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Pathétique, désespérée, misérable, voilà tout ce qu'elle était en ce moment même, à cause de l'amour, de l'espoir, des conneries qu'on fait chaque jour. Elle et moi étions pareil, l'enfer nous avait ouvert ses portes et nous nous y étions engouffrés sans réfléchir, avec plaisir, prétendant ainsi que plus rien ne comptait. On se pensait intouchable, que rien ne pouvait plus nous faire souffrir et pourtant. Pourtant j'étais là dans un bar à écouter les malheurs de cette femme avec qui j'avais l'habitude de coucher, de m'éclater. Elle me criait dessus, comme si elle avait oublié qui j'étais, elle semblait juste avoir besoin d'hurler sa détresse, de parler d'un problème qui la hantait depuis je ne savais combien de temps. Mais au lieu d'aller voir quelqu'un, elle s'était défoulée sur l'alcool, la drogue, tout ce qui pouvait l'amener dans un autre monde. Je ne pouvais la juger sur ça étant donné qu'il m'arrivait de faire pareil parce que la vie c'était de la merde, parce que les instants de bonheur étaient rares et que lorsqu'on pensait enfin goûter au paradis, on nous l'enlevait pour ne nous laisser que nos malheurs. Alors on noyait ces malheurs dans ce qui nous détruisait, dans tout ce qui était nocif et on s'en fichait, de toute manière on ne méritait rien. Envahis par nos démons, nous en étions devenu un.
« Ta gueule » murmurais-je, la mâchoire serrée, comme si elle avouait une vérité que je m'étais si longtemps cachée. Ses paroles, je les comprenais, j'aurai même pu en prononcer certaines. Me levant, j'entourais son visage de mes mains, collant mon front au sien, la voix tremblante, je lui avouais : « Je sais exactement ce que ça fait mais écoute moi, si on continue à se blâmer pour des actes passés alors cette culpabilité, ces ténèbres qui t'envahissent continueront à te bouffer. J'en ai voulu à mon père pendant des années, je l'ai traité comme une merde et il s'est tranché ses putains de veines, il m'a laissé seul gérer cette douleur qui m'envahit de plus en plus. Alors je sais ce que tu ressens, tout les deux on est pareils, deux jouets usés par la vie, deux putains d'êtres brisés par les épreuves qu'on a pas su surmonter. » Je la serrais contre moi de toutes mes forces, luttant pour que mes larmes ne coulent pas. Tout ça faisait remonter trop de souvenirs, ils me faisaient mal mais pour rien au monde je ne voudrais les oublier car ce sont eux qui m'ont forgés. C'était ma vie et je devais l'assumer, peu importe le moyen que j'utilisais. « Mais qu'est ce que tu veux qu'on y fasse ? On peut se saouler, se droguer, tout foutre en l'air mais c'est arrivé et on y peut rien. Nate a tenu le couteau, il l'a utilisé, tu ne pouvais pas le prévoir. Tout ce qu'on peut faire c'est attendre et se mettre déchet pour que le temps passe plus vite, pour oublier qu'on est en vie. »
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