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Laisse moi t'aider.
Robin & Bonaventure

 
✻✻✻ Il n’en revenait pas de se trouver dans un tel lieu, à cette heure tardive de la nuit mais Bonaventure avait beau se pincer, la réalité le frappait toujours avec cette amusante ironie : un musulman dans une église catholique pour venir chercher la personne qui se rapprochait le plus d’une petite sœur pour lui. Robin avait bien choisi son lieu mais il avait réussi à la retrouver. Il la retrouverait toujours quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise. Appelez cela le syndrome du chevalier servant ou de la bêtise mais il ne pouvait s’en empêcher. Comment se détourner d’elle alors qu’elle était au plus mal ? Impossible, impensable. Bonaventure s’approcha lentement du banc où se trouvait son amie et s’installa à ses côtés. « Je crois bien que tu t’es surpassée ce soir » plaisantait-il même s’il se demandait réellement pourquoi elle avait choisi un tel lieu. « Comment vas-tu aujourd’hui ? Cela fait un moment que je ne t’ai pas vu au stade »reprit-il en se retenant de passer son bras autour de ses épaules. Dire qu’il mourrait d’envie de la secouer mais à la place, il soupira en regardant autour de lui, silencieusement. Bonaventure attendait une réaction de sa part, prêt à l’aider si seulement elle acceptait sa main tendue.

 
✻✻✻
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La nuit précédente avait été trop courte, ou bien trop longue... A vous de choisir... J'étais rentrée à l'aurore, au moment où le coq se met à chanter... Et de là, je n'avais pas dormi longtemps, malgré la fatigué, malgré mon état d'ébrieté avancé, je n'avais pas trouvé le sommeil, ou plutôt pas un vrai sommeil... J'avais dormi, je ne sais pas combien d'heure, mais à mon réveil, j'avais l'impression de ne pas avoir assez dormi... Pourtant, il fallait que je bouge, parce que je ne pouvais pas rester là, je ne sais plus restée enfermée dans ma chambre... Pas sans finir par pleurer, alors j'avais fui mon appartement encore une fois, pour trouve un bar ouvert dès le début de l'après-midi, pour commencer à picoler, comme depuis le réveil de Nate, comme depuis que ma vie était partie en live. Puis le barman, voyant mon état avancé, m'avait flanqué dehors, parce que j'avais plus d'argent sur moi, mais aussi parce que j'étais trop loin, trop jeune pour mal finir... Des barmans avec bonne conscience, c'est du jamais vu ! Je vais finir par croire au père noël à se rythme là... Mais soit !

Je me suis fait chassée comme la mal-propre que je suis et je titube plus que je ne marches dans les rues, cherchant un endroit où aller, rentrer maintenant n'est pas prévu, il est trop tôt, je suis trop clean... Alors, je marche, pour finalement me retrouver devant cette église... Je me demande ce que je fous là, mais je m'approche de la porte, elle est ouverte, alors je rentre, comme si j'étais croyante, alors que je ne suis jamais rentrée dans une église catholique avant... Je suis Juive alors notre lieu de culte est la synagogue... C'est la première fois pour moi... Je rentre, détaillant malgré l'alcool les yeux. Je bloque même un moment sur une statue qui représente je ne sais qui, je n'arrive pas à lire le nom écrit sur la petite plaque couleur or en dessous.

Je reprends alors ma marche, avant de finalement me laisser tomber sur un banc, me couchant, sur le dos, sur celui-ci les jambes pliés. Je pense à faire une sieste, mais quand la porte s'ouvre et que j'entends des bruits de pas, je me redresse, essayant de jouer la bonne croyante, je joints mes mains. Je sais pas pourquoi je fais ça, pourquoi je fais semblant. Penchée vers l'avant, les coudes posés sur mes cuisses et les yeux fermés, j'entends la personne s'approcher et prendre place à côté de moi. J'entends ensuite sa voix. Je reste silencieuse. Cette voix m'est familière... J'ouvre alors les yeux pour tourner la tête et fixer Bonaventure. "Pas encore assez vu qu'on arrive encore à me retrouver." C'est à se demander s'il m'avait pas foutu un localisateur gps dans le cul pour me retrouver avec tant d'aisance. Je commence alors à fouiller dans mon sac à main puis finalement mes poches. Ignorant sa question, parce que j'ai l'air de tout, sauf d'aller bien et il le sait. "Il est où ?" Lui lançais alors soudainement sans lui préciser de quoi je parlais, vu que je continue de fouiller mes poches à la recherche de cet émetteur qui n'existe pas.


