Ouragan en approche (+ Seth)

Ce n'est que la mi-journée est pourtant tu commences déjà à avoir les paupières lourdes. Pas besoin de chercher bien loin les causes de cette somnolence. Bosser sur des projets jusqu'à pas d'heures finira par te tuer un jour. T'as beau cacher tes cernes, ça se voit bien à ton humeur que tu as de nombreuses heures de sommeil à rattraper. Déjà que tu as un tempérament exécrable d'ordinaire, autant dire que la fatigue n'arrange en rien ton caractère de con. Enfin tant qu'on te fiche la paix, il n'y aura pas d'incidents à déplorer. Comme tout bon étudiant qui se respecte, tu profites de ta pause de midi entre deux cours magistraux pour faire un détour au café italien ou tu as tes habitudes. Tu as mis du temps à trouver cette adresse où ils servent un vrai café italien et pas cette eau appelée café par les américains. Même après six ans sur le sol américain, tu as toujours autant de mal avec leurs habitudes alimentaires loin d'être diététiques. Sans compter le climat aux antipodes de ton pays natal. Tu as déjà ressorti ton écharpe et tes gants en velours pour supporter le froid qui s'installe petit à petit. Assise en terrasse tu pianotes sur ton téléphone tout en buvant ton café prenant garde de ne pas te brûler les lèvres. Un moment de répit avant de revenir dans le tourbillon de la vie. Et alors que l'apaisement s'empare de toi, tu viens à sentir une certaine humidité sur ta chaussure droite. Un bref coup d'oeil avant de te lever brusquement." Putain mais c'est pas possible. " jures-tu en italien, te retenant pour ne pas donner un coup de pied à ce chien de malheur. Ton regard scrute le propriétaire de l'animal." Quand on ne sait pas éduquer un chien, on en achète pas. " Ta voix empreinte de colère doit se faire entendre dans tout le quartier.

C'est décidé, j'ai pris ma journée. Au diable les cours d'informatique, je dois me taper les factures, le ménage et toutes les tâches ingrates qui font de moi un homme indépendant. J'en profiterais pour appeler le pays, j'espère que maman ne s'est pas mise dans de sales draps et que mon père protège toujours les citoyens américains sur le sol égyptien. J'ai aperçu mon reflet dans le miroir en sortant de la douche, c'est une abomination, j'en peux plus de porter ce physique. Après avoir passé ma langue sur des tas d'enveloppes et de timbres, j'ai décidé d'aller les poster tout en promenant Isis. Je la vois trop tourner en rond, ce n'est pas de bonne augure. Je vais éviter de me retaper tout le ménage, j'empoigne ma veste d'hiver, il fait trop froid pour moi déjà. Je suis loin du climat méditerranéen dans lequel j'ai grandi. Je descend les escaliers de mon immeuble et jette mes enveloppes dans la première boite aux lettres que je croise. Isis est aux anges, elle renifle de partout et m'entraîne par la même occasion là où elle le décide. J'appelle mes parents à cet instant sinon je vais oublier. Je sélectionne le numéro de la maison et j'entends sonner une fois, deux fois et puis tout à coup une voix agressive semble s'adresser à moi. Elle ne vient pas du bout du monde mais juste de derrière moi. Une jeune femme me sermonne sur l'éducation de mon chien, j'aperçois soudain sa chaussure de princesse mouillée. Oh non, Isis lui a... pissé dessus. Cela ne m'est jamais encore arrivé. Il doit y avoir une bonne raison. De toute façon, je me sens si attaqué qu'aucun son ne sort avant plusieurs secondes. " Vôtre odeur doit lui plaire énormément, vous devriez vous sentir flattée " répliquais-je avec mon gros sourire de bêta. Je crois qu'elle pourrait bien se lever et m'en coller une, elle n'aurait pas parlé italien ? Eh merde, je viens de souiller la fille du Parrain. Paix à mon âme. Je me jette tout à coup à terre et sort un mouchoir de ma poche. Non vous ne rêvez pas, j'éponge le pieds d'une inconnue en pleine rue. " Excusez moi, je... je l'ai adopté, elle a été abandonné très jeune.. " le mouchoir est imbibé de pisse, je vais vomir. Je me relève et le jette dans une poubelle sur la terrasse du café. " Puis-je me faire pardonner ? Un autre café ? " je m'impressionne, au lieu de fuir, j'engage la conversation. Surtout avec une personne qui voudrait ma tête sur une pique...

