fall down (orvana)

Toujours au garde à vous. je reste la quelque instants confuse de ce qu’il vient de me dire. Un sourire bête sur mes lèvres, comme souvent. Ma mère me disait que j’finirais ridée vingt ans.. On y est, merde. Tu fais référence à ton rang d’ancien militaire ou à Jean Paul très droit que j’ai rencontré une fois, un mec super cool d’ailleurs. Jean Paul sera désormais le nom de son p’tit mec, son mini lui. J’trouve ça classe Jean-Paul. Ca claque sa mère en string. Le revoir, souvent, une obligation plutôt une envie. Pouvoir plonger mes yeux dans son regard bleuté si parfait, ou juste admirer sa carrure de bogoss. Sortez les violons, mes yeux tombent amoureux. Je note que tu t’opposes pas à m’revoir, c’eeest cool. Tu pourras être mon poteau à chaque fois que j’tombe trottinette maintenant ! Ce qui n’est pas rare, enfaîte.. Moi et l’équilibre.. Faut dire que les trois quarts du temps bourrée ou droguée, ça n’aide pas à voir le sol statique. On devrait te soigner ça, avant que ça s’infecte. Quoi ? Je suis son mouvement des yeux vers mon genou esquinté et damn. J’lavais totalement oublié celui la. Maaais nan, j’suis un bonhomme moi. J’ne m’infecte pas. Je me suicide juste à petit feu, toute seule comme une grande. Alors, Mather House ? Un mouvement de tête de bas en haut, positif. Oui. Enfin si ils veulent bien de moi sur le canapé. Oui bon je ronfle et je parle la nuit, c’pas d’ma faute ! J’essaye de me relever, mais je me stop, net. Une idée, l’ampoule au dessus de la tête. Dans un beau sourire charmeur je le fixe. Tu veux pas me porter ? Sur ton dos, j’suis un koala moi t’inquiète on me sens pas !

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« A ton avis ? » Je laissais le doute en suspend avec la volonté de la taquiner. L’entendre me donner le rôle de poteau me faisait sourire. « T’as de la chance que je sois un poteau plutôt solide. » Un poteau bancal, ce n’était pas l’idéal. Baissant mon regard sur son écorchure, je rappelais à Nirvana son existence qu’elle semblait avoir oublié. « Un bonhomme avec une paire de seins. C’est quand même différent ! » disais-je en me relevant. C’est de cette manière que j’apprenais qu’elle ne possédait pas de chambre à la Mather House. En faisait-elle seulement partie ? Peu importe. Je n’allais pas prendre le risque de se faire virer. Pour combler l’ironie de la situation, elle eut la brillante idée de jouer au monky en montant sur mon dos. « J’accepte uniquement parce que tu vas nous ralentir. » Juste de la taquinerie. Non un reproche. Me baissant comme un parfait idiot, je laissais la jeune femme monter tant bien que mal sur mon dos. Instable, elle se rattrapait en entourant mon cou de ses bras. De mes deux mains, j’attrapais ses cuisses tout en les immobilisant contre moi. « On va aller à la Quincy. On va pas prendre le risque de se faire virer. » Elle pouvait toujours s’opposer à cette suggestion. Traversant le centre, je retrouvais bien vite le chemin de ma voiture. Un 4X4 blindé de couleur noir. Ce n’était pas le dernier model, mais je me l’étais offert à crédit, il y a de cela quelques années. Sortant la clé de ma poche, j’activais l’ouverture. « Accroche-toi. » D’une main, j’ouvrais la portière côté passager. « On descend le Koala. »

