MATYA ♥ Who are you beauty queen ?

Le monde qui m'entourait accélérait chaque seconde un peu plus, le temps semblait ne pas s'arrêter et les visages devant moi s'accumulaient sans que je puisse mettre un prénom dessus, je perdais la tête et cela m'en donnait le tournis. Le soir allongé seul dans mon lit je déprimais au plus au point de voir que mon monde était totalement différent de celui qui se présentait à moi. Il était surement dans les six heures du soir comme écrit que mon portable, où la photo d'Aby se trouvait, elle était belle, elle avait le sourire et pourtant je ne l'avais jamais vu ainsi comme si elle était plus vieille que dans mes souvenirs, trop weird pour que je ne regarde cette photo plus longtemps. Mais la porte s'ouvrit me tirant de mes pensées, une beauté blonde débarquait dans ma chambre le sourire aux lèvres et pourtant les larmes coulaient déjà, j'en avais marre de ne me souvenir de rien, ce monde si étranger dans lequel je m'étais réveillé me fatiguait plus que je ne voudrais le montrer.

Matthéo était à l'hôpital, avait eu un accident et rien n'allait pour moi. Je me fichais bien de tout le reste si mon meilleur ami n'allait pas bien je n'allais pas bien. J'avais accouru à l'hôpital dès que j'avais été prévenue de la situation. J'avais les larmes qui coulaient sur mes joues, j'étais inquiète. Mais en entrant dans la chambre je ne pouvais pas empêcher de laisser un sourire s'afficher sur mon visage de le voir réveiller. Je courus vers lui et le pris dans mes bras, sans même savoir s'il avait mal quelque part ou si quelque chose clochait dans sa tête. « Matt ! J'ai eu tellement peur ! Comment ça va ? » Je me retire un peu de son étreinte et je plante mon regard dans le sien. Là j'ai un peu de mal à savoir ce que je lis, c'est un regard vide, un regard paniqué presque. Où est passé mon Matthéo ?

J'suis installé tranquillement dans mon lit, les infirmières ont laissé leur place aux visites pour cette après midi, elles prennent soin de moi comme si j'allais pouvoir rechuter d'une seconde à l'autre, alors que j'oppresse, oui je déteste me sentir faible et qu'on ai besoin de me chouchouter. La porte s'ouvre et une jeune blonde rentre, elle sourit comme si cet instant illuminé sa journée, elle semble ravie d'être là, de me voir en bonne santé, ou presque. Elle s'approche pour m'étouffer d'un câlin qui se veut sincère.J'crois que j'vais devoir sortir d'ici, j'deviens fou, mais en douce car ils me laisseront jamais sortir ... Mais je marque une petite pause, c'est plus fort que moi. On se connait si bien que ça ? Pour des accolades, des bisous ... une telle joie dans votre regard ? J'suis tellement paumé, j'aimerais juste me souvenir un peu, une seule seconde de la jeune femme mais c'est le trou noir, le néant, l'angoisse.

Pour le coup je m'en fou si je lui fais mal en le serrant si fort et je m'en fou qu'il ait besoin de sortir d'ici avant de devenir fou, je ne sais que trop bien ce qu'il peut ressentir mais il doit s'estimer heureux, il était dans le coma lui au début de son stage ici alors que moi ça n'a jamais été le cas. Mais je m'en fou de tout ça ce n'est pas parce que j'ai passé un mois ici à subir un alitement, c'est parce qu'il a l'air perdu et que ses paroles me le confirment. Là des larmes envahissent mes yeux, mais ce ne sont plus des larmes de joie de le voir si bien, parce qu'il ne va pas bien. Il me vouvoie, il me demande si on est si proches que ça. A quoi il joue ? « Arrête de blaguer Silver, j'ai eu assez peur comme ça pendant ton coma sans qu'en plus tu ne me fasses croire que tu as perdu la mémoire ! » Je le connais le loulou là, il est bien capable de me faire ce genre de blague même si ça serait complètement déplacé. Je veux juste qu'il comprenne que mes nerfs sont pas assez costauds pour le supporter en ce moment.

Ses yeux s'humidifient, je la regarde alors totalement incapable de trouver les mots pour réprimer ses larmes qui prennent possession de ses yeux, je ne sais même pas ce que j'aurais pu faire pour elle par le passé. Faut pas pleurer ... J'ai une voix douce, posée, totalement innocente et totalement perdue dans ce qu'il se passe, puis ses dires me confirment que quelque chose cloche, que c'était le genre de blague que j'aurais pu faire, oh merde que j'aimerais aussi que tout cela ne soit qu'un jeu, que je ferme les yeux quelques secondes et que tout redevienne comme avant. J'baisse les yeux, un instant comment lui avouer que je blague pas ... Ca serait plutôt pourri comme blague ! Mais après tout, on pouvait repartir sur de bonnes bases, tout réapprendre du moins si j'en avais la force ...

