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« i press trigger, i don't press people button. » (CALEB&KATELL)

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« Je ne sais pas, peut-être que si tu n’avais pas été aussi pressée de me revoir, j’aurais eu le temps d’aller m’informer un peu plus. » Il n’a pas employé de ton en particulier, pourtant cela sent comme une remarque et me fait l’effet d’une véritable douche froide. Il en faut peu pour que je prenne la mouche. Cela n’a rien de comparable avec l’écart de température entre l’air ambiant et l’eau du lac, mais je frissonne pour finir par mettre tout ça de côté. Je prends sur moi-même, évite de réagir au quart de tour comme je l’ai fait avec Meghan quelques jours plus tôt et retourne à une activité puéril : nous éclabousser comme des gosses. « Ce genre de chose, par exemple. » Je perçois le ton de l’humour dans la voix de Caleb et ris à mon tour. Je n’ai aucun doute sur le fait que se prendre de l’eau et se faire surprendre puisse l’amuser d’avantage que l’énerver. Toutefois, étant dans l’incapacité de prévoir s’il compte me couler ou non, je préfère m’éloigner. Sa précédente remarque est déjà vaguement oubliée, comme quoi. Je me glisse donc dans l’eau un peu plus loin et m’étire lorsqu’il reprend la parole. « C’est juste que je n’aime pas qu’on se moque de ma sœur comme Kovaleski l’a fait… C’est vraiment un co… J’ai même pas envie d’en parler. Les filles, leurs amours et leurs grands-frères, c’est toujours galère. » Un connard… Je termine sa phrase dans ma tête et grimace et m’imagine la scène par la suite. Il est évident que j’ai entendu parler de cette histoire, sans vraiment avoir eu de détails de la part de Charlotte. Entre mes différents avec Charlie et mon amitié avec Apple et la vice présidente de ma maison, je ne pouvais pas passer à côté de la plaque. La jeune femme doit avoir d’autres personnes proches pour se confier et il n’est pas raisonnable de faire confiance aux rumeurs sur le campus, comme un jeu auquel nous avons tous joué dans notre enfance, les histoires sont toujours déformés. J’acquiesce sans rien ajouter. Caleb a tout dit pour le coup. Je continue de nager dans les environs pour ne pas attraper froid, ce serait dommage de passer les prochaines semaines à grelotter sous une couette avec un nez rouge surdimensionné. « Et toi, t’es avec quelqu’un ? » Et là, je m’arrête net. Sans plus de précision de la part du jeune homme, je prends cette question au premier degré. Je me maintiens plus ou moins assise dans l’eau à l’aide de mes bras tout en faisant un signe négatif de la tête avant qu’il se reprenne. « Enfin non… Ce que je voulais dire c’est que t’avais surement du connaître ce genre de situation aussi, tu sais comment c’est. » Oui, que ce soit moi ou Jader, nous aurions certainement réagit de la sorte dans une telle situation. Toujours là pour protéger l’autre, c’était un peu notre devise. Le côté croyant de ma personne estime que vivant ou mort, il doit toujours avoir un œil sur mes faits et gestes. Je ferme les yeux pour ne pas craquer à l’idée de parler, voire penser, à Jader. Je ne me sens pas capable de révéler ma nouvelle faiblesse même si nous ne sommes pas aussi insensibles que cela dans le fond. Cependant, nous n’avons jamais eu l’occasion de mettre tout ceci en pratique. « Je ne sais pas exactement comment c’est, mais je me mets à ta place et même en tant que dernière de la famille, je comprends. » Je soupire. Cela ne le réconfortera peut être pas, mais c’est la seule chose sincère que je suis capable de dire. « Si tu veux, avec les filles de la chambre et d’autres, on pourrait changer les idées de Charlotte pendant le camp, voire à la rentrée… Et ça te permettrait dans un sens de passer du temps avec elle sans trop jouer les frères poules, vous retrouver… Tu vois ? » Je mets un peu de côté mes histoires personnelles ce qui me permet de retrouver ma confiance et mon sourire naturelle. Quelques brasses, un nouvel arrêt. « Et s’il le faut, trouve toi une copine. Je trouve ça mignon ton côté protecteur, mais ne te pourris pas le moral ou ton séjour avec. »

