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La colère l'étouffait, lui donnait des sueurs froides, l'envie de racler la terre ou un tronc d'arbre pour sentir une douleur plus physique, plus réelle, moins hypothétique, moins psychique. Cette chose qui lui vrillait les nerfs, le cerveau compressé par cette haine qui n'en finissait pas de la détruire, peu à peu, comme une flamme, le feu se propageant doucement, juste pour faire durer le plaisir. Juste pour l'amener jusqu'à l'agonie. Elle n'avait qu'une envie, revenir en arrière et ne l'avoir jamais percuté. Ce fils de pute lui donnait des envies auxquelles elle n'avait jamais pensée. Sa rage brouillait sa vision, la floutait comme un brouillard noirâtre. Elle se retenait, elle se donnait, pour une fois, des limites. Des limites impératives au risque de faire des choses qu'elle finirait par regretter. Qui la ferait forcément basculer de l'autre côté.
Ses mains crispées et tremblantes étaient serrées contre sa poitrine, incontestablement fébriles de ne pouvoir pas taper dans quelque chose. Son corps tanguait, comme si il était rempli de liqueur interdite, comme si l'équilibre n'était plus en elle. Puis brusquement, un bras, une force venu de l'objet de sa colère lui fit faire volte face. Ses chaussures dérapèrent dans la terre et elle fixa le visage de ce mec dont elle ne connaissait que le traits et le prénom. Rien d'autre. Oh si .. Peut-être ce visage perdu qu'elle avait pu découvrir sur ce toit lorsque ses lèvres laissaient échapper des secrets, des secrets qui n'appartenaient qu'à eux et resteraient longtemps gravés dans sa mémoire.
Elle l'écouta lui hurler dessus, une expression surprise sur le visage. Puis son visage se refroidit, les yeux couleur bleu glace, les lèvres crispées par l'agacement. Son bras toujours emprisonné dans sa poigne, Mairin trépignait. Elle voulait lui envoyer son poing dans sa gueule pour déformer sa beauté, lui envoyer son pied dans les couilles pour voir la douleur craquelait son visage.
Elle se retira brusquement de sa poigne. Sa voix sembla enraillée lorsqu'elle dit Je n'ai pas fui. Je n'ai jamais pensé, une seule fois, à fuir. Fuir veut dire avoir peur. Je n'ai jamais eu peur de toi, ton existence m'est insupportable mais ne me donne aucun frisson de frayeur. Si je suis partit c'était pour changer d'air. Je n'ai aucun besoin de justifier mon départ auprès de toi. Puis qu'est ce que t'en as à foutre que j'sois partit ? Qu'est ce que t'en as à foutre de ma vie, du fait que je respire ou pas ? Que je vive ou que je meurs t'importe peu comme tu viens de me le dire, acheva-t-elle d'une voix bien trop tremblante pour que ce soit simplement dû à la colère. Elle referma la bouche avant de trop en dire, de se dévoiler, encore une fois et qu'il lui rit au nez et la rejette. Comme toujours. Elle l'écouta, attentivement et ses paroles lui griffaient le cœur, lui rentrait des clous rouillés dans les poumons, lui éraflés la peau avec une force qu'elle n'avait jamais soupçonnés. Dieu qu'elle le détestait. Alors on est quitte si me voir souffrir te fait presque bander. Ça m'exciterait bien de te voir brûler vif devant moi. Un sourire fou, cruel vint étirer ses lèvres. Le pouvoir des mots étaient parfois imprévisible.
