23h, il faisait nuit, sombre comme mon âme ce soir là. Je voulais aller au bar, boire, me saouler, ne plus me rendre compte de rien, baiser à n'en plus finir, me mettre dans des emmerdes qui pourraient me coûter la vie, après tout, elle n'avait pas beaucoup de valeur. Marchant dans la rue, les mains dans les poches, les yeux défoncés j'aurai pu passer pour un drogué, le meilleur dans tout ça ? Je m'en tapais totalement. Personne ne me valait, personne n'avait le droit de me juger sans connaître mon passé. Tout le monde vit une bataille et pourtant personne ne pense aux autres. Quel monde de merde. Entrant dans le bar, je m'installais devant le barman, commandant ainsi des shots de tequila, le meilleur moyen de finir bourré. Tournant la tête à droite, je reconnu Robin, un plan cul régulier. Décidément la vie avait décidé d'être sympa avec moi ce soir, me fournissant tout ce dont j'avais besoin. « Qu'est ce que tu fous là ? » lui demandais-je avant de prendre mon premier shot. En avait-elle marre elle aussi ou voulait-elle juste s'amuser ? Dans tout les cas peu importe, ça me fera une de quoi m'occuper.
Depuis qu'il avait repris conscience à l'hôpital, je n'y étais plus passée et je fuyais encore plus la réalité, déjà devenue trop pénible depuis la mort de mon frère, mais là, c'était pire... Il avait fait une tentative de suicide par ma faute... Je l'avais poussé à bout sans savoir comment exactement... Je n'avais plus que quelque flash de notre rencontre à la soirée d'Halloween... Mais je me souviens lui avoir dit qu'il comptait pour moi... Je me souviens aussi de quelqu'une de ses paroles, mais vaguement... Je me souviens surtout de sa colère, de son geste quand il m'avait attrapé par le col puis qu'il était partit... Je ne sais pas pourquoi il est partit, pourquoi il m'a tourné le dos... Définitivement maintenant... Il n'est pas mort, mais je n'ai plus intérêt à l'approcher sinon, je le tuerais vraiment, comme j'ai tuer mon frère avant lui... Alors, je fuis dans l'alcool, mais ce n'est pas suffisant, alors, je mêle à cela des rails de cokes, je fuis, autant que possible. Et c'est comme ça que je me suis retrouvée dans ce bar déjà défoncé par une énième trace de poudre blanche. Avachie sur le comptoir, dans une robe trop courte pour être jolie et même sexy. Je suis juste vulgaire ainsi. Je dois ressembler à ses prostituées qui font le trottoir, sauf que là, je suis trop paumé pour même pensée à demander du fric si on venait à me demander de baiser. Je suis trop loin, trop stone pour réellement réfléchir. Mais je redresse la tête, quand on m'adresse la parole, parce que je réagis encore au monde extérieur. Alors j'essaie de me redresser sur mon tabouret, de me tenir un peu plus droit, mais en vain, on dirait que ma colonne vertébrale ses faits la mal alors je laisse tomber et recroise les bras sur le bar pour cacher mon visage dedans. Je grommelle, quelque chose d'incompréhensible pour le garçon à côté de moi. C'est le barman qui fini par prendre la parole, pour dire que je suis là depuis trop longtemps déjà, mais il ne dit rien de plus et retourne à ses commandes.
J'observais Robin sans vraiment savoir quoi penser d'elle, appuyée sur le bar comme un déchet, une alcoolique n'ayant pas su se retenir. En plus de tout ça, elle était habillée comme une prostituée, robe trop courte pour faire penser à autre chose qu'au sexe. Au son de ma voix, elle tenta de se redresser, de faire bonne figure peut-être, en vain. Un rire s'échappa de ma gorge, on était deux putains de désespérés à boire dans un bar au lieu de se battre pour ce que l'on désire réellement. Le barman cassa ma bonne humeur, prétendant que Robin était là depuis trop longtemps, comme seule réponse, je le foudroyais du regard. Pour qui se prenait-il ? Parce que lui était sobre, avait un boulot et peut-être une femme à la maison il se permettait de nous juger ? Sale connard va, qui avait néanmoins raison sur un point, il fallait sortir Robin d'ici. Posant ma main sur son épaule, je la secouais doucement. « Robin, eh, qu'est ce que t'as ? Allez relève toi, un bar c'est pas fait pour dormir. » Je tentais de l'encourager pour qu'elle fasse des efforts, qu'elle bouge et qu'on aille ailleurs. Je n'étais pas du tout inquiet, Robin était assez grande pour connaître ses limites mais là, elle avait l'air vraiment mal. Normalement j'en avais rien à battre des problèmes des autres mais ce soir j'étais d'humeur compatissante. Faisant un signe au barman, je demandais un verre d'eau, il fallait qu'elle prenne autre chose que de l'alcool, histoire de se rafraîchir un peu. « Tiens bois ça, ça va te faire du bien et après on pourra parler ok ? Si t'en as le courage bien sûr.. comme ça je pourrais défoncer la personne qui t'as mise dans cet état là » dis-je en lui tendant le verre d'eau doucement.