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Du coin de l’œil, le petit mouvement de tête de la jeune fille lorsqu’il lui avait demandé si elle avait un copain ne passa pas inaperçu. Cependant, il ne le releva pas. Apres tout, il n’avait pas à poser cette question aussi directement, il avait fait preuve d’un terrible manque de tact. Là où cela le rassurait, c’est qu’au moins, il se sentait moins seul dans cette situation. Dans sa chambre par exemple, la majorité de ses colocataires avaient des copines. De ce qu’il savait, en tout cas. Il avait l’habitude de positiver en se disant qu’il aurait peut-être la chambre pour lui tout seul, certains soirs. Au pire, avec Damian. Il préférait le savoir avec lui plutôt que de l’imaginer avec une autre fille, en train de tromper sa sœur. « Je ne sais pas exactement comment c’est, mais je me mets à ta place et même en tant que dernière de la famille, je comprends. » Il bascula sa tête en arrière, et fit la planche. Contemplant le ciel immaculé, il se mit à songer au frère de Katell. Il ne savait toujours pas ce qu’il y était arrivé et se refusait à aborder le sujet. Il avait peur de dire n’importe quoi, et surtout, il s’était bien rendu compte que cela semblait affecter un peu sa jeune amie. Caleb ne pouvait même pas concevoir comment il réagirait s’il devait arriver quelque chose à Charlotte. Il s’en faisait peut-être un peu trop pour elle. Cela pouvait même paraitre étrange, mais s’il était aussi protecteur avec elle, c’était qu’au fond, il s’en voulait terriblement de l’avoir abandonnée depuis sa rentrée à Yale. « Si tu veux, avec les filles de la chambre et d’autres, on pourrait changer les idées de Charlotte pendant le camp, voire à la rentrée… Et ça te permettrait dans un sens de passer du temps avec elle sans trop jouer les frères poules, vous retrouver… Tu vois ? » Lui changer les idées était sans nul doute la seule chose qu’il y avait à faire et dont Caleb était incapable. Il avait toujours eu la sale manie de remettre les sujets fâcheux sur le tapis jusqu'à ce que tout soit tiré au clair, ou plutôt, qu’il ait réussi à faire admettre sa vision des choses de façon indiscutable. Quelque part, il n’écoutait pas ce que les autres avaient à lui dire, il se montrait toujours très têtu et sur de lui. « Ce serait sympa, elle a fait que bosser ces derniers temps, elle aurait bien besoin de sortir et de s’amuser un peu. » Caleb savait très bien que sa soudaine passion pour le travail était du au fait qu’elle voulait tenter d’oublier le garçon de qui elle était amoureuse. Lui aussi se tourner toujours vers ses études quand sa vie sociale allait mal. Cela semblait être un réflexe normal. Quitte à être en échec sentimental, autant réussir sa scolarité. « Et s’il le faut, trouve toi une copine. Je trouve ça mignon ton côté protecteur, mais ne te pourris pas le moral ou ton séjour avec. » Il haussa un sourcil, un sourire amusé aux lèvres. Cela se voyait tant que ça qu’il était célibataire. Ceci dit, s’il avait eu une copine, il serait surement en sa compagnie en ce moment même. Caleb connaissait peu de filles assez confiantes pour laisser leur petit copain allait batifoler au lac avec une autre. « C’est plus facile à dire qu’à faire, si tu veux mon avis. Mais c’est pas une mauvaise idée, faudrait que je m’occupe à autre chose. Mais ça va être dur de trouver quelqu’un qui arrivera à me supporter. » Il se cherchait toujours des prétextes, car même s’il ne pouvait vraiment se l’avouer, il avait toujours du mal à oublier son ex de Yale, avec qui il était resté un peu plus de deux ans. Leur séparation lui avait fait beaucoup de mal, et il ne s’imaginait pas devoir tout recommencer avec une autre. Mais ça, il ne le dirait jamais. Il se redressa dans l’eau et lui adressa un sourire « Tu veux pas me faire de la pub ? T’as pas des amies à me présenter ? »
