Noah s’était souvent demandé ce qu’aurait été sa vie s’il était né dans une famille différente. Une famille qui lui aurait laissé suivre sa propre voie et faire ses propres choix. Son père était tellement intrusif et autoritaire qu’il avait finit par contrôler jusqu’à la personnalité du jeune homme. Est-ce qu’il était véritablement un connard acariâtre ? Il n’en savait rien, à dire vrai, il ne savait absolument pas ce qu’il valait en dehors de son nom et de son rang. Noah était conditionné depuis tout petit à intégrer Harvard et son père avait posé comme condition sine qua non qu’il fasse tout pour entrer à l’Eliot. Une partie du jeune homme aurait pu se boycotter, mais désobéir à son père impliquait le fait de se retrouver à la rue, et ça, il n’était pas assez courageux pour le risquer. L’air agacé de la jeune fille enfonçait un peu plus le couteau de la vexation et Noah commençait à se dire qu’il allait sérieusement déguerpir. Pas besoin de perdre son temps avec une fille qu’allait le rendre encore plus mal que ce qu’il était déjà : « Jamais je ferais quoique ce soit avec toi », répétât-il en l’imitant exagérément, avant d’ajouter d’un ton sec : « Ok, j’ai clairement rien à faire ici ». Tandis qu’il rangeait ses affaires, Emma se mit de nouveau à le tacler et plus en colère qu’amusé cette fois, Noah tourna la tête vers elle et répondit : « C’est bon ? T’as fini ? Ou tu veux y ajouter le couplet du « t’es un garçon minable, pathétique et je me demande comment t’arrive à te regarder dans une glace » ? ». Il marqua un temps de pause avant de fermer son sac et de prendre ses affaires en main. Il se redressa une dernière fois en direction de la jeune fille : « J’ai probablement été maladroit mais je faisais rien de plus qu’essayer de causer. Je te laisse bosser, va, au plaisir. ».