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Robin & Bonaventure

 
✻✻✻ Bonaventure la regardait farfouiller dans son sac avec un sourcil arqué. Que diable cherchait-elle aussi activement ? « Je peux savoir ce que tu recherches ? » lui demanda-t-il en faisant écho à ses pensées. Il s’inquiétait réellement pour elle si bien qu’il avait passé son temps à harceler une de ses amies. Eun devait certainement le prendre pour un cinglé à force de le voir débarquer à l’improviste pour lui poser des questions sur Robin. De tout de manière, la jeune femme l’évitait depuis quelques temps. Il soupira en jetant un coup d’œil à la jeune femme à ses côtés. Il n’osait pas lui avouer qu’il avait toujours une photo d’elle sur lui et qu’il passait son temps à errer de bar en bar en demandant inlassablement la même chose aux barmaids : avez-vous vu cette femme ?

Ce soir, il avait eu de la chance, il avait trouvé plusieurs témoins qui lui avaient signifié la direction prise par Robin. Voilà comment il la retrouvait toujours. Il la cherchait tout simplement jusqu’à en avoir mal aux jambes ou plutôt à la jambe. « Je m’inquiète beaucoup pour toi Robin, tu ne peux pas continuer sur ce chemin » lui dit-il en posant une main douce et chaleureuse sur son épaule. Il aurait aimé pouvoir trouver les mots, lui dire que tout irait bien. Il aurait tant aimé prendre son mal être pour l’en décharger. Robin l’avait tellement aidé par le passé qu’il ne pouvait s’imaginer la laissant toute seule. Elle était tellement importante à ses yeux, plus ce qu’elle s’imaginait sans nul doute. « L’alcool n’est pas une solution » ajouta Bonaventure avec la désagréable impression de jouer les donneurs de leçons. Ce n’était pas le rôle qu’il voulait jouer mais que pouvait-il faire d’autre ? Robin lui semblait tellement inaccessible.


 
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Je le regarde, parce que je ne trouve vraiment pas cet émetteur, surtout qu'il fait semblant de rien en me demandant ce que je cherche. Je fronce les sourcils en plantant mon regard dans le sien, bien que je le vois un peu flou... Mais pas grave ! Il est pas sensé le savoir, alors j'essaie d'avoir l'air normal, pour ne pas dire clean car je dois sûrement puer la bière ou je ne sais trop quel autre alcool. " Je te parles de l’émetteur que tu m'as flanqué pour me retrouver !" Parce que non, pour moi, c'est pas normal qu'il me retrouve tout le temps comme ça, que monsieur arrive à me trouver même dans cette putain d'église ! Sérieux, moi-même je ne sais pas trop ce que je fais là, ni même pourquoi je suis rentrée ici, alors comment il aurait pu se dire que j'aurais été posé mes fesses ici alors que je ne suis pas du tout catholique ? Alors oui, j'essaie de savoir où il la mit et je continue de chercher, écoutant à peine ses paroles moralisatrices. Sérieux, tout le monde me rabâche les oreilles avec la même chose. Je cesse donc mes recheches un moment, levant mon index, je prends la parole. "Attention, la drogue non plus n'est pas une solution. C'est pas un chemin que tu dois suivre Robin, cela ne ramènera pas tron frère et ne changera pas le fait que Nate ai tenté de se suicidé par ta faute ! Alors non, arrête de boire et de fumer n'importe quoi, ta vie ne pourra qu'aller mieux ensuite. Il faut savoir faire les bons choix et là, tu suis le mauvais chemin. Fait attention à toi." Je repose ensuite mon regard sur Bonaventure.

