We need to talk || Damon

J'étais dans le Grand Hall et, comme à mon habitude, je ne faisais rien, attendant que quelque chose se passe, observant les horizons. Certes, je m'ennuyais mais il était trop tôt pour boire et être ici était mieux que rester à rien faire chez moi. Finalement, quelqu'un prononça mon prénom, tournant la tête je reconnu un ami rencontré dans un bar. Il me faisait signe de le rejoindre. Souriant, je m'empressais d'avancer sans faire attention et cognais quelqu'un. Cette personne s'excusait tandis que mon regard se posait sur elle, il s'agissait d'Adelaide. Tout à coup, des tas de souvenirs remontaient, le coup de fil qui m'avait annoncé qu'elle était à l'hôpital, l'image de mon père dans la baignoire. Paniqué, j'ignorais ses excuses et me relevais aussi vite que possible pour partir. Je ne pouvais pas la voir, pas après ce qu'elle avait fait, cet acte égoïste qui n'aurait eu qu'une seule conséquence : faire de la peine à tout le monde. Une peine que j'avais mit bien longtemps à accepter.

Je l'entendais m'appeler, me dire d'attendre mais je ne pouvais tout simplement pas. La revoir déclenchait des souvenirs que j'aimerai oublier. Alors je continuais à marcher, espérant qu'elle laisse tomber, qu'elle ne me rattrape pas et qu'on ne se parle plus pour l'instant. Je me rappelais de mon cœur qui semblait se briser lorsque je l'ai vu dans son lit d'hôpital pensant qu'elle avait eu de la chance d'être encore dans ce monde. Finalement elle m'avait rattrapé, me saisissant par le bras. Elle aimerait parler, comme si j'avais envie de l'écouter. Que pouvait-elle dire pour justifier un acte aussi égoïste ? Néanmoins, je pris une grande inspiration, déclencher un clash ici ne servirait à rien. « Vas y je t'écoute » dis-je sèchement, comme si elle m'avait trahi alors que tout ce qu'elle avait fait était pour mettre fin à sa souffrance.

J'avais dit que j'écoutais mais en aucun cas je ne lui avais promit des réponses et pourtant elle en demandait. Premièrement, en voulant savoir pourquoi je la fuyais, ne pouvant apparemment pas faire le rapprochement avec la tentative de suicide. Je ne lui répondais rien, continuant à la fixer, comme pour lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle comprenne elle même, qu'elle réfléchisse à ce qu'elle avait fait qui avait pu m'éloigner d'elle comme ça. Mais elle ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. « Mon père s'est suicidé, me laissant derrière lui comme un vulgaire chien qui ne valait pas la peine qu'on s'occupe de lui. Tu comprends maintenant ? » finis-je par dire durement après quelques minutes de silence. « T'aurais pas dû faire ça Adelaide parce que, malheureusement, je ne peux pas être ami avec des lâches. »

Adelaide me demandait sérieusement si je me moquais d'elle, comme s'il m'arrivait de dire des choses comme ça en rigolant. Elle semblait et pourtant je sentais qu'elle était en colère, prête à exploser d'un moment à l'autre. « Je suis pas une lâche Damon, tu n'étais pas à la place, tu ne sais pas à quel point j'étais mal, je me sentais seul, alors je t'interdis de ma traiter de lâche ! » dit-elle tout à coup en haussant le ton, quelques regards se tournèrent vers nous mais je n'en avais rien à faire. Son excuse était bidon. « Et tu crois que t'es la seule ? Certaines personnes vivent des choses pires que toi et pourtant elles se battent pour rester en vie, parce qu'elles espèrent qu'un miracle arrivera, que tout sera meilleur mais toi, non, t'as juste baissé les bras en ne pensant qu'à toi, pas au mal que cela ferait aux autres, à tes amis, tu te souviens d'eux au moins ? » lançais-je sur un ton de reproche sans crier pour autant. Là tout de suite, j'étais énervé, rien ne justifiait cet acte, il y avait toujours quelque chose pour lequel se battre mais elle avait juste agi en lâche.

Adelaide cherchait à se trouver des excuses mais aucune des raisons qu'elle me donnait ne m'allait alors elle se mit à me faire des reproches. Pour elle je n'étais pas un bon ami, je me foutais de ce qu'elle pouvait ressentir, là elle se trompait sur toute la ligne. Si elle continuait comme ça, je n'allais pas tarder à hausser le ton aussi. Les personnes qui passaient à côté nous observaient, certains étaient curieux, certains exaspérés. « T'aurai pu continuer à vivre pour tes amis ! Pour ceux que t'as connu et qui ont tenu à toi, t'aurai pu te battre pour prouver aux gens comme moi que t'as besoin de personnes pour vivre ta vie. Tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu me reproches ton suicide ? Ce n'est pas moi qui avait un couteau dans les mains ! » Je m'arrêtais pour reprendre ma respiration, ayant sorti ça d'une traite, sans même réfléchir. « T'as raison, continue ta vie et fous moi la paix puisque t'en as rien à faire de ma gueule. De toute manière tu l'as prouvé le jour où t'as tenté de mettre fin à ta vie. » Reculant un peu, je la toisais, elle n'était plus celle que j'avais connu, la gentille Adelaide qui était contente de vivre. C'est pour cela que je me permettais d'être aussi dur : « Et d'ailleurs sache que je suis venu te voir à l'hôpital, j'ai couru dès que j'ai su la nouvelle, j'arrivais pas à y croire. Ton acte ne m'a prouvé qu'une chose : t'as changé. »