Ton tempérament impulsif et colérique ne date pas d'hier. Tu es difficile à vivre à cause de ce caractère de merde que tu tiens de tes chères racines italiennes mais aussi à ta vie de famille chaotique. Ah c'est sûr que porter le nom de Ferrari ouvre des portes, mais il n'est pas facile à porter encore plus quand tu es une fille et que ton cher et tendre paternel est un macho par excellence. Il a fallu que tu te forges une carapace, un bouclier contre ces attaques et ton coeur est devenu de pierre. Tu apprécies ton pays natal mais dès que tu as pu partir, tu l'as fait. A ta majorité donc, pour atterrir ici à Harvard. Tu t'es apaisé pendant un temps, oubliant ton nom, hélas d'autres démons ont eu raison de ta personne, réveillant le pire en toi. A la moindre chose qui te dérange ou qui ne te convient pas, tu montes sur tes grands chevaux. C'est ton côté égoïste qui ressort. Forcément ça n'a pas coupé au moment où tu t'es rendu compte qu'un chien a confondu ta jambe avec un lampadaire. Aujourd'hui doit être ta journée poisse. Tu fulmines alors que le propriétaire du chien tente un compliment qui finalement s'avère ne pas en être un. Tu serres les poings te retenant de ne pas lui en coller une. Les accès de violence ça t'arrive parfois aussi. Il se jette à tes pieds essayant de nettoyer comme il peut les conneries de son chien, s'excusant pour lui au passage, encore heureux et c'est même la première chose qu'il aurait du faire au lieu d'essayer d'en rire." Ca c'est pas mon problème. " Les animaux et toi, ça fait deux. C'est plus des emmerdes qu'autre chose et tu en as la preuve ce midi." Un café oui c'est le minimum. Parce que je pourrais te demander de me racheter une paire d'escarpins par la même occasion. " Elles étaient bonnes à jeter et avec ses conneries, tu avais renversé ton café sous le coup de la stupeur. Tu n'acceptes pas pour sa bonté mais bien parce qu'il te doit ce précieux breuvage sans lequel tu ne pourras tenir le reste de la journée." Je prendrais un café aromatisé caramel avec un sucre et de la cannelle. " Toi abusée pas du tout.

Cette fille est un monstre. Je n'en ai jamais croisé d'aussi rageuse dans l'âme. Elle doit avoir les hormones en feu. J'ai beau me montrer le plus courtois que je peux, cela ne lui suffit pas. Elle va bien loin, c'est juste de la pisse, ça se nettoie plutôt bien. Et je suis désolé pour elle, mais je pense que le prix d'une autre paire d'escarpins à la hauteur de celle qu'elle porte me vaudrait un mois de loyer. Je grimace à maintes reprises et prends finalement sa commande. Tout comme elle, sa commande semble être une montagne de prestige. Je serre Isis contre mes jambes et fais passer les désirs de la demoiselle à un serveur. J'en profite pour me prendre un gobelet à emporter. " Voilà qui est fait, je crois que ça le fait moyen de payer direct alors que l'on est pas servi, je vais attendre avec vous, ça ne vous dérange pas ? " de toute façon, j'ai déjà tiré la chaise et posé mes fesses à sa table. Si elle voulait se débarrasser de moi, elle avait opté pour la mauvaise stratégie. Maintenant que j'étais là, devant elle, je ne pouvais m'empêcher de la regarder. Elle avait de jolis yeux, une bouche magnifiquement bien dessinée. Tout était parfait. Trop. Elle devait cacher un paquet de trucs celle-ci. " Vous avez parlé italien toute à l'heure non ? "

