que je puisse lui faire confiance. Foutu ami! J'y ai cru alors je lui ai accordé toute ma confiance, entièrement. J'y ai vraiment cru. Au fur et à mesure, j'ai commencé à lui parler de ma vie, de mes problèmes réguliers (la vie d'une adolescente n'est jamais toute rose). Un jour, Connor s'est décidé à me confesser ses "sentiments" (même s'il avait développé un attachement pour moi, c'était un garçon faux, et c'était presque si devenir son ami relevait de l'impossible). Malheureusement pour moi, j'ai refusé, n'ayant pour ma part développer que de l'amitié à son égard. Vexé dans son égo, il a commencé à se servir de mes secrets contre moi, à répandre des rumeurs, me casser du sucre sur le dos. Nous n'étions que des collégiens, mais sa soif de vengeance était assez grande pour lui donner une créativité sans nom, il allait inventé des choses auxquelles je n'aurais jamais pensé comme
"Caitlyn se prostitue et se fait entretenir par un vieux" ou bien
"Cat' deal pour se payer à bouffer, ses parents l'ont abandonné parce qu'elle était perturbée mentalement". Il m'envoyait très souvent des menaces suivies de
"Je t'aime", ou de
"J'ai besoin de toi", ce à quoi, désemparée je ne savais quoi répondre. Ce manège à duré toute ma scolarité, jusqu'à ce que Connor déménage de Sicile pour partir au Texas à cause du travail de ses parents, un peu avant la fin de ma dernière année de collège. Cette période m'a beaucoup marqué, mais surtout beaucoup appris, dois-t-on faire confiance aussi facilement, même quand on est sûr de connaître la personne?
••• Adèle, le deuxième plus grand problème de ma vie. Après avoir été débarrassée de Connor, j'ai intégré le lycée avec un poids en moins, et la possibilité de redémarrer à zéro. Au fond de la classe, il y avait toujours une fille qui souriait tout le temps, qui était toujours bien habillée, maquillée à la perfection. De ce que j'avais vaguement entendu, elle avait des origines françaises, et sortait avec un mannequin espagnol. C'était un peu la reine du bal de promo des vieux films américains, c'était la fille que les gars désiraient, que les filles jalousaient. Un jour elle m'a abordé, accoudé sur ma table, les deux mains sous son menton, avec un large sourire,
"T'as l'air cool Di Acampora, moi c'est Adèle, je peux t'appeler Cat?"; à partir de ce jour, une grande amitié s'est développée entre nous deux. J'ai pensé la connaître jusqu'à déceler un changement chez elle. Elle devenait plus agressive, plus malsaine, elle riait des malheurs des autres. Elle à commencé à persécuter des filles de notre classe, elle leur crachait dessus, les frappait, les insultait, et parfois, lorsqu'elle était de bonne humeur, se contenter de renverser son déjeuner sur leur visages, en poussant des petits cris, répugnée. Sa méchanceté la rendait de plus en plus populaire, et je me contentais d'être l'un de ses sbires, tant que moi aussi je ne passais pas de l'autre côté de la barrière. Un jour, l'une des filles du groupes, Eliza qui s'était entichée du copain d'Adèle, avait tenté une "rébellion" afin de prendre la tête du groupe et par la même occasion, Dwayne. Adèle s'était tellement acharnée sur elle dans le feu de sa vengeance, qu'Eliza avait été contrainte de changer d'établissement afin d'échapper aux tours malsains qu'elle lui jouait chaque jour. J'ai échappé de peu à ce sort, lorsque j'ai déménagé en Floride, au même moment ou Dwayne commençait à s'intéresser à moi, et même à songer de quitter sa petite amie qu'il trouvait trop dominatrice.
••• Floride! La plus récente et sûrement la meilleure période de ma vie! Fête, jeunesse, amusements, musiques sont les maîtres mots en Floride! Et j'ai enfin pu avoir un cercle d'ami comme j'en avais toujours rêvé: sans la présence d'une Adèle, ou d'un Connor. J'ai fini les cours tranquillement, en découvrant les joies de l'amitié, de l'amour et l'art de décompresser. Grâce à mon père, j'ai enfin pu découvrir autre chose que le cadre Sicilien, et surtout j'ai pu me rapprocher de ce dont j'avais toujours rêvé: Harvard. Aujourd'hui, je suis censé intégrer cette université pleine de mystère, et de choses à découvrir. À vrai dire, après avoir retrouvé mes marques, ce nouveau départ m'effraie. Mais après tout, jamais deux sans trois, et peut-être que toi aussi, tu joueras un rôle dans mon histoire?