Un gromellement léger franchit mes lèvres alors qu'il me secoue doucement pour me faire réagir, sûrement, je tende alors de m'accouder au bar, posant mon coude sur la surface place de celui-ci, je pose ma tête sur ma main et le regarde dans réellement le voir alors qu'il me parle maintenant et surtout qu'il me tend un verre. Je regarde le liquide transparent dans le verre. "C'est quoi ça ?" Ma voix est sèche, pas bouche me semble un peu pâteuse, alors sans plus réfléchir, sans plus attendre, je tente de saisir une première fois le verre, en vain. C'est un petit chenapan, il a bougé j'en suis sûre ! Il s'est fourbement éloigné de moi. Pourtant à la seconde tentative, mes doigts se referment sur la surface froide du verre et je porte celui-ci jusqu'à mes lèvres pour le vider, il me faut un moment pour réagir à ce que je viens de boire. Déposant le verre sur le comptoir, je grimace. "Beurk ! C'est de l'eau !" Je proteste, parce que je ne veux pas de l'eau, je ne veux pas aller mieux, je veux rester enfermée dans l'alcool jusqu'au moment de m'endormir, pour me réveiller le lendemain matin dans le chou avec une sacrée gueule de bois. Je veux oublier ce qui est arrivée, ce qu'il a fait à cause de moi. Non, je n'ai pas du tout tenu compte des paroles de Damon, concernant le fait de péter la gueule à la personne qui m'a mise dans cet état... Il devrait alors me frapper, parce que je suis la seule fautive, l'unique responsable. "Je... Je crois que je vais prendre l'air !" J'affirme cela sans même me rendre compte de ce que je dis et je pose ma main sur l'épaule de Damon et tente de me lever en prenant appuie sur lui, sauf que l'attraction du tabouret est plus forte que mes jambes imbibée d'alcool. Je retombe donc assise. "Non, je vais rester ici, je crois."
Robin avait tenté de se lever, prétendant vouloir aller prendre l'air, mais sans succès. La seconde d'après, elle était à nouveau sur le tabouret, totalement pathétique. Je n'avais jamais vu une personne dans un aussi sale état et pourtant je n'espérais qu'une chose : qu'elle ne me vomisse pas dessus. Comment vouliez vous que je drague avec du vomi sur moi ? N'importe quelle femme partirait en m'observant d'un air dégoûté, le même air que j'affichais en observant Robin. « T'as l'air vraiment minable comme ça, tu le sais ? Et je vois pas pourquoi tu te mettrais dans un état pareil sans problèmes donc, dis moi tout ou je te laisse en plan ici. » la prévenais-je, fronçant les sourcils, préoccupé. Certes, elle n'était pas ma protégée, juste un plan cul de base mais je ne pouvais laisser quelqu'un d'aussi misérable se déchirer encore plus la gueule. « J'sais qu'on est pas potes mais j'ai déjà réussi à faire parler des personnes, comme Loïs ou Nate, qui sont plus renfermés que toi donc même si ça prend des heures tu finiras par parler. Alors qu'est ce que tu dirais de nous éviter des heures d'ennuis et de commencer à déballer tes problèmes dès maintenant ? » lui dis-je calmement, doucement pour ne pas la brusquer. Pour l'instant j'allais bien, j'étais à l'écoute mais ma patience avait des limites et elles étaient presque atteintes. Soit elle parlait maintenant et je l'écouterai sans broncher, soit elle allait se faire voir et je me saoulais tout seul dans mon coin. Le plan de base quoi.
La voix de Damon me semble assez loin, pourtant, j'entends bien sa menace, sauf que je suis incapable d'y répondre, de réagir en fonction de celle-ci, je le laisse parler dans le vent... Mais voilà, il prononce le prénom tabou, celui qu'il ne faut pas me dire, surtout pour le moment et je porte mes mains à mon visage pour le cacher alors que les larmes on commencer à couler toute seule. Nate... Tout en revient toujours à lui... C'est à cause de lui, non, à cause de ce que je lui ai fait que je suis là, que je suis si minable, que je fuis et le fait que Damon me dise son prénom si naturellement pour me faire parler me blesse à un tel point... Parce qu'il ne sait pas... Il ne sait pas ce qu'il y a entre lui et moi... Alors oui, les larmes coules alors que je me cache le visage en prononçant le prénom de Nate entre deux sanglots. "Il... A cause de moi... J'ai..." J'arrive pas à formuler tes phrases compréhensible, mes mots se perdent dans mes sanglots, mais aussi dans le trop plein d'alcool que j'ai bu, mais là, il est certain qu'il me faudra un moment pour arrêter de pleurer... Encore une fois...