"C'est ça le speech complet non ?" Je venais de lui balancer ça, comme si quelqu'un m'avait déjà fait la morale sur ça avant, c'était peut-être le cas, mais je ne m'en souvenais pas réellement, faut dire, mes vrais derniers souvenirs datent de plusieurs jours, le reste c'est que des suppositions, des souvenirs vagues, des morceaux parfois sans queue ni tête, des sortes de flashs qui me reviennent le lendemain matin, quand je suis pas encore assez droguée pour ne pas chercher à me souvenir. Le pire là dedans, c'est que je viens quand même de lui balancer que je suis responsable de la mort de mon frère et de la tentative de suicide de Nate, si pour la première, il était déjà au courant, pour la seconde je ne parierais pas la dessus... Bref, cela fait, je remarque enfin sa main sur mon épaule et je louche un peu dessus, bloquant clairement sur cette intrusion. "C'est quoi ça ?" Dis-je en parlant de sa main sur moi, comme si c'était pas quelque chose de normal...
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Robin & Bonaventure

 
✻✻✻ L’amusement avait supplanté l’inquiétude dans le regard du namibien. Un instant fugace mais salvateur pour son cœur qui se serrait de voir son amie aussi tourmentée. « Je n’ai caché aucun émetteur sur toi mais ne compte pas sur le fait que je te dise comment je te retrouve à chaque fois. Je tiens à garder l’unique moyen que j’ai de te retrouver »lui répondit-il avec un calme et douceur qu’il était loin de réserver à tout le monde. Le quincy était connu pour être un homme gentil et loyal mais la douceur qu’il témoignait à Robin était unique. La Mather pouvait s’en agacer, elle ne pourrait s’en défaire. Il devait la protéger même d’elle-même. Malheureusement, il n’était visiblement pas le seul à s’inquiéter et une tierce personne s’était chargée de lui tenir un discours moralisateur. « On peut dire qu’il y a de cela… »soupira son ami.

Bonaventure ne savait pas comment la prendre tant elle semblait sur le point de lui filer entre les doigts à chaque instant. C’était perturbant mais pas assez pour qu’il abandonne. Oh il savait que s’il en parlait à sa psychiatre de mère, elle lui dirait assurément que c’était lui qu’il cherchait à sauver au travers de Robin mais qu’importe. S’il pouvait les sauver tous les deux, pourquoi s’en priver ? « Je ne sais pas ce que tu cherches à fuir mais ce n’est pas en te détruisant ainsi que tu rendras hommage à ton frère ou que tu te sentiras moins coupable pour ce Nate. Je ne le connais pas mais ce que je sais en revanche, c’est que l’on ne se suicide pas à cause de quelqu’un. S’il a tenté de mettre fin à ses jours, c’est qu’il est déjà instable. Te rendre malade n’y changera rien » tenta-t-il de lui faire entendre raison.

Robin remarqua alors sa main sur son épaule et il pencha la tête à sa question. « C’est une main sur ton épaule, un signe de soutien… Robin, tu as besoin d’aide ! Tu ne peux pas tout gérer toute seule. Tu m’as aidé par le passé et je refuse de te tourner le dos. Tu as de la chance que je me contente de ce simple geste car si ça ne tenait qu’à moi, tu serais déjà dans mes bras, étouffée par un gros câlin »marmonna-t-il sur la fin tant il se sentait impuissant. Le Quincy rêvait tellement d’adoucir sa peine.