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On joue sur un plan de la taquinerie la. C’est plaisant, c’est marrant. Ca m’fera toujours rire de jouer à ces petits jeux de sous-entendus étranges. Ca fou le doute, ca fou les boules et ca fait espérer. C’est destructeur, j’dirais. J’lui sourit, bêtement à sa réponse devenue une question. Mon avis reste insouciant, neutre. Sans réelle réponse à ma propre question. Un bonhomme avec une paire de seins. C’est quand même différent ! La féministe qui est en moi pourra crier à la mort pour cette phrase. J’ai pas de seins, fais-moi une coupe de cheveux super rasée, une coupe de mec, j’passe très bien androgyne. Caméléon des sexes. La classe que j’ai, hein. Ne pèses pas mon style, tu vas être jaloux. Haaaan, nan. J’suis pas une chochotte okaay. Pleurer ça craint ! Ado rebelle, ado attardée, comme tu voudras. J’ai l’excuse de mon âge. Quoi que, j’viens d’arriver aux vingt ans, j’ai plus d’excuses… j’suis officiellement une ado attardée rebelle. J’accepte uniquement parce que tu vas nous ralentir. Les bras levés vers le ciel, signe de victoire. Yoooouhhou ! Je monte sur son dos, les jambes autour de lui, soutenues par ses mains, mes bras qui en profitent pour se glisser autour de son cou et même à descendre un peu visiter le haut de son torse à travers les tissus de ses vêtements. Hoooooou, c’est duuur, c’est chaud. J’vais rester un koala accroché des heures comme ça. On va aller à la Quincy. On va pas prendre le risque de se faire virer. J’suis verte ouais, mais bizut, ces des enfoirés avec les bizuts. Ca veut dire que j’vais dormir chez toi ? Enfin dans ta chambre ? Avec toi ? Woooooou. J’pourrais tenter le deuxième levé de bras victorieux, mais j’suis pas une folle quand même, j’lâché pas son corps de dingue moi. Il me remet à terre, devant une grosse voiture, noire, énorme et puis géante surtout. Haaaa ouais. A l’image du propriétaire hein. Enorme et puissante.. la voiture ho ! Qu’est ce tu crois. Pervers. Je monte devant, place passager, ceinture mise, sécurité ouais. Mes mains glissées entre mes cuisses pour garder un peu de chaleur. Owen prend place conducteur. Avant qu’il ne fasse démarrer la voiture, ma main le stop en s’accrochant à la sienne. Merci Owen. Accompagné d’un sourire qui ne dure que quelques instants avant de rompre contact. Allllez goooo, j’veux voir comment c’est chez les gentils !

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Dormir dans ma chambre. J’avais totalement oublié ce détail. Sa résidence fermait tôt. Etrange. Encore une fois, je me retenais de poser des questions, mais ce qu’elle me disait n’avait pas de sens. « Si t’as nulle part où aller. » Je n’étais pas vraiment à l’aise à l’idée qu’elle dorme avec moi. Le fait étant, qu’il m’arrivait souvent de faire des terreurs nocturnes plutôt réalistes. Faire du mal à quelqu’un était la dernière chose que je souhaitais. Seulement, les symptômes dû à mon choc post-traumatique était presque réel. Au lieu de voir une chambre, je voyais le désert Afghan. C’était comme être sous l’emprise d’hallucination plutôt violente. Arrivé près de la voiture, je la laissais s’installer tout en écoutant sa comparaison. « Faut bien assurer l’image » Mes mots étaient accompagnés d’un clin d’œil. En réalité, j’étais loin de m’attacher à l’importance du regard. A l’inverse, je me contrefichais de ce que pouvait penser les autres tant qu’ils ne souffraient pas à cause de moi. Prenant place sur le fauteuil en cuir, je m’apprêtais à démarrer lorsque sa main touchait la mienne. Un simple contact qui me paraissait plus sincère que les autres. Son remerciement me laissait légèrement perplexe. Elle avait l’air d’être plus sérieuse. Plus sage. Ou n’était-ce qu’une illusion ? Nirvana retirait sa main. Annulant l’effet que cela avait produit. Sous mes yeux, elle se transformait à nouveau pour redevenir l’habituelle jeune femme. Allumant le contact, je laissais la voiture reprendre ses aises. Défilant avec aisance dans la ville, je ne tardais pas à arriver. Avec facilité, je garais ma voiture à l’endroit réservé pour les Quincy. Puis, comme un parfait gentlemen, je venais lui ouvrir la porte. La laissant descendre, je refermais la portière derrière elle. Sans lui demander, je lui proposais mon dos. Ce qui nous permettrait de franchir la porte de ma chambre plus facilement. Et en effet, quelques minutes plus tard, nous y étions. « Je vais voir ce qu’ils ont dans leur pharmacie. » L’abandonnant sur mon lit, je ne tardais pas à revenir avec une compresse, du désinfectant et un pansement avec des animaux dessus. Vraiment ? « Désolé pour le pansement, mais faut croire qu’ici, ils sont fan de ça. » disais-je quelque peu embarrassé. Imbibant la compresse de produit, je l’appliquais sans prévenir sur son écorchure.