Elle sentit une soudaine pression contre sa poitrine et attrapa automatiquement la bouteille qu'il venait de lui donner. Elle le fixa un instant, le temps de deux battements de paupières et d'un coup au cœur puis elle se recula. Quoi ? T'as envie de tirer un coup vite fait avec moi ? T'as pas d'autres salopes à aller enivrer ? Elles kiffent bien l'odeur de frique que tu dégages. Paroles acides et teintées d'un sentiment amer. Elle ouvrit pourtant la bouteille et la porta à ses lèvres pour laisser le liquide lui brûler la gorge. Après une pause, occuper à fixer l'obscurité, elle lui tendit la bouteille Tiens. T'inquiète pas mes lèvres ne sont pas saupoudrés de poison pour que je puisse jouir du fait de te voir convulser par terre. Quel dommage … Elle lui offrit un sourire effronté avant de reprendre Et donc ? Qu'est ce que t'as foutu pendant que tu mourrais du manque de ma présence ? Elle lâcha un rire, moqueur, cynique. Elle se délecter du fait que sa présence avait une telle emprise sur lui, chose qu'il ne pourrait jamais nier … Ou peut-être que si. ▲ NOAH(c) AMIANTE
Était-ce possible de se sentir si vivante auprès d'un homme que l'on voulait voir mort ? De ressentir par tous les pores de son corps l'aversion que l'on avait pour cette personne mais d'adorer sentir son corps battre plus fort alors que leur deux êtres flirtaient dangereusement ? Tout se mélangeait dans son esprit. Elle se sentait prête à éclater sous la pression qui régnait à nouveau entre eux. Comme si rien n'avait jamais bougé. Ou peut-être que si. Ce si léger changement, si léger mais qui se remarquait comme un iceberg sur l'océan. La tension était plus puissante encore ce soir … Elle lui comprimait la poitrine comme un étau de fer, glacé. Son corps répondait totalement à la présence de ce mec avec qui elle avait passé une seule nuit, platonique mais vibrante de colère, de passion et d'une chose beaucoup plus malsaine et qui menaçait de les écraser chaque minute un peu plus …
Elle déversa sa haine, lui criant presque son aversion, l'accusant de tous les maux du monde et se retenant de le frapper. Elle ne trouvait que la violence pour s'exprimer, par les mots puis les gestes lorsque la colère lui pesait trop. Lorsque l'attraction devenait trop forte et qu'elle lui rendait soudainement cette folie. Elle la sentait lui tordre l'estomac et lui enserrer la gorge. Elle l'aperçut, malgré l'obscurité. Ses paroles avaient un impact sur lui et elle s'en délecter avec un sadisme évident. Son sourire l'agaçait et sa simple présence suffisait à le rendre fébrile. Elle avait autant de pouvoir sur lui qu'il en avait sur elle, chose qu'elle n'avouerait sûrement jamais.
Il la tira brusquement à lui et toute son attention fut attirée par la proximité soudaine de leur visages. Le cœur prêt à exploser hors de sa poitrine et toute envie de rire l'ayant déserté, elle le fixa de ses yeux trop clairs. Elle frissonna. Mairin se tendit un peu plus, au fur et à mesure qu'il crachait ses paroles. Elle resta un moment silencieuse. Elle serra les dents, tentant de calmer sa respiration et son cœur affolé. Tu ne me fais pas peur. Tu ne me feras sûrement jamais peur, Noah. Sa voix semblable à un murmure rassurant … C'était en partie vrai mais le mensonge planait dans ses paroles. Elle ne le craignait pas. Jamais. Mais elle se sentait beaucoup plus effrayée par l'influence qu'il avait sur elle. N'osant bouger, elle finit par lâcher un rire, discret, entrecoupé par sa respiration haletante Je ne fuirais pas, j'ai dit. Tu veux m'attacher à toi pour être sûre que je ne vais pas reculer ? Mairin se sentit électrisée malgré elle par cette atmosphère lourde et pesante qui semblait lui avoir … manquée. Oui, elle ne pourrait jamais déclarer cette vérité à voix haute mais elle se savait condamner à ne pouvoir échapper à ce lien qui, malgré eux, les unissait.
Elle sentit alors la bouteille contre sa poitrine, la prit, bien trop envieuse de s'enivrer. Un rire qui lui fit lever les yeux et sa main qui vint effleurer sa joue, elle se figea. Peut-être aurait-elle rougit si elle avait été une vierge effarouchée dont le moindre regard coquin pouvait lui faire tourner de l’œil. Oui, peut-être. Seulement, elle n'était ni vierge, ni effarouchée. Elle le laissa la toucher, n'ayant presque pas envie de le repousser mais elle serra les lèvres et écarta son visage alors qu'il laissait retomber sa main avant de lâcher comme une bombe que c'était elle qu'il voulait baiser. Serrant la bouteille entre ses mains, elle aurait pu la briser si elle en avait eu la force mais elle n'éclata pas en un million de morceaux comme venait de le faire sa raison. Elle lâcha un rire, jaune. Ouais, tu veux me baiser comme tu veux baiser la moitié des filles qui te résisteront un minimum. Tu n'es qu'un homme après tout, fait de chair et d'envies charnelles, comment pourrais-je t'en vouloir ? Sa voix était douce, presque compréhensive mais elle dégoulinait de rancœur, de possessivité. Elle ne se sentait aucunement pas privilégié par l'attirance qu'il semblait avoir pour elle. Elle ne se sentait absolument pas mieux … Rien n'allait bien lorsqu'il était là, près d'elle.
