Ce travail allait me permettre de m'acheter un peu plus de LSD et surtout, surtouuut me permettre de payer le loyer du loft ainsi que les soins palliatifs pour ma sœur. C'était ce que je tentais de me répéter depuis le début de la soirée. Mon patron m'avait pressé d'enfiler une robe de cocktail, histoire de me fondre dans la masse et de pouvoir accueillir, au mieux, nos précieux invités. Ce soir était présent un sculpteur suédois dont j'ignorais le nom jusque là. Pourtant, j'avais dû un minimum m'informer sur lui, histoire de ne pas me tromper sur les questions potentiels des invités. J'me devais de garder le sourire, de paraître à ma place tout en sentant la nausée me serrer la gorge et me brouillait l'estomac.
J'avançais sur mes talons hauts depuis plus d'une heure, priant pour ne pas tomber. Une de mes colocs m'avait gentiment prêté ses Louboutins, de sortes que je ne fasse pas tâche mais même avec ça et cette robe d'un prix un peu convenable ,j'me trouvais peu à ma place. Quelques sourires, quelques bienvenus et voilà mon boulot accompli. Certains s'égarés à me poser des questions et je sortais mon plus beau vocabulaire pour leur présenter les sculptures dévoilées dans la galerie. Le sculpteur en question se trouvait au fond de la pièce, discutant avec quelques invités et je ne lui prêtais pas plus d'attention. Regardant ma montre (encore un truc que mon patron m'avait conseillé de mettre), je soupirais. Encore deux bonnes heures à tous les supporter. Faisant signe à une de mes collègues que je devais partir aux toilettes (juste pour faire une pause clope, en fait ...), je fonçais presque, slalomant entre les invités. Manque de bol; le karma, la malédiction, je percutais quelqu'un. Le liquide que contenait son verre se répandit sur sa chemise, chemise qui devait coûter mon salaire au moins, et je m'exclamais Je suis désolée ! Je ... J'avais pas vu que vous étiez là... Merde, merde merde, que je hurlais dans ma tête. J'étais la pire des poisseuses. Je sortais un mouchoir en soie (le blasphème ...) de ma poche et tentait d'arranger la chose, me tapant clairement l'affiche devant tout le monde.
Sur l'échelle de "Vie de merde" j'étais au niveau 100. L'apogée quoi. J'aimais me fourrer dans des situations flippante,s ésespérées, connes ou alors embarrassantes. J'aimais ça, au fond. Mais je n'osais pas me l'avouer. Comme une personne adorant se faire du mal mais niant tous les faits qui étaient pourtant bien visibles. J'étais de ceux appréciant cela mais c'était beaucoup plus insidieux et vicieux. Il n'y avait que mes cernes comme preuves de mon mal être et je pouvais facilement mettre ça sur le compte d'une insomnie passagère.
Dés que j'avais percuté ce mec, j'avais su que ma soirée allait tourner au cauchemar. Mais je ne m'attendais absolument pas à cette réaction. Les invités s'arrêtèrent de parler, comme craignant le courroux de ce mec dont j'ignorais le nom. C'était un prince ou un truc dans le genre? C'est pas trop ça qui allait me foutre mal. Je tentais de limiter les dégâts avec un mouchoir en soie. Mouchoir qui finit par être repoussé alors que d'une voix méprisante il m'insulta d'une façon presque polie. J'haussais un sourcil, ne le regardant toujours pas. Calme ... Je ne devais en aucun cas péter un câble. Je me reculais, serrant les dents, attendant simplement que ça passe. Ca devait arriver et je ne devais pas me le prendre comme quelque chose qui me touchait. L'indifférence. Mais son "espèce d'arriviste" me fit voir rouge. Je le regardais froidement, le laissant déblatérer sa merde avant qu'il ne me hurle dessus. La jeune collègue qui m'accompagnait ce soir m'observait avec inquiétude. Pour lui ? Ou pour moi? Je sentais mes mains trembler. De rage. Seulement ça. Je le vis s'éloigner alors que les femmes qui l'accompagnaient me jaugeaient avec mépris. J'éttouffais. Fermant les yeux, j'observais Mr Connard s'en allait vers les toilettes. Sans réfléchir, je