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Avant de l’ouvrir, tourne sept fois ta langue dans ta bouche, petite. Je n’aurai pas du l’oublier cette expression. Je n’ai pas eu tort, certes, mais cela ne me regarde en rien. Il est célibataire, tant mieux. Il aurait eu quelqu’un dans sa vie, ça aurait eu le même effet. J’en suis arrivée à cette hypothèse sachant qu’il est arrivé en cours d’année et que l’on en sait peu à son sujet, mine de rien. Plus discret, tu meurs. Évidemment, j’ai pas oublié sa confession, mais aucune piste quant à une histoire amoureuse. Je l’espionne du coin de l’œil, m’attendant à ce qu’il n’apprécie pas ma remarque. « C’est plus facile à dire qu’à faire, si tu veux mon avis. Mais c’est pas une mauvaise idée, faudrait que je m’occupe à autre chose. Mais ça va être dur de trouver quelqu’un qui arrivera à me supporter. » Difficile à supporter ? Ai-je raté un épisode ? Je cligne plusieurs fois des yeux pour montrer ma surprise, puis fronce les sourcils. À moins qu’il ne joue la comédie, Caleb est tout ce qu’il y a de plus agréable à rire. On boit, on rit, on joue comme des gosses, on tient une conversation simple. Si ça ne tenait qu’à moi, je le secouerai un peu afin que cette idée sorte de sa tête. Cependant, mon idée ne se résume pas à une histoire de cœur. Tout est bon à prendre. Allant de simples activités sportives ou artistiques à une vie sociale bien remplie. « Te supporter ? Dis pas de connerie. » Je roule des yeux, puis mes lèvres s’étirent pour laisser un sourire apparaître. Connerie. En dehors des cas où je m’emporte, je fais attention à ce que je dis, question d’image. Mais entre nous, il n’y a pas de meilleur terme pour souligner la bêtise de ses propos. Je m’immerge de nouveau dans l’eau, jusqu’aux lèvres et ferme les yeux. L’air semble s’être rafraichie, il fait bien meilleur dans l’eau. Je me laisse bercer quelques secondes. « Tu veux pas me faire de la pub ? T’as pas des amies à me présenter ? » Et rouvre les yeux. Est-il sérieux deux secondes ? Je ne vois rien qui puisse me confirmer ou m’infirmer quoique ce soit. À défaut de trouver d’autres indices, je le suis sur cette voie. Amusée. « Attends, j’avais comme l’impression que tu étais un bon parti et tu me demandes de l’aide ? » Non, un peu de sérieux. À mes yeux, il a tout du bon parti et pas dans le sens péjoratif de l’expression, qu’on se le dise. Je peux pas me permettre de dire qu’il est parfait. Pas encore, qui sait. Mignon, charmant, studieux, de bonne famille, la tête sur les épaules… Je dois peut être en rater… Et pour qui est intéressé par ce genre de détail, sa famille est aisée. « Mais va, je te prends au mot et compte sur moi pour que je te fasse de la pub. » Ce ne sont pas les idées et les demoiselles en détresse d’Harvard et de Cambridge qui manquent pour régler son problème. J’en garde une en particulier dans le coin de ma tête avec une envie pressante de retourner au chalet, quitte à affronter certaines de mes colocataires plus vite que prévu. « Quant aux amies… Ahah, parlons tout simplement de jolies filles. »

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« Te supporter ? Dis pas de connerie. » Caleb baissa les yeux, un léger sourire en coin. Elle ne le connaissait pas quand il était avec quelqu’un. Il devenait extrêmement jaloux, frôlant souvent la paranoïa d’ailleurs. Ce comportement finissait toujours par lui pourrir la vie et celle de sa copine. Il avait tendance à se faire du mal pour rien. Il en avait bien conscience et malgré cela, il ne parvenait pas à se contrôler. Caleb avait de nombreuses fois prévu d’aller consulter pour régler son problème, mais n’avait finalement jamais franchi le pas. « Attends, j’avais comme l’impression que tu étais un bon parti et tu me demandes de l’aide ? » Il releva les yeux, se passant de l’eau sur ses épaules qui commençaient à se rafraichir. Caleb se demandait parfois s’il ne devait pas faire une procédure pour changer de nom de famille. Même si cela lui apportait de nombreux avantages, dont il ne se plaignait guère, il y avait toujours un côté négatif. On le jugeait souvent uniquement par rapport à cela, sans chercher plus loin. « Peut-être même un trop bon parti, on ne s’intéresse qu’à mon argent du coup… » Il resta pensif un instant, se remémorant Victoria qui lui avait surement soutiré des sommes incommensurables. Il s’était d’ailleurs souvent demandé ce qu’elle avait pu lui trouver pour