alaska & seth (+) la fille qui avait un nom d'état.

Je n'aime toujours pas les ruptures, ça fait toujours aussi mal, même quelques jours après. Pourtant, j'ai décidé de tout ça, toute seule, comme une grande. Alexander ne m'aimait pas, il n'avait aucun sentiment, à quoi bon continuer comme ça ? Je n'avais plus de nouvelle depuis la rupture et il me manquait terriblement. J'avais envie de le revoir, de passer du temps avec lui, de lui dire que c'était une terrible erreur de ma part... Mais non, j'étais là dans l'une des nombreuses salles informatiques de l'université, mon ordinateur à la main. Il ne fonctionnait plus, Alex me l'avait pris pour le regarder, mais il ne l'avait jamais fait. Alors, j'étais venue à la recherche de Seth, son acolyte pour qu'il me dépanne. Du moins, j’espérais qu'il allait pouvoir le faire. Alors, je tapais doucement sur son épaule pour qu'il me retourne, mais ça ne marchait pas. Vous savez les geeks, c'est imperturbable devant un ordinateur... J'avais une technique imparable avec mon ex petit ami pour qu'il daigne me regarder, mais si je faisais ça à Seth, il allait fuir en courant le petit. Non, à la place, je me décidais à faire une grimace dans l'ordinateur pour qu'il comprenne que j'étais derrière lui. Je suis satisfaite de voir que cela fonctionne et je lui offre un large sourire quand il retire son casque. « Oui ? » ; « Mon ordinateur ne fonctionne plus et je n'ai personne pour regarder ce qui cloche... tu peux m'aider ? » Et je rajoute un nouveau sourire bien sûr.

Eh bien, je ne l'avais jamais vu d'aussi près celle-ci. À chaque fois que je l'apercevais, c'était en coup de vent quand elle venait voir Alexander. Je n'ai jamais saisi qui elle était, ni ce qu'elle désirait dans la vie. Pourtant c'est un peu ma passion, deviner les pensées les plus enfouies des autres. Mais quelque chose d'impalpable demeure chez Alaska. Et je n'ai pas envie de pirater ses comptes de réseaux sociaux pour en apprendre plus. Je lui dois le respect le plus immense vu qu'elle sort avec un de mes meilleurs amis. Sa demande m'intrigue au plus au point. Pourquoi me demander un tel service alors que son copain est autant solide que moi en la matière ? Quelque chose ne tourne pas rond et je vais sûrement finir par le découvrir dans les secondes qui suit. Je ne suis pas fin, je déteste tourner autour du pot, disons que je n'ai pas de censure. J'hoche la tête avec une bouille d'incompréhension totale : " eum, aux dernières nouvelles ton petit ami n'est pas un pro de ce genre de truc ? " lui demandais-je en attrapant par réflexe son ordinateur. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi ai-je accepté avant d'entendre sa réponse. Je me hais déjà. Mon coeur se met à palpiter comme un fou, je n'arrive plus à l'arrêter et moi qui suit pâle comme un cul, je dois prendre tout à coup des couleurs.

« eum, aux dernières nouvelles ton petit ami n'est pas un pro de ce genre de truc ? » Je fais une légère grimace en le regardant. Ouais, en même temps, je l'avais plutôt cherché pour du coup. Il ne pouvait pas être au courant de ma rupture avec Alex. « Aux dernières nouvelles mon petit ami n'est plus... » Puis, je réfléchissais à ce que je venais de dire. La tournure de la phrase est assez glauque dis comme ça. « Enfin... il n'est pas mort... on a juste rompu ! » Je fronce les sourcils en le regardant, j'étais juste en train de passer pour une conne. En temps normal, quand on me connaît bien, ça serait passé sans problème. Mais Seth il ne me connaissait pas tant que ça, voire pas du tout. Le truc qui me rassurait c'est qu'il m'avait pris l'ordinateur des mains alors, ça voulait clairement dire qu'il comptait y jeter un coup d’œil. Je le contournais alors pour venir m'asseoir à côté de lui, sur la chaise de libre. J'aurais aimé dire que je ne voulais pas m'imposer, mais c'était faux, quand on veut quelque chose dans la vie, faut savoir se montrer chiant. Par contre, je pouvais faire un effort. « Si tu n'as pas le temps maintenant, je peux te laisser mon ordinateur et venir le reprendre dans quelques jours... » m'exclamais-je avec un sourire et un haussement d'épaules. « Si ça peut t'aider, j'peux juste dire qu'une fois, il m'a fait un écran bleu et que depuis, quand je l'allume, il fait des trucs bizarres et il est assez lent... » Ça va pas l'avancer, mais je lui décris juste les symptômes.

