Tu comptais profiter des dernières jours de soleil, et du beau temps. Les températures chutaient déjà drastiquement, et tu savais que bientôt, il sera difficile de faire des excursions dehors avec les jumeaux. Tu voulais qu’ils puissent profiter le plus possible de l’extérieur, surtout qu’a présent, vous n’aviez plus de jardin. Cela t’avait fait du bien de quitter la villa d’Elios. Tu n’avais pas pu rester là-bas. Tu te sentais étouffer sur le long terme. Votre loft était magnifique, et il y avait le parc juste à coté, mais tu savais que le jardin allait manquer aux jumeaux. Parfois, il y avait besoin de changement, d’un nouveau souffle dans la vie, un nouvel air à respirer. Tu avais décidé d’aller à la plage, et tu avais également invité Alaska, que tu n’avais pas vu depuis son anniversaire, bien trop occupée entre les cours, ta thèse, et ton rôle de mère. Tu avais cette impression que tu n’accordais pas assez de temps à ta petite soeur. Tu étais restée à Harvard pour te rapprocher d’elle, et au final, tu étais tout aussi débordée qu’à Tokyo. Assise sur ce banc, tu laissais Gaia et Hermes jouer dans le sable en attendant que ta soeur ne vienne vous rejoindre.
Cela faisait depuis mon anniversaire surprise que je n'avais pas revu Feldt. J'aurais aimé la revoir un peu plus, mais -même si je l'aimais déjà beaucoup- le contact entre nous n'était pas encore totalement naturel. Alors, je n'avais pas osé lui envoyer un simple sms pour lui dire de passer à la Mather House ou bien pour lui demander si elle désirait manger un midi avec moi. C'était assez déstabilisant dans le sens où je ne connaissais pas ma propre sœur, que j'avais énormément de mal à la connaitre et surtout que mon petit ami la connaissait bien mieux que moi. J'avais cette fâcheuse impression que tout le monde était très "discret" autour de moi. Emma m'avait refusé une sortie -autant dire que je n'avais pas de nouvelle-, Wade m'avait clairement caché ce qu'il ressentait pour Briony ou même ses récents problèmes alors que je lui avais confié beaucoup de choses en retour. Ne parlons pas d'Alexander qui m'avait tout de suite arrêté quand j'avais essayé d'en apprendre plus sur lui. Il y avait quelque chose d'assez frustrant de se réveiller tous les matins aux côtés d'une personne qu'on ne connaît pas et qui du coup, ne vous connaît pas non plus. Peut-être que dans leur monde, c'était évident de cacher toutes les parts sombres. Je n'en sais trop rien... En tout cas, j'avais été plus qu'heureuse quand ma sœur m'avait contacté pour me demander si je voulais aller à la plage avec les jumeaux et elle. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Alors j'avais vraiment foncé pour la rejoindre, m’asseyant bien vite à côté d'elle. Les enfants ne m'avaient pas vu arriver, ils étaient trop occupés à jouer et je n'avais aucune envie de les déranger pour leur signaler ma présence. « Salut ma belle ! » m'exclamais-je en lui déposant un bisou sur la joue pour lui dire bonjour. « Tu vas bien ? » Autant commencer par les basiques.