« Tu ne blagues pas alors ? » Mes yeux se relèvent pour croiser les siens, non il ne blague pas, il ne rigole pas. Je ne sais pas comment réagir, en fait je suis complètement ahurie par la situation, je ne sais pas quoi dire, quoi faire. Il me vouvoie maintenant, il ne me connait plus, c'est quoi ce bordel ? « Tu ne blagues pas ? Vraiment ? Tu ne te souviens pas de moi ? Pas du tout ? » De là plein de questions viennent dans mon esprit. Comment est ce que je vais vivre sans mon meilleur ami, sans tout ce qu'on a partagé, comment est ce que je peux continuer d'avancer sans l'avoir à mes côtés tout le temps, comment est ce que je peux tout lui dire, tout lui expliquer ? C'est beaucoup trop long, beaucoup trop dur, il a beaucoup trop fait dans ma vie depuis un an. Je suis perdue et il n'est même plus là pour m'aider à faire face à ça.

Non j'crois pas ... mais j'voulais pas vous faire de la peine ! Non elle semblait si désemparée, si perdue, que je n'avais qu'une envie la prendre dans mes bras comme pour la rassurer que tout allait bien se passer, alors que je devais être le plus paumé de la situation. Je lui tendais les bras pour la prendre, un petit câlin et ça change une vie, enfin j'espérais au moins lui faire décrocher un sourire. Vous savez j'ai tout mon temps à être cloitré ici alors au pire tu peux me faire un roman ... ça m'aidera peut être qui sait ?! Oui je sentais qu'avec elle dans les parages, rien ne pourrait m'arriver, comme si elle me protégeait rien qu'avec sa présence, son regard sur moi et la tendresse de sa voix, j'étais un super héros, rien ne pouvait m'atteindre. J'lui faisais signe de s'asseoir sur le bord du lit pour qu'elle commence à raconter ou parler de sa vie, ça m'intriguait tout ça après tout.

« Arrêtes de me tutoyer tu ne peux pas me traiter comme une étrangère, je ne serais pas là si c'était le cas. » Le vouvoiement, le regard perdu, son air perdu et son absence de souvenir, c'était trop m'en demander pour que je continue d'être inactive, de ne pas réagir face à lui. « T'as tout oublié ? » Vraiment tout ? Et il veut réellement que je lui fasse un roman ? Est ce que ça ne serait pas mieux qu'il continue d'oublier à quel point la connerie qu'on a fait en se laissant aller à nos sentiments embrouillés tous les deux a mis le bordel dans ma vie et a entrainé une famille pas du tout stable pour une petite fille qui n'a rien demandé ? Non c'est plus facile de vivre sans alors peut être que je dois oublier de lui rappeler ça... Que je dois oublier de lui parler de tous ces baisers... Mais si j'oublie ça je lui dis quoi...

Je la regardais comme une étrangère, après tout je ne savais pas qui elle était et c'était un peu ce que je ressentais en sa présence, même si son regard posé sur moi et sa voix douce me rassuraient un peu tout de même. J'suis désolé ... dis je alors que ma phrase se terminait en un murmure. Elle semblait totalement perdue, comme étonnée du mec qu'elle venait de retrouver. Tout oublié ? Surement comment dire que je ne l'avais jamais vu, et que par la même occasion je ne savais rien de ce qui pouvait me relier à elle. Je prenais la petite boite qui se trouvait sur la commode. Si y a tant de chose que cela ... un petit macaron ça ne se refuse pas ? dis je en esquissant un sourire avant de me servir un pour la route, car cela promettait d'être intense ...

Plus on échange et plus je sens la panique dans sa voix, dans son regard, dans ses attitudes. Si lui ne me connait pas, moi je le connais par coeur et je déteste provoquer ça chez lui. On en a traversé des situations compliquées, mais je croyais en avoir terminé, je croyais qu'on aurait enfin notre moment de bonheur à tous les deux, notre moment où on pourrait profiter de notre amitié sans qu'il n'y ait de vague. Bien sur le ras de marrée dénommé Priape Zacharias était toujours dans ma vie et maintenant père de l'une de mes filles, mais quand même, un peu éloigné de la mer il y avait moyen que le bateau de l'amitié que j'avais avec le mather ne se renverse pas. Sauf que voilà, cette fois c'était lui qui avait percé la coque et nous faisait maintenant couler. « Un seul alors, pour te faire plaisir. J'ai une ligne à retrouver moi ! » Et oui j'ai eu un bébé il n'y a pas longtemps mais ça aussi il ne doit pas s'en souvenir. « Matthéo, je... Je dois faire quoi maintenant ? Me comporter comment avec toi ? Qu'est ce que tu veux que je fasse ? » Que je lui rappelle les choses ou pas, qu'il me pose des questions ? J'en sais rien, c'est lui ma boussole d'habitude c'est à lui de me dire.