 
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Il me ment, j'en suis certaine ! Parce que pour me retrouver de la sorte, il est obligé de m'avoir flanqué un émetteur quelque part, alors quand il nie cela, je fais la moue, croisant les bras comme le ferait une gamine un instant avant de finalement reprendre mes recherches tout en l'écoutant à peine. Mais la conversation s'enchaîne et voilà que je me fais moi-même la morale, bien que cela ne soit pas du tout sérieux, et lui ne semble pas des plus convaincu par cela non plus. Tant mieux ! Il ne va plus me prendre la tête sur ça, enfin ! J'espère... Pendant... Quoi ? Trente seconde car rapidement, il reprend la parole pour jouer encore une fois les bon samaritain. J'ai alors ce sale réflèxe, celui de lever les yeux aux ciels. Je vous jure, dans une église, ça le fait réellement ! Parce que WAAW les voûtes, elles sont MA-GNI-FIQUE  ! Bref, passons le sujet de l'architecture de cet église et revenons à nos moutons noirs. Je baisse le regard sur sa main écoutant son explication face à ce geste amicale, que je trouves trop envahissant, trop lourd. Sérieux, une main, ses pleins de doigts, sa pèse des tonnes et voilà. Mon épaule s'affaisse dans un mouvement assez simple pour se libérer de cette dite main. "Je t'ai aidé, mais je n'attendais rien en retour, alors laisse tomber. Je ne cherche pas d'aide, je ne cherche pas à m'en sortir. Je ne cherche qu'une seule chose et je ne pense pas que tu puisses me l'offrir, cela n'est pas dans tes capacités, sauf si tu es devenu magicien entre temps, ce qui alors me servirait royalement. Mais ce n'est pas le cas n'est-ce pas ?" Je le fixe, assez calmement, ce que je trouve assez étrange vu la situation... Abby aurait été à sa place, elle se serait déjà mangé des insultes, non, en fait, n'importe qui d'autre aurait été à sa place à cet instant précis ce serait fait insulté de tout les noms... Mais lui, non, malgré mon état, j'avais encore une sorte de respect et d'amitié pour lui... Certains le diront chanceux, mais pour moi, c'est plus une mauvaise augures qu'autre chose.

Je me laisse donc retomber en arrière pour me retrouver adosser au banc. Mon geste est un peu trop violent et mon dos heurte sans délicatesse le bois, ce qui lui laisse entendre un boum, mais également un grognement de ma part. Je me décolle alors à nouveau du bois pour essayer de frotter un peu mon dos de la main, pour tenter de faire passer cette douleur qui au final, n'est pas vraiment là. "Il n'y a aucun moyen de rendre hommage à Elia. Il est mort, quoi que je puisse faire ne le ramènera pas, alors je veux juste tout oublier, oublier que c'est ma faute, que sans moi il serait toujours là. J'étais sa grande soeur, j'étais sensée le protéger, pas le conduire tout droit à la mort..." Je frotte mon dos tout en baissant la tête, fixant mes genoux pour ne pas encore pleurer. "Quand à Nate, il est devenu instable à cause de moi, parce que j'ai rompu, parce que depuis la mort de mon frère, je lui en fait baver... C'est ma faute, je suis la seule à blâmer. Alors, il serait temps que comme beaucoup de personnes, tu te détournes de moi et cesse d'essayer de m'aider car tu seras peut-être le prochain à risquer la mort à cause de moi..." Je ne sais pas pourquoi je lui parle de cette façon... Peut-être parce qu'avec lui, ça a toujours été différent ? Parce que je me dis que lui, peut-être qu'il me comprendra ? Je ne sais pas... Je reste là, sans bouger autre que ma main à fixer mes cuisses, essayant de penser à quelque chose de joyeux malgré ce que je viens de dire pour ne pas pleurer... J'aurais réellement du prendre plus de fric avec moi ce soir, car là, j'avais réellement besoin d'une bonne dose d'alcool en plus... Ou peut-être devrais-je me faire un rail ? sauf que j'avais encore assez de respect pour les religions pour ne pas faire cela dans une église.
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✻✻✻ « Qu’est-ce que tu cherches ? A te détruire jusqu’à ne plus rien ressentir ? Jusqu’à oublier ta culpabilité ? Ce n’est pas en faisant l’autruche que les choses changeront et on ne peut pas revenir dans le passé » soupira-t-il sans violence. Il s’était exprimé avec tristesse plutôt qu’avec colère car dans un sens, il la comprenait tellement bien. Robin souffrait du poids de ses démons comme il souffrait des siens. Bonaventure souriait à la vie, il semblait être redevenu lui-même mais ce n’était pas le cas. Thomas était bien placé pour le savoir puisque son ami se révélait être un véritable ange gardien, veillant à ce qu’il ne reproduise jamais sa tentative de suicide. Oui, lui clamait haut et fort que le suicide n’était pas la solution, avait franchi le pas, deux ans plus tôt.