Elle lui tendit finalement la bouteille, sans voir son manège. Elle aperçut son geste sur la bouteille de vodka mais ne dit rien. Elle scella ses lèvres avant de se laisser aller à une remarque. Tu veux bien me baiser mais mêler ta salive à la mienne te dégoûte trop, peut-être ? Elle haussa un sourcil, méprisante. Elle finit par enchaîner sur ses activités lors de son absence. Toujours avec le même culot, il lui répondit. Elle se laissa aller à un sourire avant de partir s'appuyer contre le tronc d'un arbre, se donnant une contenance. Oh, j'suis partit vers Los Angeles. Je me suis amusée à me perdre corps et âmes dans l'alcool, à baiser, l'esprit totalement drogué puis je me suis laissé aller à imaginer ma vie si j'avais du fric … Avant de me souvenir que tu existais et que je préférais rester pauvre, en fait. Elle l'observa, attendant sa réaction. Aurait-elle droit à un autre accès de colère ? Un énième clash duquel ils ressortiraient tous les deux haletants. Elle s'en réjouissait d'avance. ▲ NOAH(c) AMIANTE
L'air était semblable à du gaz, évaporé en un amoncellement de particules étouffantes. Une seule étincelle, la moindre source de chaleur et il semblait à Mairin que tout pourrait librement exploser. Mais elle s'en fichait, elle pouvait bien entendre tous les bruits les plus inquiétants, voir des choses que le commun des mortels ne saurait expliquer ... Sa haine était bien trop forte pour qu'elle puisse être détournée de son fléau. Celui qui détenait le pouvoir de la réduire en miettes par un simple geste, un simple mot. Rien de bien plus profond. Car tout l'était déjà trop entre eux. Deux âmes inconnues qui cognaient l'une contre l'autre. Elle se sentait tirailler, prête à vomir, à saigner. Ses mains pâles et tremblantes enserrant ses propres bras, comme pour vainement se protéger de celui qui lui faisait face. Elle était fragilisée, plus faible, moins courageuse. Ou peut-être ne l'avait elle jamais été ? Le courage était une chose abstraite, qui n'appartenait qu'à son détenteur d'en faire usage ou non. Elle préférait se rétracter, s'enrouler sur elle-même pour ne plus entendre, ne plus comprendre. Ne plus se laisser aller à la folie qu'il réveillait en elle.
Elle en avait mal au coeur de le sentir pulser au fond de sa cage thoracique, mal aux jambes de les sentir vibrer, mal au ventre et au corps de se laisser consumer par un désir mal placé, dérangeant. Leurs paroles étaient acerbes, mesquines, créées pour blesser l'autre jusqu'à ce que l'un d'eux courbent l'échine et s'en aille. Elle ne serait pas celle qui s'en irait. Pas cette fois. Elle ne lui laisserait pas une nouvelle chance de l'accuser de fuir ... Elle le laissa se délecter de l'image qu'elle devait représenter avec une corde autour du cou. Ca la fit sourire. Discret rictus laissant planer sa folie ...
Elle vit que ses paroles avaient fait mouche. Elle ne laissa rien paraître, simplement, elle attendit. Son être lourd d'appréhension, d'attentes interdites. Il se rapprocha, trop. Ou trop peu. Elle le laissa l'effleurer jusqu'à ce que ses paroles lui fassent l'effet de plusieurs coups de couteaux mêlés à la caresse érotique d'une plume errant sur sa peau sensible ... Le souffle court, elle ne le lâcha pas une seule fois des yeux. Elle ne dit rien. Qu'y avait-il à dire après tout ça? Une déclaration dégoulinante de son exécration, de son envie d'elle. Ou n'était-ce encore qu'un tour de passe-passe élaboré dans le but de la voir flancher ? Elle serra les dents avant de murmurer Et avec tout ça, mon existence t'importe si peu ? Paradoxale. Mais rien d'étonnant selon elle. Rien n'était simple entre eux, rien n'était aussi limpide que l'eau d'une source, aussi lisse qu'une peau d'enfant ou encore doux comme la chair de poule. Rien ne semblait avoir de solution dans leur relation.
