I need your arms around me • PRIALYA

Les lèvres de Joachim ont gouté les miennes dans la soirée mais celles de Priape sont comme un aimant. Je suis incapable d'être la femme de deux hommes et pourtant depuis que je suis à Cambridge j'ai l'impression que c'est l'histoire de ma vie. Il y a eu Matthéo, puis Priape, puis Matthéo a foutu le bordel dans mon esprit, puis plus de Priape... Et voilà où nous en sommes maintenant. C'est impossible d'être la femme de deux hommes, et pourtant, je sais que je dois aller de l'avant mais que mon amour pour le père de ma fille restera toujours là, présent. Quand il s'écarte, je garde son regard captivant du mien et je lui dis, alors qu'il y a toujours une certaine proximité entre nous mais que je ne vais pas profiter de la faiblesse que je lui connais dans je me laisse aller à me rapprocher de lui. « Je me fous de ce qu'on devrait ou pas tu sais... Quand j'ai fait un pas de travers, je t'ai perdu et je veux juste que tu saches que je t'aime. » Je marque un petit temps de pause avant de reprendre la parole. « T'es pas juste un mec comme ça, une aventure de quelques mois, un passe temps... T'es vraiment un homme plein de qualités que j'aime et cet amour ne partira pas... Tu sais à quel point j'aime les enfants, mais je n'aurais pas gardé Mila, si tu n'avais pas compté à ce point pour moi. » Petite confidence, j'avais besoin de cela pour le laisser tourner la page ? Non en fait rien ne me ferait avoir moins mal que de le voir dans les bras de la barbie blonde. C'était l'homme avec lequel je voulais faire ma vie alors comment est ce que je pouvais avoir moins mal. « Mais Barbie aura eu ce qu'elle voulait, tant mieux pour elle... T'es resté dans les blondes, tu t'es juste planté de confrérie. » La il avait la blonde mais pas le cerveau. Si je me raprochais de Joachim et que c'était son pote donc qu'il ne le critiquerait pas trop, entre Brynn et moi ce n'était pas l'amour fou alors je n'allais pas lancer des roses à la poupée.

Le fait que je l’écarte de moi pendant son baiser, mes mots ensuite pour essayer de mettre fin à cette espèce de manège entre nous, cela ne sembla pas suffire puisque Talya resta devant moi, toujours aussi proche, réaffirmant qu’elle m’aimait, que je n’avais pas été qu’un passe temps, reconnaissant que c’est un peu tout cela qui avait été déterminant dans son choix de garder Mila. « Je… » Je me serais presque laissé attendrir si elle n’avait pas alors enchainé en parlant de Brynn en des termes peu flatteur, la qualifiant de –barbie-. « Arrête Talya, l’appelle pas comme ça. Tu la connais pas ok ? » m’énervai-je un instant avec une voix rauque. Déjà j’étais même pas en couple avec la Cabot, et puis c'était pas une potiche. Elle était vraiment loin de l’archétype de la blondasse sans cervelle, bien au contraire. Elle était maline, elle était drôle, elle avait un caractère bien trempé. C’était aussi pour ces raisons qu’elle me plaisait tant. Mais dans tous les cas, je ne voulais pas envenimer les choses et risquer d’énerver davantage mon ex en prenant la défense de Brynn alors je repris : « Je tiens à toi Talya… T’es pas une aventure pour moi non plus, t’as jamais été un passe temps. Tu le seras jamais. T’es bien plus que ça. » affirmai-je avec un ton plus adouci, mon regard se plantant dans le sien. « C’est aussi pour ça qu’il faut qu’on arrête ça. Les baisers et tout le reste… On s’empêche d’avancer et… » Je marquais une courte pause avant d’ajouter, parce que c’était un peu dur à lâcher : « Joachim, c’est un type bien… » Je donnerais pas mon consentement non… Il fallait se contenter de ça. J’appréciais le président winthrop vraiment, c’était un pote. Même si l’imaginer en couple avec elle c’était encore trop tôt pour moi…