rester avec lui aussi longtemps. Au final, il ne fallait pas chercher bien loin. La réponse semblait évidente. « Mais va, je te prends au mot et compte sur moi pour que je te fasse de la pub. » Il lui répondit par un sourire, un peu gêné. Au fond, il ne connaissait peut-être pas tant la jeune fille pour lui demander ça. Même s’il lui faisait confiance, qui sait ce qu’elle pouvait faire. Il s’imaginait des posters de lui affichés partout ou pire… Niveau discrétion, il y avait mieux. Et puis tant pis, espérait-il vraiment se trouver quelqu’un en restant terré dans sa chambre devant les courbes boursières ? Ce n’était pas la meilleure position pour faire des rencontres. « Quant aux amies… Ahah, parlons tout simplement de jolies filles. » Il plissa les yeux, tentant de comprendre ce que cela signifiait. Caleb savait bien maintenant que Katell avait quelques différents avec les filles de sa chambre, mais cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle n’avait pas d’amie. Sa sœur en était une, elle ne devait surement pas être une exception. La jeune européenne lui semblait être plutôt sociable et sa compagnie était loin d’être désagréable. Mais d’aussi loin qu’il s’en souvienne, il l’avait plus souvent vu trainer avec des garçons, notamment un, dont le nom lui échappait. Il fit quelques mouvements de brasse vers elle, avant de lui demander avec un sourcil arqué « Aurais-tu, par hasard, des problèmes avec la gente féminine ? »
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Les boursiers ne représentent qu’une minorité des élèves des grandes universités de ce pays et si quelques uns cumulent aussi un job à côté, j’ai remarqué que le territoire est fréquenté par « des fils et des filles de », je ne me suis donc pas sentie étrangère, moi qui vient d’un de ces paradis fiscaux européens. Sa réponse m’étonne donc. « Peut-être même un trop bon parti, on ne s’intéresse qu’à mon argent du coup… » Je me mords la lèvre inférieure. Je déteste ce genre de personnes. Toujours à rester dans ton entourage voir si tu peux pas leur lâcher un truc gratuit ou leur offrir quoique ce soit. Et puis, dit de cette façon, j’ai l’impression que Caleb est du genre à avoir des sentiments, s’investir. Bref, tout le contraire de moi. Je ne vais pas me dire que cette découverte me touche, mais je ne suis pas à l’aise. J’essaye vaguement de me mettre à sa place et la déception que l’on peut ressentir face à ce genre d’évènements. J’ai la sensation que cela ne m’arrivera pas, si un jour je deviens fleur bleue. Les femmes de classe moyenne sont facilement attirées par les hommes comme Caleb. Cependant, pour une raison de pseudo fierté que je n’ai jamais saisi, le phénomène inverse est nettement moins fréquent. L’entendre s’approcher m’extirpe de mes pensées. « Aurais-tu, par hasard, des problèmes avec la gente féminine ? » Je manque de loucher en le fixant. Un Caleb. Un et quart. Un et demi. Je cligne des yeux et sursaute. Plus qu’un. Ouf. Des problèmes avec la gente féminine ? Oui. Non. Je la fréquente peu, je l’admets. Enfin, soyons plus précis, je suis peu proche des filles d’une façon générale. Les bras croisés dans le bas de mon dos, je les compte. Un, Jayda. Deux, Charlotte. Trois, Apple. Le tour est fait. Elles sont les seules avec qui je m’entends bien et que je considère comme proches. « C’est pas ma faute promis ! » Un rictus. Pas besoin de m’exclamer pour une conclusion aussi honteuse. Je garde le sourire et tourne cette conclusion sur le ton de l’humour. « Comme quoi, on peut avoir de l’argent et ne pas être aimé par la gente féminine. » Puis je finis par me confesser en haussant les épaules. « Enfin, c’est pas comme si je faisais beaucoup d’effort non plus. » Je finis par frissonner. Oui, je commence à avoir froid dans l’eau, mais la motivation de rentrer au camp n’est pas là. « C’est ainsi, je m’entends mieux avec les hommes. » Mathias, Soliman, Jude, Jürgen. Et ce n'est même pas une question d'ex-petits amis avec qui je suis restée en bon terme. Je me sens de nouveau mal à l’aise. Je soupire et change de conversation. Je sautille pour me réchauffer et lui exposer la brillante