Peu remise des mots qu'ils venaient de lui balancer, elle reprit sur un ton un peu plus mesuré Et qui te dit que je te laisserais me baiser ? Que je te laisserais t'introduire en moi pour prendre ton pied ? La tentation est plaisante mais c'est moi, le Diable, dans l'histoire, sous la forme d'un serpent pendu à son arbre. Tu n'es que l'homme avec lequel j'ai décidé de m'amuser.
Une semi-vérité, encore une fois. Elle doutait fortement de la résistance qu'elle mettrait si l'attirance devenait trop forte. Mais l'aversion serait toujours présente, comme un obstacle, une barrière qui l'empêchait depuis la première nuit de franchir la limite. De plonger tête la première dans un gouffre sans fin.
Il se recula enfin avant qu'elle ne lui révèle ce qu'elle avait fait lors de sa brève absence. Les mots acides ne se firent pas attendre. Tout en reculant à bonne distance d'elle, il lui fit comprendre qu'elle était comme toutes les autres. Un sursaut puis un éclat de rire. Dérangeant mais pourtant simplement moqueur. Elle se décolla de l'arbre et se posta juste face à lui, l'observant allumer sa clope. Elle lui vola la bouteille et reprit, lorsque son rire ce fut calmé On dirait que tu es surpris ... J'ai jamais nié être une salope. J'aime me faire prendre très très sauvagement par des inconnus, acheva t-elle avec un regard espiègle avant de porter la bouteille à ses lèvres. Une pause, un regard perdu sur une de ses jambes découvertes, pâle et veineuse et enfin Mairin. Appelle moi Mairin. C'est tout ce que tu sauras de moi. Elle n'en dévoilerait pas plus. Du moins, pour le moment. ▲ NOAH(c) AMIANTE
Prise soudaine de conscience. L'oxygène se faisant plus rare et plus toxique. Mairin en convulserait presque, se rétracterait, comme la lâche qu'elle était. Tout devenait trop réel, trop douloureux. Elle ressortirait de cette discussion houleuse et piquante de haine, totalement disloquée, prête à crever. Elle le pressentait, elle ne se souciait pas de sa vie, ni de la sienne. Elle n'était préoccupait que par les mots qui s'échappaient de leur bouche. Le courage n'était pas son plus beau compagnon.
Il était fuyant, comme son regard. Mairin l'arrogante faisait place à une fille perdue, une fille glacée. Le mensonge devenait soudain son ennemi dans ce jeu où le masque était maître, il guidait la danse comme un cavalier enflammé. Elle était celle qui se laissait lentement, si lentement entraînait vers le fond. Pensait-elle pouvoir résister ? Imaginait-elle pouvoir surmonter tout ça? Certains sentiments rendaient plus idiots que d'autres. Elle n'avait jamais autant été consciente de son coeur, pulsant, sanguin. Elle le pensait mort. Crevé et écrabouillé par cette pute d'existence. Son passé était teinté d'un sang pourri, empesté la mort et le mauvais sexe. Elle refoula ses souvenirs pour faire face au présent. Le présent lugubre, fourbe mais brillant de vérité.
Le froid mordait sa peau mais rien n'était plus brûlant que le regard que lui lançait le jeune homme. Puis il s'avança, encore et encore. Elle aurait presque voulu lui hurler "stop" mais ses lèvres restèrent scellées. Elle le laissa alors se livrer. Encore. Mais les révélations furent plus brutales. Plus inattendues et son visage se fissura pour ne laisser apparaître que le désarroi et la souffrance. Cette discussion se transformait en drame. Un drame qu'elle ne contrôlait pas et qui la laisserait aussi vide qu'une coquille.
Elle se colla encore plus à l'arbre, voulant s'y fondre, disparaitre pour ne plus l'entendre... Elle n'en avait pas envie. Elle secoua lentement la tête ayant envie de lui hurler de se taire. Allait-elle encore une fois s'enfuir? Serait-elle toujours aussi lâche? Elle serra les dents, pâle, tremblante et ne s'en cachant plus.