fonçais à sa suite, chippant une coupe de champagne au serveur. Ma collègue tenta de m'arrêter en m'interceptant mais je ne l'écoutais pas. J'arrivais aux toilettes et entrais, sans honte aucune dans ceux des hommes. Monsieur étant occupé à se masturber l'égo dans le miroir. Je le hélais alors Hey ! Avant qu'il ne me fasse face totalement je lui jetais de le contenu de la coupe au visage. J'crois que t'en avais pas assez sur le visage, j'ai pas visé tout à l'heure ... Je me fichais que mon patron débarque pour me virer. J'étais plus à ça près ... Laissant la coupe se briser sur le sol, je regardais les milliers de morceaux de cristaux s'étendrent à mes pieds. Je levais vers mon ennemi d'un soir, un regard tout aussi froid que celui qu'il m'avait lancé auparavant Je ne sais pas qui tu es, ce que tu fais dans la vie et j'en ai d'ailleurs rien à foutre ... Mais l'arriviste t'emmerde profondément ... Prince de mes deux. Sur ces mots remplis d'un amour passionnel, je ressortais à reculons des toilettes, lui envoyant un baiser et lui faisant un geste vulgaire du doigt. La soirée ne faisait que commencer et j'étais déjà dans la merde. Je savais que ça me retomberait dessus mais j'avais encore deux heures à tenir. Ca pouvait le faire.
La haine. Je bouillais littéralement de l'intérieur. J'avais juste envie d'attraper un mec lambda et de lui en foutre deux dans sa gueule. Je voulais me défouler, taper dans quelque chose. Lui lancer le contenu du champagne dans la nuque ne m'avait pas suffit. Je voulais plus. J'allais limite me mordre la langue pour empêcher que de violents mots d'oiseaux ne sortent de mes lèvres fardées de rouge. Je sentais le regard de certains invités sur moi. Je me fichais de ça. J'avais juste envie de rentrer chez moi. Ou de le frapper et l'insulter, ce connard. Je déambulais dans la salle, les jambes tremblantes de colère. Tout mon corps respirait la frustration et le ressentiment. Je soupirais et me sentais tout à coup tomber. Je lâchais un cri avant de me retrouver plaquée contre le bâtard de tout à l'heure. Heeeeeeey ! Lâche moi ! Je secouais mes jambes comme une folle à l'agonie, lui hurlant des insultes qui firent rougir une des matrones devant laquelle on passa. Je voulus presque le mordre, je voulais qu'il me lâche. J'entendis mon patron lui courir après, mais il l'ignora totalement. J'allais perde mon travail et j'allais sûrement finir en garde à vue. Pour meurtre. Mes escapins tombèrent sur le goudron du trottoir, mes cris se perdant dans la foule qui se tournaient vers nous. J'lui tapais clairement l'affiche. Mais le pire arriva. Il me laissa tomber dans une fontaine. Ma robe rouge était trempée et ma coiffure tomba totalement à l'eau. Je restais un instant choquée, repoussant mes cheveux sur ma tête. Il me fixait de son ptit regard méprisant, fier de lui. Je suffoquais. Princesse, qu'il m'avait dit ? Je le regardais partir, hésitant à me relever et rentrer chez moi ou le poursuivre. Je hurlais un CONNARD ! Les gens me vinrent en aide et je les remerciais d'un simple hochement de tête. Essorant mes cheveux, je fonçais sur l'inconnu à l'air fier, totalement pieds nus dans la rue, sans gêne aucune. Je lui empoignais l'épaule le tournant vers moi avant de le gifler. Tremblante de colère, je le pointais du doigt, le regard noir Si je pouvais, j'te démontrais les parties génitales. Sauf que j'peux pas ! Tu t'es pris pour qui ?! J'étais sidérée. Je passais la pire soirée de ma vie depuis mon arrivée ici. Je reprenais lentement une contenance avant de le regader du haut de mes 1m68 Donne moi ta veste. C'était un ordre qui n'attendait aucune réplique. Je répétais avec un petit sourire sadique, la main tendue Donne moi ta veste ou je hurle que tu m'as violée dans les toilettes. Ca risque de pas beaucoup plaire aux deux flics en bas de la rue, tu crois pas? J'haussais un sourcil, attendant qu'il passe à l'acte, qu'il fasse quelque chose en tous les cas.