A cette époque, la vie lui paraissait sans issue : sa petite-amie, son premier et unique amour l’avait quitté. Son meilleur ami était mort dans les attentats. Et une bombe l’avait privé d’une jambe. Bonaventure se rappelait de son désarroi mais également de cette rage, de cette haine qu’il avait ressenti contre le monde entier. Il se souvenait de cette rage comme celle qu’il avait ressenti lorsqu’il avait douze ans. En plus fort, en plus destructeur. L’envie d’en finir, de terminer le travail avait été plus forte que lui et il avait connu son moment de faiblesse. Heureusement pour lui, Thomas passait par là puis, quelques semaines plus tard, il avait rencontré Robin. La jeune femme lui avait tendu une main salvatrice. « Et tu te trompes, ce n’est pas uniquement parce que tu m’as aidé par le passé que je suis prés de toi maintenant. C’est parce que tu es une amie précieuse et que les amis sont faits pour cela. Si je te tournais le dos, cela signifierait que tu ne comptes pas. Et je refuse que tu t’imagines que tu ne vaux rien ou comme tu portes la poisse à ton entourage » reprit-il alors qu’elle venait de lui expliquer son envie de tout oublier.

Robin se dégagea de sa prise, écartant ainsi sa main de son épaule. Il accepta cette prise de distance tandis qu’il s’adossait calmement au banc de l’église. « On ne peut pas oublier Robin. Malheureusement, on ne peut faire que vivre avec. Ton frère est peut-être mort mais il peut continuer de vivre à travers toi. Si tu oublies alors tu le perdras à nouveau. Il y a deux ans, j’ai perdu mon meilleur ami dans les attentats. On était en train de se disputer violement quand les bombes ont explosé. Je lui ai dit des mots que je ne pensais pas car j’étais fatigué et stressé par les examens… Il n’aurait jamais dû se trouver avec moi et si j’avais pris le temps ne serait-ce que de l’écouter, il ne m’aurait pas suivi. Je te raconte cela pour te dire que l’on fait tous des erreurs mais qu’on ne peut pas savoir ce que l’avenir nous réserve. Tu peux te blâmer autant que tu le souhaites ou au contraire, apprendre à vivre avec cette douleur et l’accepter. Tu ne peux pas changer le passé mais tu peux encore devenir une femme dont ton frère aurait été fier d’appeler sa grande sœur… A moins que tu préfères continuer de boire jusqu’à être ivre morte et échouer dans un caniveau parce que c’est plus simple pour toi »

C’était peut-être des propos trop durs mais il ne savait plus quoi faire pour l’atteindre.  

 
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Un haussement d'épaule voilà ma réaction en entendant ses paroles un peu sèche à mon goût, même si à ces yeux ça ne l'était peut-être pas... Mais soit, je tourne la tête vers lui. "C'est exactement cela. Comme on ne peut pas revenir dans le passé, on ne peut pas changer ce qu'il s'est passé, donc ne pas faire l'autruche ne changera rien. Je prends la solution la moins ménible. CQFD." Je le regarde, un léger sourire, fière de ma connerie, parce que s'en est réellement une, sauf que je refuse de le reconnaître réellement... Mais on sait tout les deux que ce que je dis n'est pas faut, ne pas faire l'autruche ne changera pas le fait que mon frère soit mort je devrais juste apprendre à vivre sans lui et avec la culpabilité... sauf que j'en suis bien incapable... Depuis qu'il est mort, je ne vis plus... Je survis... Car il n'était pas que mon petit frère, il était aussi mon meilleur ami, on était très proche tout les deux alors non, vivre sans lui... je ne pouvais pas imaginer cela... C'était impossible, alors je préférais fuir, fuir la réalité autant que possible grâce à l'alcool et à la drogue, ce qui marche plutôt bien en temps normal... Sauf ce soir il semblerait. Je me laisse alors retomber plus doucement en arrière pour enfin me retrouver adosser au siège. Je l'écoute parler à nouveau. Un rire nerveux franchit alors mes lèvres.