Incapable de prononcer un seul mot, elle l'observait, se nourrissant de la vision qu'elle avait tout près d'elle, s'accrochant bien malgré elle, aux mots qui étaient prononcés. Elle se sentait prête à vomir, oui. A s'éclater, même, en mille morceaux. Car elle le haïssait, plus encore, à présent. Une haine teintée d'un amour qu'elle n'oserait jamais s'avouer totalement. Elle n'était qu'un oisillon face au loup. Et le loup avait l'air de se repaître de ce qu'il venait de lui arracher.
Elle inspira et expira plusieurs fois, ne le lâchant pas de ses yeux fous. Elle le crèverait bien un jour car peu lui importait, sa mort ou la sienne. Ce n'était qu'une fatalité qu'elle attendait avec grande impatience.
Elle biaisa alors. Faisant mine de reprendre sur elle, elle lui renvoya en pleine figure qu'elle ne lui laisserait pas lui appartenir, que son corps n'était pas un terrain conquis pour lui. Terrible boniment. Elle se mentait avec cruauté. Elle se laminait le coeur comme il venait de le faire. Mais là encore, il ne lui laissa rien. Rien d'autre que ses mots qui hanteraient son esprit à jamais. Je te déteste. Pire encore, je te hais. D'une haine qui dépasse l'entendement, d'une haine qui n'a aucune fichue définition existante en ce monde. Elle est innommable mais faut il bien mettre un mot sur ce sentiment pour que tu le comprennes. Je t'exècre de façon viscérale, je te gerbe chaque minute de cette putain de vie ... Et pourtant, oui, il y a plus que ça. Et je n'oserais pas mettre un mot sur ça. Tu as sûrement raison, je suis plus faible, plus lâche. Je ne te donnerais rien d'autre. Je ne te donnerais pas mon amour. Je ne le donnerais sûrement jamais à personne car dés notre première rencontre tu m'as emprisonné dans quelque chose que je ne contrôle pas. Et quand j'y pense, j'aimerais ne t'avoir jamais croisé.
La conversation prit un tour plus léger en apparence mais tant d'accusations se cachait dans ses mots. Elle se laissa aller vers lui, le narguant de son sourire, son attitude de salope reprenant si lentement le dessus.
Elle laissa alors échapper son prénom. Cadeau précieux mais empoisonné. Brusque accès de violence. Sa gorge était enserrée par sa main, puissante et la laissant suffoquer, lui coupant toute respiration. Agrippant son poignet, elle voulut se dégager alors que son dos s'érafler contre l'arbre. Un murmure à son oreille et une chaleur plus délectable vint se lover en elle. Son cerveau masochiste savourant ce murmure, ce délire sexuelle. Et brusquement, sans qu'elle ne l'ait prévu, les lèvres de son bourreau vinrent se poser violemment contre les siennes. Il lâcha sa gorge pour la remonter plus haut, la laissant respirer ne serait-ce qu'assez pour qu'elle puisse répliquer à ce baiser que son corps tout entier réclamait depuis leur premier regard croisé. Un gémissement, une abdication totale. Sa main effleura son visage, comme hésitant entre caresse et griffure. Elle la posa simplement, se perdant corps et âme dans la danse langoureuse de leur bouche liées. Son être semblait se liquéfier, se rassasiant de ce qui semblait être devenu sa raison de respirer. Elle ne flirtait plus, elle ne jouait plus et elle en quémandait plus. Mais brusquement, les bruits alentours se frayèrent un chemin jusqu'à son cerveau et elle mit un terme à ce qui semblait être le début de la fin.
Haletante et frissonnante d'un désir inachevé, elle l'observait. Qu'est ce qui me dit que tu ne joues pas ? Que je suis pas ton énième amusement ? Je te briserais, Noah, si tu t'amuses à ça avec moi. Je te détruirais lentement et assez longtemps pour qu'à la fin, il ne reste plus rien de toi. Je ne me donne pas à toi vainement. Mes sentiments ne sont pas des mouchoirs que tu jetterais après un plaisir passé ... Ne fais rien qui puisse te coûter. Rien qui puisse me faire assez souffrir pour que tu ne sois plus rien du tout pour moi ...
