A nos vies de merde, dans ce monde de merde, qui tire à sa fin.Elle se sentait vidée, comme si elle avait tout donné, juste ce matin-même, et cela n'avait rien à voir avec son manque de sommeil. Elle en avait enchaînée des nuits sans dormir, tenant simplement à la caféine, laissant son corps laisser place à un automatisme effrayant la maintenant éveillée lorsque l'épuisement était à son apogée. Mais cette fois-ci, elle se sentait simplement libérée d'un poids, c'était temporaire et elle le sentait bien. Rien n'était vraiment finit entre eux. Aucune trêve, seulement la haine pour contre balancer un amour qu'ils ne géraient pas. C'était surprenant, étrange, inné. Elle n'avait aimé qu'une fois puis quand elle s'échappait dans le fin fond de ses pensées, elle se rendait compte que non, elle n'avait pas aimé. Elle avait possédé, elle avait baisé, elle avait ressenti de la passion et avait cru à de l'amour. Encore une fois, elle avait brisée une union au détriment de ses envies à elle. Une égoïste enfant qui ne pensait jamais aux conséquences de ses actes, qui se fichait du mal qu'elle pouvait laisser derrière elle. Elle était née pour le Mal, le vrai. Elle ne se sentait aucunement capable de faire le bien, d'apporter joie et paix en ce monde. Faites pour détruire, haïr. Rien d'autre. Parfois, elle se laissait aller à s'imaginer un moment où elle pourrait donner de l'amour, sourire et rire pour envoyer du bonheur et puis elle se rétractait, de peur de ne pas y arriver. L'échec lui faisait peur, lui faisait mal. Et l'échec l'avait frappé cette nuit et à l'instant. Elle avait lamentablement échoué, failli à sa tâche. Mairin ne voulait rien dire, s'enfermer dans son cocon glacé puis oublier. Déclarer ses sentiments n'était pas une erreur en soi … Mais elle lui avait donné plus de pouvoir sur elle et elle s'en rendait compte maintenant que le calme était revenu. Les blessures seraient un peu plus profondes, il saurait là où il fallait taper et elle n'en ressortirait que plus meurtri, anéanti par le poids de son ressentiment.
A nos vies de merde, dans ce monde de merde, qui tire à sa fin.Un moment de répit vite remballer. Mairin se fit la réflexion qu'elle aurait presque préféré retourner au moment où ils chialaient comme deux victimes d'une vie remplie de puterie. Qu'elle s'était sentit certes impuissante mais que les sentiments étaient, pour une fois, sur la même longueur d'onde. Que ça avait été un moment tragique, sur lequel elle aurait pu craché si elle en avait été témoin. Elle frissonna, se rendant juste compte que ça aurait pu finir bien plus mal et qu’elle devait s'en sentir heureuse. Bien que le mot « heureux » n'entrait pas dans son vocabulaire. Elle n'en connaissait plus la signification. Son corps semblait flotter dans du coton et elle se demanda si elle arriverait à trouver le sommeil. Le sang avait presque frôlé son visage et ses mains à nouveaux et ce n'était pas une chose qu'elle affectionnait, au fond. Elle sentait la petite fille, qui l'avait bien trop souvent côtoyé, se rebeller et convulser de peur au fond d'elle. Les éclaboussures s'étaient si souvent confondues avec ses tâches de rousseur lorsqu'elle était encore une adolescente totalement perdue.
Après l'avoir laissé flirter une dernière fois, elle avait rit. Préférant ne plus le laisser gagner, ne plus lui laisser le loisir d'entrevoir son trouble. Elle avait beaucoup donné, donné trop, dit des choses qu'il allait forcément lui retourner dans la gueule. Elle se sentait incroyablement vulnérable, transparente, Bien qu'elle savait, à présent, qu'elle avait le pouvoir de le blesser, de l'atteindre, l'adrénaline redescendait peu à peu la laissant épuisée et prête juste à se coucher pour abandonner … Sûrement pour mieux se relever le lendemain et repartir pour une nouvelle vague de coups bas qui lui rendrait son sourire. Elle s'engouffra dans la voiture, ne lui répondant même pas. Il avait peut-être raison, peut-être qu'elle était en train de quémander comme une chienne mais elle n'avait aucun amour-propre, aucune sorte de fierté si ce n'était celle mal placée qui lui servait parfois à dissimuler la vérité qu'elle n'osait pas s'avouer. Se questionnant, elle lui demanda de lui parler d'Amanda mais sa réponse fut sans surprise. Lâchant un juron dans un murmure, elle aurait presque voulu le gifler. La trêve était belle et bien terminée. Laissant son regard errer sur la ville, elle resta silencieuse. Perdue dans un passé qu'elle n'avait jamais vraiment laissé cicatriser, elle se laissa aller à parler, lâchant une bribe de ses souvenirs. Là encore la réponse ne fut pas celle à laquelle elle s'attendait. Haussant un sourcil, elle tourna son visage vers lui « T'es qu'un putain de fils de pute. J'aurais ptêtre dû te percer le cœur avec ton arme … Oh bah non ! T'en as pas ! » lâcha-t-elle d'un ton sarcastique avant de retourner à son observation. Fortement chamboulée sans vouloir se l'avouer, elle ravala ses larmes. De douleur, de haine. Elle n'était pas assez forte pour lui faire face pour l'instant. Il lui demanda alors son quartier. Elle mit un temps avant de répondre. Hésitante, elle resserra ses mains sur le tissus de sa robe, les sentant trembler de froid. Son regard redevenu ce vide effrayant, elle le regarda « Celui où tu n'iras jamais. Celui où je t'inviterais jamais. Arrête la bagnole » Le laissant faire, elle sourit un instant, sans joie, se rapprocha de lui et d'une prise violente, elle le fit avancer la tête jusqu'à elle « J'aimerais te planter pour que tu me vois plus jamais comme ça. Que t'oublies ces dernières heures. Je te déteste, je te hais, je te vomis par tous les pores. Je vais laisser une dernière fois mes larmes couler devant toi puis t'auras plus rien de moi. Compris ? » sans rien ajouter de plus que quelques larmes sur ses joues, elle plaqua ses lèvres sur les siennes en un baiser violent, brûlant de l'envie de détruire. « Adieu. » Elle sortit de la voiture, manquant de se faire frôler par une voiture qui passait à toute allure mais elle n'y fit pas gaffe. Elle marcha jusqu'à la rue d'en face avant de se laisser happer par la nuit matinale, ne se retournant même pas, l'âme en peine, déchirée mais étrangement comblée. 2981 12289 0