« Tu ne peux pas me demander de t'encourager... » Barbie c'est son surnom, c'est du moins celui que je lui ai donné et cela ne va pas changer car pour moi ça lui va comme un gant, elle a le physique mais pas le cerveau, un quoi, un cerveau ? Non même ce mot elle ne le connait pas, il y a qu'à voir comment elle se baladait au camping cet été. Non mais vraiment, Caly serait surement déçu de voir Priape tombé si bas... Sauf qu'avec une cruche il aura peut être juste moins mal. Tout ça ça passe en un éclair dans mon esprit et je le garde bien au chaud, impossible de le dire ça ne me ressemblerait pas, ça ne me ressemble déjà pas de le penser alors le dire... « Je suis désolée pour ça... Je peux juste pas m'en empêcher... Je veux que tu sois heureux d'un côté mais de l'autre je n'ai pas envie de te voir avancer, pas sans moi... » Je suis incapable de lui inventer un mensonge, de lui dire une connerie, je veux juste qu'il sache exactement ce que je ressens. La communication c'est la base de notre nouvelle relation. « C'est pas facile de briser ce lien avec notre fille au milieu... » Sans un bébé ce serait plus simple c'est clair, mais je n'avais pas envie de ne plus avoir aucun lien avec lui. Et pas envie non plus qu'il me pousse dans les bras d'un autre alors quand il parle de Joachim je ne peux m'empêcher de le frapper doucement avant de reprendre : « Euh tu cherches à faire quoi là ? A me pousser dans les bras du cousin germain de mon défunt mari parce que c'est ton pote et que tu sais que c'est un mec bien ? Parce que si c'est le cas, tu perds ton temps. Un baiser pour un jeu ça ne signifie rien. » Et entre Joachim et moi il n'y a rien, il n'y a rien eu d'autre que ce baiser qui ne voulait rien dire même si les sensations étaient plus étranges qu'un baiser qui ne fait rien.

« Juste : ne la juge pas comme ça sans la connaître… » objectai-je. Je n’allais pas lui demander de m’encourager non, juste de ne pas s’en prendre à Brynn à nouveau, ou d’éviter de lui servir le même speech moralisateur que celui qu’elle avait réservé à Aby. « Tu sais je te comprends Talya… Tu crois que c’est simple pour moi ? T’as bien vu comment j’ai réagi tout à l’heure sur le stand… » Ca démontrait suffisamment bien à quel point j'étais paumé aussi. J’avais pété un câble rien qu’en voyant Joa se rapprocher pour lui réclamer un baiser. Mais maintenant qu’elle me mettait devant le fait accompli, que j’avais eu le temps de me calmer, que je savais que de toute façon ce baiser s’était produit entre eux, loin de mes yeux, je n’avais plus qu’à l’accepter. « On va y arriver, on est adulte… » On va réussir à surmonter cette phase compliquée et assez douloureuse où l’autre s’envole vers de nouveaux horizons. D’ailleurs, je commençais, pour bien montrer l’exemple, à dire que Joachim était un type bien, ce qui amena Talya à s’interroger sur mes intentions. J’eus un petit rire et finis par reconnaître : « Non, bon c’est vrai… J’ai aucune envie que tu l’embrasses encore, j’ai même plutôt envie d’aller lui mettre mon poing dans la figure sur le champs… » confessai-je avec un petit sourire, mine de rien soulagé de l’entendre me dire que ça ne signifiait rien, mais pas complètement dupe non plus pour autant. Ca n’avait pas été qu’un jeu, puisqu’il n’y avait pas eu de quizz, pas de bassin, pas de spectateurs non plus… « Mais je ne le ferais pas j’ai retenu la leçon avec Raph hein, t’inquiètes pas. » ajoutai-je aussitôt pour la rassurer. Puis j’aimais bien le président des rouges malgré tout. « J’ai encore du boulot pour devenir l’ex petit ami parfait et pas trop envahissant j’avoue… » C’était une situation complexe c’était sûr, surtout avec Mila au milieu, avec les sentiments qui persistaient, mon caractère de cochon qui n’aidait en rien… « J’sais pas comment m’y prendre pour arrêter de t’aimer en fait… » avouai-je finalement en baissant les yeux. Même trompé, même blessé, même humilié, même encore aujourd’hui quand elle reconnaissait avoir posé ses lèvres sur celles d’un autre, c’était toujours là en moi…