Tout à coup, Robin éclate en sanglots, me déstabilisant totalement, la tête entre ses mains elle tente de parler mais n'arrive à balbutier que quelques mots. Je ne comprenais rien, ne m'attendais sûrement pas à ça. En effet, Robin m'avait paru être le genre de femme difficile à se livrer, le genre qui prenait des jours à donner sa confiance. Elle avait semblé tellement dans les vapes et maintenant elle était là, pleurant comme jamais. Saisissant ses mains, je les dégageais de son visage pour la regarder dans les yeux : « Calme toi, regarde moi, prends une longue inspiration et recommence dès le début parce que là je comprend que dalle ! » lui ordonnais-je, le regard sévère. Si on continuait comme ça, à jouer aux devinettes, à qui était ce « il » alors on allait y passer la nuit et, malheureusement, je voulais aussi m'amuser. « Qu'est ce qui est arrivé Robin ? » demandais-je plus doucement. Pourquoi réagissait-elle d'un coup comme ça ? J'avais juste prononcé deux noms, peut-être était-ce ça. « La personne qui c'est ? Nate ? Loïs ? » continuais-je, décidé à en savoir plus. Elle avait commencé à se révéler, elle n'allait pas arrêter maintenant.
Je cherche à me débattre un peu pour garder mes mains sur mon visage quand il intervient, quand il me force à retirer mes mains et dévoilée mes larmes à toutes les personnes présentent dans ce bar. Je ne suis certes pas consciente de cela, mais je proteste, parce qu'avoir les mains sur mon visage, devant mes yeux, ça à ce je ne sais quoi d'un peu réconfortant. Un peu comme si j'étais dans ma bulle et qu'elles me protégeaient des intrusions ennemies, non voulue, comme à cet instant avec lui. J'essaie de me débattre un peu, mais c'est vain, il a bien plus de force que moi et de toute façon, je ne suis pas en état de lutter, alors j'obéi, je ne cherche même plus trop à réfléchir, mon cerveau est en mode off, ce qui n'est pas le cas pour mes larmes qui coulent toujours sur mes joues. Je fais comme il me dit, respirant profondément, sauf que ça ne me calme que provisoirement, car quand sa seconde question arriva, je me mis a balbutier les derniers événements. "Il a fait une tentative de suicide." J'ai l'impression d'étouffer toute seule, ma respiration est trop saccadée, trop courte à cause des sanglots, parce que je dois parler, parce que j'essaie de parler, de lui dire, de répondre à ses question alors que je pleure toujours, alors que je craque. Je me laisse tomber vers l'avant pour chercher ses bras pour cacher mon visage dans ton t-shirt, continuant de pleurer contre lui sans répondre à sa question, mais peut-être le savait-il déjà... Nate ayant été hospitalisé, suite à cela mais aussi à cette voiture qui l'avait percuté...