idée qui vient de traverser mon esprit. « Oh j’ai une idée à comment remédier ton problème ! Enfin, tu garderas ton nom, j’ai pas mieux. Mais je suis certaine que si tu entretiens ta barbe de trois jours, tu pourrais te faire passer pour un clochard. » D’accord, dans ma tête ça semblait plus « drôle », à haute voix, ça l’est bien moins. « Sinon, tu t’arranges pour être placé dans le programme des témoins. Quitte à passer pour une inculte, ça s’appelle bien comme ça dans ce pays, non ? » Je finis par hausser les épaules, à cours d’idée. Les histoires de cœur et moi ça fait deux. Lui, il y est peut être attaché et une raison inconnue me pousse à lui faire comprendre que tout n’est pas perdu et toutes les bonnes paroles que l’on entend à droite, à gauche.

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Dans la vie, on ne pouvait pas s’entendre toujours avec tout le monde. C’était l’un des grands drames de l’humanité et en même temps son meilleur atout, un Homme ne ressemblait a aucun autre. Caleb était plutôt altruiste et s’entendait relativement bien avec tout le monde. Ou du moins, il s’évertuait à cacher ce qu’il pensait vraiment de l’autre quand il ne présentait aucun intérêt pour lui. Rockefeller était quelqu’un qui aimait avoir de vraies discussions, et passer son temps à commenter le dernier épisode de telle ou telle série n’était définitivement pas sa tasse de thé. Mais il avait la faculté de ne rien laisser paraitre, faire semblant, comme toujours. Il était peut-être hypocrite, mais cela lui permettait d’avoir pas mal d’amis. « C’est pas ma faute promis ! Comme quoi, on peut avoir de l’argent et ne pas être aimé par la gente féminine. » Rockefeller laissa échapper un léger rire. Elle n’avait pas tout à fait tort sur le coup. Mais les hommes amoureux étaient plus faciles à manipuler qu’une simple amie. « Enfin, c’est pas comme si je faisais beaucoup d’effort non plus. » Certaines personnes ne valaient pas la peine qu’on fasse des efforts pour elles, si elles n’étaient pas capables d’apprécier les autres tels quels, alors il était inutile de changer pour leur bon plaisir. C’était peut-être pour cela que Caleb restait discret quelque part, il ne dévoilait pas toutes les facettes de sa personnalité, pour rester le plus simple et aimable possible. « C’est ainsi, je m’entends mieux avec les hommes. » Un sourire se dessina sur son visage, ça par contre, il l’avait bien remarqué. Katell était une fille des plus sympathiques, et loin des petites aguicheuses qui peuplaient Harvard. Avec elle, on pouvait discuter. « Oh j’ai une idée à comment remédier ton problème ! Enfin, tu garderas ton nom, j’ai pas mieux. Mais je suis certaine que si tu entretiens ta barbe de trois jours, tu pourrais te faire passer pour un clochard. » Caleb rigola, avant de l’éclabousser un peu. « Dis pas ça, j’ai la classe avec la barbe… Tu viens de me changer complètement l’image que je me faisais de moi-même avec, maintenant. » Cela pouvait surement régler son problème, c’est vrai mais il n’oserait jamais faire ça tout de même. Peut-être un jour de carnaval, et encore… Il avait son honneur et sa fierté à conserver. « Sinon, tu t’arranges pour être placé dans le programme des témoins. Quitte à passer pour une inculte, ça s’appelle bien comme ça dans ce pays, non ? » Il lui sourit, les étrangers avaient quelque chose de charmant dans leur façon d’apprendre la culture de leur pays d’accueil. Mais Katell était loin d’être inculte. Caleb avait déjà des gens bien pires, parfois même qui venaient vivre en Amérique sans savoir parler un mot d’anglais. Il fallait être inconscient ou aimer vraiment l’aventure. « Oui, c’est ça, programme de protection des témoins. Mais encore faut-il que je témoin de quelque chose. Il faudrait que j’engage des gardes du corps pour tenir les groupies à distance. » Il exagérait, il n’avait pas non plus des groupies, et c’était tant mieux. Caleb n’avait pas des rêves de rockstar, il voulait une vie simple comme tout le monde. Il n’avait d’ambition personnelle particulière, ce qu’il faisait, il le faisait pour sa famille. Il aurait pu être pêcheur au fin fond de l’Alaska, il aurait été tout aussi heureux, voir même plus. Ou peut-être pas, le climat polaire, très peu pour lui. La voyant frissonner, il ajouta « Tu as froid ? Tu veux rentrer ? »