On ne se rendait pas compte que c’était les petites choses dans la vie qui nous rendaient le plus heureux. Tu n’avais pas besoin de beaucoup. Au final, l’argent n’achetait pas le bonheur. Certes, sans cette vie, cette chance d’être née dans une famille riche, il y aurait beaucoup plus de problèmes, mais tu étais heureux avec ce que tu avais. Tu savais que cet argent que tu n’utilisais, tu l’utiliserais pour tes enfants, pour leur future à eux. Tu n’étais même pas sure de ce qui allait se passer. Tu essayais de ne pas y penser, à ce que l’avenir pouvait t’offrir, leur offrir. Elios continuait de dire qu’Hermès hériterait du trône, mais tu doutais parfois. Tu connaissais sa mère, sa réticence à les accepter. Et si un jour, elle viendrait te les arracher? Tu ne lui faisais pas confiance. A la place, tu t’accrochais à chacun des moments que tu passais avec tes enfants, ne sachant pas quand serait le dernier. Tu les regardais jouer dans la sable. Vous ne pourriez plus vous y rendre bientôt à cause du froid, et de la neige qui allait tomber. C’était donc une belle journée pour s’y rendre. T’avais invité Alaska, ta soeur, que tu n’avais pas vu depuis sa fête d’anniversaire. Elle arrivait, venant prendre place à côté de toi. « Coucou. Ça va et toi? » Tu avais encore du mal à t’ouvrir à elle, mais tu faisais un effort. « Je suis désolée si on a pas pu plus parler à ton anniversaire. J’espère que t’as quand même passé une bonne soirée. »
Je n'avais pas perdu de temps pour rejoindre Feldt à la plage. Aujourd'hui, le temps était agréable alors autant en profiter encore un peu. Ensuite, l'hiver allait arriver, la neige aussi et ça n'allait pas être une partie de plaisir tous les jours. Je m'étais donc assise aux côtés de ma sœur regardant les enfants jouer un peu plus loin dans le sable. C'était le bon plan mine de rien, ce soir, ils allaient être fatigués après avoir couru autant dans le sable. Puis, l'air de la mer, ça fatigue. Nous commencions rapidement par la banalité. « Coucou. Ça va et toi? » Je ne pouvais pas aller mieux je pense. « Je vais bien » affirmais-je donc avec un sourire. Aucun nuage gris à l'horizon pour ma part. J'étais amoureuse et heureuse. « Je suis désolée si on a pas pu plus parler à ton anniversaire. J’espère que t’as quand même passé une bonne soirée. » Je lui souriais alors, ne tardant pas à lui répondre. « Oh, tu sais, je crois que c'est la soirée où j'ai côtoyé le plus de monde, mais aussi celle avec qui je n'ai eu aucune véritable discussion ! » Ouais, au final, ce genre de soirée, on a beaucoup de monde à qui dire bonjour et ça s'arrête généralement aux banalités. « Mais c'était une excellente soirée ! » m'exclamais-je ensuite avec un sourire. J'avais quand même été gâtée, rien que par l'événement en lui-même. « Tu t'es pas trop ennuyée ? » lui demandais-je ensuite, je ne savais même pas quand elle était rentrée.
Plus les jours avançaient, et plus tu te demandais, ce que tu faisais parfois encore à Boston, car tu savais que tu ne t’y sentais pas vraiment à l’aise. Il y avait toujours un tas de choses qui allaient te courir après, qui allaient te hanter jusqu’à, tu ne sais quand. Tu essayais constamment de te convaincre que les choses iraient mieux, que ta vie finirait par se ranger dans l’ordre, que tes démons finiraient par te laisser tranquille pour que tu puisses avoir la vie que tu voulais. Cependant, ce n’était pas ici que cela se passerait. Tu le savais bien, qu’il y avait des choses que tu ne pourrais jamais oublier, des choses qui faisaient que tu serais toujours enchainé à des souvenirs douloureux. Tu essayais de te convaincre sans cesse qu’au final, il y aurait quelque chose de bien. Si tu n’étais pas venue étudier a1 Harvard, tu n’aurais pas rencontrer Elios, et tu n’aurais pas eu Gaia et Hermes, puis tu n’aurais pas rencontré ta soeur. Mais, si tu devais lister tout ce qui se passait de mal dans ta vie, tu penses que clairement, ils allaient prédominer les bons. Tu te réconfortais, en te disant que l’après-midi que tu allais passer avec ta soeur, et tes enfants seraient bonne. « Je suis pas restée longtemps au final. Je suis partie un peu après que les eliots aient débarqués. Je n’avais pas vraiment envie d’être mêler à leurs histoires encore une fois. » J’avais eu bien trop de mauvaises expériences quant à l’invasion d’eliots aux soirées mathers. Puis, pour être honnête, tu n’étais plus dans cette idée folle des soirées. Tu préférais bien plus, une petite soirée calme avec tes amis chez toi.