Oui car, à ce moment précis et depuis plus d'un mois, il était bien trop pour elle. Il représentait plus que toutes les personnes pouvant l'entourer depuis si longtemps. Il était son point d'ancrage comme celui qui la précipiterait vers la mort. Chaque minute près de toi est une torture. Une souffrance bien douce et délicieuse, assez pour que je renonce à mes promesses personnelles. Tu m'as sous ta totale emprise. Elle fit une pause, frôlant ses lèvres des siennes, laissant un sourire se poser sur celle-ci Mais le plus jouissif, c'est que je sais que tu es tout autant soumis à moi et ça me suffit entièrement. ▲ NOAH(c) AMIANTE
Maniaque du contrôle, obsédée par la domination, Mairin ne se sentait plus maître de rien du tout. Comme si son corps lui disait clairement d'aller se faire foutre, de lâcher prise et de laisser libre cours à ses envies les plus secrètes et les plus folles. Rien n'était plus simple, en soit. Rien ne lui paraissait plus à sa portée que de sortir de cet étau qui la bridait et semblait la faire suffoquer. Elle ne lui laisserait rien, plus un seul cadeau, plus un seul regard, ni sourire qui pourrait lui faire penser qu'elle ressentait les mêmes choses. S'abandonner pour mieux se perdre ? Non. Elle l'avait fait une seule putain de fois et cela avait tournée au fiasco. Elle engendrait le mal, là où ses pas s'attardaient, la noirceur s'enracinait. Elle n'était plus ni innocence ni candeur. Simplement le délire et l'agressivité. Certaines rencontres faisaient ressortir les plus gros défauts qui pouvaient la constituer. Ce mec en était la preuve. Pas une seule fois, jamais, elle ne s'était sentit douce et attendrie à ses côtés et ça ne lui manquait pas. Elle ressentait l’irrépressible envie de se jeter du haut d'un toit, de se couper les veines jusqu'à les noyer tous deux dans son sang, prête à crever juste pour se sentir revivre. Elle s'en voulait, se lacérer intérieurement pour la situation dans laquelle elle se mettait. Elle n'avait plus conscience d'elle-même si ce n'était des mots qui sortaient de sa bouche, sa voix éraillée, crissante comme si elle avait trop crié. Et elle hurlait. Elle hurlait depuis si longtemps sans jamais lâcher un seul son. Elle s'infligeait cette douloureuse punition simplement pour le sentir près d'elle, simplement pour l'enchaîner à son corps pour toujours. Dire qu'il était comme son héroïne ou sa nouvelle came aurait été bien trop cliché et vaguement représentatif du sentiment qui l'animait. Il était plus, trop. Son âme le réclamait depuis leur première rencontre et elle s'était évertuée à enfouir cette attirance tout au fond d'elle, simplement pour faire durer le plaisir. Ne s'autorisant aucun répit.
Elle aurait dû fuir. Dés que son corps avait percuté le jeune homme. Partir, courir, jusqu'à ne plus sentir les muscles de ses jambes. Le frapper peut-être, pour le faire souffrir autant qu'elle souffrait. L'ignorer, feignant de ne pas le reconnaître. Mais Mairin aurait été bien lâche si telles auraient été ses réactions. Sa dignité, il lui en restait si peu, lui aurait été totalement arrachée. Sa colère enflait, encore et encore, tout comme l'excitation latente qui la possédait, au fur et à mesure qu'il lui déclarait son amour et sa haine. Elle eut peur. Oui, brusquement la peur prit le dessus. Elle en aurait chialé. Elle ne voulait pas qu'il ressente tout cela. Elle voulait seulement sa haine, rien que ça. L'amour n'avait rien à foutre ici. L'amour gâchait toujours tout, il brûlait tout sur son passage et ne laissait rien que des carcasses vides et noires. Si ses muscles répondaient encore, peut-être aurait-elle pu l'étrangler, le griffer, le gifler. Mais elle resserra sa prise sur son corps fragile et douteux.