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Je me fais surprendre par l’eau, sursaute et manque de me retrouver la tête immergée par la même occasion. Je parviens à me rattraper d’une façon que j’ignore, peut-être en me rattrapant à lui ou en gesticulant comme une pauvre folle. Allez savoir. « Dis pas ça, j’ai la classe avec la barbe… Tu viens de me changer complètement l’image que je me faisais de moi-même avec, maintenant. » Le pauvre. J’ai quasiment bu la tasse avec tout ça, pourtant je ne peux pas m’empêcher de rire à mon tour. J’aurai éventuellement pu dire à Caleb que seule la vérité blesse, mais c’est trop classique, prévisible, et puis d’une façon générale, la barbe a toujours eu un certain effet sur la gente féminine. « Permets moi d’en douter. » Autant continuer sur ma lancée, je ne compte pas le flatter ou réconforter son orgueil. Non pas que je considère qu’il y ait des limites de ce genre dans notre amitié, mais jouer les lèches botte, très peu pour moi. Je l’arrose à mon tour en guise de petite vengeance. Nous sommes d’adorables enfants, ne dites pas le contraire.

Caleb finit par me rassurer quant à ma petite culture du pays. C’est vrai, en dehors de la langue, d’un bout d’histoire et des cours suivit l’année précédente, je n’en connais pas plus. Il paraît que l’un des plus grand mystère pour les étrangers reste le football, surement le sport favoris des américains, moi j’y vois seulement des malades taillés dans des armoires à glaces se rentrer dedans pour jouer à la baballe, pire que le rugby. Je me fais donc régulièrement lynchée lors des matchs sur le campus sur mon manque de « culture essentielle. » « Oui, c’est ça, programme de protection des témoins. Mais encore fait-il que je sois témoin de quelque chose. Il faudrait que j’engage des gardes du corps pour tenir les groupies à distance. » Alors là c’est la meilleure. Aujourd’hui il y a des groupies dans son entourage ? Vu comment nos retrouvailles ce sont déroulées plus tôt, il est évident que je prenne cette nouvelle sur le ton de l’humour, et dire que je fais comme si de rien n’était. Je me reste de marbre, le regard presque froid. « Tu as froid ? Tu veux rentrer ? » Je me frotte aussitôt le bras pour faire passer le frisson. Ce ne serait pas une mauvaise idée, mais rien que d’y penser mon estomac se noue. Ce n’est pas vraiment mon style d’avoir le trac face à une situation de tension. Disons que cela me dérange moins en période scolaire, ça m’occupe même l’esprit. En vacances, c’est une autre histoire. « Oui et non. » Au bout de quelques minutes, je me rends compte que je devrais être raisonnable. Je lui fais signe de me suivre si l’envie de rejoindre le camp lui dit. Deux, trois mètres plus tard, je me retourne. « Des groupies ? Carrément ? Il y a donc autant de filles qui se jettent sur toi au bout de quelques verres ? Donc l’eau fraîche c’était pour les chevilles, en réalité, je vois… » Non, je n’ai pas un train de retard, je ne viens pas tout juste de percuter sa remarque. Mais ça ne m’étonnerait pas qu’il ait des groupies et pas seulement pour une question d’héritage. La « viande » fraîchement arrivée sur le campus est toujours bien entourée en peu de temps. « En parlant d’ivresse… Tu sais l’autre soir. » Je baisse les yeux. Ce n’est peut être la meilleure idée de lui remémorer la fin de notre soirée. « Je ne sais pas comment nous y sommes arrivées, on est pas particulièrement proche. » Le ton n’est pas dramatique, mais je suis consciente que je m’y prends littéralement comme un manche. Un sujet très personnel, pour lui. Sauf que je n’ai pas encore trouvé le manuel expliquant la meilleure façon d’aborder le sujet. « Ton secret sera bien gardé, tu sais. Les histoires, les commérages et tutti quanti, ça ne m’intéresse pas. » Ça ne signifie pas que je me moque personnellement de lui ou de ses soucis. Comme quoi, on peut être une sale gosse de riches, loin d’être romantique ou amoureuse, et loyale en amitié.