« Les deux conversations que j'ai eu avec elle m'ont suffit pour savoir qu'on a pas grand chose en commun elle et moi, ne me demande pas de l'apprécier. » Je ne peux pas juger sans savoir mais son déguisement dans le camping, qu'elle soit émêchée comme ça et comme elle m'a répondu, non vraiment, je n'ai pas envie de la connaitre et pour moi on a rien en commun à part notre chevelure blonde et le fait d'avoir déposer nos lèvres sur celles de Priape en espérant qu'il n'ait pas déjà été plus loin avec elle. Un baiser, un rencard, je pouvais peut être encaissé pour le moment mais plus je n'étais pas sûre. « Tu crois que le temps fera quelque chose ? » Est ce que laisser passer du temps va atténuer nos sentiments ? Ou est ce que ça va nous permettre de les enfermer dans une petite boite et d'apprendre à savoir vivre séparément mais avec ? Pour moi, je pense plutôt à la deuxième solution, pour Priape je ne sais pas... Je ne sais tellement rien. C'est dur de ne rien contrôler alors qu'on est responsable de tout. « Tu veux lui mettre ton poing dans la figure parce qu'il m'a embrassé ou parce qu'il a osé le demander devant toi pour tenter de déclencher une énième remise en question chez toi ? » Je souris légèrement, je le taquine, je n'ai aucune envie que tout le monde se mêle de ça, que tout le monde se mette à juger Priape parce qu'il ne veut plus de moi comme petite amie dans sa vie, la seule qui peut le faire, c'est moi et moi seule. « Je te rassure si je te dis que la maman de Mila ne sera jamais l'ex parfaite sans une once de jalousie et de possessivité ? » Je me mordille la lèvre inférieure, impossible de ne pas réagir de ne pas être aigrie en le sachant dans les bras d'une autre, c'est plus fort que moi voilà tout. Je dépose mes deux mains sur ses joues et je hoche légèrement la tête sur le côté. « Je suis incapable de t'aider avec ça Priape... Ca fait des mois que je cherche la solution miracle pour réussir à arrêter de t'aimer comme tu me le demandes, et même quand tu as été dur voire blessant ça n'a pas marché... Je suis pas sure que ça existe...»

Ok j’insistais pas. Visiblement, les deux blondes ne seraient pas meilleures copines… Peut être qu’avec le temps, si les choses venaient à évoluer avec Brynn (genre ça y est j’avais un rencard avec la Cabot et je me mettais déjà à voir grand…) Bref, on verrait de toute manière, ça ne servait à rien de trop anticiper les choses… « On verra… » Ce que le temps nous ferait, je n’en avais aucune idée…. Je savais que ça m’avait aidé pour me remettre de ma séparation d’avec Caly, mais les contextes étaient complètement différents. Là il y avait Mila… Et peut être qu’avec Caly, le fait qu’on ait été amis et proches avant même d’être un couple, cela nous avait faciliter la tâche pour retrouver le chemin d’une relation saine et stable… Talya, je n’avais jamais voulu m’en faire une simple pote… Le problème résidait peut être là. D’ailleurs, elle me taquina avec un sourire sur ma réaction précédente avec son –cousin- et je répondis en ronchonnant : « Parce qu’il t’a embrassé, parce qu’il l’a demandé, et même juste parce qu’il y a pensé en fait… » J’avais pas besoin qu’il me provoque de la sorte pour savoir que mon attitude lorsqu’on s’approchait trop de Talya n’était pas normale, du moins pas celle que l’on attendait d’un ex petit ami censé avoir tourné la page. « Mais en même temps je le comprends… Il a bon goût. » Elle tenta de me rassurer : elle non plus ne serait jamais l’ex parfaite. C’était un rôle qu’aucun de nous deux ne semblait en mesure de tenir. « On était pas doué en tant que couple… » Non dits, disputes, tromperie, ça n'avait pas été un franc succès. « On est mauvais dans le rôle d’ex… » poursuivis-je. « Bah, j’imagine qu’on sera géniaux dans le rôle de parents du coup. » conclus-je pour nous rassurer avec un sourire. Mais quand je vis ses mains venir encadrer à nouveau mon visage en se posant sur mes joues, mon sourire s’estompa un peu. Elle disait être incapable de pouvoir m’aider sur ce point… Mais de diminuer ce genre de contact entre nous serait surement un premier pas. Je n’avais cependant pas le courage de m’écarter à nouveau d’elle. Au lieu de ça, je me penchais, approchant mes lèvres de son front pour venir y déposer un baiser. « On devrait retourner au stand… » C’était surement mieux oui.