Tu n'as pas le droit. Tu n'as aucun droit de ressentir tout ça. Et je n'ai aucun droit de l'accepter. J'écrabouillerais tout sentiments amoureux de ton esprit, je l'arracherais et je cracherais dessus. Je prendrais tout pour qu'il ne reste que ta haine pour moi, pour que tu puisses achever ton travail, que tu puisses enfin serrer tes mains autour de mon cou et me sentir partir. Après tout, ce n'est pas ce que tu voulais faire, lorsque tu m'as emmenée sur ce toit ? Tu ne voulais pas réellement me lâcher ? Me tester peut-être ? Ta passion aveugle tout. elle ne te laisse aucune liberté. Tu te crois libre, là, en m'ayant tout donné ? En me déclarant ta flamme comme si nous étions deux amants interdits ? Tu penses m'avoir rassasié … Un rire, moqueur puis elle reprit. Je n'en aurais jamais assez. Même lorsque je sentirais ton corps lâcher prise, que je verrais tes yeux se révulser comme preuve de ton dernier souffle, je ne serais jamais comblée. Ce serait bien trop facile mais rien n'est facile entre nous, n'est-ce pas ? Ce serait bien trop ennuyant. Tout n'est qu'un entremêlement de sentiments qui me donnent la gerbe et me donnent envie. Envie de toi, peut-être. Te baiser avec colère pourrait être intéressant …
Elle le laissa se rapprocher, encore. Ses yeux défiants, son sourire cruel. Elle n'allait pas le laisser gagner. Elle ne lui laisserait pas l'opportunité de rendre les armes. Il reprit, rebondissant sur sa déclaration de haine. Ils se frôlaient sans jamais vraiment se toucher et pourtant, elle ressentait sa chaleur avec une lucidité effrayante. Elle le fusilla du regard lorsqu'il se moqua clairement d'elle, la traitant comme un être pathétique. Et peut-être l'était elle, en fin de compte. Son mépris la blessa, plus que de raison. Elle baissa les yeux, ne voulant pas ressentir le poids des larmes retenues. Serrant les dents, elle ne répondit rien. Il n'y avait rien à dire. Et même lorsqu'elle se sentait si minable, elle ne regrettait rien, en effet. Douce existence tourmentée, elle se rappelait ce qu'avait été sa vie avant lui. Rien d'autre qu'un enchaînement de conneries plus risibles et tortueuses les unes que les autres. Il lui avait soudainement rendu le souffle qu'elle recherchait depuis trop longtemps, tout en l'emprisonnant dans un monde rempli de querelles. Et encore là, aucuns regrets, aucune envie de retourner à cet avant si mélancolique.
L'être humain était assez surprenant. Préférant souffrir, se laisser aller à des situations qui ne lui apportaient que larme et colère, se demandant quelques fois, dans de pauvres moments de calme si il ne serait pas mieux de mettre un terme à tout cela ? Mais lorsque la solution semblait être la mort ou la torture éternelle, quel échappatoire y avait-il ? Elle n'en trouvait aucun. Aucun qui semblait lui convenir. Le lâcher lui semblait désormais impossible, pas lorsque leurs lèvres semblaient faites pour s'entendre mais que leur corps se repoussaient et s'attiraient comme deux aimants. Il n'y avait absolument rien à faire de plus que de patienter et de s’alanguir. Elle semblait prête à se briser, tout son être semblant en vouloir d'avantage, rêvant de plonger en lui et de ne jamais en ressortir. Puis elle fit cesser le manège, le cœur au bord des lèvres. Caprice inassouvi, elle le mit en garde mais comme toutes les autres fois, ça n'eut aucun effet. Du moins, pas en surface. Elle laissa retomber la main qu'elle avait eu le malheur de poser sur son visage. Mais lui, ne la lâcha pas. Elle sentait sa main crispée dans sa chevelure et son corps peu indifférent à leur proximité tout contre le sien alors qu'il reprenait. Se retenant de lui cracher au visage, elle préféra lui répondre J'ai l'envie pressante de te tuer. Je pense que si tu ne me tenais pas si fermement et que j'avais à ma portée quelque chose d'assez pointu pour te faire mal et te faire saigner, je n'hésiterais pas à m'en servir. Tu sous estimes mes paroles, soit. Tu veux de l'agissement ? Ne joue pas avec moi. Tu ne me connais pas, tu ne sais absolument pas jusqu'où je peux aller … Si me voir souffrir et trimer est pour toi un plaisir, te voir crever de mes mains serait tout aussi plaisant. Mes limites ne sont que celles que je m'autorise à me placer. Le reste, ce n'est que du détail. Je ferais de ta vie un enfer, notre enfer. Car si tu plonges, je plonge, irrévocablement. Et ça pourrait me faire chier mais au final, c'est excitant. Oui … Elle se lécha les lèvres, comme si elle voulait se rappeler le goût de leur baiser avant de reprendre. Çà me plaît et je crois que malgré tout ce que tu viens de me dire, tu as encore de quoi répliquer, quelque chose qui fera que tu m'intéresseras encore. Toujours. Tu n'as pas tout vomis sur mes pieds, tu ne m'as pas tout donné et je veux plus. A savoir si tu es prêt à me laisser plus …