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Okaaaaaaay. J’lui dit merci, il ne répond pas. La politesse s’est perdue dans les tranchés des pays avec du sable et tout le merdier là bas hein. Quoi que en y pensant bien j’veux pas non plus qu’il me remercie de le remercier, ca serait débile, enfaite. Puis c’est bon, je veux pas rester deux heures sur ça, j’dis merci, c’est rare. Quelques instants de calme, de sincérité. Pour une fois, rien d’un mensonge. Il démarre, la grosse voiture et son moteur qui vibre sous mon cul à travers les rues de la ville. On ne met pas longtemps à arriver chez la maison des gentils oranges. Gentlemen, il m’ouvre la porte et me propose de remonter sur son dos. Héé. J’vais pas m’faire prier. De nouveau sur son dos, bien callée comme il faut le temps de rejoindre sa chambre. Je vais voir ce qu’ils ont dans leur pharmacie. Toute seule sur son lit, en arrière, reposée sur mes coudes. Je regarde tous les recoins de la chambre sans y trouver de quoi intriguer mon esprit tordu. Puis il revient, les mains prises de compresse, de désinfectant. Désolé pour le pansement, mais faut croire qu’ici, ils sont fan de ça. HAAAAA TROP BIEEN. Je regarde le pansement, des singes, partout, avec des bananes ! C’est trop.. aaaaaaaie ! Il met le produit comme ça, sans prévenir, sans me dire atteeeention ça va piqqqquer. Non comme ça, direct ! Je lui donne une tape sur l’épaule, vengeance. Je veux un câlin de réconfort là, j’ai vécu la mort, j’ai vu la faucheuse, la paradis, la lumière blanche ! Bon pour le côté j’suis pas chochotte, zéro credibility. Je me couche, entièrement, mes jambes qui pendouillent dans le vide. C’est trop confortable ce lit sérieux ! J’veux dormir la touuuute ma vie ! Dis oui, s’teuplait. Il peut pas refuser, hein hein. J'écarte mes bras, en attendant mon câlin de réconfort.

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Comme une gamine, elle observe le pansement avec des étoiles dans les yeux. Je secoue la tête tout en riant doucement. Une pile électrique cette fille. Je pose la compresse pleine de produit sur sa blessure sans la prévenir. Un mouvement de recul m’indique qu’elle vient d’avoir mal. Le deal étant, je lui devais un câlin. « Après t’es pas une chochotte hein » disais-je en ricanant. Une seconde plus tard, je collais le pansement sur sa peau. Puis, j’allais jeter la compresse dans la poubelle. Pendant ce temps-là, elle en avait profité pour s’allongé sur mon lit. Apparemment, elle le trouvait plutôt à son goût. « Je te dois quelque chose, je crois. » M’approchant de mon lit, je finis par m’y allonger tout en laissant mes pieds dans le vide pour ne pas mettre mes chaussures sur les draps. Je m’étais assez emmerder à les laver et pour les mettre, cela avait été encore plus difficile. Glissant un bras sous sa nuque, je la rapprochais un peu plus de moi. Je ne sais pas ce que nous faisions exactement, mais d’aussi loin que je me souvenais, avec elle, cela avait toujours été ainsi. La situation était imprévisible et j’aimais plutôt ça. Pendant ce moment, je ne pensais pas à ce que j’avais vécu. Mon esprit était focalisé sur autre chose. « Je suis pardonné ? » murmurais-je tout en baissant mes pupilles bleutées sur son visage. Les questions qui m’avaient tant brulé les lèvres, refaisaient surface. Inutile de me retenir à présent. Ne voulant pas paraitre brusque, j’optais pour la délicatesse. Un trait plutôt nouveau. « Tu m’as pas dit. Tu deviens quoi à part tombé de trottinette ? »