Robin se jeta dans mes bras en quête de réconfort, machinalement mes bras l'entourèrent comme pour former un cocon dans lequel elle pouvait se réfugier. Cependant, ma tête était ailleurs, Nate avait tenté de se suicider, celui que j'avais prétendu bien connaître pour faire parler Robin était maintenant à l'hôpital, ayant tenté de mettre fin à ses jours. D'abord Adelaïde, maintenant lui, comme si se trancher les veines ou avaler des médicaments était devenu une mode. Pourquoi il avait fait ça ?! Qu'est ce qui n'allait pas chez lui ? Se suicider était le dernier recours pour les lâches, les égoïstes, ceux que je haïssais le plus, ce qui avait causé la fin de mon amitié avec Adelaide. Mais Nate était différent, il était comme un petit gamin torturé qui avait pourtant beaucoup vécu, il semblait n'avoir personne à qui parler. En plus, voir Robin dans cet état ne me donnait qu'une envie : les aider. Ils avaient besoin de se retrouver, de s'exprimer, deux jeunes idiots qui ne connaissaient pas les mots, qui ne parlaient que par les actes : l'un mettant fin à sa vie, l'autre se mettant la misère dans un bar. Prenant une grande inspiration, je ne savais pas quoi faire, voulant les aider mais ne sachant pas comment. Les brusquer risquerait d'avoir l'effet inverse et les laisser faire à leur guise.. On avait vu ce que ça donnait. Suivant mon instinct, je dis alors d'un ton dur à Robin : « Et qu'est ce que tu fous là ? Ton pote a essayé de mettre fin à sa vie et toi t'es là à pourrir la tienne. » Passant une main dans ses cheveux, je soulevais son visage pour qu'elle me regarde dans les yeux. Je m’adoucis en voyant les larmes couler, ses yeux rouges de peine. « Je sais ce que tu ressens, quand un être qu'on aime tente de nous quitter c'est horrible, y a même pas de mots pour décrire mais si tu fuis, tu deviendras comme moi. Son suicide n'est pas de ta faute, il a fait cette décision c'est à lui de l'assumer. La seule décision que t'as à prendre est si tu veux être là pour lui ou non. »
Je reste conte lui, agrippée à son t-shirt comme si ma vie en dépendait, comme s'il était mon dernier rempart avant de tomber dans ce gouffre... Sauf que ce gouffre, j'y suis déjà, je suis déja dedans depuis la mort de mon frère, je ne fais que gratter les parois dans quelque rare moment de lucidité pour essayé de m'en sortir... J'ai sauté à pied joint dedans en commençant la drogue et l'alcool, en plus des parties de jambes en l'air. Fuir la réalité, pour oublié ce que j'avais fait... C'était ce à quoi je m'affairais depuis l'accident de mai, sauf que la réalité, comme une connasse était revenue, plus forte, plus douloureuse que jamais pour me faire réaliser qu'au final, je n'étais pas encore au fond du gouffre... Non... Mais maintenant j'y chutais, tombant encore plus bas, car il n'était même plus question d'espoir, de rédemption ou même de pardon cette fois-ci... Il n'était plus question que de mort et de souffrance pour moi... La culpabilité me ronge, même à cet instant où j'ai fuis dans l'alcool. Je ne me souviendrais sûrement pas de ma rencontre avec Damon demain matin, je ne me souviendrais même pas à quel point j'ai fini minable, mais je recommencerais, parce que je préfère oublier ce que je vis, oublier mes soucis, fuir encore et encore la réalité. Alice avait fuit au pays des merveilles et moi, Robin, je fuis aux pays de la débauche, c'est moins beau, moins poétique, mais tout aussi chaotique.
Chaotique comme mon esprit à cet instant précis, alors que le Dunster me demande ce que je fais là. C'est pourtant clair, je continue ma vie de débauche, je continue ma fuite aussi illusoire et temporaire soit-elle. Je continue d'être faible, de subir ma culpabilité plutôt que d'essayer de la surmonter. Je suis une lâche... Tellement lâche que je suis incapable de mettre moi-même fin à ma vie... Alors je continue de survivre dans la débauche qui semble être mon seul échappatoire, même si cela me détruit petit à petit. Non, en réalité ce qui me détruit petit à petit, ce le regard des gens. Ils sont incapable de me comprendre, comme Damon à cet instant, il pense pouvoir me comprendre, il pense que ce n'est pas ma faute que Nate à fait seul ce choix, sauf qu'il ne sait rien. "Tu ne sais rien !" Je le repousse, lui crachant ses paroles aux visages alors que je pleures toujours, mais dans un excès de colère contre lui, contre cette compassion mal placée, contre moi-même et ce que je suis, etc Grâce à cette colère, j'arrive à me libéré un peu de mes sanglots et à parler articuler mieux mes mots sans trop d'hésitation.
"C'est ma faute ! C'est moi qui l'ai poussé à bout ! Sans moi, il aurait jamais fait ça ! Je suis l'unique responsable ! J'aurais moi-même tenue ce couteau que ça n'aurait rien changé à la situation ! Alors non ! Non, tu ne sais pas ce que ça fait ! Tu ne sais pas ce que ça fait de dire je ne t'aime plus à la personne qu'on aime pour la protéger de soit !Tu ne sais pas ce que ça fait d'avoir les mains couvertes du sang de son frère et de son premier et unique amour ! Tu ne sais pas et tu ne saurais jamais !" Je me lève alors, j'y arrive cette fois, mais je tangue, manquant de tomber, je me rattrape de justesse à mon tabouret, restant accroché à celui-ci en essayant de ne plus pleurer, mais ces putains de larmes coulent toujours, elles ne veulent pas cesser. Et là, j'en ai rien à faire de me donner en spectacle, de lui avoir gueuler dessus comme s'il était une grosse merde, je m'en fou de tout... Parce que je l'ai détruit lui et qu'enfin, j'arrive à le montrer, à l'exprimer.