Retrouver Feldt avec les jumeaux, c'était vraiment sympa. J'aimais bien passer du temps avec elle, elle était calme et posée, je crois que c'était le genre de personne avec qui il fallait que je passe du temps. Elle ne pouvait pas vous rendre mauvais, au contraire. Elle avait du caractère, mais elle avait cette douceur que très peu avaient au final. « Je suis pas restée longtemps au final. Je suis partie un peu après que les eliots aient débarqués. Je n’avais pas vraiment envie d’être mêler à leurs histoires encore une fois. » Je pouvais la comprendre en même temps. « Tu as eu beaucoup d'histoire avec les Eliots ? » lui demandais-je curieusement. Il était vrai que je n'étais pas au courant de beaucoup de choses dans la vie de ma sœur. Pour ma part, ma plus grosse embrouille ça avait été avec Victoria pendant le bal de fin d'année. Sinon, je m'amusais un peu à jouer au jeu du chat et la souris, c'était plutôt de bonne guerre au final, rien de bien méchant. Parfois, j'avais du mal, dans le sens où une personne a juste besoin de savoir que vous êtes mather pour qu'elle vous méprise, alors qu'au fond, j'étais une personne assez sociable et rigolote.
Bien que tu te rapprochais d’Alaska, tu ne lui avais pas encore beaucoup confié sur ta situation, ton passé. Ce n’était pas que tu ne lui faisais pas confiance, mais tu n’as jamais pu t’ouvrir facilement à quelqu’un. Tu te souviens du temps que cela avait pris avant que tu ne parles des choses qui faisaient mal à Alex. Tu n’avais pas eu une enfance facile, ni même une adolescence. A vrai dire, avant d’avoir tes enfants, t’avais pas eu une vie facile, et tu t’étais toujours battue pour qu’elle soit meilleure. Tu te battais toujours, surtout contre tes démons, mais tu pouvais voir un avenir avec eux. C’est pour cela que tu avais demandé a Alaska de venir à la plage. C’était un endroit neutre, où tu pourrais lui parler sans avoir une pression quelconque. Tu n’avais pas pu lui parler pendant son anniversaire, et puis il y avait eu les Eliots. « Leur père est un ancien Eliot, et disons que je m’en serais bien passé. » Dis-tu en pointant Gaïa et Hermes de la tête. « Puis a la première Mather Party Hard, j’ai fini à l’hosto à cause d’une bagarre avec les Eliots. Tout ça pour dire, que je ne les aime pas vraiment. » Avouais-tu. Ce n’était même pas une histoire de stupide guerre. C’était bien et belle pour des raisons personnelles avec les Eliots.
« Leur père est un ancien Eliot, et disons que je m’en serais bien passé. » Tout comme Feldt, mon regard se tournait vers les deux adorables petites têtes blondes qui étaient en train de jouer un peu plus loin dans le sable. Ils semblaient dans leur bulle et ça ne donnait pas envie de les déranger. Puis, je pouvais profiter de ce moment en tête à tête avec ma sœur et j'irais embêter mes neveux plus tard. C'était tout de même dommage d'en arriver là. Je me demandais si je ne serais pas plus appréciée si j'étais une simple étudiante. Parce que parfois, rien que de dire que vous êtes mathers, les gens pour regardent avec du mépris. Je la laissais alors parler, ne préférant pas lui couper la parole, c'était un peu comme avec Alexander, des moments rares qu'il ne fallait pas briser. « Puis a la première Mather Party Hard, j’ai fini à l’hosto à cause d’une bagarre avec les Eliots. Tout ça pour dire, que je ne les aime pas vraiment. » Je pince mes lèvres en la regardant à nouveau. Il y a des tarés, mais je ne pense pas qu'ils soient tous comme ça. « Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? » demandais-je finalement. Ouais, il était arrivé quoi pour qu'elle termine à l’hôpital ?