Il avait tenté en vain d'obtenir ta compassion mais ça ne marche pas avec toi. T'es pas mère Teresa à tout pardonner au quart de secondes. N'importe quelle personne sensée aurait hurler en voyant un chien se soulageait sur sa chaussure. Mais cette colère est dupliquée quand ça t'arrive à toi. Pas de chance pour le chien et le maître qui sont vraiment tombés sur la fille à ne pas faire chier. Peut être que la personne tu devras porter une pancarte autour de ton cou avec le mot danger inscrit dessus ça les dissuadera peut être et évitera ainsi à tout le monde bien des désagréments comme celui-ci. Encore heureux que tu n'as pas besoin de lui dire d'aller te commander une autre boisson et qu'il le fait de lui même, là ça aurait été la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Les hommes ne sont plus ce qu'ils étaient donc tu as bien des raisons de te méfier. Tu ne te déranges pas pour lui demander une boisson bien précise, lui rendant ainsi la monnaie de sa pièce. Tandis qu'il s'en occupe, tu as la désagréable impression qu'autour de toi les gens t'épient du regard. Super si l'odeur de la pisse te colle à la peau. T'as plus qu'à rentrer chez toi pour te changer. Tu y songes quitte à laisser tomber ton café mais trop tard, il vient te confirmer ta commande se permettant même de s'installer à ta table sans demander ton consentement. Son assurance t'horripile autant qu'elle te laisse sur le cul. Peu de gens s'y seraient osé mais dans un sens cette désinvolture te plaît car tu aurais agi pareil à sa place." Ai-je vraiment le choix ? De toute façon, c'est pas chez moi ici donc je peux pas vous virer. Quoique... " Tu es pleine de ressources alors tu aurais très bien pu trouver une solution certainement pas raisonnable. Il te dévisageait et tu fronçais les sourcils à le voir agir ainsi, comme s'il cherchait quelque chose en toi. Sa question semblait confirmer qu'il n'était pas prêt à te lâcher." Italien oui. Vous avez quelque chose contre cette langue ? " Sur la défensive comme toujours. Tu ne te laisses pas appâter si facilement quand tu n'en as pas l'envie.

Je crois que je me suis foutu dans un bordel monstre. Je suis tombé sur la nana la plus antipathique et effrayante du campus. Effrayante par son comportement, mais somptueuse sur le plan physique. Maman m'a toujours dit, plus les filles sont belles plus elles sont compliquées. J'en ai enfin la preuve sous mes yeux. Après lui avoir commandé un nouveau café, j'essaie de détendre l'atmosphère en démarrant la conversation sur ce que j'imagine être sa langue maternelle. Elle riposte dans la seconde, toujours en sortant les dents, prête à mordre. C'est un pitbull cette femme. " Non, je n'ai rien, j'ai déjà visité l'Italie c'est pour ça, je suis d'Égypte et j'avais fait une croisière avec mes parents "  avouais-je doucement afin de ne pas la brusquer plus. Intervient à cet instant le serveur avec nos cafés. Je le remercie poliment pour deux, ce n'est pas cette peste qui lui accordera un merci. " Vous vous appelez ? Je suis Seth, enchanté, malgré les circonstances " je lui tend ma main prenant le risque de la perdre. Je souris niaisement à son visage décomposé depuis mon arrivée. Je dois sûrement l'emmerder mais à mon avis, si le destin m'a mis sur sa route, c'est pour une bonne chose.

Pour être têtue, il l'était, presque tout autant que toi. Et c'est d'ailleurs cette arrogance de sa part qui te mettait encore plus hors de toi. Tu as horreur qu'on te tienne tête. Tu détestes qu'on se mette à ton niveau, qu'on se croit aussi bien que toi. Ton orgueil dépasse les limites de l'imaginable et ton ton se fait toujours plus véhément. T'essayes de le faire perdre pied mais rien ne semble le décontenancer. Il a ce culot que tu détestes autant que tu adores. Les gens faibles et pleurnichards te sortent par les yeux et tu aurais cru qu'il faisait parti de cette catégorie quand il s'était abaissé pour essuyer ces conneries. Mais il avait fait volte face, s'était imposé comme si vous étiez devenus amis et que vous alliez rire de cette rencontre loin d'être banal. Mais toi tu n'es pas là pour rire. T'as pas de temps à perdre dans la vie en faisant ami ami avec des personnes qui n'en valent pas la peine et que tu auras oublié à la sortie d'Harvard. Tu ne sais pas pourquoi il insiste autant. Ca t'horripile mais ça t'intrigue." Jamais posé les pieds en Egypte. L'Italie m'était suffisant avant d'être là. " T'aurais pas quitté l'Italie si ta famille ne craignait pas autant. T'avais pas vraiment eu le choix que de voler de tes propres ailes pour réellement vivre." C'est pas très égyptien comme nom ! Asia. Et je déconseille de faire une blague sur mon prénom si tu veux pas t'enfoncer un peu plus. " Tu te risques à lui rendre sa poignée de main. Au point où t'en es de toute manière. Peut être qu'en te montrant un petit peu conciliante, il finira par te lâcher.