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Nan, j’suis pas une chochotte. Un peu, quand ca picote, ca fait mal quand même. J’me serais évanouie il aurait pu m’faire un super bouche-à-bouche façons secouriste de l’armée, haaan, j’ai mal agi, j’aurais du m’évanouir. Pour de faux.. J’ai mon pansement trop cool, des singes, sur le genou, très voyant, très cool, très trop bien. Je te dois quelque chose, je crois. Il se rapproche de moi, sur le lit, ma tête qui repose sur son bras. J’entrelace mes jambes avec les siennes, tournées de côtés, contre lui. Trop de contact là, j’vais faire pipi culotte sur les beaux draps bien mis. C’est tout de même étrange.. on ne s’est pas vu depuis des années, il a vécu sûrement des trucs horrible alors que moi.. j’ai fait que voler tout ce que j’ai pu voler à tout le monde pour vivre dans ma p’tite caravane, mes clopes, ma vodka. On se retrouve, dans un coin de rue, par accident, littéralement. Ca sonne comme un truc romantique, ca craint à fond. Mais c’est kiffant. Je suis pardonné ? J’lui souris et d’une voix toute calme, c’est rare.. j’lui réponds. Oui.. Mais peu mieux faire hein. Il m’interroge sur moi, ma vie, mon histoire, toussa. Tu m’as pas dit. Tu deviens quoi à part tombé de trottinette ? Je soupire un instant en resserrant mes jambes entre les siennes, mes chaussures que j’ai fait tomber sur le sol. Peut être parce que tu ne m’as pas demandé. Que dire.. Que dire. Je suis rentrée à Harvard cette année, on m’a aidé à payer mon inscription, j’suis mather. J’voulais intégrer les cabot mais ont m’a jugé trop folle.. T’y crois toi ? Moi folle ? C’est fauuux. J’suis méga lucide sur la vie moi. Ouaaais. J’suis pas une rêveuse, j’suis juste un peu perchée c’est pas pareil, hein. Ma main parcourt du bout des doigts son bras, remontant vers son épaule, son cou. Presque quelques chatouilles. C’est très weird quand même, ça, tout ça là.

Orvana

« C’est-à-dire ? » répondais-je, avec un sourire narquois inscrit sur les lèvres. Que pouvais-je lui donner de plus ? Un simple câlin n’avait pas l’air de lui suffire. Glissant ses jambes autours des miennes, elle exerçait une légère pression. Un léger bruit me parvenait aux oreilles. Signe qu’elle venait de retirer ses chaussures. En même temps, elle éclairait ma curiosité en m’avouant étudier ici grâce à une aide. Qui avaient pu bien l’aider ? Une année à Harvard coûtait presque soixante mille dollars. Alors imaginé sur le long terme. Moi-même, j’avais dû faire un prêt et y mettre toutes mes économies. Je n’étais même pas sûr de pouvoir continuer. Ne préférant pas me montrer trop entreprenant, mon esprit me taisait de poser cette question. Nirvana validait mon doute en me disant qu’elle avait intégré la Mather House. Maison qui avait été mon second choix. « Je pense qu’ils avaient raison. T’es pas assez sage pour rejoindre leur petit groupe. » Les cabots, s’était un peu comme les filles populaires au lycée. Du moins, de ce que je me souvenais. A la base, on classait surtout ce genre de fille dans la catégorie nunuche ou fille facile. Un jugement sévère et injustifié n’est-ce pas ? Après tout, ce n’était qu’une généralité. Chaque groupe possédait des personnes différentes. De sa main, elle me caressait d’abord le bras, avant de remonter vers mon cou. Ses gestes eurent le don de m’arracher quelques frissons. D’une phrase, elle venait briser ce moment qu’elle qualifiait d’étrange. Critique que je validais. On n’était ensemble depuis une heure. Peut-être moins. Pourtant, il semblerait qu’inconsciemment, elle est autant besoin de contact que moi. Ou n’était-ce dû qu’à notre passé ? Avoir déjà dépassé le stade des rapports intime, permettait un rapprochement plus facile. Peut-être. « Je te l’accorde, mais c’est pas déplaisant. » Posant mes yeux sur elle, je laissais quelques mots s’échapper de mes lèvres. « Si ? » Question muette. Question sans réponse obligatoire. M’étant légèrement redressé, mes lèvres se trouvaient à quelques centimètres de son visage. Et si ? Sans réponse automatique, je laissais mon visage se masquer d’un sourire amusé, avant de retomber mollement sur le lit.

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