"M'imaginer ? Faut ouvrir les yeux Bonaventure ! Sans moi Elia serait en vie et Nate aurait pas passé trois jours dans le coma. L'un comme l'autre on été blessé ou tué par mes actes, mes choix, ce que je suis. Alors non, c'est pas juste une pensée, c'est un fait avéré. Et me parle pas d'accident ou je ne sais trop quoi pour me faire croire que ce n'est pas ma faute. Je ne suis pas une gamine de cinq ans qui croit les paroles des personnes plus âgées qu'elle. Je ne suis pas naïve." Je soupire alors, levant la tête pour regarder à nouveau le plafond avant de fermer les yeux un moment. Relativiser tout ça ? J'en était pas capable... Non j'étais incapable de me dire que je n'étais pas fautive... J'aurais du conduire ce soir-là, c'était moi l'aînée alors pourquoi lui avais-je laissé le volant ? J'étais la responsable de sa mort, il n'y avait pas d'accident, de hasard ou je ne sais quoi qui venait agir la dedans. C'était ma faute point. Il était temps que les gens autour de moi le comprennent aussi... Et la tentative de suicide de Nate allait peut-être leur permettre d'enfin ouvrir les yeux sur ce que je suis réellement... Sur le monstre qu'ils osent encore appeler amie... Comme Bonaventure vient encore de le faire.

J'écoute ensuite sa tirade, alors qu'il essaie de me prendre par les sentiments en me parlant de son histoire avec son meilleur ami, mais aussi en parlant pour Elia, en essayant de me faire culpabiliser sur ce que je suis devenu. J'ouvre alors les yeux et tourne la tête. "Tu n'as rien compris." Lançais platement avant de finalement, me redresser encore, appuyant mes coudes sur mes cuisses en joignant mes mains. "Cette nuit là, je n'ai pas perdu que mon frère, mais aussi mon meilleur ami. Sans moi, si je n'avais pas fait tout ces choix, Elia serait encore là. Ne pas me culpabiliser ? Alors que c'est moi qui l'ai conduit sur cette route à cet instant précis ?" Un rire nerveux franchit alors mes lèvres une nouvelle fois. "Ensuite, j'ai changé pour lui ressembler plus. C'est pas pour rien que je suis en médecine et en sport. Je continue à le faire vivre, même si moi, je suis incapable de continuer à vivre encore. Ce que je fais, c'est pour lui, pas pour moi. Au final, je suis morte aussi cette nuit-là." J'hausse alors les épaules sur cette dernière réplique avant de fouiller dans mes poches pour attraper mon zippo et commencer à jouer avec, le faisant tourner entre mes doigts pour me concentrer sur quelque chose, ne pas pleurer et évacuer un peu mon stress et mon angoisse... Parler de tout ça, ce n'est réellement pas facile, surtout en étant si peu défoncée...
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Robin & Bonaventure

 
✻✻✻ Bonaventure ne pouvait pas saisir toutes les nuances de la souffrance de Robin. C’était au-dessus de ses forces et même de ses compétences alors comment l’aider au mieux ? Il n’avait hélas pas la réponse à cette question. « Est-ce que tu voulais leur mort ? C’est aussi simple que cela. Est-ce que tu voulais la mort de ton frère ou de ce Nate ? »lui demanda-t-il abruptement. Il avait besoin de dire quelque chose, lui, qui d’ordinaire, se contentait très bien de se taire et de prêter uniquement une oreille attentive. « Je ne sais pas quoi te dire Robin si ce n’est que je ne fermerai pas les yeux sur ta souffrance. Traite moi d’idiot, mets-toi en colère contre moi, cela ne changera rien » ajouta-t-il en mourant d’envie de la prendre dans ses bras. Or, il savait qu’elle le repousserait à coups sûrs. « Je ne vais pas te donner de leçon de vie, je sais que tu n’en as pas besoin mais d’après moi, ce n’est pas en vivant comme ton frère le faisait, en faisant les choses qu’il aimait que cela changera quelque chose. Tu dois vivre pour toi »

