Se faire du mal. ☼ Naima
Ses lèvres sont si douces, si gouteuses, si bonnes, que j’ai l’impression que j’en avais oublié toute leur saveur. Pourtant non. Cet instant où nos lèvres se sont retrouvées m’a redonné cette sensation si lointaine, celle que je pensais inoubliable, celle qui est revenue au galop et m’a frappé en plein cœur. C’est totalement à contre cœur que je dicte mes mots, que je suis reconnaissant de la réponse. J’aurai voulu garder ses lèvres pour moi, garder sa ferveur pour ce baiser ardent. Telle une retrouvaille que je ne pensais plus possible, que j’ai rêvé ou fantasmé ces deux années, que j’ai tenté d’oublier en enchainant les conquêtes, à droite ou à gauche, peut m’importait du moment que j’arrivais à l’oublier. La faire passer dans l’état de souvenir et non de pensée. Ce baiser balaye presque ces deux années de souffrance et d’absence. Il me fait revivre. Me redonner souffle. Presque trop rempli d’émotion pour que je puisse survivre. Et je réalise alors que ce que je pensais avoir réussi à faire disparaitre en moi a toujours été là, dans un coin de mon cœur, à attendre l’occasion pour revenir. Comme aujourd’hui, à cet instant, tous mes sentiments qui refont surface dans un même ensemble. Je croie que oui, je l’ai aimé, je l’aime et que je vais encore l’aimer pour un moment. Je ne pourrais pas lui dire, pas maintenant, pas après toute cette absence. Mais ce baiser, est la réponse à beaucoup de questions qui étaient restées sans réponses à son départ. Comme celui de mes sentiments pour elle. Toujours aussi forts.
La question de Naïma me fait sourire doucement, son air si innocent, comme si elle ne savait pas ce que je voulais dire. Comme si elle ne voyait pas de quelle réponse je voulais parler et encore moins la question que j’ai posé juste avant. Elle fait comme si rien ne venait de se passer. Elle se lève sur son lit, je la regarde, l’admirant presque, tentant de calmer mon envie de reprendre possession de ses lèvres tout de suite et maintenant. Je la laisse venir s’asseoir sur ma cuisse, la laisse enlacer mon cou de ses bras, profitant même de ce contact, de ce geste tendre à mon encontre. Passant mon bras droit autour de sa taille, un geste d’habitude, sans l’avoir fait exprès, presque trop naturel pour que je m’en rende compte. Se servant de moi. Jouant de moi. Avec ses petites révélations. Elle n’a jamais pu m’oublier. Moi non plus. Mais je reste muet. Mon regard dans le sien, me battant avec moi-même pour rester calme. Et qu’elle m’appartient. Je me bas de nouveau avec moi-même, encore plus difficilement qu’auparavant. Son visage réellement trop près du mien. Passant mes défenses avec facilité. Brisant un bouclier quelconque d’un simple contact. Mon cœur bat à tout rompre et me crie des ordres à n’en plus finir.
Et je craque. Je me laisse craquer. En ayant assez de me battre avec moi-même pour quelque chose que je désire depuis tant de temps, deux ans d’absence, deux ans sans elle et maintenant qu’elle est là, à ma portée, pourquoi devrais-je m’interdire quoi que ce soit ? Hors de question ! Je me redresse simplement pour l’embrasser de nouveau, plus longtemps que le précèdent. Savourant avec grande envie la moindre parcelle de ses lèvres qui m’ont tant manqué. Elle a joué avec moi un instant, à moi d’en faire de même. Mon bras toujours autour de sa taille, mon autre bras vient se glisser sous ses jambes pour la porter avec grande facilité quand je me lève, sans jamais quitter mes lèvres des siennes. L'allongeant sur le dos avec délicatesse sur le lit et me trouvant au-dessus d’elle. Prenant son visage d’une main, l’embrassant cette fois avec plus de ferveur, plus d’envie, sentant toutes ces émotions que j’avais refoulé. Ce n’est pas comme n’importe qu’elle autre conquête. Ce n’est pas une simple fille comme les autres. C’est Naïma. Et pour moi c’est toute autre chose. C’est les sentiments qui se mêlent aux envies. J’ai l’impression que je vais exploser. Simplement. Je détache mes lèvres des siennes, plongeant mon visage dans son cou, pour reprendre mon souffle, mes esprits. C’est dur de rester neutre quand on sent son cœur battre à tout rompre. Je tente de glisser quelques mots. « Dis-moi que tu vas rester maintenant, que tu ne repartiras plus. » Je me redresse, plongeant cette fois mon regard dans le sien, cherchant à être rassuré. A ne plus vouloir la voir partir, à la garder pour moi et personne d’autre. Ne souhaitant plus jamais l’imaginer loin d’ici, loin de moi. « Ne m’oublies pas, restes à moi. » Murmurais-je en venant l’embrasser de nouveau avec toute cette ferveur. Sentant mon corps terriblement chaud, comme l’ambiance et la pièce. Comme si toutes ces années disparaissaient, comme si toute l’envie de la revoir durant tout ce temps se transformait en envie d’autre chose avec elle maintenant.