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La mort rôdait. Pour elle ou pour lui. Peu lui importait. Elle avait cette désagréable pulsion sanglante à chaque mot prononcé. Elle le détestait toujours un peu plus, comme si aucun barrage ne pouvait arrêtait ce flot de haine. Comme si il n'y avait plus aucune limite. Elle se sentait prête à vomir, à pleurer, de frustration, d'amour. Trop d'émotions pour un seul corps, un corps déjà brusqué par la puterie d'une existence injuste. Enfant déshonorée, elle se tordait, refusant tout de lui. Elle ne voulait rien. Espérant pouvoir ignorer sa colère, espérant l'impossible. Ignorer les paroles qui faisaient vibrer l'air entre eux d'une tension incassable. La jeune femme lui fit part de son refus, de sa rage. Et comme toujours, il déboîta tous ses arguments comme si ils n'étaient rien de plus que des Lego mal imbriqués l'un dans l'autre. Elle serra les dents, encore et encore à s'en péter la mâchoire. Il lui enlevait tout ce qui constituait leur pseudo relation depuis le début. Lui donnait quelque chose dont elle ne voulait pas et dont elle ne voudrait jamais. Ils n'étaient pas faits pour l'amour, pas faits pour s'aimer comme tout le monde. Condamnés à des années de combats incessants. Emprisonnés dans leur ressentiment. Il ne fallait rien attendre de plus.
Elle répliqua, en vain. Elle se justifia, encore et encore. Le mettant en garde, le menaçant par des paroles qu'elle savait vaines, qui ne l'atteignait plus. En l'espace de quelques minutes, elle était devenu un être qui l'indifférait. Il avait tout détruit, simplement par lâcheté. Oui, elle le pensait lâche. Le courage ne faisait pas partie du jeu. Il en était exclu comme elle excluait l'amour. Son ventre semblait prit de convulsion, comme voulant lui laisser l'opportunité de se rendre malade. Mais elle le faisait très bien toute seule. Et ce ne serait pas lui qui l'aiderait à la sortir de ce carcan visqueux et qui semblait lui coller à la peau comme une encre indélébile. Puis brusquement, le néant.
Un dernier souffle, leurs lèvres mêlaient avant qu'elle ne le repousse, elle le dédaigna du regard, lui dévoilant son plus triste visage. Sa voix lui clamait de la laisser en paix, comme si le fait de ne plus le voir allait lui rendre cette tranquillité qu'elle n'avait jamais connue. Une paix qu'elle n'atteindrait jamais. Sa naissance était maudite, sa vie un calvaire qu'elle portait autant qu'elle le pouvait. La maladie lui rongeait le cerveau, l'alcool et les psychotropes lui brouillaient l'esprit et c'était là tout ce qu'elle méritait. Rien de mieux qu'une relation basée sur la haine et l'irrévérence pour couronner le tout.
Finalement, son regard se laissa glisser jusqu'à la bouteille qu'elle avait laissé tomber. Remarque cynique puis une moquerie qui lui fit relever les yeux. Elle ne cacha pas son expression confuse. Non, elle attendit, le pressentiment vivace que le drame n'était pas fini s'insinuant en elle. La fiole lui fut lancée et elle l'attrapa automatiquement, ne le lâchant pas du regard. De quoi tu parles ? demanda-t-elle, incertaine. Mais la réponse lui fut bien vite donnée. Sa main vint caresser sa joue et elle recula alors que des mots dont elle ne croyait pas l'existence sortaient de la bouche de son adversaire. Elle secoua lentement la tête, serrant compulsivement la bouteille qu'elle avait dans les mains. Elle ne pouvait y croire. Sa cruauté n'avait elle pas de limite ? Mairin laissa ses yeux s'habituer à la pénombre avant de pouvoir lire ce qui était inscrit sur le papier. La rage venait soudain de réapparaître. Comme absente, elle l'écouta sans vraiment le faire. Son cœur venait d'être écrasé par un million de bourrin. Tout avait été orchestré, prévu pour qu'elle tombe dans le panneau. Elle aurait même pu s'attendre à ce que des caméras soient braquées sur elle, comme pour l'enfoncer un peu plus dans sa merde.
N'osant plus le regarder, elle ne fit que l'entendre s'éloigner. Ses tympans sifflaient et sa tête lui semblait plus lourde, comme après une trop grosse cuite. La nausée lui tordait la gorge. Elle fit volte face. Dans un accès de colère, elle lui lança la bouteille et elle n'attendit pas que la bouteille puisse le percuter pour avancer vers lui. Elle attrapa son bras, une force venu du tréfonds d'elle-même lui permettant de le tourner vers elle. Sa main percuta son visage, violemment. Puis elle le poussa, encore avant d'en venir au poing. Va au diable ! Va en enfer et ne reviens jamais, fils de pute ! Ne t'approche plus jamais de moi ou je jure sur la tombe de tous les défunts de ma famille que je t'égorgerais. Elle lâcha un rire étranglé par les pleurs qui semblaient vouloir se libérer. T'es qu'un enfoiré. Ses pieds marquèrent plusieurs temps en arrière avant qu'elle ne sente plusieurs larmes s'échapper sur ses joues et créant un sillon humides dont elle eut honte. Elle reprit pourtant Je vais t'évincer. Ta fortune, ton pouvoir. Plus rien n'aura d'importance car tout ce que tu voudras ce sera que je t'épargne et tu souffriras. Plus encore que lorsque je suis partit. Je ne te laisserais aucun répit, je serais toujours là et je casserais tout ce que tu construiras. Peu m'importe que tu m'en crois capable ou non. Tes paroles n'ont plus aucun impact, à présent. Tu n'es rien de plus que le pilier contre lequel je m'appuie pour vomir ma colère. Un sourire amer puis Alors prends garde, mon amour, parce que je ne m'arrêterais que lorsque tu ramperas à mes pieds et que ton cœur saigneras assez à mon goût. Je te laisse à ton défi maintenant.
Sur ces mots, elle s'enfonça dans la forêt, espérant presque qu'elle l'aspire et qu'elle meurt asphyxiée mais ses jambes ne la portèrent pas bien loin avant qu'elle ne lâche prise et se laisse aller à des larmes âcres et qu'elle regretterait le lendemain. ▲ NOAH(c) AMIANTE