J'ai dit quelque chose de mal. Elle grimace. Était-ce déplacé ? L'ai-je remballé trop froidement comme je fais la plupart du temps ? Non, non, si je fais une inférence d'après ce qu'elle vient de me livrer, elle et Alexander, ce serait de l'histoire ancienne. J'ignore encore qui est à blâmer dans cette histoire, d'ailleurs je ne sais pas si c'est vraiment mes oignons et si je le saurais un jour. Je n'ai pas offert de signe de compassion parce qu'au fond, ça ne me fait ni chaud ni froid. Mais voilà, j'ai pris son ordinateur de ses mains longues et fines et maintenant, elle vient s'asseoir à mes côtés. Je ne veux pas qu'il y ait d'ambiguité, si jamais Alexander passait par là, il le prendrait peut être mal, j'en sais rien. Le truc, c'est que je ne suis pas un homme méchant et quand je peux aider, je le fais. Alaska n'a pas l'air pressé mais moi oui, plus vite je résous le problème moins de temps nous serons aperçus ensemble. Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que j'ouvre le clapet. Elle commence alors par me résumer les problèmes rencontrés par sa machine mais ce n'est plus qu'un son flou qui arrive à mes tympans. " On va régler ça t'en fais pas, tu ne télécharges pas de porno par hasard ? " demandais-je sérieusement comme si j'étais un médecin et qu'on pouvait me confier n'importe quel secret, car de toute façon, je l'emporterais avec moi, dans ma tombe. Après deux ou trois clics, j'entre enfin dans le disque dur de la jeune femme, c'est truffé d'erreurs en tout genre. Je me demande d'où elles viennent et si j'ai le droit de le savoir. Le mieux serait de s'en tenir à la réparation. " Tu étudies quoi ici au fait ? " l'interrogeais-je pour briser la monotonie des cliquetis sur le clavier.

Seth est une énigme. Il ne m'a jamais parlé, du moins, il n'a jamais essayé de s’intéresser à moi, à ce que je pouvais faire à Harvard. Je l'avais croisé à plusieurs reprises quand j'avais été en couple avec Alexander et rien, le néant total. C'était presque s'il n'avait pas opté pour la technique imparable du mort quand j'étais dans un rayon de moins de trois mètres. Ouais, comme s'il était devenu une statue et qu'il était impossible pour moi d'essayait de rentrer en communication avec lui. Pourtant, j'avais eu besoin d'aide pour mon ordinateur et c'était lui que j'étais venue voir en premier. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Peut-être parce que : qui ne tente rien, n'a rien. Alors, disons que j'avais eu un large sourire de satisfaction quand il avait pris l'ordinateur. Il allait me le réparer et bientôt, j'allais être de nouveau connecté avec le monde. J'essaie de lui dire que je peux repasser plus tard, je lui explique aussi ce qu'il m'est arrivée pour l'éclairer, mais il y a l'air de s'en foutre royalement. Pas grave, je vais rester sagement assise à côté de lui. « On va régler ça t'en fais pas, tu ne télécharges pas de porno par hasard ? » Hein ? Quoi ? C'est vraiment lui qui vient de me demander cela ? Je fronce les sourcils en le regardant avant de rire bêtement. « Non ! Pourquoi tu me demandes ça ? » C'était peut-être une blague ? Il a un humour bizarre ! Je n'ose pas trop le déranger plus, il a l'air très concentré et je dois avouer que je ne voudrais pas qu'il fasse de connerie sur mon ordinateur. « Tu étudies quoi ici au fait ? » ; « La littérature anglaise et l'histoire de l'art ! Et toi ? » demandais-je aussitôt comme si j'étais soulagée d'avoir enfin un peu de discussion entre nous.

Ma question l'avait peut être perturbée, pour autant, elle n'a pas l'air d'être une sainte nitouche. C'est sûrement pour cela que je n'ai pas mis de filtre en lui demandant si elle ne téléchargeait pas de films pornographique, qui est une source hautement dangereuse pour les ordinateurs. Elle rit. Je l'ai fait rire ? Je dois probablement rougir comme une écrevisse. " Si je te demande ça c'est pour m'assurer de ne pas découvrir des choses compromettantes pour toi tu vois, et puis il y a souvent des virus là-dedans, ironique non ? " je roule des yeux et pouffe de rire intérieurement. Je me sens gêné d'aborder ce sujet, mais fier de mes boutades maladroites. Lorsque mes plaisanteries de mauvais goûts tombent à plat, j'essaie de renouer le dialogue en m'intéressant à elle. Elle est mignonne mais elle à l'air complètement paumée. Un peu comme moi, mais avec un cercle social -à mon avis- beaucoup plus étendu. J'apprends ainsi qu'elle étudie la littérature anglaise et l'histoire de l'art. J'éclate de rire tout en tapotant sur son clavier. " La littérature anglaise, c'est une blague ? Pourquoi ne pas l'étudier dans le pays concerné alors ? " je crois que j'ai dépassé les bornes pour donner mon avis. Je gratte ma gorge, nerveux d'avoir jouer au petit con. " Excuses moi, je suis brut de décoffrage et hautement con " je lui lance enfin un regard, un regard embarrassé. Je continue toujours de débloquer les bugs qui se sont empilés dans la machine de la jeune femme. Ce n'est pas si compliqué en soi, parfois ça arrive, l'accumulation d'erreurs saturent l'ordinateur et il faut tout réinitialiser en quelque sorte. " J'y suis presque, ta bécane va revivre ! "