C’était la première fois que tu t’ouvrais à Alaska. Ce n’était pas que tu n’avais pas voulu avant. Tu aimerais bien qu’elle en sache un peu plus sur toi. Cependant, tu ne savais pas quoi lui dire sur toi. Il n’y avait pas grand chose à dire pour être honnête. Tu n’avais pas eu une vie très chouette, et c’était pour cela que tu n’aimais pas parler de toi. Tu ne voulais pas inspirer la pitié. Tout ce que tu avais vécu avait fait de toi la personne que tu étais aujourd’hui, et sans toutes ses périples, peut-être que tu serais une personne complètement différente que tu n’aimerais même pas. Tu parlais d’Elios, l’homme que tu avais aimé comme jamais, à qui tu avais tout offert, pour qui tu aurais été prête de tout lâcher. Au final, rien n’avait fonctionner juste à cause d’une simple confrérie, un simple passé que personne ne pouvait comprendre, et certainement pas une famille royale. Mais Elios était encore un sujet délicat alors tu n’allais pas plus loin. Parler de la MPH était une bonne chose. Tout les eliots n’étaient pas comme cela, mais ils pouvaient être dangereux. « Certains eliots se sont invités, dont l’ancien petit ami de Briony, Andy McDougall. Nous étions assez proches à ce moment-là, si on peut aller comme cela. J’ai dis un truc qu’il n’a pas apprécié, et est devenu complètement fou, m’a étranglé, jeté par terre, frappé. Puis il y avait deux autres eliots, Anastasiya et une Roxanna qui m’ont menacé de mort. Puis à cause de mes problèmes de coeur, j’ai fais un arrêt. Je pense que si Alex avait pas été là… » Non, tu refusais d’y penser. Andy avait payé pour ce qu’il t’avait fait, et tu te rendais compte, que tu n’avais plus de difficulté à en parler.
« Certains eliots se sont invités, dont l’ancien petit ami de Briony, Andy McDougall. Nous étions assez proches à ce moment-là, si on peut aller comme cela. J’ai dis un truc qu’il n’a pas apprécié, et est devenu complètement fou, m’a étranglé, jeté par terre, frappé. Puis il y avait deux autres eliots, Anastasiya et une Roxanna qui m’ont menacé de mort. Puis à cause de mes problèmes de coeur, j’ai fais un arrêt. Je pense que si Alex avait pas été là… » J'avale difficilement ma salive. J'avais été battu par ma propre mère pendant dix ans à la période la plus importante d'une vie. J'avais été abandonné par mon père au moment où j'avais eu le plus besoin de lui et je persistais à croire que le monde et les gens n'étaient pas forcément mauvais. Comment on peut en arriver là ? Comment on peut faire autant de mal à une personne ? Bienvenue chez les fous Alaska, tu réalises enfin ce qu'il peut y avoir autour de toi. Je la regardais, je n'avais aucune idée de ce que je pouvais répondre à cela. Et Alex ? Il était dans toutes les histoires de Feldt ? Je fronçais alors les sourcils en la regardant toujours. « Tu en as d'autres des histoires comme celle-là ? » J'aurais aimé faire un peu d'humour et lui dire que c'est bientôt Halloween et que ses histoires allaient être parfaites pour cette période, mais je ne connaissais pas assez ma sœur pour savoir si elle pourrait le prendre "bien". « On ne se rend pas compte du nombre de fous qu'il y a autour de nous... » continuais-je doucement en regardant les jumeaux. Cela faisait peur pour eux. Je n'avais aucune envie qu'ils subissent eux aussi plus tard.
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