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Remontant son menton et passant sa main sur ses joues, il ressentait déjà les repousses de sa barbe. Il ne se rasait pas tous les jours, il l’avouait et cela ne l’avait jamais posé de problème. Il aimait bien d’ordinaire et trouvait que cela lui allait. « Permets-moi d’en douter. » Et bim ! Cela mettait encore une fois, une grosse claque à son ego. Il plissa les yeux, un sourire amer aux lèvres. Il ne prenait heureusement pas ces remarques à cœur. Caleb avait assez vite cerné l’esprit moqueur de la jeune fille et appréciait plutôt bien ses sarcasmes. Il préférait ça à ceux qui le caressaient dans le sens du poil même si ce n’était pas ce qu’ils pensaient. Rockefeller regarda Katell se frottait le bras. L’air s’était bien rafraichi. « Oui et non. » Caleb baissa les yeux en souriant. Il avait bien compris que l’idée de retrouver ses colocataires ne lui faisait pas spécialement très plaisir. Lui non plus en fait, mais il fallait bien affirmer sa présence et s’installer. Il pensait même aller se renseigner rapidement à propos du sauna du Jay Peak Resort. Cette question titillait sa curiosité. Il suivit ensuite la jeune fille qui regagnait la rive. « Des groupies ? Carrément ? Il y a donc autant de filles qui se jettent sur toi au bout de quelques verres ? Donc l’eau fraîche c’était pour les chevilles, en réalité, je vois… » Il s’était résigné, Katell ne lui ferait pas de compliment aujourd’hui. Elle était prête à continuer de le casser jusqu’au bout. Caleb prenait cela en rigolant. De toute façon, il n’avait jamais été particulièrement orgueilleux, surtout depuis son changement de faculté. Il avait, en quelques sortes, perdu de l’estime pour lui-même. Il s’était tout simplement déçu. « En parlant d’ivresse… Tu sais l’autre soir. » Il s’arrêta quelques secondes, avant de reprendre sa marche. Le sujet lui donnait des nœuds à l’estomac, mais que croyait-il ? Qu’elle effacerait tout ce qu’elle avait entendu ? Surement pas. « Je ne sais pas comment nous y sommes arrivées, on est pas particulièrement proche. » Il soupira. Lui non plus ne savait pas comment il avait pu lui raconter cela. Il devait être complètement à côté de ses pompes pour ne pas se rendre compte de ce qu’il était en train de faire. Il avait eu de la chance que ce soit Katell finalement. N’importe qui d’autre aurait pu en profiter. Mais elle le rassurait. « Ton secret sera bien gardé, tu sais. Les histoires, les commérages et tutti quanti, ça ne m’intéresse pas. » La jeune fille semblait parfaitement sincère, et même si Caleb ne la connaissait pas depuis très longtemps, quelque chose en elle faisait qu’il lui accordait beaucoup de crédit. Il n’avait pas tellement le choix en même, c’était soit cela, soit se ronger les sangs jusqu'à la fin des temps de peur que tout le monde l’apprenne. « T’inquiète pas. Je… J’te fais confiance. » Il lui adressa un petit sourire confiant, avant de rejoindre ses affaires, posées dans l’herbe. Il baissa la tête, se secouant brièvement les cheveux. « Il fallait bien que ça sorte un jour de toute façon, je suppose... » Les secrets finissent toujours par ressortir un jour et Caleb préférait finalement que ce soit une personne qui ne le connaissait vraiment qui soit au courant. C’était comme un psychologue. Il était plus facile de se confier à un étranger dont le jugement importait peu au final. Il ne s’imaginait qu’il s’entendrait aussi bien par la suite avec elle. Voulant apaiser l’atmosphère, il ajouta sur un ton amusé « On va dire que tu me dois un de tes secrets en retour. » Il agissait comme un gamin, un prêté pour un rendu. Rien n’était jamais gratuit. Et puis, elle avait une longueur de plus sur lui désormais, il était temps qu’ils reviennent au même niveau. Caleb était aussi curieux d’en savoir plus sur elle, au delà de ce que les autres pensaient d’elle. Enfilant son tee-shirt, il adressa un clin d’oeil « Je te laisse méditer pour la prochaine fois. »