Je crois que j'aurais pu facilement dire que je n'avais jamais autant haï quelqu'un. Il y avait bien des gens que je détestais comme celui que j'avais casé dans la case "cauchemar du passé". Je me sentais presque vriller dans la folie, si je ne l'étais pas déjà sans le savoir. J'avais l'envie pressante de lui faire mal. Avec une pulsion presque sadique et dérangeante de voir briller la souffrance dans ses yeux. Ses yeux que je pourrais crever, d'ailleurs. Après m'être sortie de la fontaine, sous les regards bienveillants ou curieux de certains, je m'étais dirigée vers lui, impassible face au sol qui me meurtrissait les pieds, je l'avais giflé avant de découvrir une nouvelle facette de ma personnalité que je ne soupçonnais absolument pas. J'avais même peur de ce qu'elle pouvait receler. Je le menaçais, j'voulais même croire qu'il aurait pu avoir peur de mon avertissement. Je voulais qu'il voit que j'étais sérieuse, j'aurais pu, d'ailleurs, réellement hurler au viol. Mais il ne m'en laissa pas le temps. Il me scruta d'un air qui me mit presque mal à l'aise. Me jugeait-il? Peut-être. Sûrement, même. Mais j'étais trop obnubilée par ma vengeance que je me fichais de ça. Pourtant, sa réaction fut fortement surprenante. Il m'attira brusquement à lui, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre. Son murmure me fit frissonner ... D’excitation ou de dégoût? Je déglutissais difficilement avant de lâcher ma bombe Tu seras pas le premier à passer à l'acte sans que je le veuille ... Il me repoussa, violemment. Et je soupirais, ne m'étant pas rendu compte que j'avais retenu mon souffle. Il venait de se passer un truc vraiment étrange. L'air entre nous était condensé par la haine, l'envie de plus que des mots méchants. Les gens passaient et repassaient en se demandant bien ce qu'il se tramait... Je me rendais brusquement compte que je n'avais aucune chance de pouvoir retravailler dans cette galerie. Que j'allais perdre mon travail et que mon avenir était sûrement fichue. Passant une main tremblante dans mes cheveux trempés je l'écoutais me rabaissait et se la jouer fanfaron. Je lui jetais un regard interdit, riant ... jaune. Tu t'entends parler ? T'es rien, mon pauvre gars. Aussi salope que je puisse être, t'es rien sur cette putain de Terre. Le jour où tu crèveras et le plus vite possible je l'espère, tu seras comme tout le monde. Bouffé par les vers. Et j'viendrais même pisser sur ta tombe, en guise d'adieu. Il me regarda de son petit air méprisant. Je le haïssais, je ne le connaissais que depuis une heure mais il me sortait par tous les trous. Je serrais les poings face à ses paroles purement blessantes. Qui m’atteignaient et je le détestais d'autant plus pour ça. Les gens comme moi? Les pauvres ? Les pouilleux ? Les gens de secondes classes? que j'ajoutais avec un accent bourgeois qui ne m'allait pas et me rappeler mon ancien beau père. Cet enculé de bourge. Comme celui que j'avais en face de moi. Je ricanais avant de reprendre Les gens comme toi sont tout aussi misérable que les personnes comme moi. T'as plus de 0 dans ton compte en banque que moi, et alors? Crois-tu que l'argent achète tout ? Je le regardais alors enlever sa veste et la jeter à mes pieds. Je crachais dessus et posais mes pieds sales sur la veste qui aurait pu m'acheter un appartement avec vu sur la mer, peut être. Je l'observais, stoïque, s'allumer sa clope avant qu'une idée ne germe dans ma tête. J'me sentais prête à tout. Et ça me faisait peur. Mais l'adrénaline était trop intense, trop forte pour que j'y résiste. Je m'approchais de lui, laissant flirter nos deux corps. Je murmurais tout près de son visage Tu me sous estimes, tu sais ... Et sur ces mots, je lui piquais sa cigarette et je fis mine de la mettre dans ma bouche avant de lui prendre la main et d'appuyer le bout brûlant au creux de la paume. Je me reculais en vitesse, laissant le mégot tomber à terre. Les deux policiers au bout de la rue se retournèrent. Je m'appuyais contre la voiture derrière moi, attendant avec un plaisir malsain la suite des événements. Allait-il me frapper ou pire ... me tuer là, devant tout le monde?
