HAYTAM & ROXANNA ♡ We've been there before.

Boston. Berceau de mon adolescence tumultueuse. Représentation de mon passé "avant Harvard", et pourtant, plus les années passaient, et plus je prenais l'habitude d'y retourner. J'allais devoir y passer plus de temps, de toutes manières, vu que je venais d'accepter d'intégrer la troupe de danse de Boston, et ses multiples représentations sur la côte Est. Mais avant tout, c'est l'endroit ou j'ai pu connaître Haytam. On a tellement grandi, depuis les gamins insouciants qu'on était quand j'avais seize ans, et lui à peine un an de plus. Aujourd'hui, j'avais accepté de l'accompagner pour des trucs qu'il avait à faire chez son ancien "chez lui". Celui que j'ai squatté bon nombre d'années quand j'étais encore une gamine. Ca parait tellement lointain... Presque effrayant. J'me rappelais de l'adolescente compliquée que j'étais. Haytam et Holly m'avaient peu à peu ouverte au monde. Ils avaient été mes deux seuls repères, et ceux qui m'avaient poussé à postuler pour Harvard. Sans eux, autrement dit? Je ne serais pas celle que je suis aujourd'hui. Dans la voiture, je soupirais lorsque nous passions l'entrée de Boston. « On a beau être juste à côté, ça me fait toujours bizarre, de ... Passer ici. » Je haussais une épaule. C'est vrai, j'ai toujours pris grand soin de rester un maximum dans Cambridge.

ROXANNA & HAYTAM

We've been there before.

Boston ou la ville de toutes mes peines et mes angoisses. Encore aujourd’hui il m’arrivait de faire des terreurs nocturnes à propos de cette ville qui m’avait rongé le moindre centimètre de peau. Cette ville, c’était un peu mon Gotham, oui je parle bien de la ville purulente dans Batman, oui je lis trop de comics et alors ? Tout ça pour dire qu’elle hantait encore mes jours et mes nuits et pourtant, je devais y retourner pour affronter mon destin, bien plus souvent que j’en avais envie il est vrai mais qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? « T’as raison, ça me fou le cafard. » Je soupirais en regardant un instant la fenêtre côté conducteur avant de me reconcentrer sur la route. J’étais heureux d’être là en compagnie de Rox et malgré le stress j’avais tout de même un léger sourire accroché à mes lèvres. Lorsque je cherchais à fuir ma maison, ma cage dorée alors que je n’étais même pas majeur, elle, petit oiseau, ne cherchait qu’à y rentrer, c’était ça qui nous unissait quelque part, chacun ne savait pas où était sa place. Je lui tendais alors la main droite pour qu’elle la saisisse. « On va y arriver, pas vrai ? » Il ne restait plus que quelques kilomètres pour atteindre les quartiers huppés où résidait toujours ma mère, dans sa luxueuse villa, généreusement laissée par mon père sur son lit de mort. À moi qu’est-ce qu’il m’avait laissé ? Des excuses à deux balles, tu parles.

« T’as raison, ça me fou le cafard. » C'est toujours difficile, pour lui comme pour moi, de renouer avec ce passé qu'on a tous les deux cherché à fuir. Éternels gamins qui ne se sentaient pas à leur place, sauf lorsqu'ils étaient ensemble. La main droite d'Haytam se tendit vers moi, paume ouverte à ma vue, et je tournais les yeux pour le regarder. « On va y arriver, pas vrai ? » Mon expression tendue s'adoucit légèrement, et je tendais ma main gauche pour prendre la sienne, doucement. « On va y arriver. » Confirmais-je en entrelaçant nos doigts doucement dans un soupir. On y a survécu étant gamins, alors pourquoi pas maintenant que nous étions adultes ? J'observais les bâtiments, reconnaissant le chemin qui menait au quartier huppé d'où venait le brun. « Ta mère sera là? » Demandais-je en grimaçant, ne sachant pas à quoi m'attendre. Au moins, son père ne serait plus là. Haytam comme moi avions nos cicatrices. Infligées par le même bourreau, sans être le même homme: Nos pères. Et une partie de moi était contente de savoir que maintenant, il en était débarrassé.