Je ne sais pas pourquoi on en vient à parler des films pornographiques, mais en tout cas, cela me fait rire. Non, je n'en télécharge pas, j'ai toujours trouvé ça assez weird en réalité et je dois avouer que je n'en ai jamais eu besoin. « Si je te demande ça c'est pour m'assurer de ne pas découvrir des choses compromettantes pour toi tu vois, et puis il y a souvent des virus là-dedans, ironique non ? » Je lui adresse un sourire en le regardant. « Tu ne trouveras rien du genre ! » Non, pas de porno sur mon ordinateur. Puis, je m'arrête de parler parce que je l'impression que ma réaction l'a gêné. Ce n'est pas de ma faute, je ris naturellement beaucoup, même quand je suis nerveuse. Mais il rompt finalement le silence en me demandant ce que je fais à Harvard. « La littérature anglaise, c'est une blague ? Pourquoi ne pas l'étudier dans le pays concerné alors ? » Je me redressais comme pour remettre de la distance entre nous, fronçant les sourcils en le regardant. Il y a des choses qu'il ne faut pas dire à certaine personne. Pourquoi ? Parce que j'ai dû fuir mon pays, sinon, j'y serais restée, mais ça, il n'a clairement pas besoin de le savoir. « Excuses moi, je suis brut de décoffrage et hautement con » J'hausse les sourcils en le regardant. « Je retiendrais que tu es hautement con ! » m'exclamais-je alors, finalement pressée de repartir de cette pièce. Je ne dis plus rien, parce que moi aussi je peux me montrer hautement conne. « J'y suis presque, ta bécane va revivre ! » Je fais un sourire forcé. « Tant mieux... Tu me diras si je te dois quelque chose ! » Ouais, il n'avait pas été obligé. Maintenant, que c'est fait, j'en suis bien contente. Je vais pouvoir repartir avec mon ordinateur et ne plus le croiser.

Je savais que j'avais commis une boulette. J'y suis allé un peu fort et au lieu de chercher à m'excuser, je me discrédite. Alaska souligne à quel point je suis con, je ne sais désormais plus où me mettre. Je devrais continuer à me focaliser sur quoi je suis le meilleur, réparer les ordinateurs en détresse. Lorsque je suis sur le point de réanimer l'ordinateur de la demoiselle, cette dernière me demande si elle me doit quelque chose. Au moins, elle a la décence de respecter le boulot des autres. C'est bien la première qui me sort ça. " Je le fais parce que tu me sembles chouette comme fille tu sais, sinon je t'aurais remballé. Tu me paies un verre, je suis à jeun depuis ce matin " lançais-je en fermant froidement le clapet du pc. Le travail venait d'être terminé avec brio. Tant pis pour le boulot que je voulais abattre ce matin, j'avais trouvé mieux sans le vouloir. Alaska m'était tombée dessus. Étant curieux par nature, je ne peux pas rater cette opportunité. Mais après la bourde que j'ai fait, je m'attends à un refus gigantesque de la part d'Alaska. Au moins, j'aurais essayé. Je m'étire sur ma chaise avant de me lever et de déplier mes jambes. Je rassemble mes affaires et les fourre au fond de mon sac à dos qui ne me quitte jamais, un peu comme Dora l'exploratrice. " C'est bizarre que l'on se soit jamais vraiment parlé hein ? " demandais-je pour alléger l'atmosphère que j'avais alourdi auparavant.

Peut-être que je n'aurais pas dû réagir au quart de tour. Peut-être que j'aurais dû laisser passer sa boutade. Sauf, que je suis légèrement à cran en ce moment, alors vaut mieux pas me chercher. Donc ouais, j'avais réagi et très vite, lui disant que j'allais surtout retenir le fait qu'il était con. Puis, je m'étais rapidement redressée sur ma chaise pour mettre des distances. J'étais prête à partir, il ne manquait plus que mon ordinateur. Je lui disais tout de même que je pouvais lui donner une compensation pour le travail fournit, c'était la moindre des politesses. Mais, j'espérais aussi qu'il n'allait pas s'attarder et qu'il allait me laisser partir. « Je le fais parce que tu me sembles chouette comme fille tu sais, sinon je t'aurais remballé. Tu me paies un verre, je suis à jeun depuis ce matin » Je lâche un soupir en fourrant l'ordinateur dans mon sac de cours. « C'est d'accord ! » Je ne peux pas revenir en arrière. Il veut un verre, il l'aura. Il fait partie de ces personnes qui me trouve chouette et cela me fait sourire. En effet, je pense que je le suis. Je le suis beaucoup trop, comme je suis beaucoup trop gentille. Je pardonne les choses aisément parce que je m'attarde sur le bon sentiment des gens. « C'est bizarre que l'on se soit jamais vraiment parlé hein ? » J'hausse les épaules en le regardant avec une moue boudeuse. « Pas tant que ça non... Qui a envie d'apprendre à connaître la petite copine de son meilleur pote ? Surtout quand c'est cette dernière qui met fin à la partie de jeu vidéo... » Faut pas croire que l'ordinateur d'Alexander rivalisait très longtemps avec moi...