Seconde chance ? (Cornélia)

 « J’ai une bonne mémoire… Ou bien faut croire que t’es le genre de fille qu’on n’oublie pas. » ajoutai-je avec un sourire amusé. Ou bien c’était le genre de vent qu’on n’oubliait pas peut être. Autant aujourd’hui j’avais l’habitude de me faire rembarrer, mes gros échecs sentimentaux ayant quelque peu ébranlé ma confiance en moi, autant à l’époque du lycée, j’étais un vrai piège à filles et les fois où l’on m’avait envoyé sur les roses et résisté étaient bien rares. Je désignais donc le groupe plus loin, et confirmai d’un hochement de tête qu’il s’agissait bien de mes potes. J’eus un petit rire lorsqu’elle reprit la parole soulignant la coïncidence : ses amies étaient en compagnie des miens. « C’est un signe non ? » Un signe qu’il fallait qu’on sympathise à nouveau surement. Si le courant passait entre nos fréquentations, c’était qu’il allait surement passer tout aussi bien entre nous. Je l’entrainai donc vers un coin tranquille du bar, puisqu’elle me fit savoir qu’elle se considérait comme seule, vu l’abandon de ses accompagnatrices. Je saisis le verre que le barman m’avait servi alors qu’elle sirotait le sien en commentant l’attitude de mes amis. « C’est pas ce que tu crois… Ils sont pas tous comme ça c’est que… » Je commençai à essayer de me justifier, histoire qu’elle n’aille pas tirer des conclusions hâtives du genre –je traine avec des dragueurs, donc c’est que j’en suis resté un- Mais je crois que c’était déjà trop tard puisque la jeune femme enchaina en me demandant des nouvelles tout en me qualifiant de –charmeur de ses dames- Je ne pus m’empêcher de baisser les yeux avec un petit hochement de tête et un sourire néanmoins amusé aux lèvres. Parce que ça faisait bien longtemps qu’on m’avait pas appelé comme ça, que si elle savait vraiment où j’en étais aujourd’hui en la matière, elle réaliserait vite que mes compétences en terme de séduction étaient largement en berne. « Disons qu’on va dire que y’a eu pas mal de changements… » Parfois j’aimerais à nouveau être ce mec qui d’un sourire, d’une parole, les mettait doute dans son lit. Mais je savais au fond de moi que ce n’était plus ce que je recherchais dans une relation. « Et toi Lia, qu’est-ce que tu deviens ? T’étudies sur le campus ? » C’était tellement immense qu’on ne s’était encore jamais croisés, mais rien d’étonnant vu le monde.  

  Un petit sourire amusé se dessina sur mes lèvres, comme pour acquiescer à ses mots. La blondinette m’avait laissé un souvenir impérissable, je me rappelais surtout son énergie à me repousser. En tout cas, l’eau avait coulé sous les ponts. D’ailleurs, j’essayais de lui servir l’éternelle excuse –ils sont pas tous comme ça- mais la jeune femme n’était pas dupe. « Les gens changent aussi… Je t’assure. Ils sont pas tous comme ça. » répétai-je, essayant cette fois de paraître plus sincère. La preuve, j’étais venu l’aborder sans arrière pensée. Mais Lia avait conservé cette image de dragueur qui me collait à la peau il y a quelques années. J’eus un petit rire donc, quand elle me charria sur mes exploits et ma liste –trop- longue de conquête.. Mais apparemment, je n’étais pas le seul dont la vie avait pris un virage sec. Cornélia était là depuis quatre ans, elle passait beaucoup de temps à faire la fête, fréquenter les bars, ajoutant même qu’elle n’hésitait pas à s’amuser avec des mecs. « Et qui va devoir exhiber sa liste à l’autre là ? » me marrai-je alors avec un petit ton taquin. Elle qui m’avait refoulé y’a quelques années était désormais devenue une croqueuse d’homme. « Je vais être vexé que t’aie pas voulu de moi tu sais… » fis-je alors avec une moue boudeuse. Et lorsqu’elle me demanda ce qu’il en était de mon côté, bien sur, la première révélation que je fis fut la suivante : « J’ai trouvé le bonheur, si, c’est une fille, la seule fille dans mon cœur et dans ma vie. » révélai-je avec sincérité. « Elle pèse quatre kilos et quelques, mesure 55 centimètres et elle s’appelle Mila. » Façon originale de lui révéler que j’étais papa. « J’ai une fille, elle est née le 4 septembre dernier. » expliquai-je avec un sourire fier de papa gaga.

(Invité)