JASEY ◊ locked away.

Depuis que j’étais revenue de vacance, je me ne souvenais pas avoir passer du temps de qualité avec mon très cher frère. Vous savez, quelque chose de plus intime qu’un bonjour dans le corridor ou qu’un rendez-vous dans un café bondé. Ce n’était pas une chose inhabituelle car nous n’étions pas sans cesse collés l’un à l’autre cependant il me manquait tout de même. J’avais beau avoir pris beaucoup de maturité et tout ça, sans mon grand frère je n’étais rien, j’avais encore et toujours autant besoin de lui dans ma vie. Tant qu’à faire je décidai d’y aller en grand en préparant un bon souper aux chandelles – merci Nandita pour l’aide – rien que pour lui et moi. Il ne pourra pas dire que je ne fais jamais d’efforts pour lui hein ! Soyons honnêtes, il n’y avait pas de meilleur moyens pour faire le point sur ce qui se passait dans nos vies respectives. Une fois que le tout fut terminé, je l’attendais affalé sur le sofa puisqu’après tout il a la clé maintenant. C’est un troisième coloc à temps partiel.

Leyna avait invité Jasper chez elle. Et en soit, c'était plutôt surprenant. Le garçon avait l'habitude de débarquer à l'improviste, habitué aussi à squatter quand il était entre deux villes sans pied à terre à Boston. Forcément, deux personnes sur trois dans cette demeure étaient dans les personnes les plus proches du garçon. Particulièrement sa sœur, évidemment. Enfin, bref, ils n'avaient pas forcément l'habitude de se donner une heure pour se voir, voyez. Du coup, Jasper fit un petit effort sur sa tenue, enfilant une chemise de boulot et un jean. Devant la porte, il hésita un instant. On fait l'invité ou on assume sa condition de squatteur ? Oh, allons-y clairement. L'ouvre avec sa clé, et trouve sa frangine affalée sur le canapé. « Heeeey ! J'suis à l'heure, tu remarqueras ! » Son regard est attiré par la source de lumière présente sur la table. « T'attends quelqu'un ? » D'autre que moi, j'veux dire. Qui mérite tant d'attentions.

Avec le temps on finit par perdre les bonnes habitudes, par prendre les gens pour acquis et ne plus faire les choses biens. Avec Jasper, Maxym et Torrey c'était carrément devenu ça. Ils faisaient tellement parti de mon quotidien que je n'avais plus à mettre d'efforts pour eux, on se connaissait tellement bien dans notre imperfection que ça ne servait plus à rien. Pas besoin de mettre d'artifices pour essayer de s'impressionner. Pourtant aller savoir j'avais envie de passer avec mon frère différente de celles habitude : pyjamas, bières et pizza. Je nous sentais comme un vieux couple dans lequel il faut raviver les flammes. Alors ouais j'ai fait un de ses trucs que je n'avais encore jamais fait jusque la pour lui, un super repas, une ambiance comme on n'en a peut-être jamais connu ensemble. Sa réaction me décrocha un sourire, preuve que a avait servi à quelque chose. Ouais bah j'attends une fréquentation tu vois. Mais maintenant que t'es là je vais devoir le décommander... Si une chose n'avait certainement pas changer chez moi durant les dernier mois c'était mon sarcasme perpétuel auquel l'Ellington avait droit à chacune de nos conversations.

Wokay, Jasper ne reconnaît pas sa sœur. Il ne reconnaît pas non plus cette ambiance dans l'appartement. Ca ne ressemble pas du tout à leurs habitudes. Eux c'est pas de prise de tête, c'est des bières, un film stupide à la télé et on s'fout en pyjama. On a plus rien à se prouver, c'est vrai. On a déjà tout traversé, notre relation a survécu à toutes les turbulences possibles. On est solide. Alors évidemment, Jasper ne pense pas une seconde que tout ça, c'est pour eux. Ouais bah j'attends une fréquentation tu vois. Mais maintenant que t'es là je vais devoir le décommander... Y croit, trois secondes. Puis un fin sourire prend sa place sur le visage masculin. « Ben ouais, j'crois que c'est la moindre des choses.. Je partage pas ma sœur moi. Ni le repas. » Ca se saurait si j'étais un temps soit peu partageur. C'est pas dans mes gènes. S'avance dans l'appartement, jetant un œil sur la belle table, puis un autre vers la cuisine. « Et tu vas me dire que c'est toi qui a fait à manger ? » Ouais, on va peut-être pas trop en demander non plus.

Juste pour voir la tête qu'affiche mon invité, j'ai envie de faire ce genre de soirée plus souvent. En même temps, ce ne serait pas tellement possible car l'une des raisons pour lesquelles il est là c'est pour lui apprendre que mes semaines dans cet appartement sont comptés. Nous y viendrons bien plus tard. Pour l'heure, le songeur semble douter de ma capacité à avoir cuisiner ce magnifique repas de mes mains. C'est qu'il me connait vraiment bien en fait. Pour sa on peut remercier Nandita... Mais je l'ai mis sur la table, ça compte non ? Je t'en pris, félicite moi au moins pour les efforts investis rien que pour ta personne. Ca faisait longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés intimement, c'était bon de le revoir. Pour cause je le surprendrai d'autant plus en lui sautant dessus pour lui offrir un câlin.