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Plus la route défilait sous les roues de ma fameuse voiture de location, plus j’avais envie de courir de l’autre sens, mon cœur se serrait à chaque bande blanche qui s’engouffrait sous la gomme. J’étais heureux que Roxanna soit là, après tout elle était l’une des seules personnes à savoir pour ma galère, pour mon enfance en pseudo cage dorée et tout ce bordel et en plus de ça elle me comprenait. Oh bien sûr Salomée était au courant de mes souffrances mais étant donné qu’elle n’avait pas vu ce visage de notre paternel, elle avait toujours du mal à digérer la chose et à s’imaginer tant de violence en une seule personne. D’un côté, j’étais soulagé qu’il ne soit plus de ce monde même si j’étais étonné et presque choqué de ne rien avoir ressenti à sa mort, étais-je un monstre ? « Je pense… elle a dû demander à son personnel de nous préparer un diner d’enfer et je la vois d’ici, à l’autre bout de la table, à nous toiser du regard… » Je me pinçais les lèvres, Rox allait totalement fuir si je continuais à lui dire des trucs pareils, mais en même temps j’essayais de nous préparer psychologiquement à un énième massacre.

« Je pense… elle a dû demander à son personnel de nous préparer un diner d’enfer et je la vois d’ici, à l’autre bout de la table, à nous toiser du regard… » Je serrais un peu plus fort la main d'Haytam. Je sentais sa tension dans sa façon de parler de sa mère. Et d'un côté, ça m'inquiétait aussi, parce que la dernière fois que je l'avais vue, j'ignorais tout de mon héritage, j'étais juste... une ado paumée qui traînait avec ses deux meilleurs amis. « Allez, on aura qu'à se dire que c'est un dîner mondain parmi tant d'autres.. Non? » Je lui offrais un sourire que je voulais réconfortant. A en juger par les rues, je devinais qu'on était plus très loin. « Sinon on aura qu'à se trouver un nom de code pour dire "j'en peux plus on se casse", genre... » Je pinçais les lèvres, pensive. Un truc bien hs total. « Pamplemousse! Qu'est ce que t'en dis ? » Autant prendre la chose avec légèreté. Mais oui, on va y survivre.

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Je haïssais mon père, il était le démon qui m’avait causé tous ces maux, j’avais été son souffre douleur durant toutes ces années et les cicatrices que j’avais sur le corps étaient là pour me le rappeler chaque jour. Que ce soit marqué de ceinture ou encore de cigarette, je ne les comptais plus, c’était simple je m’apparentais à Frankenstein niveau coutures, on ne comptait plus les points de suture que j’avais dû avoir dans ma vie et ce n’était à cause de bagarre, malheureusement. « Allez, soyons fous. » J’essayais d’esquisser un sourire. Si je détestais mon père, j’étais mitigé pour ma mère, après tout pendant toutes ces années elle ne m’avait pas défendu, elle n’avait pas daigné lever le petit doigt lorsque j’avais décidé de partir et surtout elle n’avait pas cherché à me contacter mais depuis la mort de mon paternel, c’était comme si j’étais redevenu son petit gosse adoré, vraiment étrange. « Ouais mais imagine il n'y a pas de pamplemousse sur la table ? Ou alors tu n’as qu’à dire que tu as envie de vomir ou autres… Non elle va penser que t’es enceinte. Bah dit que tu as une gastro et voilà ! »

« Allez, soyons fous. » Oh ouais, j'ai eu un sourire. On progresse! J'étais convaincue que nous pouvions réussir à passer une bonne soirée sans trop d'encombres, à condition de ne pas être tendus. Après tout, ce n'est qu'une situation déjà vécue, une ville qu'on a déjà habitée... Non ? « Ouais mais imagine il n'y a pas de pamplemousse sur la table ? Ou alors tu n’as qu’à dire que tu as envie de vomir ou autres… Non elle va penser que t’es enceinte. Bah dit que tu as une gastro et voilà ! » Je grimaçais en entendant la fin de sa phrase, secouant immédiatement la tête de gauche à droite avec véhémence. « Je préfère que ta mère me croie enceinte plutôt qu'elle croie que j'ai une gastro! » Je ris légèrement, avant de hausser les épaules, ramassant mon sac à main à mes pieds lorsque je reconnus que nous n'étions plus bien loin de chez lui. « C'est pas compliqué sinon.. On se dit qu'on en a marre, et on s'en va. On est adultes, t'as plus besoin de la permission de maman pour sortir de table. » Je lui fis un sourire complice.