J'étais devenue totalement dingue.Je ne connaissais ni son nom ni son prénom et pourtant, en une fraction de seconde il avait réveillé en moi la facette la plus détestable que je connaissais. L'entité même de tout ce que je détestais depuis des années se retrouvait en lui et je ne pouvais le supporter. J'avais réussi à vivre avec des hommes riches, à en apprivoiser certains mais lui, il semblait indomptable et hors de ma portée. Pourtant, lorsque je voyais que mes efforts étaient vains, je lâchais l'affaire. Je sentais avec une pression dérangeante, que si je continuais sur ma lancée, je me retrouverais aussi détruire qu'il y a quelques années. Je pouvais pas. Pas maintenant. Mais rien ne m'arrêta. Je l'avais écouté me rabaisser encore et encore, chacune de ses paroles dégoulinants de fiel. Il aurait pu me gifler que ça aurait eu le même effet.
Je l'écoutais sans le regarder, laissant ses paroles haineuses s'insinuer doucement dans mon esprit. Et elles resteraient, longtemps. Je serrais les dents, je ne pouvais faire que ça. Jusqu'à ce que je pète un câble et que je lui brûle la main avec sa clope. Je voulais qu'il hurle mais il n'en fit rien. Il ne laissa rien paraître et j'en fus infiniment frustrée. Appuyée sur la voiture derrière moi. je l'observais. J'attendais, là, misérable dans ma robe trempée, les yeux figés sur son arrogante personne. Silencieuse et imperturbable. Il s'avança vers moi, neutre et impérieux avant de murmurer qu'il n'avait aucune estime pour moi. Rien de rien. Qu'est ce que ça pouvait bien me foutre? Je le regardais s'en aller et je restais là, seule, en tentant de calmer mon cœur qui battait trop fort sous ma poitrine et ma colère qui n'avait pas désenflée. Je soupirais, épuisée, soudainement. Je me dirigeais vers mes Louboutins, tâchés. Aaliyah allait me détruire la tête. je fermais les yeux, tentant de me dire que ça irait mieux demain. Mais non ... Ca n'irait plus là, tout de suite. Je revenais vers la galerie, ignorant royalement l'inconnu qui était, à présent, dans le top 5 des gens que je voulais tuer. Dés que je pénétrais dans la salle, les invités me scrutèrent d'un air méprisant que je snobais avec autant d'élégance qu'un éléphant essayant de se faire discret dans un musée. Je pénétrais dans l'arrière boutique et là mon patron me tomba dessus. Furieux, il me pointa du doigt, tremblant VOUS ETES VIRÉE ! J'haussais un sourcil avant de sourire, sans joie Sans déconner. Mes chaussures à la main, je partais reprendre mon sac, repassait dans la salle et chipait une bouteille de champagne à moitié pleine avant de me barrer. je retrouvais Mr Connard, toujours à la même place, le fixant froidement Alors? T'es content? T'as eu ce que tu voulais? J'suis virée. Tu veux ptête fêter ça avec moi? ajoutais-je en montrant ma nouvelle amie, la bouteille de champagne. Puis je descendais les escaliers avant de me tourner une dernière fois, me sentant pas de partir sur juste ça Et puis, t'sais quoi ... T'as raison ! T'as l'air de bander rien qu'à l'idée d'être supérieur aux autres. Aux autres comme moi. Les salopes pauvre d'esprit. J'me demande... Tu te sens pas trop seul, toi? Pauvre d'esprit, je le suis peut-être; Mais toi, tu te penses vraiment aimé par tous ces gens prêt à donner leur vie pour toi? T'es seul et t'es aussi pathétique que moi. A bon entendeur, salut ! ET SANTÉ ! achevais-je en levant ma bouteille et en buvant une longue rasade avec toute la classe qui m'était donnée... Ou pas et de repartir, voulant juste oublier cette soirée à la con.