Pour sa on peut remercier Nandita... Mais je l'ai mis sur la table, ça compte non ? Secoue la tête, franchement. « Carrément pas. Maaaais, j'remarque que t'as eu l'idée, c'est déjà beaucoup. » Affiche un fin sourire aux coins des lèvres, qui s'agrandit quand la petite sœur saute dans les bras du grand. Quand son quotidien se casse la gueule, avec une relation difficile avec Leandra, avec des amis qui continuent leur vie sans lui, des jours partagés entre N-Y et ici, ça fait vraiment du bien d'avoir quelque-chose de stable. Une famille soudée, sur laquelle s'appuyer. « C'est pourquoi ça ? » La serre contre lui, les tempes féminines accueillant un baiser de l'homme. « Tu sais, tu nous manques à New-York. » J'ai mis du temps à t'accepter dans ma famille, mais désormais c'est fait. Et c'est étrange d'avoir un dîner en tête-à-tête avec le patriarche sans que tu sois à mes côtés.

Que Jasper se rende compte que j'ai voulu faire les choses biens pour une fois suffit grandement à mon bonheur. Depuis toujours, Jasper avait été l'une des personnes les plus importantes pour moi - c'était mon meilleur ami après tout - mais les dernières années avaient confirmer cela à un point tel que je n'aurais jamais pu me l'imaginer. Je crois qu'aucun mot n'est assez fort pour l'exprimer alors je me contente de le serrer dans mes bras. Parce que j'en avais envie. Parce que je t'aime mais même si je suis trop bornée pour te le dire, j'ai envie de croire que tu le sais. Maintenant que nous nous sommes acceptés comme de la famille, je crois qu'il n'existe plus rien d'assez fort pour venir à bout de nous et ça fait du bien d'avoir quelque chose de stable dans ce monde incertain. Ce n'est que temporaire tu sais. Parce que bientôt, toi, moi, et notre paternel nous allons nous retrouver. Et ce futur il est beaucoup plus rapproché que tu ne peux te l'imaginer mon ami. Maintenant à voir si ça va vraiment te plaire de recommencer à me côtoyer de façon permanente.

Il en a besoin. Alors merci Leyna, merci pour ça. Même si tu ne sais pas à quel point le cœur rugueux de Jasper s'emplit, à cet instant, merci. Dans les déplacements, le travail, les amis étaient passés au second plan, et avec Leandra, c'était aussi compliqué que prévu. J'm'en sors pas, et j'ai besoin d'une pause. T'es ma pause, petite sœur. Un réconfort qui prend l'homme, serrant la demoiselle dans ses bras avec sûrement un peu de trop de force. Ce bien-être qui lui donne envie de la voir là-bas. Maintenant qu'il avait accepté qu'une chaise supplémentaire soit autour de la table, il ne pouvait que remarquer quand celle-ci était vide. « Ouais, enfin va falloir attendre que t'ai finis tes études.. » Ce qui semble une éternité. « Pourquoi t'es si jeune ? On aurait dû être jumeaux, ça aurait été plus simple ! » Qu'il s'en amuse, se décollant de sa sœur pour se diriger vers la cuisine et regarder dans les casseroles. « Tu vas aller jusqu'à quelle année ? » Que je me prépare.

Le calme après la tempête était bon. Il valait mieux en profiter car l'un comme l'autre nous savons que ces petits moments sont éphémères. À un moment où un autre, notre quotidien compliqué d'adulte en devenir nous rattrape ses même vérifier au préalable que nous sommes près pour cela. Alors cette soirée nous fera du bien à tous les deux. J'affiche un petit sourire en coin en l'écoutant, faisant de mon mieux pour ne pas que ce soit trop évident. Personne n'était encore au courant de mes projets d'avenir sinon Marshall et j'espérais que mon frère allait s'en réjouir. D'un autre côté j'étais réaliste, je sais qu'il aurait souhaité me voir continuer mes études à Harvard plus longtemps afin de promouvoir comme lui la détermination de notre famille. T'en es certain frérot ? Peut-être qu'aujourd'hui ça aurait été plus simple, parce qu'on a grandi, que nous sommes des adultes. Mais à l'époque de notre enfance je ne suis pas certaine qu'être jumeaux aurait été bénéfique à notre relation, trop de partage, on est pas doués là-dedans, Nos anniversaires auraient été de véritables crises. Je t'annonce en primeur que c'est ma dernière année à Harvard. Que je glisse presque en chuchotant, appréhendant toujours un peu sa réaction. Jasper n'était jamais très fermant des mes décisions.

Peut-être avait-il parlé trop vite, c'est vrai. Jasper se mord l'intérieur de la joue, et y réfléchit. Jumeaux ? Non, finalement non. Il aimait leur histoire singulière, ce récit si particulier de cette famille qui se compose après plus de vingt ans d'amitié. Ce secret qui explose, et finalement débouche sur une belle histoire des Ellington. Il ne changerait ça pour rien au monde. « Non, t'as raison, je préfère avoir le rôle du grand. Le premier Ellington, celui qui commande... le chef quoi. » Large sourire provocateur à sa petite sœur, juste pour la taquiner. Je pourrais jamais me lasser de cette relation. Et maintenant que je n'ai plus la tête dans les études, j'arrive à voir plus loin. Plus loin que les confréries, qu'Harvard. La vraie vie. Celle plus sérieuse, aussi contraignante, mais celle aussi où tu es fier de te lever chaque matin. C'est surement pour ça que Jasper ne cède pas à ce qu'il aurait fait auparavant : s'énerver. Jouer le grand rabat-joie. Non, il s'étonne juste de cette nouvelle. « Tu ne continues pas tes études après ? » Parce que je suis Jasper, quand même. « Pourquoi ? Et me dit pas que c'est à cause de Marshall ! » Prend tes décisions pour toi-même, petite sœur. Goûte en plongeant son doigt dans un des plats, mal élevé. C'est surtout pour y réfléchir quelques secondes. « C'est quoi ton plan ? » S'il est bon, je t’accueillerais les bras ouverts.