Tous les chemins mènent à Rome • MIDDY

Voilà. Là. J'avais enfin trouvé l'endroit fréquentable pour les mecs de mon âge, les jeunes étudiants célibataires en recherche de notoriété grandissante auprès de la gente féminine pour redémarrer du bon pied dans une toute nouvelle ville. Ouai Cambridge, Boston j'y étais passé avec mon père mais rapidement, trop rapidement pour y connaitre la population. Je bus un verre ou deux puis me dirigeais sur la piste de danse, tranquille. Je n'avais aucun souci avec ça, j'étais plutôt un bon danseur, surement un truc que je tenais de ma mère. Sur la piste, je dragouillais un peu quand une tête non loin de moi me dit quelque chose. Je m'en approchais et finis par glisser à l'oreille de la belle blonde : « Tous les chemins mènent à Cambridge. » Après Azraël c'est Teddy que je retrouve là, sans compter que celui qui est mon jumeau vit ici et que c'est aussi la ville qu'a choisi ma meilleure amie Leevy pour faire sa vie. Il doit faire bon de vivre dans cette ville ou alors c'est que une fois qu'on est entré à Harvard, il est impossible d'en repartir. A voir avec le temps. A voir aussi ce que la brune va me répondre parce que ça fait un bail qu'on ne s'est pas parlé pour ne pas dire une éternité. En fait ça a même été un soulagement de voir son joli petit fessier partir de chez moi quand elle a eu fini ses études parce que depuis que je lui avais pris sa virginité, c'était devenu beaucoup trop compliqué à gérer entre ma tête et mon coeur.

« Bonsoir Teddy, moi aussi je suis content de te revoir. » Mon regard ne quitte pas ses yeux une seule seconde, je ne veux rien louper de sa réaction. Je sais que là elle n'est pas forcément heureuse, je le vois parce qu'elle a surement envie de me tuer mais aussi parce qu'elle est super froide. Les nanas n'aiment pas qu'on se colle à elles en boite de nuit mais là ça n'a rien à voir avec ça. Elle m'en veut, pour le passé, c'est ça. « J'te pensais pas rancunière à c'point. » Elle m'avait demandé de lui prendre sa virginité et j'avais été assez gentleman pour accepter et faire sa en douceur, ce n'était pas beau ça ? Et maintenant elle m'en voulait parce que j'avais fait ça et qu'après j'avais pris la poudre d'escampette ? Oui enfin mademoiselle moi je ne m'attache pas aux gens et j'étais beaucoup trop attaché à toi pour rester près de toi après t'avoir fait l'amour, parce que oui je n'ai pas couché avec elle, terme plutôt neutre, je ne l'ai pas vulgairement baiser, non je lui ai fait l'amour, en douceur, parce que j'avais envie d'elle, parce que tout se mélangeait dans ma tête. « Je pensais que t'aurais eu un meilleur souvenir de notre dernière fois. » Tout en disant cela, je replace une mèche brune de ses cheveux derrière son oreille tout en en profitant pour frôler sa joue. Bordel ce qu'elle est désirable, aujourd'hui encore plus qu'avant. En même temps, elle a vieilli, elle a grandi, elle est femme et quelle femme ne me plait pas ?

« Ne joue pas à ça avec moi Teddy. » Mes yeux parcourent son visage, la dévisage clairement en fait, elle est magnifique. Ses traits sont devenus ceux qu'une femme, son sourire froid est d'une beauté incomparable, une beauté glacée, avec son teint pale et ses cheveux noirs, elle est sublime. Mais ça je ne le découvre pas, je le savais déjà, c'est ce qui m'a perturbé il y a des années. Quand elle fait mine de ne pas se souvenir de ce qu'il s'est passé entre nous la dernière fois, j'aurais pu lui dire que je pouvais lui montrer ce dont elle ne se rappelait pas mais non. Je ne pouvais pas faire ça avec elle, pas Teddy. Je n'étais pas ce mec là avec elle, je ne pouvais pas me comporter comme le parfait connard que toutes les autres connaissent et aiment ou détestent à leur manière. Cette demoiselle a quand même été la première à foutre un sacré bordel dans ma tête, ce n'est pas rien. « Tu ne te débarrasseras pas comme ça de moi, j'ai intégré Harvard. Je suis là, en cdi... » Alors il faut qu'elle s'habitue à ma présence et qu'elle fasse fondre la glace dont elle s'est entourée parce que pour le moment si j'y vais avec de la chaleur douce, bientôt j'irais avec un marteau piqueur sans prendre de pincette. Laisser du temps aux femmes, mais pas trop non plus.

« Je joue pas au mec fier et sûr de lui avec toi. Comme quoi on ne se connait vraiment plus. » Elle ne voit pas que je ne suis pas tout à fait le même qu'avec les autres filles ? Non parce que pour ça encore faudrait il qu'elle m'ait vu avec une autre fille et c'est difficilement envisageable au vu de notre passé. Qu'est ce qu'elle ferait, qu'est ce que ça lui ferait de me voir avec une autre ? Et moi qu'est ce que ça me ferait de la voir dans les bras d'un autre ? Parce que clairement ses yeux dans les miens ont le don d'aller chercher tout ce que j'ai voulu enfermer dans un placard fermé à double tour. Je l'écoute me dire que rester n'est pas mon genre et je comprends directement ce qu'elle veut dire. Je lève les yeux au ciel mais ne réponds pas. Je me contente de l'écouter, de la dévisager et de la re regarder parce que oui même si elle veut partir, elle veut que je lui foute la paix, elle n'a toujours pas bougé. Je m'autorise un petit sourire mais je le ravale rapidement devant le sérieux de la discussion. « Je reste cette fois. Je reste à Cambridge, et je reste là dans ta vie, même si t'veux pas me faire une place j'aurais celle de l'emmerdeur, ça me convient. » Tant que je suis quelque chose... Je m'écarte finalement et je lui montre la sortie avec l'une de mes mains. « Je te laisse filer, je te retiens pas, mais t'as pas l'air de vouloir bouger. Il serait peut être temps qu'on ait une petite discussion toi et moi, sur... mon départ ? »

« Je crois que t'as pas vraiment le choix en fait. J'y serais d'une manière ou d'une autre, j'y suis déjà. » On oublie pas la personne avec qui on a fait sa première fois, et encore moins quand elle s'est passée de cette manière là. Elle ne peut pas m'oublier, elle ne peut pas me sortir de sa vie, surtout pas maintenant que je suis à Cambridge et qu'on va devoir vivre nos vies dans la même université tous les deux. Je ne veux pas de deux vies en parallèle, non je la veux dans ma vie comme je veux être dans la sienne, je ne sais pas encore de quelle manière, mais c'est juste impossible de la voir à côté de moi sans jamais pouvoir croiser son chemin. « Viens faire un tour avec moi dehors s'il te plait, y'a plus qu'une coucherie et un au revoir à ressasser. » Je ne suis d'ordinaire pas du genre insistant, d'ordinaire pas du genre à m'expliquer, à me justifier alors si je lui demande de venir parler ce n'est pas pour rien, mais elle n'a pas l'air de vouloir le comprendre. Elle va pousser ma patience à bout, mais est ce qu'il y a vraiment une limite à ma patience quand ça la concerne ? Je n'en suis pas sûr. « Teddy s'te plait. Je vais pas me mettre à genoux, c'est pas mon genre de supplier alors prends cinq minutes de ton temps pour moi, après je te fous la paix si tu veux. » Oui oui, crois y ma belle que je serais capable de sortir de ta vie en un claquement de doigts juste parce que tu le demandes. Impossible.