Son autosuffisance est à vomir. Je me demande bien ce qu'il a poussé à devenir aussi... arrogante. Moi qui me croyait assez spécial, j'ai trouvé pire. Cependant, on m'a toujours appris à ne pas juger trop vite. C'est pour cela que j'essaie de creuser, les énigmes, c'est mon dada. Si mon péché mignon est le hacking, je devrais pouvoir trouver un moyen de percer son pare-feu. La jeune femme daigne enfin me délivrer son prénom en me mettant en garde. Je crois que mes yeux sont exorbités. Je me redresse sur ma chaise en la saluant militairement pour lui montrer que je suis à ses ordres. " Oui chef, promis pas de plaisanterie. " Je relâche enfin ma position et ris en douce tandis que j'apporte mon café à mes lèvres. Elle est vraiment glaçante cette fille. Le meilleur moyen est d'aller droit au but, elle n'a pas l'air d'être fanatique des chemins tortueux. " Dis moi, tu t'es levé du mauvais pied aujourd'hui ou tu es toujours aussi hostile ? " vous ne rêvez pas, je viens bien de lui rentrer dedans, je me demande si ce café n'est pas le dernier endroit que je fréquenterais...

Tu es froide et tu ne le nieras pas. Les épreuves de la vie et les déceptions font que tu préfères te concentrer plus sur toi que sur les autres. Qui pourra te blâmer de vouloir te préserver après tout ce que tu as affronté. Tu as d'ailleurs certainement vécu plus de choses en vingt quatre années d'existence que certaines personnes qui ont déjà atteint la quarantaine. C'est presque blasant, pour le coup, voir même effrayant. Heureusement que tu as les épaules solides et que tu arrives à sortir la tête de l'eau mais forcément tu en as payé le prix fort, à savoir un caractère loin d'être plaisant pour les autres et même pour toi parfois. Tu es quelque peu dubitative quand il se met au garde vous, te promettant ainsi de ne pas faire de plaisanteries douteuses quant à ton prénom à la fois original et spécial. Tu ne dis pas mot faisant tourner ton gobelet dans tes mains profitant ainsi de la chaleur de la boisson pour te réchauffer. Avant que tu ne puisses prendre une gorgée, il te met une claque en pleine figure. Soit il est totalement inconscient, soit il a du cran pour te reprocher ton côté si fermé." En effet je suis quelque peu de mauvaise humeur. L'approche de l'hiver qui est loin d'être ma période préférée. Mais oui je ne suis pas la fille des plus sociable qui soit, ni celle qui accorde sa confiance dès la première discussion si tu veux savoir. Mais toi je pourrais te reprocher ta témérité. Bien que ce ne soit pas réellement un défaut. " Tu fais parti de ces gens qui sont honnêtes et francs et qui en attendent de même de la part des autres.

Je m'attendais à plus d'animosité de la part d'Asia, au contraire, je la trouve encore plus décontractée qu'au début. Je bois ses paroles qui résonnent en moi facilement. Je ne pourrais pas être plus d'accord avec elle. Pourtant, le fait d'être fermé comme elle me vaut tous les jours une ribambelle de reproches. J'ai l'impression qu'elle s'ouvre à peine, qu'elle m'offre une brèche microscopique à ne pas laisser échapper. Je rêve peut être. Je m'y hasarde, dans tous les cas, je ne risque pas grand chose. " Je ne sais pas si je suis téméraire ou plutôt maladroit en société, mais je préfère que tu me vois ainsi. " mon rire rauque se déclenche et petit à petit je me sens mieux dans mes pompes. Je reporte mon attention sur mon café avant de relever aussitôt mon regard sombre sur la jeune femme. " Tu ne voudrais pas te réchauffer en marchant un peu ? Je dois t'avouer que l'hiver est une bête noire pour moi aussi, surtout dans cette région " si je reste une minute de plus assis sur cette chaise, je vais devenir un glaçon et Isis ne va pas apprécier longtemps d'être immobile. " Enfin, n'y voit aucun sous entendu ou quoi, si tu dois aller à la fac je peux t'y accompagner ça ne me gêne pas ". D'ailleurs, qu'est-ce que j'en sais si elle est étudiante ? Je devrais vraiment réfléchir avant de parler.