Et enfin, elle lui fit part de ses doutes, se dévoilant et révélant avec une faiblesse naïve ce dont elle avait peur. Il réagit en conséquence. Sa main vint effleurer sa joue, descendant plus encore alors qu'il parlait, lui rappelant et lui prouvant par de bons arguments qu'elle ne serait jamais capable d'oublier. Il l'avait marqué comme un tatouage, une blessure béante qui mettrait une éternité à cicatriser. Il remonta enfin jusqu'à ses lèvres, son souffle effleurant ses doigts intrusifs. Elle les repoussa finalement, le regard haineux. Si ses yeux avaient pu tuer, oh … elle en rêvait. Mais non, il continuait de parler, de la narguer juste en existant. Les mots s'insinuaient en elle comme une chanson trop longtemps écoutée, comme un poème connu par cœur mais qui pourtant ne lassait pas. Jamais. Ses lèvres pourpres se mirent à trembler, révélant une humanité qu'elle pensait perdue. En ressentant cela, elle se reprit. Elle ne laisserait aucune larme franchir la barrière de ses yeux, pas devant lui. Ce serait comme lui offrir son cœur sur un plateau d'argent. Alors la jeune femme reprit son masque arrogant, elle le nargua, à son tour, effleurant ses lèvres. Et des blessures, encore, des plaies saignantes. Sa main assassine vint agripper son vêtement alors que les derniers mots de l'être qu'elle haïssait le plus se perdirent dans le silence. Sa bouche percuta la sienne et elle se sentit revivre, encore, toujours. Vorace, violent et passionnée, ce baiser serait le dernier. Elle ne se le promettait pas, elle ne tenait jamais ses promesses. Elle pressentait seulement qu'elle devait mettre fin à tout ça, pour ce soir. Sa langue insidieuse, son souffle erratique puis elle le repoussa, s'éloignant bien vite de l'arbre contre lequel elle était restait prisonnière. Elle remonta un de ses bas qui semblait avoir voulu se faire la malle jusqu'à sa cheville, comme une invitation érotique non voulue et glissant deux mains nerveuses dans ses cheveux en pagailles. Je ne suis pas faible. Je ne le serais pas devant toi. Tu ne le mérites pas, tu ne mérites que dalle ! Je te déteste tellement de me faire ressentir tout ça, dit-elle le regard souffrant. Tu ne peux pas simplement disparaître ? Me laisser vivre, en paix ? Oh, je t’accorde que ma vie est vraiment merdique, que, parfois, je préférerais être comme tous ces gens non loin de nous, qui arrivent à s'amuser comme si chaque minutes étaient merveilleuses. Ouais, j'en rêve putain ! Mais je me suis faite une raison. Ma vie ne sera jamais facile, ne sera jamais juste et rempli de richesses et de beautés. Juste malheureuse et ennuyeuse. Mais avec toi dans ma vie, je me sens prête à faire plus que n'importe quoi. Elle lâcha un ricanement, triste. J'étais prête à te donner mon corps. J'crois bien qu'un seul regard de ta part pourrait me faire me coucher sur le sol et écarter les jambes comme une belle salope … Mais tu le mérites pas, encore une fois. Je me donnerais quand je le voudrais, quand j'en aurais l'envie et ce sera moi qui te baiserait, au final.
Elle regarda le cadavre de la bouteille qu'elle avait lâchée accidentellement. Quel dommage, je n'aurais pas dû la lâcher, on aurait pu fêter toutes ces déclarations en se bourrant la gueule. Relevant les yeux vers lui, elle le détailla, longuement, sans un mot. Est-ce possible de haïr et d'aimer quelqu'un à ce point ? Je ne te connais même pas. Je ne sais rien de ta vie et je ne veux pas en faire partie. Tu as l'air de bien trop souffrir, toi aussi, dans un monde qu'ils ont tous l'air d'envier. Moi je ne t'envie pas. Je te plains, en fait … ▲ NOAH(c) AMIANTE