Le jeune homme se releva pour faire quelques pas dans l’église. Il avait besoin de se dégourdir la jambe pour s’aérer l’esprit. Il se passa une main lasse sur le visage avant de se tourner vers elle. « Ecoute, au risque de me faire jeter en beauté… Je sais que je ne pourrais jamais remplacer ton frère et sache que je ne cherche pas à le faire. Tu es mon amie, tu es même celle qui se rapproche pour moi, le plus d’une petite sœur. Je…J’ai envie d’être là pour toi, d’être celui sur qui tu pourras te reposer, te reconstruire. C’est peut-être idiot pour toi et peut-être que cela ni queue ni sens mais je t’aime comme un membre de ma famille et je veux être là dans les bons comme les mauvais moments. Tu n’as pas besoin de craindre que je décède.. Bon sang, j’ai survécu à la mort quand j’étais bébé, j’ai survécu à un attentat ! Je te survivrai quoique tu fasses ! » tenta-t-il une petite note d’humour sur la fin. « Donne moi simplement une chance de te prouver que tu es toujours vivante et que tu as le droit de vivre malgré ta culpabilité »
 

 
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"Non" Bien-sur que non !" Ma réponse fut vive face à sa question... je me perçois certes comme un monstre parce que j'ai causé cela, mai je n'en suis pas réellement un au point de souhaiter comme ça la mort de mon frère ou bien même de mon ex, alors que l'un comme l'autre je les aimes toujours... Oui... J'aime toujours Elia, même s'il est mort, je ne pourrais jamais l'oublier... Comment le pourrais-je en même temps, il était mon frère, on partageais le même sang... Quant à Nate... Lui, j'avais cherché à l'oublier, à ne plus penser à lui, ne plus l'aimer... Mais on n'oublie que difficile son premier amour... Il a été beaucoup pour moi et il compte toujours énormément pour moi, malgré tout ce que je lui ai fait et ce que je lui fais encore... Un amour destructeur, nocif... Rien de bon que cela soit pour le Dunster ou bien même pour moi vu dans quel état je me mets... Je l'écoute encore parler, gardant la tête baissée, le regard rivée sur mes mains jointes. Je reste silencieuse, parce que je n'ai rien à répliquer cette fois, il dit tout lui même... pourquoi l'insulter d'idiot s'il le fait lui-même ? Pourquoi parler pour ne rien dire au final ? Il n'y aucun intérêt cela alors, je me terre dans un semblant de mutisme, le laissant encore briser le silence à sa guise. Et il me fait rire un peu, avec ses conneries. "Je dois vivre. C'est une bonne blague ça. Je ne peux plus vivre avec ce que j'ai sur la conscience, alors arrête de tenter de me consoler ou je ne sais quoi... Car je sais même pas ce que tu essaies de faire là."

Je redresse alors la tête en le regardant alors qu'il se bouge, qu'il se lève. Pendant un instant, je pense qu'il va partir et j'ai comme une sorte de pincement au coeur... Je n'ai pas envie de le voir partir, comme j'ai vu partir les autres, comme j'ai fait fuir Nate de ma chambre en juin dernier... Je n'ai pas envie d'être encore seule à cet instant... J'ai besoin d'un peu de sa compagnie, alors sans réfléchir, mes mains se lâchent, mon bras se tend et attrape le bas de sa veste pour le retenir, alors que je rebaisse la tête et qu'il parle encore. Je fini par le lâcher en entendant ses mots, sa déclaration à mon égard et son envie de me faire vivre à nouveau. Ma main retombe mollement. "Ne perd pas ton temps à cela. Pense plutôt à toi. Tu as assez de soucis comme ça que pour te soucier des miens en plus." Je redresse alors la tête. "Je vais bien." Lui mentis-je alors avec un sourire sur les lèvres. L'un comme l'autre on savait que je mentais, que je lui crachais ce mensonge en plein visage, mais rien que le fait de dire ça, c'était pour tenter de le rassurer un peu, parce que j'en avais marre de voir les gens s'apitoyer sur mon sort alors que je ne demande rien, que je veux juste oublier. Pourquoi personne ne peut comprendre mon choix et l'accepter ?
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