« Je n'ai aucune envie de briser votre amitié, on joue juste à la playstation ensemble. » Le truc qui venait de sortir de ma bouche et qui se voulait sérieux n'était en fait qu'une grosse blague et pourtant c'était la vérité. Joachim et moi, on jouait à la playstation, ça me permettait de penser à autre chose qu'à lui, qu'aux petits tracas de ma vie que je voulais laisser derrière moi. J'éclatais donc de rire même si dans ce que j'avais dit j'étais sincère, je n'avais aucune envie de briser leur amitié, et j'espérais que ce baiser ne le ferait pas. « De mon côté... Je pense qu'il y a que les dunsters qui peuvent voir ta réelle beauté, alors personne ne verra jamais autant de beauté en toi que Caly ou moi avons pu le faire... Enfin moi particulièrement si j'ai voulu avoir un enfant avec toi qui a toutes tes qualités. » Je lui adresse un clin d'oeil et acquiesce quand il dit qu'on sera peut être de bons parents. J'espère. Il n'y a plus que dans ce rôle que l'on peut réussir comme nous échouons dans tous les autres. Enfin non il y en a un dans lequel on excelle, celui d'empêcheur de tourner en rond l'un pour l'autre. « Tu sais quoi ? Je te déteste de vouloir écourter à chaque fois nos moments à cause de mon charme fou... » Je le taquine du regard et me mordille l'intérieur de la joue. « Un jour je viendrais dans un sale état comme ça tu accepteras peut être de discuter sans te concentrer sur tes efforts à ne pas me céder. » Nouveau clin d'oeil, par réflexe je lui prends la main pour qu'on retourne vers le stand. « Allez viens, je vais voir si Sienna n'a pas tué tout le monde pendant mon absence ou si Andrea n'a pas noyé Maxime et la présidente cabot ! »

Mouais. Essayons de croire qu’il n’y avait vraiment que les jeux vidéos qui les liaient, malgré le rire franc qui s’échappa de sa bouche après cet aveu. L’avenir nous dirait bien ce qu’il en était. De toute façon, si ce n’était pas Joa, ça serait un autre. Talya n’allait pas rester célibataire éternellement, il fallait être réaliste. Je secouais ensuite la tête pour démentir la suite, même si un sourire flatté se dessina sur mes lèvres. J’avais jamais vraiment accordé d’importance à la confrérie des gens, même si j’avais souvent taquiné Brynn sur les clichés qu’on collait à la Cabot House. Alors, de là à ne –chasser- que parmi les dunsters, j’en étais bien loin. C’était le hasard qui avait fait que les deux histoires les plus sérieuses que j’avais eu étaient avec des jaunes. Je fis ensuite remarquer qu’il fallait retourner au stand, ce qui ne sembla pas lui plaire, et elle devinait avec justesse que c’était pour écourter ce tête à tête entre nous. « Tu peux essayer… » rigolai-je alors qu’elle promettait de venir dans un –sale état- lors de notre prochaine rencontre. Elle avait toujours eu ce pouvoir d’attraction sur moi, même quand elle était hospitalisée pour ses vomissements, en blouse d’hôpital, la mine fatiguée, alors je n’étais pas sur que sa tactique fonctionne… Je me laissais finalement entraîner par la main vers le stand. « Si Andrea pouvait s’être plantée et avoir noyé Sienna au lieu de Baby, ça m’irait parfaitement. » plaisantai-je à mon tour. Mes doigts se dérobèrent finalement des siens en arrivant au stand. Manquerait plus que Brynn nous voit main dans la main et aille se faire de fausses idées… C’était plus sage d’éviter ce genre de geste ambiguë.  

Je pouvais essayer de venir dans un sale état, il serait toujours là pour moi... C'était compliqué d'encaisser toutes ces belles paroles qui ne seraient surement que des paroles quand son aventure avec la cabot blonde deviendrait plus sérieuse, la preuve en était, mon geste si normal et pouvant montrer de l'affection mais pas obligatoirement des sentiments qui était de lui tenir la main venait de se terminer à l'initiative du jeune homme. Il avait lâché ma main une fois qu'on arrivait vers les stands, une fois que le monde nous entourait un peu plus, comme s'il ne voulait pas que cela soit vu. J'étais celle qui avait embrassé Joachim ce soir, mais il était celui qui faisait toujours attention à l'image, il était un peu maniaque du contrôle en même temps ce n'était que compréhensible après le bordel incontrôlable que j'avais foutu dans sa vie cette année mais est ce que ce n'était pas arrêter de vivre que vouloir tout contrôler sans laisser une place à l'imprévu ? L'avenir nous le dirait, en attendant ça allait être plus que complexe de le regarder faire sa vie en parallèle de ce qui était un essai pour reconstruire la mienne. Mais si j'étais celle qui avait embrassé, j'ai quand même celle qui ne se disait pas en relation, parce que oui ce baiser n'avait aucune signification pour le moment, juste du bon temps.