ROXANNA & HAYTAM

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Plus j’avançais vers mon ancienne demeure dans ce foutu quartier luxueux, plus mon pied se faisait léger sur l’accélérateur et ce sans forcément que je m’en rende compte. Je soufflais encore et encore, me remuant les méninges. J’avais vu ma mère après mon départ d’Harvard pour le Danemark pour l’enterrement de mon père mais disons que même si j’avais passé quelques jours chez elle, je ressentais toujours cette gêne qui m’étouffait presque. « Quoi ? T’es sûre ? Imagine toutes les questions qu’elle poserait, ça serait… vraiment trop bizarre. » J’arquais un sourcil, est-ce que ma mère serait contente pour Rox au final ? Est-ce qu’elle penserait que je suis le père ? Je secouais la tête, pourquoi je me posais ça comme question, c’était une excuse débile, rien de plus. J’entrais dans le quartier huppé et observais les maisons que j’avais tant de fois vues à travers ma fenêtre d’enfant dans sa cage dorée. « Ouais, t’as sûrement raison. » J’oubliais que tout avait changé, je pensais encore comme le petit garçon que j’étais, qui se faisait battre à la moindre occasion, sortir de table était une excuse bidon de mon père pour m’écraser ses clopes sur la peau par exemple. Je me garais alors devant la maison et restais un moment silencieux.

A mesure qu'on s'approchait de la demeure d'Haytam, plus on ralentissait, et même si je le remarquais, je ne dis rien au jeune homme. C'est loin de me déranger, à vraie dire. « Quoi ? T’es sûre ? Imagine toutes les questions qu’elle poserait, ça serait… vraiment trop bizarre. » En l'entendant évoquer les questions, j'avoue que je captais la pire qu'elle puisse se posait. Si elle me pensait enceinte, et me voyait à un repas de famille avec son fils... Oh damn. « Okay au pire je dis que j'ai un avion à prendre et que tu dois m'emmener en urgence à l'aéroport. Ou merde j'lui dirais que j'ai une gamine à la maison, fuck off. » Au pire, c'est pas comme si l'opinion des gens m'importait vraiment, et ce même avec la mère d'Haytam, no offense, c'est pas elle mon amie d'enfance. Puis, je finis par dire qu'on avait pas besoin de permission, ce qu'il approuva. « Ouais, t’as sûrement raison. » Je fis un sourire en coin alors qu'il se garait devant la maison. « Bien sur que j'ai raison. » Je souriais, attrapant mon sac à main, avant de tendre ma paume en l'air vers le brun. Motivation. « Prêt ? » Et zou, je sortais de la voiture pour le motiver à faire de même. Maintenant, j'te suis Winchester, cette maison n'est pas la mienne.

ROXANNA & HAYTAM

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Mon cerveau bouillonnait littéralement, je cherchais à tout prix une excuse bidon à sortir en cas de panne sèche du genre il faut qu’on se sauve avant de mourir, littéralement. A vrai dire ça ne me réjouissait pas plus que ça de retourner à Boston, surtout pour des papiers concernant mon père, mais je n’avais pas vraiment le choix, après tout je faisais ça pour Salomée donc… « Euh ouais, d’accord, c’est bien le truc de l’avion. » Du moins j’essayais de me persuader que ça finirait bien et que je n’aurais pas à mentir car même si j’étais parfois doué pour ça, suivant les personnes je ne savais pas du tout mais alors du tout m’y prendre et bordel il s’agissait de ma mère… Je m’arrêtais, me garais et contemplais Rox. « Ready ! » J’attrapais les clés et sortais de la voiture, balayant le voisinage du regard quelques secondes. Je remontais ensuite l’allée en compagnie de la blonde et m’arrêtais près de la porte. Alors que mon poing serré allait frapper sur la porte, ma mère ouvrait en grand fracas. « Bonjour… mère. Viens entre Rox', j’vais aller chercher les affaires. » Je dessinais un faux rire joyeux et la regardais dire bonjour à Roxanne, lui comptant combien elle était heureuse de la voir et j’en passe pendant que moi j’me faisais la malle 5 secondes pour aller chercher nos affaires. Malheureusement il fallait bien que j’y retourne et même pas deux minutes après j’étais de retour avec les affaires dans le hall d’entrée.