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« T’inquiète pas. Je… J’te fais confiance. » Ça me prend par surprise. J’ai la bouche bée comme si je m’apprêtais à lui répondre, mais rien ne sort. Je ne suis même pas capable de mettre un mot sur ce que je ressens. Confiance. Ça résonne plusieurs fois dans ma tête. Je ne me sens pas touchée. Je ne me sens pas flattée pour autant. Mais ça me fait quelque chose, c’est indéniable. Mes lèvres entrouvertes finissent par former un sourire pincé. J’ai parfois été la bonne copine qui propose son épaule sur laquelle pleurer, mais il me semble que jamais on m’a parlé de confiance. Ce n’est tout de même pas la première fois que je remets une telle conversation sur la table, après le chagrin alcoolique. Je détache mes cheveux, les essore rapidement et les rassemble de façon désordonnée sur le dessus de ma tête. « Il fallait bien que ça sorte un jour de toute façon, je suppose… » Nous sommes donc… trois à être au courant. Caleb, l’autre gars en question et moi. De mon côté, je trouve ça plutôt original qu’il se soit confié à une quasi inconnue. « T’en avais parlé à personne jusque là ? Vraiment ? » Les yeux écarquillés, j’ai du mal à y croire. C’est vrai qu’il y a des similitudes dans nos relations fraternelles, mais la première personne à qui j’en aurai parlé serait Jader. Mais ça, c’est peut être son côté homosexuel qui m’aurait poussé à le faire. De toute façon, il avait cette horrible capacité à lire en moi comme dans un livre ouvert, les cachoteries ne peuvent durer bien longtemps avec lui. Après l’avoir remise à l’endroit, je glisse enfin ma robe sur ma peau encore humide sans que j’ai besoin de me dandiner comme une abrutie. « On va dire que tu me dois un de tes secrets en retour. » Un rire nerveux s’extirpe de ma bouche. Je me retourne vers Caleb. Comment dire… Cela doit être l’une des choses les plus compliquées que l’on m’ait demandé. Des éventuels secrets et tomber amoureuse. « Je te laisse méditer pour la prochaine fois. » Dites moi que la prochaine fois n’est pas demain, sinon je risque de me torturer l’esprit toute la nuit. Rien. Absolument rien ne me vient en tête. « Si tu nous trouves un sauna alors ou du moins quelque chose de plus chaud que ce lac, j’essaierai de trouver un secret. » C’est presque mission impossible, mais promis je ferai l’effort. Un clin d’œil pour lui signifier qu’il peut compter sur moi, en effet. « Mais disons que des secrets à mon sujet… je doute qu’il en existe encore beaucoup.[/color] » Je finis par le lui glisser. Je me hisse sur la pointe des pieds et lui embrasse la joue. Contrairement aux américains en général, je suis tout sauf réfractaire à la proximité et aux contacts physiques de toute sorte. Oui claquer la bise, c’est mon truc. « Merci d’être venu, Caleb.[/color] » C’est sincère, ça me permet de commencer le camp plus ou moins de bonne humeur, de me dire qu’il y a bien quelques personnes venues dans le Vermont capable de me changer les idées et de me faire rire. Encore. Sans même savoir s’il désire rentrer seul ou pas, j’attrape mes dernières affaires et me faufile sur le sentier en direction du camp. J’ai froid.

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